L’imâm Ibnou Mâjah

Biographie des savants

t26

   L’imâm Ibnou Mâjah est l’auteur de l’ouvrage qui clôt la liste des six grands livres canoniques sur lesquels se basent les sunnites concernant les hadîths. Après les Sahih d’Al-Boukhârî et Mouslim, ce sont At-Tirmidhî, An-Nassâ’î,

Aboû Dâwoûd et lui-même qui ont chacun composé des sounan, recueils de hadîths de référence utilisés en jurisprudence.

Naissance

   Aboû Abdoullâh Mouhammad Ibnou Yazîd Ar-Raba’i Al-Qazwinî Ibnou Mâjah est né en 209 H (824 de l’ère chrétienne) à Qazvin, ville du nord de l’Iran actuel. Son patronyme « Mâjah » signifierait « mois » en persan ancien et serait soit le titre de son père, soit le nom de sa mère ou de sa grand-mère.

Acquisition du savoir

   À cette époque, Qazvin était un centre scientifique où abondaient cercles de savoir et activités intellectuelles, tout comme beaucoup d’autres cités rayonnantes d’érudition telles Bassora, Baghdâd, Marw ou Ispahan. L’empire Abbasside vivait alors à l’apogée de sa civilisation et de son pouvoir. Le calife Al-Ma’moûn avait mené son royaume vers le progrès et une renaissance spirituelle qui s’avérait nécessaire.

   Plongé dans ce bain d’érudition depuis sa plus tendre enfance, Ibnou Mâjah mémorisa le Saint Coran et recueillit la science du hadîth des grands savants de sa ville.
À l’image de tous les spécialistes de cette discipline, Ibnou Mâjah partit à la recherche du savoir à l’âge de 22 ans. Il a visité Bassora, Koûfa, Baghdâd, Médine, la Mecque, la Syrie et l’Egypte pour entendre et rassembler les hadîths.

   Parmi ses professeurs se trouvent Az-Zoubayr Ibnou Bitar, Salama Ibnou Chahîb, Ya‘qoûb Ibnou Hamîd, Ismâ ‘îl Ibnou Moûssâ Al-Fazarî, Zouhayr Ibnou Harb, Jabbara Ibnou-l-Moughlis, Ibrâhîm Ibnou-l-Moundhir, Hichâm Ibnou ‘Omar et Aboû Bakr Ibnou Chayba.

   L’imâm Ibnou Mâjah gagna le respect et la confiance de ses contemporains. Ibnou Khalliqan affirma que l’imâm Ibnou Mâjah occupait le rang d’imâm du hadîth. Pour Aboû-l-‘Alî Khalilî, il était un grand érudit de l’exégèse coranique, des hadîths et de l’histoire. Quant à l’imâm Adh-Dhahabî, il pensait qu’Ibnou Mâjah était un Hâfidh et une mine de connaissances prophétiques.

   Après un voyage qui dura plus de quinze ans, Ibnou Mâjah s’installa définitivement dans sa ville natale. Il passa la plupart du temps à répertorier et à énoncer les hadîths. Sa renommée traversa les frontières et attira les étudiants venus de toutes parts.

   Les historiens reconnaissent la préséance et l’excellence d’Ibnou Mâjah de par ses vastes connaissances et les compilations de valeur qu’il laissa. Cependant une grande partie de ses travaux, livrés à la négligence, fut perdue.

Ses ouvrages

Il est l’auteur de trois livres :
– At-Tafsîr : le célèbre historien et interprète du Coran Ibnou Kathîr le décrit dans son livre Al-bidâya wan-nihâya comme étant une œuvre d’une grande richesse. Le savant As-Souyoûtî y fait référence dans Al-itqân fî ‘ouloûmi-l-qor’âne ;
– At-Târîkh : cet écrit perdura longtemps après sa mort grâce à sa facilité de compréhension ;
– Kitâb As-Sounan (Le livre des traditions).

   Son ouvrage sur les sounan est le seul qui ait survécu jusqu’à nos jours. Il compte plus de 4 000 hadîths, dont 3 002 apparaissent dans les recueils d’Al-Boukhârî, de Mouslim, d’At-Tirmidhî, d’Aboû Dâwoûd et d’An-Nassâ’î. Les spécialistes du hadîth ont longtemps divergé quant à savoir si les Sounan d’Ibnou Mâjah était plus authentique qu’Al-Mouwatta’ de l’imâm Mâlik. Il fait néanmoins partie des six recueils canoniques (le dernier), même s’il est considéré moins authentique qu’Al-Mouwatta’ : il contient beaucoup de hadîths forgés et son auteur n’a pas mentionné ses critères de sélection.

t27

   Ibnou Mâjah raconte à propos de cette œuvre : « Lorsque j’ai achevé mon livre des sounan, je l’ai présenté à l’imâm Aboû Zour‘a Ar-Râzî. Il le compulsa et donna son avis : « Je pense que si ceci parvenait entre les mains des gens, alors tous les livres de hadîths précédents et actuels seraient superflus. Il n’y a vraisemblablement pas plus de trente hadîths dont la chaine de transmission est très faible. » ».

   Le Hâfidh Adh-Dhahabî dit quant à lui : « Le livre d’Aboû Abdillâh (Sounnan Ibnou Mâjah) est un très bon livre et s’il ne contenait pas quelques narrations de faible degré d’authenticité, il serait excellent. »

Sa fin

   Ibnou Mâjah décéda durant le mois sacré de Ramadan de l’an 273 H (887 ap. JC), à Qazvin, sa ville natale. Paix à son âme, lui qui a tant contribué à la démocratisation des traditions prophétiques.

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