L’écologie, une exigence spirituelle (2/4) : l’environnement et la responsabilité de l’homme dans le Coran

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L’environnement dans le Coran

   Une distinction doit être précisée entre l’environnement naturel et l’environnement civilisationnel. Le premier est en rapport direct avec la nature, tandis que le second est le résultat des activités humaines.

  L’environnement naturel est une donnée omniprésente dans le Livre de Dieu : de nombreux versets invitent les croyants à la contemplation méditative des éléments de l’Univers et de la nature. Le Coran se réfère maintes fois au végétal, à l’animal, à l’insecte, bref, à la faune et à la flore ; aux éléments naturels tels que l’eau, le feu, la terre et le vent ; aux astres, ainsi qu’aux djinns, aux anges et à l’homme. Aucune catégorie d’éléments participant à la vie dans l’Univers et sur Terre n’est omise. Certaines sourates coraniques portent le nom d’un animal ou d’un insecte (« La Génisse », « La Fourmi », « L’Abeille », « L’Araignée », « L’Éléphant »). En évoquant les animaux, Dieu emploie l’expression « communautés » ou « sociétés » pour signifier qu’ils forment une entité semblable à celle des hommes : « Nulle bête rampant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne vive en société à l’instar de vous-mêmes. Et Nous n’avons rien omis dans le Livre éternel. Puis c’est vers leur Seigneur qu’ils feront tous retour. », s.6 Al-An‘âm (Les Bestiaux), v.38.

وَمَا مِن دَآبَّةٍ۬ فِى ٱلۡأَرۡضِ وَلَا طَـٰٓٮِٕرٍ۬ يَطِيرُ بِجَنَاحَيۡهِ إِلَّآ أُمَمٌ أَمۡثَالُكُم‌ۚ مَّا فَرَّطۡنَا فِى ٱلۡكِتَـٰبِ مِن شَىۡءٍ۬‌ۚ ثُمَّ إِلَىٰ رَبِّہِمۡ يُحۡشَرُونَ

   D’autres sourates ont un titre lié à la cosmologie (« L’Etoile », « La Lune », « Le Soleil », « L’Aube naissante »,…) ; d’autres encore ont une appellation relative à des êtres pensants (« Les Hommes », « Les Djinns », « Ceux qui arrachent », … »

   Le Coran mentionne également le lieu de fixation des êtres vivants : « Quant à la terre, Il l’a aménagée pour tous les êtres vivants, en la pourvoyant d’arbres fruitiers, de palmiers aux régimes bien protégés, de grains dans leurs balles et de plantes odoriférantes. », s.55 Ar-Rahmâne (Le Tout-Miséricordieux), v.10-12.

وَٱلۡأَرۡضَ وَضَعَهَا لِلۡأَنَامِ (١٠) فِيہَا فَـٰكِهَةٌ۬ وَٱلنَّخۡلُ ذَاتُ ٱلۡأَكۡمَامِ (١١) وَٱلۡحَبُّ ذُو ٱلۡعَصۡفِ وَٱلرَّيۡحَانُ

   Le décor ou autrement dit, l’environnement naturel, est ainsi posé. Dans la langue arabe, le terme « al-bay’a » (ألبَيْءَة : l’environnement, l’habitat) procède de la racine « bawa’a » (بَوَء) qui donne le verbe « tabawwa’a » (تَبَوَّءَ : habiter, s’établir). Le sens d’« établir un logement » et celui de « résider, demeurer » apparaît respectivement dans les versets suivants : « Nous avons inspiré à Moûssâ [Moïse] et à son frère : “Établissez, pour votre peuple, des maisons en Egypte, faites de vos maisons des lieux de prière et soyez assidus dans la prière.” Et fais la bonne annonce aux croyants. », s.10 Yoûnous, v.87 ;

وَأَوۡحَيۡنَآ إِلَىٰ مُوسَىٰ وَأَخِيهِ أَن تَبَوَّءَا لِقَوۡمِكُمَا بِمِصۡرَ بُيُوتً۬ا وَٱجۡعَلُواْ بُيُوتَڪُمۡ قِبۡلَةً۬ وَأَقِيمُواْ ٱلصَّلَوٰةَ‌ۗ وَبَشِّرِ ٱلۡمُؤۡمِنِينَ

   « Ceux qui auront cru et auront accompli les bonnes œuvres, Nous les établirons pour l’éternité dans des demeures hautement situées et sous lesquelles coulent des rivières. Quelle belle récompense que celle de ceux qui font le bien ! », s.29 Al-‘Ankaboût (L’Araignée), v.58.

وَٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ وَعَمِلُواْ ٱلصَّـٰلِحَـٰتِ لَنُبَوِّئَنَّهُم مِّنَ ٱلۡجَنَّةِ غُرَفً۬ا تَجۡرِى مِن تَحۡتِہَا ٱلۡأَنۡهَـٰرُ خَـٰلِدِينَ فِيہَا‌ۚ نِعۡمَ أَجۡرُ ٱلۡعَـٰمِلِينَ

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   Toutes les composantes de l’environnement ont été décrétées avec mesure et précision, afin que les créatures puissent profiter des commodités de la vie terrestre. Le Coran mentionne cette vérité dans plusieurs âyât (signes), abusivement appelés « versets » : « Allâh sait ce que porte chaque femelle, et de combien la période de gestation dans la matrice est écourtée ou prolongée. Et toute chose a auprès de Lui sa mesure. », s.13 Ar-Ra‘d (Le Tonnerre), v.8 ;

ٱللَّهُ يَعۡلَمُ مَا تَحۡمِلُ ڪُلُّ أُنثَىٰ وَمَا تَغِيضُ ٱلۡأَرۡحَامُ وَمَا تَزۡدَادُ‌ۖ وَڪُلُّ شَىۡءٍ عِندَهُ ۥ بِمِقۡدَارٍ

   « Et il n’est rien dont Nous ne détenions les trésors. Mais Nous ne le faisons descendre que dans une mesure déterminée. », s.15 Al-Hijr, v.21.

وَإِن مِّن شَيْءٍ إِلاَّ عِندَنَا خَزَائِنُهُ وَمَا نُنَزِّلُهُ إِلاَّ بِقَدَرٍ مَّعْلُومٍ

   « Nous avons créé toute chose avec mesure. », s.54 Al-Qamar (La Lune), v.49.

إِنَّا كُلَّ شَىۡءٍ خَلَقۡنَـٰهُ بِقَدَرٍ

   Cette juste mesure permet à chaque élément de remplir précisément et harmonieusement la fonction qui lui est impartie, respectant le cycle rigoureux et continu de la vie : reproduction, mort et transformation. Ainsi, les êtres vivants meurent et se décomposent dans la terre. Les végétaux absorbent les matières nutritives du sol terreux pour produire des feuilles, des fruits et des graines servant de nourriture à toutes les créatures vivantes.

   Allâh commande aux hommes de préserver l’équilibre établi pour que la vie se poursuive harmonieusement jusqu’à son terme. Pour répondre à cette exigence spirituelle, quelle relation l’homme doit-il développer avec l’environnement ?

Conception islamique de la relation de l’homme avec l’environnement

  L’homme doit avoir conscience que Dieu l’a créé puis l’a favorisé du savoir et d’autres aptitudes sur le reste de Sa création, comme mentionné dans le Coran : « Nous avons ennobli les fils d’Adam. Nous les avons portés sur la terre ferme et sur la mer. Nous leur avons accordé d’excellentes nourritures. Nous leur avons donné la préférence sur beaucoup de ceux que Nous avons créés. », s.17 Al-Isrâ’ (Le Voyage nocturne), v. 70.

وَلَقَدۡ كَرَّمۡنَا بَنِىٓ ءَادَمَ وَحَمَلۡنَـٰهُمۡ فِى ٱلۡبَرِّ وَٱلۡبَحۡرِ وَرَزَقۡنَـٰهُم مِّنَ ٱلطَّيِّبَـٰتِ وَفَضَّلۡنَـٰهُمۡ عَلَىٰ ڪَثِيرٍ۬ مِّمَّنۡ خَلَقۡنَا تَفۡضِيلاً۬

 Dieu ajoute : « Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. », s.33 Al-Ahzâb (Les Coalisés), v.72.

إِنَّا عَرَضۡنَا ٱلۡأَمَانَةَ عَلَى ٱلسَّمَـٰوَٲتِ وَٱلۡأَرۡضِ وَٱلۡجِبَالِ فَأَبَيۡنَ أَن يَحۡمِلۡنَہَا وَأَشۡفَقۡنَ مِنۡہَا وَحَمَلَهَا ٱلۡإِنسَـٰنُۖ إِنَّهُ ۥ كَانَ ظَلُومً۬ا جَهُولاً۬

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   L’homme a donc obtenu le statut de gestionnaire de la Terre et la charge d’accomplir une mission civilisatrice. Ceci est confirmé par une parole du Prophète rapportée par Mouslim et An-Nasâ’i : « Dans cette vie belle et douce, Dieu a fait de vous ses lieutenants. » De cette responsabilité devaient naître des sociétés adorant Dieu et Le remerciant pour Ses innombrables bienfaits. En tant que gestionnaire désigné, l’être humain devra répondre de ses choix et actes devant Le Tout-Puissant au Jour de la Reddition des comptes, et cela est un paramètre qui ne quitte jamais la pensée du croyant sincère. De même, il devra garder en tête, et il est prévenu maintes fois par Dieu dans le Saint Coran, qu’un ennemi sournois veille à ses côtés pour le contrarier dans l’établissement d’un monde vénérant l’Unique, Le Véritable Dieu. Cet ennemi envieux, haineux, c’est Iblis qui a déjà fait bannir des jardins paradisiaques les père et mère de l’humanité, Âdam et Hawa’ (paix sur eux). Le Coran rapporte ce fait : « Peu de temps après, Satan les fit glisser de là et les fit sortir du lieu où ils étaient. Et Nous dîmes : “ Descendez (du paradis), ennemis des uns des autres ! Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps.”», s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.36.

فَأَزَلَّهُمَا ٱلشَّيۡطَـٰنُ عَنۡہَا فَأَخۡرَجَهُمَا مِمَّا كَانَا فِيهِ‌ۖ وَقُلۡنَا ٱهۡبِطُواْ بَعۡضُكُمۡ لِبَعۡضٍ عَدُوٌّ۬‌ۖ وَلَكُمۡ فِى ٱلۡأَرۡضِ مُسۡتَقَرٌّ۬ وَمَتَـٰعٌ إِلَىٰ حِينٍ

   « Il dit : “ Descendez d’ici, (Adam et Eve), [Vous serez] tous (avec vos descendants) ennemis les uns des autres. Puis, si jamais un guide vous vient de Ma part, quiconque suit Mon guide ne s’égarera ni ne sera malheureux.” », s.20 Tâ-Hâ, v.123.

قَالَ ٱهۡبِطَا مِنۡهَا جَمِيعَۢا‌ۖ بَعۡضُكُمۡ لِبَعۡضٍ عَدُوٌّ۬‌ۖ فَإِمَّا يَأۡتِيَنَّڪُم مِّنِّى هُدً۬ى فَمَنِ ٱتَّبَعَ هُدَاىَ فَلَا يَضِلُّ وَلَا يَشۡقَىٰ

   « De la terre, Il a fait pour vous un lit de repos, et du firmament, un édifice. Il fait descendre du ciel une eau grâce à laquelle il fait surgir des fruits pour assurer votre subsistance. N’attribuez pas à Dieu des rivaux, alors que vous savez. », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v. 22.

ٱلَّذِى جَعَلَ لَكُمُ ٱلۡأَرۡضَ فِرَٲشً۬ا وَٱلسَّمَآءَ بِنَآءً۬ وَأَنزَلَ مِنَ ٱلسَّمَآءِ مَآءً۬ فَأَخۡرَجَ بِهِۦ مِنَ ٱلثَّمَرَٲتِ رِزۡقً۬ا لَّكُمۡ‌ۖ فَلَا تَجۡعَلُواْ لِلَّهِ أَندَادً۬ا وَأَنتُمۡ تَعۡلَمُونَ

   Les descendants des père et mère de l’humanité ont donc été avertis pour ne pas succomber aux tentations diaboliques. Satan se sait irrémédiablement chassé de la miséricorde divine et condamné, en cela, il est un ennemi mortel pour l’homme, qui devra le considérer comme tel. En effet, dans son outrecuidance, Iblis n’a-t-il pas orgueilleusement défié Dieu ? : « Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, je leur commanderai, et ils fendront les oreilles aux bestiaux ; je leur commanderai, et ils altéreront la création d’Allâh. Et quiconque prend le Diable pour allié au lieu d’Allâh, sera, certes, voué à une perte évidente. », s.4 An-Nissâ’ (Les Femmes), v.119.

وَلَأُضِلَّنَّهُمۡ وَلَأُمَنِّيَنَّهُمۡ وَلَأَمُرَنَّهُمۡ فَلَيُبَتِّڪُنَّ ءَاذَانَ ٱلۡأَنۡعَـٰمِ وَلَأَمُرَنَّہُمۡ فَلَيُغَيِّرُنَّ خَلۡقَ ٱللَّهِ‌ۚ وَمَن يَتَّخِذِ ٱلشَّيۡطَـٰنَ وَلِيًّ۬ا مِّن دُونِ ٱللَّهِ فَقَدۡ خَسِرَ خُسۡرَانً۬ا مُّبِينً۬ا

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   Dans les versets précités, Dieu rappelle bien à l’homme qu’il est non pas le propriétaire, mais simplement le locataire, l’usufruitier et le gardien de la Terre : son pouvoir sur la nature n’est donc pas illimité, il répond à des exigences établies par Dieu. L’homme doit exploiter sa propriété locative selon les termes du contrat : la gérer à bon escient, veiller à son développement et la protéger contre tout ce qui peut lui nuire. En effet, l’homme n’est que de passage dans la vie présente, son autorité est temporaire, l’environnement n’appartient à aucune génération humaine en exclusivité, c’est un patrimoine qui se transmet de générations en générations. Une mauvaise gestion aura par conséquent des répercutions néfastes pour les héritiers. Pour éviter d’en arriver là, l’être humain devra s’appuyer sur la guidance divine et sur les modèles prophétiques, en l’occurrence sur celui du dernier des prophètes, Mouhammad (pbDsl), sinon, il ressemblerait à l’incrédule dont il est dit en substance : « Dès qu’il tourne le dos, il parcourt la terre pour y semer le désordre et saccager culture et bétail. Et Allâh n’aime pas le désordre. », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.205.

وَإِذَا تَوَلَّىٰ سَعَىٰ فِى ٱلۡأَرۡضِ لِيُفۡسِدَ فِيهَا وَيُهۡلِكَ ٱلۡحَرۡثَ وَٱلنَّسۡلَ‌ۗ وَٱللَّهُ لَا يُحِبُّ ٱلۡفَسَادَ

   La tentation du despotisme et de l’exploitation à outrance de l’environnement par l’homme est le revers de la médaille de l’autorité qui lui a été conférée. L’homme comprend-il que loin d’être un privilège en soi, cette autorité est avant tout une énorme responsabilité ? Ce pouvoir de l’homme a pour corollaire l’assujettissement de l’environnement à sa prépondérance, et cela est une faveur divine rappelée par Le Créateur de toute chose : « C’est Dieu Qui a créé les cieux et la Terre. C’est lui Qui fait descendre du ciel une eau grâce à laquelle Il fait produire des fruits pour vous nourrir. C’est lui Qui a mis à votre service des vaisseaux qui, par Son ordre, voguent sur la mer, comme il a mis à votre service des rivières. Et c’est pour vous aussi qu’Il a assujetti le soleil et la lune à une gravitation perpétuelle, de même qu’il a mis à votre service la nuit et le jour. Il a accédé à presque toutes vos demandes, au point que si vous essayez de compter les bienfaits du Seigneur, vous ne sauriez les énumérer. Mais l’homme est pétri d’injustice et d’ingratitude. », s.14 Ibrâhîm, v.32-34.

ٱللَّهُ ٱلَّذِى خَلَقَ ٱلسَّمَـٰوَٲتِ وَٱلۡأَرۡضَ وَأَنزَلَ مِنَ ٱلسَّمَآءِ مَآءً۬ فَأَخۡرَجَ بِهِۦ مِنَ ٱلثَّمَرَٲتِ رِزۡقً۬ا لَّكُمۡ‌ۖ وَسَخَّرَ لَكُمُ ٱلۡفُلۡكَ لِتَجۡرِىَ فِى ٱلۡبَحۡرِ بِأَمۡرِهِۦ‌ۖ وَسَخَّرَ لَكُمُ ٱلۡأَنۡهَـٰرَ (٣٢) وَسَخَّرَ لَكُمُ ٱلشَّمۡسَ وَٱلۡقَمَرَ دَآٮِٕبَيۡنِ‌ۖ وَسَخَّرَ لَكُمُ ٱلَّيۡلَ وَٱلنَّہَارَ (٣٣) وَءَاتَٮٰكُم مِّن ڪُلِّ مَا سَأَلۡتُمُوهُ‌ۚ وَإِن تَعُدُّواْ نِعۡمَتَ ٱللَّهِ لَا تُحۡصُوهَآ‌ۗ إِنَّ ٱلۡإِنسَـٰنَ لَظَلُومٌ۬ ڪَفَّارٌ۬

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   Les versets 6 à 8 de sourate 16 An-Nahl (Les Abeilles) peuvent se résumer ainsi : Dieu a mis à la disposition de l’être humain des animaux qui lui fournissent boisson (lait), nourriture (la chaire), monture (pour lui-même et pour ce qu’il transporte) et vêtements chauds (laine, cuir) ; les végétaux luxuriants et les arbres fruitiers ne peuvent produire que grâce à l’eau que Dieu envoie du ciel ; la mer, sur ordre de Dieu, offre la nourriture et les parures à l’homme ; la montagne s’ancre fermement au sol pour éviter à la terre de vaciller ou de glisser ; les rivières, les sentiers et les étoiles permettent à l’homme de se guider.

  Comment l’homme peut-il éviter les excès dans sa gestion de l’environnement ? L’Islam a répondu à cette interrogation en posant principe qui caractérise la foi musulmane : la modération en toute chose. Dieu dit en substance : « Nous avons fait de vous une communauté éloignée des extrêmes pour que vous soyez témoins contre les hommes, et que le Prophète soit témoin contre vous. », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.143.

وَكَذَٲلِكَ جَعَلۡنَـٰكُمۡ أُمَّةً۬ وَسَطً۬ا لِّتَڪُونُواْ شُہَدَآءَ عَلَى ٱلنَّاسِ وَيَكُونَ ٱلرَّسُولُ عَلَيۡكُمۡ شَهِيدً۬ا‌ۗ وَمَا جَعَلۡنَا ٱلۡقِبۡلَةَ ٱلَّتِى كُنتَ عَلَيۡہَآ إِلَّا لِنَعۡلَمَ مَن يَتَّبِعُ ٱلرَّسُولَ مِمَّن يَنقَلِبُ عَلَىٰ عَقِبَيۡهِ‌ۚ وَإِن كَانَتۡ لَكَبِيرَةً إِلَّا عَلَى ٱلَّذِينَ هَدَى ٱللَّهُ‌ۗ وَمَا كَانَ ٱللَّهُ لِيُضِيعَ إِيمَـٰنَكُمۡ‌ۚ إِنَّ ٱللَّهَ بِٱلنَّاسِ لَرَءُوفٌ۬ رَّحِيمٌ۬

La modération est donc le fil conducteur de la relation qu’entretient l’homme avec l’environnement, et ce principe appelle par ailleurs la proscription de toute forme de gaspillage. Dieu n’interdit pas aux humains de profiter des avantages de Sa création, mais il y apporte des limites : « Ô enfants d’Adam ! Dans chaque lieu de çalât, portez votre parure. Et mangez et buvez, et ne commettez pas d’excès, car Il [Allâh] n’aime pas ceux qui commettent des excès. », s.7 Al-‘Arâf (Les Murailles), v.31.

يَـٰبَنِىٓ ءَادَمَ خُذُواْ زِينَتَكُمۡ عِندَ كُلِّ مَسۡجِدٍ۬ وَڪُلُواْ وَٱشۡرَبُواْ وَلَا تُسۡرِفُوٓاْ‌ۚ إِنَّهُ ۥ لَا يُحِبُّ ٱلۡمُسۡرِفِينَ

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   À la pensée matérialiste selon laquelle l’homme est « le maître du monde », l’Islam oppose l’idée que l’homme est « le maître dans le monde », d’où la modération dont il doit faire preuve à l’égard du dépôt divin que représente l’environnement. Par nature, l’homme est tel que le décrit le Prophète : « Si l’être humain avait une vallée d’or, il en voudrait absolument une deuxième […] » [Rapporté par Al-Boukhârî.] Or, « La richesse ne dépend pas de la quantité de biens. La richesse est que l’âme se suffise [de ce qu’elle possède]. » [Rapporté par Mouslim.]

  Le tempérament outrancier de l’humain entraîne son tiède respect du principe de modération. C’est pourquoi un second principe est inscrit dans la vision écologique en Islam : la proscription de toute action qui corromprait la création divine. L’Envoyé de Dieu enseignait : « Nul ne doit nuire à l’autre », et l’exploitation excessive et abusive des ressources naturelles est une nuisance considérée par l’Islam comme une atteinte à l’adoration vouée à Dieu, une ingratitude envers Ses grâces, dont voici les conséquences : « Dieu propose en parabole une cité qui vivait dans la paix et la tranquillité, et vers laquelle convergeaient à flot des richesses de toutes parts. Or, elle se montra ingrate envers les bienfaits de Dieu, Qui, pour châtiment de ses méfaits, lui fit connaître les affres de la faim et de la peur. », s.16 An-Nahl (Les Abeilles), v.112.

وَضَرَبَ ٱللَّهُ مَثَلاً۬ قَرۡيَةً۬ ڪَانَتۡ ءَامِنَةً۬ مُّطۡمَٮِٕنَّةً۬ يَأۡتِيهَا رِزۡقُهَا رَغَدً۬ا مِّن كُلِّ مَكَانٍ۬ فَڪَفَرَتۡ بِأَنۡعُمِ ٱللَّهِ فَأَذَٲقَهَا ٱللَّهُ لِبَاسَ ٱلۡجُوعِ وَٱلۡخَوۡفِ بِمَا ڪَانُواْ يَصۡنَعُونَ

   Indéniablement, le comportement abusif de l’homme a conduit à des catastrophes écologiques sans précédent, depuis 1950 précisément, avec l’industrialisation des sociétés contemporaines amorcée au 18ème  siècle en Grande-Bretagne. Actuellement, l’écosystème ne souffre-t-il pas de la pollution de l’air, du sol et de l’eau ? Les terres arables ne sont-elles pas corrompues et ne se réduisent-elles pas comme peau de chagrin ? Le déboisement continu et la fatale décimation des espèces vivantes ne sont-ils pas une réalité de notre temps ? Et le très médiatique réchauffement climatique dû à une émission excessive de dioxyde de carbone (CO2) n’est-il pas une réalité ? Une petite parenthèse s’impose : tous les scientifiques reconnaissent la réalité du réchauffement climatique, mais divergent sur ses causes ; certains accusent les activités humaines, d’autres affirment que l’augmentation des températures est la résultante du cycle vital normal de la Terre annonçant l’ère préglaciaire. Toujours est-il que la question est : qu’en aurait-il été si l’homme avait respecté cette prescription divine : « Ne semez pas le désordre sur la Terre après qu’elle a été réformée. Invoquez votre Seigneur avec crainte et espoir. La miséricorde de Dieu est proche de ceux qui font le bien. », s.7 Al-A‘râf (Les Murailles), v.56.

وَلَا تُفۡسِدُواْ فِى ٱلۡأَرۡضِ بَعۡدَ إِصۡلَـٰحِهَا وَٱدۡعُوهُ خَوۡفً۬ا وَطَمَعًا‌ۚ إِنَّ رَحۡمَتَ ٱللَّهِ قَرِيبٌ۬ مِّنَ ٱلۡمُحۡسِنِينَ

   Certes les grands principes sont posés, mais encore faut-il les faire vivre ! Et qui, sinon l’Envoyé d’Allâh, Mouhammad , a le mieux concrétisé dans son quotidien ces valeurs de modération et de préservation de l’environnement ?

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