(12) Al-Ghaffâr (L’Absoluteur)

Noms Divins expliqués

i1

   Al-Ghaffâr » est une des trois formes que prend l’attribut divin relatif au pardon de Dieu, les deux autres étant « Al-Ghâfir » et « Al-Ghafoûr ». Le premier nom est cité cinq fois dans le Coran, tandis que le deuxième n’apparaît qu’une fois dans une sourate éponyme ;

le dernier nom est de loin le plus mentionné, puisqu’Allâh  l’utilise à quatre-vingt onze reprises. Le pardon est une caractéristique essentielle du Divin, sans laquelle l’être humain ne pourrait trouver son équilibre vital. Cet attribut inhérent aux péchés des hommes est une source d’espoir infini pour qui comprend véritablement sa portée.

Définitions et origines

Les noms Al-Ghaffâr, Al-Ghafoûr et Al-Ghâfir proviennent tous trois de la racine « ghafr : غفر » qui signifie « couvrir » et « cacher ». Appliqués à Dieu, ces noms signifient qu’Allâh  est Celui qui dissimule les péchés, les occulte, ce qui constitue la base du pardon. Ibnou Al-‘Arabî a essayé de distinguer le sens de ces trois noms de manière plus précise : Al-Ghâfir est Celui qui couvre les péchés dans ce monde ; Al-Ghafoûr caractérise Celui qui cache les péchés dans l’au-delà ; et Al-Ghaffâr désigne Celui qui cache les péchés aux yeux des créatures.

Apparemment, les noms « Al-Ghâfir », « Al-Ghafoûr » et « Al-Ghaffâr » sont utilisés pour transmettre la même signification, puisqu’ils sont issus d’une racine commune « al-maghfira : المَغْفِرَة » (le pardon). Mais certains savants observent une démarche plus minutieuse en se focalisant sur la définition donnée à celui qui désobéit à Allâh  : le Coran recourt à trois appellations différentes pour décrire ce dernier, selon son degré de désobéissance : « dhâlim », « dhaloûm » ou « dhallâm ». Plusieurs occurrences coraniques en témoignent :

– « Ensuite, Nous fîmes héritiers du Livre ceux de Nos serviteurs que Nous avons choisis. Il en est parmi eux qui font du tort à eux-mêmes, d’autres qui se tiennent sur une voie moyenne, et d’autres avec la permission d’Allâh devancent [tous les autres] par leurs bonnes actions ; telle est la grâce infinie. », s.35 Fâtir (Créateur), v.32 ;

ثُمَّ أَوْرَثْنَا الْكِتَابَ الَّذِينَ اصْطَفَيْنَا مِنْ عِبَادِنَا فَمِنْهُمْ ظَالِمٌ لِّنَفْسِهِ وَمِنْهُم مُّقْتَصِدٌ وَمِنْهُمْ سَابِقٌ بِالْخَيْرَاتِ بِإِذْنِ اللَّهِ ذَلِكَ هُوَ الْفَضْلُ الْكَبِيرُ

– « Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. », s.33 Al-Ahzâb (Les Coalisés), v.72 ;

إِنَّا عَرَضْنَا الْأَمَانَةَ عَلَى السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ وَالْجِبَالِ فَأَبَيْنَ أَن يَحْمِلْنَهَا وَأَشْفَقْنَ مِنْهَا وَحَمَلَهَا الْإِنسَانُ إِنَّهُ كَانَ ظَلُوماً جَهُولاً

– « Dis : “Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allâh. Car Allâh pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui Le Pardonneur, Le Très Miséricordieux.” », s.39 Az-Zoumar (Les Groupes), v.53 ;

قُلْ يَا عِبَادِيَ الَّذِينَ أَسْرَفُوا عَلَى أَنفُسِهِمْ لَا تَقْنَطُوا مِن رَّحْمَةِ اللَّهِ إِنَّ اللَّهَ يَغْفِرُ الذُّنُوبَ جَمِيعاً إِنَّهُ هُوَ الْغَفُورُ الرَّحِيمُ

   Dans ce dernier exemple, le verbe conjugué « asrafa» transmet la même idée que le nom « dhallâm » puisque ce dernier est un superlatif désignant celui qui excède dans l’injustice. Par conséquent, si l’homme est « dhâlim », Allâh sera « Ghâfir » ; s’il est « dhaloûm », Allâh sera « Ghafoûr » ; s’il est « mousrif = dhallâm », Allâh sera « Ghaffâr ».

   Ces interprétations sont intéressantes, mais linguistiquement parlant, aucune preuve n’établit l’authenticité de ces sens. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’appliqués à Allâh ces noms signifient qu’Il voile ce que l’homme cache de plus répugnant en lui-même.

Al-Ghaffâr dissimule la laideur

   La signification la plus littérale d’Al-Ghaffâr correspond au fait de cacher ce qui déplait de manière générale. Il s’agit d’abord de voiler les éléments repoussants du corps humain, c’est ainsi qu’Al-Ghaffâr a recouvert le corps de chaque homme et femme d’une peau agréable à contempler, ayant pour fonction, entre autres, de camoufler la laideur des muscles et autres organes sous-cutanés. Le Prophète  a invoqué son Seigneur en faisant référence à cette notion : « Ô Allâh, Toi Qui dévoile ce qui est beau et dissimule ce qui est laid ! […] ». Ce hadîth évoque non seulement l’aspect physique de l’être humain, mais il met également l’accent sur le côté moral de sa personne. Al-Ghaffâr est en effet Celui qui cache les pensées les plus intimes d’un individu. Grâce à Lui, les intentions, les sentiments ou les ambitions les plus obscures ne sont pas dévoilées à autrui, ce qui permet une vie en société dans des conditions optimales. En effet, si les idées noires qui traversent l’esprit de l’être humain, les critiques et les mauvais sentiments qu’il ressent vis-à-vis des gens se dévoilaient à son entourage, tous le mépriseraient et s’acharneraient à le détruire.

  Par ailleurs, Al-Ghaffâr intervient également au niveau de chaque croyant en occultant de sa mémoire les péchés qu’il a pu commettre dans l’ignorance et l’insouciance avant de retourner à Dieu. En effet, le souvenir permanent de tels méfaits agirait comme une brûlure constante dans son cœur et freinerait son cheminement vers Allâh .

   Aussi, dans Son infinie bonté, Dieu efface les péchés inscrits par les anges et voile les fautes de Ses serviteurs au paradis, de manière à ce que ni le concerné, ni ses coreligionnaires ne puissent constater ces erreurs et en faire cas. Naturellement, Dieu se décrit comme étant : « Le Pardonneur des péchés, L’Accueillant au repentir, Le Dur en punition, Le Détenteur des faveurs. Point de divinité à part Lui et vers Lui est le retour. », s.40 Ghâfir (Le Pardonneur), v.3.

غَافِرِ الذَّنبِ وَقَابِلِ التَّوْبِ شَدِيدِ الْعِقَابِ ذِي الطَّوْلِ لَا إِلَهَ إِلَّا هُوَ إِلَيْهِ الْمَصِيرُ

   Certains savants ont explicité cette description comme suit : Allâh  pardonne les péchés par bonté aux fidèles les plus négligents ; Il accepte le repentir du commun de Ses serviteurs par grâce ; Il châtie sévèrement les mécréants et Il octroie Ses faveurs à ceux qu’Il aime, c’est-à-dire aux plus pieux. Dans ce verset, trois qualificatifs s’appliquent aux croyants, tandis qu’un seul concerne les infidèles.

Les péchés des hommes face au pardon de Dieu

i2

   Ces qualités divines se manifestent à travers les péchés des êtres humains. Certains se demandent probablement pourquoi Allâh  a créé Satan, alors qu’Il savait que celui-ci inciterait Adam à consommer le fruit interdit, et qu’il mènerait l’homme à sa perte. Bien que l’acte de Satan relevât du mal et le fait qu’Adam suive la suggestion de Satan soit une désobéissance, l’accomplissement de cet interdit a poussé Adam à retourner vers son Seigneur avec repentance. L’être humain est en effet pécheur par nature, le Prophète  dit en substance : « Toute la descendance d’Adam fait constamment des erreurs et les meilleurs des pécheurs sont les repentants. » [Rapporté par Ibnou Mâja.]

   En réalité, Allâh  pardonna le péché d’Adam  pour cette simple et bonne raison : Son serviteur s’est tourné vers Lui à la recherche de Son pardon. Le Prophète  a dit : « Celui qui se repent de ses péchés est comme une personne sans péché. » [Rapporté par Ibnou Mâja.]. Ce désir sincère de se repentir est un acte d’adoration à part entière. C’est justement pour mener Son serviteur à cet acte positif et louable qu’Allâh  a créé Satan. C’est également parce qu’Il savait pertinemment que l’homme allait pécher et se repentir qu’Il l’a installé sur Terre. Aboû Ayoub  et Aboû Hourayra  ont rapporté ce hadîth du Prophète  : « Par Celui qui détient mon âme entre Ses mains, si vous ne commettiez pas de péchés, Allâh vous balaierait de cette existence et Il vous remplacerait par d’autres gens qui commettront des péchés, demanderont pardon à Dieu et à qui Allâh pardonnerait. » [Rapporté par Ahmad.]

   Dans une autre narration rapportée par Anas Ibnou Mâlik  : « Allâh se réjouit bien plus du repentir de Son serviteur que quelqu’un qui retrouve subitement son chameau après l’avoir égaré dans un lieu désert. » [Authentifié par Al-Boukhârî.]

   Le repentir est donc un acte d’adoration dont la valeur est immense aux yeux de Dieu. Aussi, étudier l’impact des noms Al-Ghaffâr, Al-Ghafoûr et Al-Ghâfir devrait raviver l’espoir dans le cœur du croyant, l’espoir de voir ses péchés absouts. Par conséquent, le fidèle ne tombe jamais dans un état de profonde détresse et ne s’enfonce pas davantage dans l’inconduite après avoir perdu tout espoir d’être pardonné. Ces noms doivent toujours rappeler au croyant qu’Allâh pardonne les péchés de Ses serviteurs.

   L’histoire d’une des descendantes des enfants d’Israël est assurément connue : cette prostituée s’est approchée d’un puits à proximité duquel elle trouva un chien très assoiffé. Celui-ci ne pouvait évidemment pas atteindre l’eau pour s’hydrater. Elle attacha donc sa chaussure à la corde et la descendit pour la remplir du précieux liquide, puis la présenta à l’animal. Allâh  agréa cet acte charitable et lui pardonna tous ses péchés. Telle est la nature d’Al-Ghaffâr !

   En établissant une comparaison simple entre la sphère des péchés de l’homme et le domaine du pardon divin, une évidence saute aux yeux : les fautes des êtres humains sont limitées, tandis que la rémission de Dieu est infinie…

   L’infinité de la miséricorde d’Allâh  se décline aussi bien quantitativement que qualitativement. En effet, les versets qui mentionnent cette qualité divine se construisent sur des temps ou des modes aussi divers que le passé, le présent ou l’impératif, ou se basent même sur des formes nominales :

– « Nous lui pardonnâmes. Il aura une place proche de Nous et un beau refuge. », s.38 Çâd, v.25 ;

فَغَفَرْنَا لَهُ ذَلِكَ وَإِنَّ لَهُ عِندَنَا لَزُلْفَى وَحُسْنَ مَآبٍ

– « Certes Allâh ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allâh quelqu’associé commet un énorme péché. », s.4 An-Nissâ’ (Les Femmes), v.48 ;

إِنَّ اللّهَ لاَ يَغْفِرُ أَن يُشْرَكَ بِهِ وَيَغْفِرُ مَا دُونَ ذَلِكَ لِمَن يَشَاءُ وَمَن يُشْرِكْ بِاللّهِ فَقَدِ افْتَرَى إِثْماً عَظِيماً

– « Seigneur, nous avons entendu l’appel de celui qui a appelé ainsi à la foi : “Croyez en votre Seigneur” et dès lors nous avons cru. Seigneur, pardonne-nous nos péchés, efface de nous nos méfaits et place-nous, à notre mort, avec les gens de bien. », s.3 Âli ’Imrâne (La Famille de ‘Imrâne), v.193.

رَّبَّنَا إِنَّنَا سَمِعْنَا مُنَادِياً يُنَادِي لِلإِيمَانِ أَنْ آمِنُواْ بِرَبِّكُمْ فَآمَنَّا رَبَّنَا فَاغْفِرْ لَنَا ذُنُوبَنَا وَكَفِّرْ عَنَّا سَيِّئَاتِنَا وَتَوَفَّنَا مَعَ الأبْرَارِ

– « […] Ton Seigneur est Détenteur du pardon pour les gens, malgré leurs méfaits. Et ton Seigneur est assurément dur en punition. », s.13 Ar-Ra‘d (Le Tonnerre), v.6.

وَإِنَّ رَبَّكَ لَذُو مَغْفِرَةٍ لِّلنَّاسِ عَلَى ظُلْمِهِمْ وَإِنَّ رَبَّكَ لَشَدِيدُ الْعِقَابِ  […]

   Cette diversité d’occurrences révèle qu’Allâh  pardonne les péchés passés, présents et futurs. Aucune limite temporelle ne restreint l’amplitude de miséricorde divine réservée à l’absolution des fautes humaines.

   De la même façon, tous les types de péchés sont potentiellement pardonnables, comme l’affirme Dieu dans le Coran : « Dis : “Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allâh. Car Allâh pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui Le Pardonneur, Le Très Miséricordieux.” », s.39 Az-Zoumar (Les Groupes), v.53.

قُلْ يَا عِبَادِيَ الَّذِينَ أَسْرَفُوا عَلَى أَنفُسِهِمْ لَا تَقْنَطُوا مِن رَّحْمَةِ اللَّهِ إِنَّ اللَّهَ يَغْفِرُ الذُّنُوبَ جَمِيعاً إِنَّهُ هُوَ الْغَفُورُ الرَّحِيمُ

   Quelle que soit la nature de la faute, Allâh pardonne chaque transgression commise par Son serviteur, car Il est Le Tout Pardonnant. D’ailleurs, la nuance existante entre Al-Ghaffâr, Al-Ghafoûr et Al-Ghâfir résiderait justement dans la quantité, la qualité et la fréquence des écarts de conduite à absoudre. Al-Ghaffâr, par exemple, absout toutes sortes de péchés de manière continuelle, excepté un péché : l’association. Le Coran précise à ce sujet : « Certes Allâh ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allâh quelqu’associé commet un énorme péché. », s.4 An-Nissâ’ (Les Femmes), v.48.

   Par conséquent, seuls les mécréants, les ignorants et les ingrats désespèrent de voir leurs péchés absouts par l’infinie grâce divine.

i3

Les conditions du pardon

   Certaines personnes pensent cependant que cette caractéristique divine s’opère tout simplement de manière systématique, et se livrent sans retenue à la débauche en prétextant que Dieu est Le Tout Pardonneur ! Le croyant doit en réalité fournir un effort pour mériter ce pardon par la grâce d’Allâh . Une lecture attentive du Coran lui permettrait de s’en rendre compte, car après la mention de Son pardon illimité, Allâh  spécifie : « Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui, avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne recevrez alors aucun secours. », s.39 Az-Zoumar (Les Groupes), v.54.

وَأَنِيبُوا إِلَى رَبِّكُمْ وَأَسْلِمُوا لَهُ مِن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ الْعَذَابُ ثُمَّ لَا تُنصَرُونَ

   En fait, des conditions bien précises régissent l’absolution des péchés :

– un verset coranique révèle sans équivoque que la foi en Dieu est préalablement indispensable pour prétendre au pardon divin : « Sache donc qu’en vérité il n’y a point de divinité à part Allâh et implore le pardon pour ton péché, ainsi que pour les croyants et les croyantes. […] », s.47 Mouhammad, v.19

[…] فَاعْلَمْ أَنَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا اللَّهُ وَاسْتَغْفِرْ لِذَنبِكَ وَلِلْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ

– un hadîth rapporté par Ibnou Ma‘qil  : « Le regret est un repentir. » [Rapporté par Ibnou Mâja, Ibnou Hibbân et Al-Hâkim.]

   Avec ces quelques mots, le Messager  a établi les bases du repentir sincère. En effet, commettre un péché et ne pas le regretter ne sert à rien. Apprécier le souvenir de cet acte illicite dans son for intérieur n’ouvre en aucun cas la porte du pardon, même si les lèvres prononcent « astaghfiroullâh : أَسْتَغْفِرُ اللَّه » (« je demande pardon à Dieu »). Le Prophète  a marqué une équivalence entre le regret et le repentir qui sous-entend que le second ne peut se concrétiser sans l’existence du premier ;

– de toute évidence : ne pas recommencer ce péché ;

– corriger au mieux le mal fait à une personne.

   Finalement, la miséricorde de Dieu concerne les croyants qui se tournent vers Lui repentants, ceux qui cherchent Son pardon en se réformant et en s’abstenant de réitérer les fautes commises. N’en bénéficieront pas ceux qui s’obstinent dans la turpitude et n’envisagent à aucun moment de cesser d’enfreindre les lois de Dieu.

   En réalité, si le croyant sincère ne se repent pas de sa propre volonté, Dieu le mènera malgré lui à la contrition en le soumettant à l’adversité. Plusieurs textes en témoignent : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Allâh et au Messager lorsqu’il vous appelle, à ce qui vous donne la (vraie) vie, et sachez qu’Allâh s’interpose entre l’homme et son cœur, et que c’est vers Lui que vous serez rassemblés. Et craignez une calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes d’entre vous. Et sachez qu’Allâh est dur en punition. », s.8 Al-Anfâl (Le Butin), v.24-25.

   Plus loin dans le Coran : « Et sachez que vos biens et vos enfants ne sont qu’une épreuve et qu’auprès d’Allâh il y a une énorme récompense. Ô vous qui croyez ! Si vous craignez Allâh, Il vous accordera la faculté de discerner (entre le bien et le mal), vous effacera vos méfaits et vous pardonnera. Et Allâh est Le Détenteur de l’énorme grâce. », s.8 Al-Anfâl (Le Butin), v.28-29.

   Dans un hadîth qodsî : « Ô Mes serviteurs ! Je me suis interdit toute injustice et Je l’ai interdite entre vous, ne soyez donc pas injustes les uns envers les autres. Ô Mes serviteurs ! Chacun de vous est égaré sauf celui que J’ai guidé, demandez-Moi donc de vous guider et Je vous guiderai. Ô Mes serviteurs ! Chacun de vous est affamé sauf celui que J’ai nourri, demandez-Moi donc de vous nourrir et Je vous nourrirai. Ô Mes serviteurs ! Chacun de vous est nu sauf ceux que J’ai habillés, demandez-Moi donc de vous habiller et Je vous vêtirai. Ô Mes serviteurs ! Vous péchez nuit et jour et Je pardonne tous les péchés, demandez-Moi le pardon et Je vous pardonnerai. Ô Mes serviteurs ! Un tort de vous ne pourrait m’atteindre, vous ne pourriez Me nuire. Et vous ne pourriez non plus m’être utiles, ni Me faire profiter de quoi que ce soit. Ô Mes serviteurs ! Si le premier et le dernier d’entre vous, les êtres humains et les génies étaient tous aussi pieux que le cœur de l’homme le plus pieux d’entre vous, cela ne pourra en rien augmenter Mon royaume. Ô Mes serviteurs ! Si le premier et le dernier d’entre vous, les humains et les génies parmi vous étaient aussi pervers que le plus pervers d’entre vous, cela ne diminuerait en rien Mon royaume. Ô Mes serviteurs ! Si le premier et le dernier d’entre vous, les humains parmi vous et les génies parmi vous se levaient tous sur un seul endroit pour Me faire une demande et si J’accordais à chacun ce qu’il a demandé, cela ne diminuerait en rien ce que Je possède, pas plus qu’une aiguille enfoncée dans la mer ne diminue la quantité d’eau. Ô Mes serviteurs ! Ce ne sont que vous œuvres que Je vous compte et pour lesquelles Je vous rétribue, alors celui qui trouve du bien, qu’il remercie Allâh, et celui qui trouve autre chose, qu’il ne blâme que lui-même. » [Authentifié par Mouslim.]

   Ce hadîth divin démontre indiscutablement que celui qui retourne à Dieu repentant s’assure Sa protection, Son soutien et l’honneur qui en découle. Quant à ceux qui s’obstinent dans leur torpeur, Allâh  s’adresse à eux comme suit : « Ô vous qui croyez ! Qu’avez-vous ? Lorsqu’on vous a dit : “Elancez-vous dans le sentier d’Allâh”, vous vous êtes appesantis sur la terre. La vie présente vous agrée-t-elle plus que l’au-delà ? – Or, la jouissance de la vie présente ne sera que peu de chose comparée à l’au-delà ! », s.9 At-Tawba (Le Repentir), v.38.

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ مَا لَكُمْ إِذَا قِيلَ لَكُمُ انفِرُواْ فِي سَبِيلِ اللّهِ اثَّاقَلْتُمْ إِلَى الأَرْضِ أَرَضِيتُم بِالْحَيَاةِ الدُّنْيَا مِنَ الآخِرَةِ فَمَا مَتَاعُ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا فِي الآخِرَةِ إِلاَّ قَلِيلٌ

Comment le fidèle peut-il s’imprégner du nom « Al-Ghaffâr » ?

   S’inspirant des qualités d’Al-Ghaffâr, le croyant adopte un comportement exemplaire vis-à-vis d’autrui. Sa conduite consiste donc à dissimuler chez l’autre ce qu’il aimerait cacher de sa propre personne. En effet, le Prophète  a énoncé : « … Celui qui dissimule [un défaut] chez un musulman, Dieu lui dissimulera ses défauts dans l’ici-bas et dans l’au-delà. » [Authentifié par Mouslim.]

   Ainsi, le calomniateur, l’épieur et celui qui rend le mal par le mal ne bénéficieront pas de cette faveur inestimable le jour du Jugement. En effet, la position à adopter vis-à-vis du pécheur est déterminante pour le croyant :

– chercher à justifier sa mauvaise action revient à fauter tout autant que lui ;

– le condamner pour avoir mal agi amène inéluctablement l’accusateur à tomber dans le même piège satanique ;

– dévoiler un péché équivaut à calomnier son auteur.

   Le Prophète  n’a-t-il pas formulé plusieurs invocations pour se protéger de ce genre d’attitude ? « Ô Allâh ! Je me réfugie auprès de Toi contre le mal d’un voisin qui : s’il voit une bonne chose, la dissimule ; mais s’il est témoin d’une mauvaise action, la dévoile.» [Rapporté par Al-Bayhaqî.]

   La meilleure conduite à suivre envers un égaré consiste donc à dissimuler ses fautes tout en le conseillant d’agir dans le bien ; savoir reconnaître ses qualités et les mettre en valeur peut l’aider à retrouver confiance en lui et le pousser à écouter attentivement les recommandations fraternelles qui lui sont adressées. C’est d’ailleurs ainsi que le Prophète  se comporta avec un des fidèles de son époque. Soucieux de se joindre à une prière menée par le Messager, ce croyant ne prêta pas attention au bruit et au dérangement qu’il causa aux orants, au point de leur gâcher la prière. Au terme de leur adoration, le Prophète  s’adressa à lui en ces termes : « Qu’Allâh te rende encore plus attentionné, [mais] n’agis plus ainsi. » [Authentifié par Al-Boukhârî.]

   Même lorsqu’il s’agissait du plus chevronné de ses ennemis, décédé de surcroit, l’Envoyé d’Allâh s’interdisait toute mauvaise parole. En effet, quand ‘Ikrima – fils d’Aboû Jahl – vint annoncer son adhésion à l’Islam, le Messager déclara : « Viendra à vous ‘Ikrima croyant et immigrant, ne parlez jamais en mal de son père, car médire sur les morts blesse les vivants et n’atteint pas les défunts. » [Rapporté par Al-Hâkim.]

   L’autre effet directement lié à la connaissance d’Al-Ghaffâr relève du bien-être psychique du croyant. Croire en Al-Ghaffâr équivaut à nourrir son cœur d’un espoir intarissable et indispensable à l’équilibre psychologique du fidèle. Cette harmonie se traduit en effet par une juste dose d’espoir et de crainte, les deux éléments moteurs qui animent et vivifient le cœur du musulman. Un jour, le Prophète  passa près de certains Compagnons. Remarquant qu’ils riaient jovialement, il leur dit : « Riez-vous alors que le paradis et l’enfer sont devant vous ? », ce qui les attrista sérieusement. C’est alors que Dieu révéla à Son Messager : « Informe Mes serviteurs que Je suis Le Pardonneur, Le Très Miséricordieux et que Mon châtiment est certes le châtiment douloureux. », s.15 Al-Hijr, v.49-50. [Exégèse d’Al-Qortobî.]

   Ces deux sentiments s’équilibrent harmonieusement pour permettre au croyant de vivre sereinement tout en se préparant pour l’au-delà.

   La connaissance des noms divins Al-Ghafoûr, Al-Ghaffâr et Al-Ghâfir rappelle au croyant l’infini pardon qui caractérise Allâh  et constitue pour lui une source d’espoir inépuisable. Mais cet optimisme ne peut s’inscrire dans une oisiveté sentimentale et un désœuvrement absolu ; il doit être accompagné par un désir sincère de se racheter concrétisé par des actes pratiques menant au pardon divin, par la grâce de Dieu. En effet, Allâh  précise dans le Coran : « …Les bonnes œuvres dissipent les mauvaises… », s.11 Hoûd, v.114.
Ces trois noms divins reflètent finalement chacun un aspect de l’acceptation divine du repentir de l’homme, que ce soit par la repentance ou par l’occultation de certains actes fâcheux grâce à l’accomplissement d’actions charitables.

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