De la chasteté

Vie spirituelle

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   Chasteté, pudeur et virginité sont des qualités nobles prônées par l’Islam, mais elles semblent être devenues des valeurs galvaudées dans nos sociétés dites modernes et libérées : le relâchement des mœurs prend des proportions démesurées au point que liberté et libertinage se confondent.

En promouvant la chasteté, l’Islam n’a pas innové, mais a entériné une loi divine figurant dans les autres grandes religions et courants philosophiques du monde tels que le judaïsme, la chrétienté et le bouddhisme.

   Ce concept est-il désuet ? La virginité est-elle juste le fait des femmes, ou concerne-t-elle aussi l’homme ? Que penser de la tradition qui tend à prouver la pureté de la mariée par le brandissement en public du drap de la nuit de noce souillé du sang virginal ? Est-ce que la pureté de la femme dépend seulement de son hymen intact ? Quelles sont les réponses de l’Islam à toutes ces questions légitimes ? Pour le savoir, se référer aux sources-mêmes de la religion, le Coran et la tradition prophétique, est indispensable.

Définition

   On trouve dans les dictionnaires, le sens suivant donné à la chasteté : abstinence sexuelle ayant une origine morale.

   Au regard de l’Islam, le concept se définit et se précise également par des manifestations concrètes.

Les manifestations de la chasteté

   Il faut rappeler avec force que l’Islam préconise la chasteté pour les deux sexes, la gent féminine n’est pas la seule concernée par cette invite divine. L’homme, tout comme la femme, doit s’abstenir de tout rapport charnel avant le mariage. S’il est vrai que les relations sexuelles illicites ne laissent pas de trace sur le corps viril — car l’homme n’a pas d’hymen à perdre —, son âme n’en est pas moins souillée ! Quand l’homme et la femme contreviennent à cette prescription, l’un et l’autre reçoivent l’opprobre ici-bas et dans l’au-delà, conformément à la parole coranique : « Aux hommes de mauvaise vie, épouses de mauvaise vie, et aux femmes de mauvaise vie, époux de mauvaise vie. Aux hommes vertueux, épouses vertueuses et aux femmes vertueuses, époux vertueux. Ceux-ci sont disculpés des propos tenus sur leur compte. Le pardon de Dieu leur est acquis ainsi que Ses dons généreux », s. 24 An-Noûr (La Lumière), v. 26.

   S’il est impossible de prouver la pureté de l’homme — à moins qu’il ne l’avoue lui-même —, deux voies s’offrent à la femme pour démontrer sa virginité : le certificat médical et la perte infime de sang la nuit de ses noces. Toutefois, selon les préceptes de l’Islam, les deux procédés sont une abjection, d’autant plus lorsqu’ils s’étalent en public et s’offrent à la curiosité d’autrui comme preuve de vertu. Ici, il y a deux poids deux mesures : d’un côté, on devrait se contenter de la parole donnée sur l’honneur, de l’autre, une preuve matérielle est exigée ! Depuis quand la femme est-elle obligée de dévoiler son intimité et ses éventuelles erreurs passées à son prétendant au mariage ?! Allâh voile les fautes de Ses serviteurs la nuit, est-ce pour qu’ils les exposent volontairement au grand jour au lever du soleil ? Depuis quand, la femme, sans une réelle nécessité sanitaire, doit-elle découvrir sa partie génitale devant un médecin, dût-t-il, dans le meilleur des cas, être une femme doublée d’une musulmane ?! Les musulmans ne connaissent-ils pas l’histoire de l’épileptique qui demanda au Prophète de la guérir ? A cela, il répondit qu’il pouvait le faire, mais que si elle patientait, cela lui vaudrait le paradis. La femme n’exigea alors du Prophète que l’invocation pour qu’Allâh la préservât dans sa pudeur, qu’Il fît qu’elle ne se découvrît pas durant ses crises.

   L’Islam se disculpe des pratiques éhontées tirant leur existence des traditions qui lui sont étrangères. Pour illustration, l’infibulation (ablation de tous les organes génitaux externes avec fermeture par couture de l’orifice vulvo-vaginal) sensée assurer la chasteté féminine ; ou encore l’exhibition en public, comme preuve de pureté de la mariée, du drap souillé du sang virginal au lendemain de la nuit de noce. A force de vouloir plaire à leurs semblables, de souhaiter satisfaire leur curiosité morbide pour éviter les méfaits des mauvaises langues, les croyants oublient qu’Allâh connaît mieux que quiconque la pureté et la piété de Ses serviteurs : « (…) C’est Lui qui vous connaît le mieux quand Il vous a produits de terre, et aussi quand vous étiez des embryons dans les ventres de vos mères. Ne vantez pas vous-mêmes votre pureté; c’est Lui qui connaît mieux ceux qui [Le] craignent. », s. 53 An-Najm (L’Etoile), v. 32.

   Suivre les passions des gens, n’est-ce pas là une voie pernicieuse qui conduit à associer une autre puissance à Allâh ? Notre Seigneur pardonne toutes les fautes, exceptée cette dernière… à méditer, donc.

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La pureté lumineuse contrastant avec les ténèbres

   Faut-il rappeler que la perte de la chasteté ne se limite pas à celle de la virginité des parties intimes des individus ? De même que la pureté se manifeste dans le regard, dans la parole et dans le cœur, de même elle peut disparaître à cause d’un regard concupiscent, une parole osée, un cœur et un esprit lubriques. Le devoir de chasteté ne cesse pas une fois la porte de l’alcôve nuptiale refermée sur les convives. Il se poursuit dans le mariage, il se concrétise par la fidélité au partenaire, la fuite devant les risques d’adultère : le Coran dit des pieux qu’ils « (…) veillent à la chasteté de leurs organes intimes, sauf avec leurs épouses et les femmes qu’ils ont acquises en toute légalité (…) », s. 70 Al-Ma’ârij (Les Degrés), v. 29-30.

   La fin de la vie procréative de la femme ne l’exonère pas de la chasteté qui est le corollaire de la pudeur. Le verset suivant démontre à quel point chasteté et pudeur sont intimement liées au point de n’être qu’une au soir de la vie humaine : « Les femmes en retour d’âge [ménopausées] et qui n’espèrent plus se marier peuvent alléger leur tenue, sans toutefois dépasser les limites de la décence. Mais il est préférable qu’elles évitent une pareille tenue. Dieu entend et sait tout. » s. 24 An-Noûr (La Lumière), v. 60.

   Dans ce même verset, Allâh annonce déjà la parade contre la dissolution des mœurs, car qu’y a-t-il de plus laid qu’une vieille perverse ? Ceci est aussi valable pour l’homme.

Les moyens de préserver la chasteté

   Nul n’est à l’abri du faux pas, notre Créateur dans Sa connaissance parfaite de Ses créatures et par miséricorde pour eux, a livré les remèdes aux épreuves qu’Il leur envoie.

   Il faut croire que l’homme, de par sa nature, est plus enclin que la femme à céder aux attractions charnelles. Ainsi, même si le message divin concerne les croyants et les croyantes, l’invitation à jeûner pour se prémunir contre le péché de la chair s’adresse aux jeunes hommes dans la force de l’âge, mais ne disposant pas encore de moyens matériels pour contracter union.

   Les croyants et les croyantes sont invités à s’habiller décemment pour éviter d’éveiller le désir chez le sexe opposé : les zones dites de pudeur sont définies dans le Coran et dans la sounna prophétique.

   Plutôt que de longues explications, voici la transcription de sourate An-Noûr (La Lumière) du verset 30 au verset 33 qui détaille quelques actions simples pour se préserver de la turpitude : « 30.Invite les croyants à baisser pudiquement une partie de leurs regards et à se préserver de toute souillure charnelle. Cela contribuera à les rendre plus purs, car Dieu est si Bien Informé de tous leurs actes. 31. Invite également les croyantes à baisser pudiquement une partie de leurs regards, à préserver leur vertu, à ne faire paraître de leurs charmes que ceux qui ne peuvent être cachés, à rabattre leurs voiles sur leurs poitrines, à ne montrer leurs atours qu’à leurs époux, leurs pères, leurs beaux-pères, leurs fils, leurs beaux-fils, leurs frères, leurs neveux, aux femmes musulmanes, leurs servantes, leurs esclaves, leurs serviteurs impuissants, ou aux garçons impubères. Dis-leur aussi de ne pas agiter les pieds pour faire deviner les autres atours de leur féminité. Ô croyants, revenez tous à Dieu, si vous voulez assurer votre salut ! 32. Mariez les célibataires qui vivent parmi vous, ainsi que vos serviteurs des deux sexes. S’ils sont pauvres, Dieu pourvoira, par Sa grâce, à leurs besoins, car Il est Plein de largesses et Sa science n’a point de limite. 33. Que ceux, cependant, qui, faute de moyens, ne peuvent se marier observent la continence jusqu’à ce que Dieu, dans Sa générosité, pourvoie à leur indigence. Etablissez un contrat d’affranchissement en faveur de ceux de vos esclaves qui en expriment le désir, si vous les en jugez dignes. Faîtes-les bénéficier d’une part des biens dont le Seigneur vous a gratifiés. N’obligez pas vos jeunes esclaves, par esprit de lucre, à se prostituer alors qu’elles veulent rester chastes. Si une telle contrainte est exercée sur elles, Dieu leur accordera Son pardon et sa miséricorde. »

   Ces versets sont la preuve flagrante de la bonté d’Allâh à l’endroit de tous Ses serviteurs sans exception, une invitation à la chasteté leur est lancée quelle que soit leur classe sociale ; et ceux qui sont favorisés par le destin sont tenus de considérer avec attention la protection des faibles, de surcroît des femmes, pour leur assurer l’honorabilité morale et la dignité humaine. Les privilégiés de la vie qui s’évertueraient à devenir des exemples de piété et les défenseurs de la bonne moralité pour tous, ceux-là, à coup sûr, bénéficieraient des excellentes retombées mondaines et célestes.

   Outre le Livre de Dieu, la tradition prophétique est également une source de recommandation favorable à la chasteté. Jâbir raconte : « J’ai entendu le Messager de Dieu dire :  » Lorsqu’une femme plaît à l’un d’entre vous, qu’il apaise son désir auprès de son épouse  » », (rapporté par Mouslim). Ibnou ‘Abbâs relate : « Le Messager de Dieu a dit :  » Que l’un de vous ne s’isole pas avec une femme sauf en présence de l’un de ses parents qui ne peuvent pas l’épouser [père, frère, fils,…] « , (c’est un hadîth unanimement reconnu par les savants).

   En conclusion, il est conseillé aux croyants et aux croyantes de préserver leur chasteté comme un précieux trésor, car elle est une des clés du bonheur terrestre et de l’accès à la demeure éternelle des bienheureux. Les musulmans seront vigilants quant aux voies tortueuses qui mènent aux rapports charnels illicites : ils éviteront les situations éthiquement périlleuses, dans la mesure du possible ; et par dessus tout, qu’ils s’accrochent ardemment à la corde d’Allâh pour se hisser à une position spirituelle enviable.

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