Concept du waqf dans la société musulmane

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Définition

La législation musulmane a pour objectif principal la préservation des intérêts matériels et moraux des humains, et de supprimer les dommages éventuels.

Au cours des siècles, le concept social « al-waqf » (ou «houbous ») n’avait cessé de se développer et de s’épanouir d’une manière très intéressante jusqu’à l’établissement d’un équilibre dans les pays islamiques.Or, les sociétés musulmanes actuelles ont la fâcheuse habitude d’importer des modèles de développement étrangers à l’Islam, pour les adapter et les appliquer à leur culture et ce, souvent, malgré leur incompatibilité.

Ce choix est dû à un complexe d’infériorité et au préjugé selon lequel les musulmans n’ont pas assez d’atouts civilisateurs pour relever les défis de la modernité et tendre vers le bien-être. La communauté musulmane (la Oumma) méconnaît ses références et ne s’intéresse pas à ses acquis historiques, d’où l’effondrement des principes de l’Islam dans plusieurs pays musulmans. Or, le patrimoine civilisateur musulman continue à travers l’histoire à faire ses preuves. Les musulmans doivent normalement l’apporter, le développer et le partager avec les sociétés qui le méconnaissent ou qui l’écartent intentionnellement de leur système socio-économique à cause de ses racines religieuses.
Dans cet exposé, on va s’attacher à l’étude d’un de ses aspects : le waqf.

Etymologiquement « al-waqf » signifie le fait d’arrêter quelque chose en mouvement. Il est très proche du vocable «habs » (« prison »). Les savants lui ont attribué plusieurs sens juridiques, mais le plus retenu est tiré d’un hadîth du Prophète par Ibnou Qoudâma Al-Maqdissî (Ra), jurisconsulte hanbalite : ‘Omar Ibnou Al-Khattâb avait gagné une terre à la bataille de Khaybar, « le meilleur bien » qu’il ait reçu selon ses dires ; il interrogea le Prophète sur la meilleure manière de l’employer au service des musulmans. Le Messager d’Allâh lui répondit : « Si tu veux, immobilise son fond et utilise ses produits dans le sentier de Dieu ; mais elle ne pourra plus ni être donnée, ni vendue, ni héritée.»
Le waqf c’est donc « l’immobilisation » d’un fond avec empêchement de sa transmission, afin d’affecter ses produits à une fin charitable. Cette définition comporte deux implications :

v  le bien légué par le citoyen sous le statut du waqf devient inaliénable : il ne peut être vendu à quiconque, que ce soit par le propriétaire, ses héritiers ou l’Etat ; il ne peut être repris, ou être partiellement réservé au donateur ;
v  les produits du bien légué sous le régime du waqf sont destinés exclusivement à des catégories de personnes désignées du vivant du donateur : les orphelins, les proches,les voyageurs, toute personne dans le besoin, etc.

Charge au gestionnaire, volontaire ou désigné, de redistribuer les produits du bien aux ayants droit. Le Prophète (pbDsl) déclarait : « Quand le fils d’Adam meurt, toutes ses œuvres s’achèvent [c’est-à-dire la rétribution de ses actes], sauf une oeuvre de bienfaisance durable, une science utile ou un enfant vertueux qui prie pour lui. »
Ces legs pieux sont une aumône permanente (« çadaqatoun jâriyatoun ») dont les retombées profiteront au donateur, même après sa mort (cf. Lexique des termes et des définitions, Dr Hassan AMDOUNI, p. 310, éditions Le savoir, juin 2003).

Elles pèseront lourd dans la balance de ses œuvres, au jour de la Résurrection ; il se pourrait fort bien que ce soient elles finalement qui lui ouvriront les portes du paradis.

Les croyants doivent aspirer à être de ceux qui profitent de leurs bonnes actions même après la mort. Le Coran énonce : « Vous n’atteindrez la vraie piété que si vous faites largesse de ce que vous chérissez le plus », s.3 Âli ‘Imrâne, v.92.

Les compagnons de Mouhammad avaient bien saisi ce verset : Aboû Talha Al-Ançârî possédait une palmeraie qu’il chérissait par-dessus tout : c’était là où il avait l’habitude d’inviter le Prophète et ses compagnons (un immense honneur en soi !) ; il se rendit auprès de Mouhammad , lui fit part de ses sentiments et offrit son jardin à la Oumma, charge au Prophète de l’affecter à l’usage qu’il voulait.

Un autre verset dit : « En vérité, c’est Nous Qui ressuscitons les morts ; c’est Nous Qui faisons enregistrer leurs actes et les suites, bonnes ou mauvaises, qui en découlent. En fait, tout est recensé par Nous dans un livre d’une clarté limpide », s.3 Yâ-Sîn, v.12.

Il se réfère aux gens dont les œuvres perdurent après la mort. Il est dit que le Messager d’Allâh avait remarqué l’existence du puits d’eau potable « ar-roûma », l’unique accès facile à l’eau, à Médine. Le propriétaire vendait une outre d’eau en contrepartie d’un moudd de céréale (l’équivalent du contenu des deux mains jointes, soit un peu moins de 400g) ; c’était sa seule ressource pour nourrir sa famille. Le Prophète s’adressa à lui :
« Désires-tu échanger ton puits contre une source au paradis ?
—    Il est tout ce que je possède pour moi et ma famille. »

‘Outhmâne Ibnou ‘Affâne eut vent de cette affaire, il acquit le puits pour 135 000 dirhams et visita le Prophète  :
« Me feras-tu la même promesse que celle que tu as faite au propriétaire du puits ?
— Oui.
—   J’en fais donc legs aux musulmans ! »

Jabal Ibnou ‘Abdillâh , un compagnon du Prophète racontait : « Aucun des compagnons qui en avaient les moyens n’a manqué de constituer un waqf. »
Cela signifiait que cette pratique était très répandue chez les compagnons du Prophète .Aboû Ad-Dardâ’  :
« J’ai vendu ma palmeraie pour Dieu, ô Prophète !
—   Ta vente est gagnante, ô Aboû Ad-Dardâ’ ! »

Le concept du waqf avait débuté depuis l’aube de l’Islam, prospérant de générations en générations jusqu’à devenir « la colonne vertébrale » des sociétés musulmanes. Le waqf déclina à partir du 19e siècle, mais il survit malgré l’intervention malveillante de la colonisation visant à saper et à abolir cette institution.

Quels legs entrent dans le waqf ?

A l’unanimité, les savants citent les biens immeubles (arbres, bâtiments, maisons, terres,…), c’est-à-dire ce qui perdure dans le temps. Quant aux biens meubles (fongibles) qui sont limités dans le temps (animaux, argent, matériel de guerre, équipements industriels,…), il y a divergence, mais la majorité des jurisconsultes considère que l’on ne peut constituer de waqf avec ces biens meubles. L’imâm Mâlik , se basant sur des hadîths et sur le principe de l’intérêt général autorisait le waqf des biens fongibles : « Quiconque a constitué en houbous [waqf] un cheval pour l’amour de Dieu, verra le bilan de ses bonnes actions au jour du Jugement Dernier augmenté d’un poids égal à la quantité de picotins et d’eau consommés par cette bête», (hadîth authentique rapporté par Al-Boukhârî).

Les chevaux étaient une nécessité à ce moment précis, et le Prophète voulait inciter les musulmans à en posséder pour des fins militaires ; on ne versait pas la zakât (l’impôt purificateur) sur cet équidé, contrairement aux ovins, bovins et camélidés. Précisons qu’actuellement les doctes ont émis un avis religieux (fatwa) dérogatoire : la valeur de certains  chevaux, de course par exemple, est souvent inestimable, voire exhorbitante, et il serait contraire à l’intérêt général de bloquer un tel capital, aussi les chevaux sont-ils assujettis à la zakât.

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Khâlid Ibnou Al-Walîd , grand guerrier et compagnon du Prophète , avait constitué en houbous (waqf), avant sa mort, son armure et ses autres équipements de guerre. Or, ceux-ci entraient dans la catégorie des biens meubles. Ibnou Hajar Al-‘Asqalânî , dans son commentaire du hadîth susvisé, déclarait : « On tire argument pour conclure à la légitimité du habous ayant pour objet un animal. »

L’imâm Al-Qarâfî , grand érudit mâlikite, écrit « qu’il convient d’alléger les conditions de la concrétisation d’un waqf » pour pallier aux difficultés des pauvres et nécessiteux de la Oumma.

Quelles sont les répercutions du waqf ?

En tout premier lieu, il rappelle aux musulmans la vie éternelle, l’au-delà. En effet, nombreux sont les humains qui amassent et thésaurisent les biens terrestres, au point d’en être happés et d’oublier la reddition de leurs actes au jour du Jugement. Le waqf constitue donc un investissement pour l’outre-tombe. Passant devant tel ou tel bien transformé en waqf, le croyant est stimulé pour agir sur le modèle des prédécesseurs pieux. Allâh dit dans ce sens : « Et recherche à travers ce qu’Allâh t’a donné la demeure dernière », s.28 Al-Qaçaç, v.77.
Le musulman ne se contente pas de profiter ici-bas des largesses d’Allâh , il les rentabilise pour la vie éternelle. Un hadîth rapporté par Aboû Na‘îm explicite : « Allâh a sur Terre des serviteurs qu’Il a comblés de grâces pour qu’ils soient au service des gens. Et tant qu’ils sont dans cette situation, Allâh leur ajoute les bienfaits. S’ils emploient les largesses d’Allâh à des fins personnelles, Allâh les leur ôte pour les déposer chez d’autres.»

Ces largesses — l’argent, la notoriété, le savoir, la puissance, etc. — sont attribuées au croyant pour servir l’intérêt général, sans quoi elles lui sont retirées. Le musulman favorisé dans les dons divins est incité au partage.

En second lieu, le waqf représente la meilleure manifestation de gratitude envers Le Dispensateur par essence et par excellence. Les bienfaits divins tels le pouvoir, le savoir, l’argent, etc. sont soumis à la zakât : il est du devoir du puissant d’intercéder en faveur du faible et de résoudre ses soucis ; l’érudit d’enseigner son savoir, etc.

Pour troisième conséquence, le waqf purifie les humains de leurs vices — cupidité, convoitise, lésine —, et leur inculque la générosité, l’altruisme. La mort est inéluctable, et léguer en vue de Dieu est assurément plus bénéfique et rentable que de laisser ses possessions aux héritiers sans pouvoir être assuré du bon emploi de ces biens. Le waqf partage des buts identiques à l’aumône (çadaqa) ou à l’impôt purificateur : il conduit au rapprochement d’Allâh , Qui dit : « Prélève de leurs biens une çadaqa par laquelle tu les purifies et les bénis », s.9 At-Tawba (Le Repentir), v.103.

Le don reste une caractéristique de ceux qui désirent cheminer vers leur Seigneur. Le Prophète annonçait : « L’aumône est une preuve de foi » ; l’opposé est l’expression d’une faiblesse de la foi.

La quatrième résultante du waqf lui est spécifique : il assure la couverture des besoins des couches sociales les plus défavorisées de la communauté musulmane. La çadaqa a un effet limité dans le temps, et elle dépend grandement de la situation économique des individus et du pays ; tandis que le waqf peut perdurer jusqu’à la fin du monde sans que les calamités ne l’atteignent, ce qui assure une continuité et une stabilité dans le temps.

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La cinquième issue du waqf c’est d’encourager le musulman à se projeter dans l’avenir et à être attentif aux générations futures : l’écologie et le développement durable font partie des préoccupations de l’Islam.

En sixième réussite, le waqf insère le citoyen dans la gestion des affaires publiques. L’Islam ne confère pas cette prérogative à l’Etat en exclusivité : point de dichotomie entre lui et le peuple, tout citoyen est concerné. Les sociétés islamiques avaient connu dans leur histoire des périodes de despotisme, néanmoins, la religion musulmane demeura très forte ; du fait justement de l’existence du waqf et de ses implications qui permettent le maintien de la stabilité sociétale, par le partage et la participation aux responsabilités. Le manque de confiance en nos politiques contemporains traduit l’éloignement des détenteurs de pouvoir de leurs administrés. Ceux-ci, dépités, s’écartent de leur devoir civique pour se confiner dans la critique au mieux, dans l’assistanat ou l’indifférence totale au pire. Cette démission est un signe précurseur du déclin de la société, de la pensée créative et de l’esprit d’entreprise. Dans la société musulmane idéale, chacun contribue à sa hauteur à l’essor du pays : « Dieu n’impose à chaque homme que ce qu’il peut porter », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.286.

Quels sont les objectifs au service desquels le waqf avait été institué ?

D’abord un but cultuel (« al-‘ibâda ») : 90% des mosquées des pays musulmans virent le jour grâce au waqf, et non grâce aux subsides de l’Etat. La mosquée Al-Qarawiyyîne de Fès (Maroc), qui devint ultérieurement la première université dans le monde, fut une donation de Fâtima Al-Fihriya. La pieuse dame avait hérité de la fortune de son père tunisien. Elle voulut bâtir une mosquée pour les musulmans, aussi acheta-t-elle des terres, fit creuser un puits et fabriquer sur place tous les matériaux nécessaires à l’ouvrage : tout devait provenir de ses biens acquis, elle refusait de solliciter autrui ; l’eau lui appartenait puisque tirée de son puits, les pierres parce qu’issues de ses terres. Elle réserva une de celles-ci pour accueillir la mosquée, dont la construction devait débuter au mois de Ramadan de l’an 245 H, selon ses vœux. Elle promit à Dieu d’effectuer le jeûne de tous les jours qu’une femme pouvait jeûner jusqu’à l’achèvement de l’édifice. Sa sincérité, sa grandeur d’âme et sa piété lui permirent de tenir ses engagements. De nos jours, cette bâtisse existe encore : l’Université Al-Qarawiyyîne eut un rôle majeur dans le rayonnement des sciences au quatre coins du monde ; les étudiants, musulmans ou non, affluaient de partout.

Emboîtant le pas à sa sœur, Maryam Al-Fihriya fit pousser de terre la mosquée Al-Andalousiyyîne à Fès également. Marrakech aussi fut dotée de la mosquée Bab Doukkala par lalla Mass‘ouda Bint Ahmad Al-Ouzguiti Al-Ouarzadi, mère du roi Ahmad Al-Mansoûr Adh-dhahbî. Le waqf de la mosquée se répercutait sur le financement de tous les acteurs et toutes les activités ayant attrait à l’édifice (le muezzin, celui qui alignait les rangs, ceux qui réveillaient les gens pour la prière, etc.).

C’est pour ce genre d’affaire qu’il faut concourir, et non pour des futilités. Les exemples fourmillent, et la libéralité des musulmans actuels n’atteint pas celle de nos prédécesseurs : hélas ! l’esprit islamique de naguère fait défaut aux musulmans d’aujourd’hui.

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Mosquée Al-Qarawiyyîne

    Ensuite, il y a les visées intellectuelles, d’enseignement, qui prennent la forme desMosquées-universités, entre autres : savants et étudiants tiraient leur rémunération du waqf ; dans les campagnes, grâce au waqf, certaines familles pouvaient prendre en charge des étudiants (at-talaba) venus pour apprendre le Coran : même parfois dans le besoin, par solidarité, ces familles leur donnaient la priorité dans les subsides, car acquérir le savoir puis le transmettre est un devoir religieux. Considérés comme les membres de la famille, ces futurs érudits ou prêcheurs verront leurs sermons mieux accueillis par la population avec laquelle ils avaient partagé le quotidien. Cette pratique avait permis l’essor de la prédication en Islam.Le waqf touchait pareillement les bibliothèques, les écoles, etc. L’Occident, sous les traits du pape Sylvestre II, accourait pour apprendre à Al-Qarawiyyîne, mais aussi en Andalousie. La langue arabe était celle des sciences de l’époque : méconnaître l’arabe c’est ne pas pouvoir accéder à la connaissance. L’Occident du Moyen-âge profita des sciences grâce aux traductions arabes d’ouvrages greco-romains. L’érudition était variée : astronomie, mathématiques, pharmacopée, médecine, sciences religieuses spéculatives,…Tout cela ne serait sans la contribution du waqf et des donateurs.

Puis interviennent les objectifs sociaux. Le soufisme était florissant en ce temps là, et on mettait sur pied des bâtisses pouvant accueillir des voyageurs venus de lointaines contrés. Le problème des sans domicile fixe ne se posait pas ; a contrario, nos sociétés occidentales ne se préoccupent d’eux que durant les mois hivernaux, et encore, les SDF refusent fréquemment de se rendre dans les centres d’accueil.

Le waqf était également affecté aux services publics, tels les fontaines d’eau potable et des hammams (bains publics) accessibles à tous — et Dieu sait leur utilité dans les pays du Maghreb ! Les démunis n’avaient pas de salle de bain chez eux (ou pas de chez eux tout court), et il fallait un endroit pour s’ablutionner, si on voulait prétendre à la pratique de la prière. L’eau chaude était disponible toute la journée et le prix symbolique et dérisoire.Les vendeurs d’eau recevaient parfois un salaire issu du waqf pour abreuver gratuitement les passants. L’éclairage des rues et l’entretien des tombes (situées en ville, donc dans les meilleures terres !) ont bénéficié du waqf. La foi et la confiance régnaient : sans ces ingrédients on ne peut édifier une société. L’omniprésence de Dieu dans le monde musulman était une garantie de stabilité et d’harmonie : on avait déjà vu des juifs emboîter le pas aux musulmans en léguant leurs biens sous le statut du waqf.

Au Maroc, il existe un cimetière dont la moitié du terrain provient d’une donation juive, et l’autre d’un legs musulman. Les jurisconsultes admettent le bénéfice du waqf aux gens du Livre, et vice-versa : citons l’exemple des hôtels spécialement apprêtés à leur intention, afin qu’ils ne soient pas en posture de quémandeurs (logement et nourriture gratis), et que leur sécurité soit assurée. Le waqf impulsait la solidarité dans tout territoire où il était appliqué, et nul n’était abandonné sur le bord de la route : les personnes âgées, les lépreux, les malades mentaux, les aveugles et handicapés avaient leurs propres établissements sous ce régime. Le premier hôpital (« mâristâne », terme persan), dans le monde, avait fonctionné à Marrakech, à l’initiative d’Al-Mansoûr. Le maristâne de Sidi Frej à Fès avait ouvert un service destiné au soin des cigognes ! La pauvreté ne devait pas être un obstacle pour se marier, et c’est dans cette optique que furent créées les « maisons du mariage », une institution qui aidait matériellement les démunis à concrétiser l’union maritale : le logement et tout ce qui leur était nécessaire leur étaient fournis gracieusement jusqu’à leur indépendance. Des résidences pour accueillir les femmes en froid avec leurs époux avaient également été prévues : leur objectif était d’attendre l’apaisement du conflit, puis que les maris reprissent leurs compagnes : l’honneur et la sécurité des femmes étaient en conséquence préservés, leurs besoins et leurs droits garantis contre un éventuel abus de pouvoir des maris. Lorsqu’une servante cassait n’importe quel objet dans la demeure de ses maîtres, la vaisselle par exemple, pour éviter parfois d’être malmenée, elle pouvait se rendre auprès d’un organisme, sous le statut du waqf, pour qu’il lui rachetât le même produit et dédommager ainsi les propriétaires.

La liste des possibilités de bienfaisance par le truchement du waqf n’est pas exhaustive ; elle met en lumière, de toute évidence, l’état d’esprit des musulmans qui avaient bien intégré et appliqué les préceptes de leur religion : ils saisissaient toutes les opportunités qui se présentaient à eux pour rivaliser dans les œuvres pieuses ; la satisfaction d’Allâh étant leur préoccupation majeure.

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L’ouvrage d’Avicenne (Ibnou Sina), comme ceux d’autres savants, a bénéficié du système du waqf pour sa traduction en plusieurs langues.

   La quatrième finalité du waqf est militaire : mise en place d’écuries, d’abreuvoirs pour leschevaux, de casernes, de forteresses, etc. Les dons pieux étaient conséquents dans ce domaine.

En fin de compte, l’Etat n’intervenait qu’en politique extérieure, à savoir la diplomatie et la défense. Pour le reste, la contribution des citoyens des terres musulmanes était une preuve grandiose de la démocratie participative.

Tous ces éléments concourent à  l’idée que l’Islam est un système sociétaire complet : tout est pris en considération (le culte, les lois, le social, l’économie, etc.). ; la spiritualité est le fil conducteur de la civilisation musulmane, elle est le ciment de la cohésion sociale et le facteur essentiel de l’épanouissement de la société.

Si la zakât est une obligation, le waqf est vivement conseillé : ils sont à eux deux les piliers de la société musulmane ; en rajoutant en plus l’interdiction usuraire, l’Islam a produit un concept financier qui n’a pas d’égal en ce monde.

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