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Qui consulte immédiatement son médecin traitant lorsqu’au saut de son lit il se regarde dans un miroir et se dit: « Oh là! Le cachet d’aspirine ! », pour signifier sa pâleur ou encore, « Qu’est-ce que je me sens essoufflé aujourd’hui ! » ?

Qui, même lorsqu’il perçoit en lui une accélération du pouls, voire des palpitations,  en plus des signes précités, décide de confier sa santé à un professionnel ?

En vérité, peu de gens auront ce réflexe tant les signes énoncés sont peu spécifiques à une pathologie quelconque. Cependant, méfaiance, ils peuvent être des signaux d’une carence en fer dont les méfaits commencent à se faire sentir bien avant que l’anémie au sens clinique du terme ne se manifeste. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, environ 25% de la population mondiale souffre d’anémie.

Qu’est-ce que l’anémie ?

L’anémie est un symptôme d’une ou de plusieurs pathologies se traduisant par un taux insuffisant d’hémoglobine dans le sang.

L’hémoglobine est composée de protéines (la globine) et d’un pigment (l’hème) qui donne la couleur rouge au sang. Ce pigment fixe le fer qui transporte l’oxygène des poumons vers les cellules. L’oxygène est essentiel pour que les cellules produisent de l’énergie.

L’anémie n’est pas obligatoirement un manque de globules rouges. Le nombre de globules rouges peut-être normal, mais s’ils sont trop petits, l’hémoglobine peut faire défaut. A l’inverse, les globules rouges peuvent être trop gros et en nombre apparemment insuffisant, mais le taux d’hémoglobine est normal : dans ce cas, il y a absence d’anémie.

Les principaux types d’anémie

Les anémies par dilution : elles sont citées à titre d’information. Ce sont de fausses anémies. Le taux d’hémoglobine est trop faible, car l’hémoglobine est diluée dans un sang qui contient trop d’eau. Elles se rencontrent dans des situations très particulières : la grossesse, l’insuffisance rénale, l’insuffisance cardiaque, la cirrhose.

Les anémies hémorragiques ou ferriprives : c’est la forme la plus répandue. Parfois le saignement est évident comme pour les vomissements de sang ou pour les règles abondantes, et parfois il ne l’est pas comme pour le cas de saignements digestifs. L’anémie ferriprive modifie la taille des globules rouges, qui deviennent plus petits que la normale (anémie microcytaire). La plupart du temps, ces anémies se rencontrent chez la femme : elles sont liées à des règles répétitives, trop abondantes ou trop fréquentes.

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Anomalies de la taille des hématies        Anomalie congénitale de la vitamine B12

    L’anémie causée par une carence en vitamines : elle produit des globules rouges déformés et très gros (anémie macrocytaire). Ce sont couramment les carences en vitamine B12 ou en vitamine B9 (acide folique) qui sont en cause.

Les anémies par raccourcissement de la vie des globules rouges (ou anémies hémolytiques) : les anémies hémolytiques se caractérisent par une destruction précoce des globules rouges. Les globules rouges ont une durée de vie de 120 jours, celle-ci se réduit à 80, 50 voire 40 jours dans les anémies hémolytiques. La moelle osseuse va donc s’épuiser à fabriquer des globules rouges pour compenser la disparition rapide des globules. La destruction peut être attribuable à une réaction du système immunitaire (auto-immune ou allergique), à la présence de toxines dans le sang, à des infections (par exemple, la malaria), ou encore être congénitale (anémie à hématies falciformes, thalassémie, etc.). La forme congénitale touche surtout les individus d’origine africaine.

Les anémies par défaut de fabrication des globules rouges dites anémies arégénératives ou anémies aplasiques : la moelle osseuse ne fabrique plus ou pas assez de globules rouges. Les causes sont multiples : vieillissement de la moelle qui est alors envahie de fibres graisseuses qui prennent la place des cellules donnant naissance aux globules rouges ; un défaut de stimulation hormonale (dans les insuffisances rénales ou thyroïdiennes) ; dans 50% des cas, c’est une atteinte toxique (médicament type chimiothérapie, alcool) ; un cancer qui envahit et détruit la moelle.

L’anémie sidéroblastique : ce sont des anémies très rares dans lesquelles les globules rouges ne peuvent fixer le fer dans l’hémoglobine. Il s’agit d’un problème enzymatique d’origine héréditaire ou acquise. Les globules rouges sont de taille plus petite que la normale.

Les symptômes de l’anémie

Les symptômes de l’anémie résultent de l’appauvrissement des tissus en oxygène. Souvent, ils ne surviennent pas, ou alors ils apparaissent si graduellement que la baisse d’énergie est moins soudaine et les personnes atteintes d’une anémie légère ne s’en aperçoivent pas. Autrement, les signes révélateurs de l’anémie sont :

Pâleur du teint et de la conjonctive des yeux.
Sensation de fatigue qui peut être globale.
Essoufflement plus prononcé à l’effort.
Rythme cardiaque accéléré (palpitations).
Défaut de concentration chez l’enfant.
Les mains et les pieds froids ; frilosité.
Fissures au coin des lèvres.
Chute de cheveux.
Ongles cassants.
Des vertiges, des maux de tête et troubles de la mémoire.
Bourdonnement d’oreille.
Perte de la libido.
Une plus grande vulnérabilité aux infections.

D’autres symptômes peuvent apparaître dans certaines formes graves d’anémie : douleurs dans les membres, l’abdomen, le dos ou la poitrine ; des troubles visuels ; une jaunisse et de l’enflure aux membres.

La confirmation de l’anémie

Pour diagnostiquer l’anémie et évaluer son importance, il faut, dans un premier temps, entreprendre un prélèvement sanguin pour effectuer une numération formule sanguine (NFS).
Le diagnostic d’anémie est établi lorsqu’il y a diminution d’une ou de trois des constantes suivantes : le nombre de globules rouges, la concentration en hémoglobine, l’hématocrite qui est le rapport entre le volume des globules rouges et le sang total (sérum + hématies).

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D’autres analyses sanguines permettent de préciser davantage le diagnostic et de découvrir la cause de l’anémie. Selon le cas, on peut réaliser l’examen morphologique des globules rouges, le dosage du fer ou de différentes vitamines dans le sang, etc.

Si des tests sanguins normaux éliminent l’éventualité d’une anémie, ils n’écartent pas pour autant la possibilité d’une carence en fer (dans 90% des cas). Car l’anémie à proprement parler n’apparaît qu’une fois les stocks de fer de l’organisme épuisés. Il faudra donc toujours rechercher un déficit en fer par un dosage de la ferritine sérique. C’est elle – entre 20 µg et 200 µg chez la femme, entre 30 µg et 300 µg chez l’homme – qui reflètera le mieux l’état des stocks en fer. Le corps ne fabrique pas de fer, celui-ci est apporté par l’alimentation.

Il existe deux types de fer issu des aliments

Le fer héménique contenu dans les viandes dont le poisson et les œufs.
Le fer non héménique des végétaux comme les épinards et les légumes secs.

Le premier est mieux absorbé que le second par l’organisme. Le fer non héménique, pour être fixé par l’hémoglobine, nécessite l’intervention de la vitamine C.

Les personnes les plus atteintes par l’anémie ferriprive

Les femmes ayant des pertes sanguines abondantes et les adolescentes (croissance et menstrues). 9 femmes en période d’activité génitale sur 10 ont des apports alimentaires inférieurs à ceux préconisés. 22,7% d’entre elles présentent une carence en fer. A titre de comparaison, seuls 3% des hommes sont concernés par le problème.

Les femmes enceintes ou qui allaitent, car elles sont plus à risque de     carences nutritionnelles.

Les femmes employant le stérilet comme moyen de contraception (28% contre 13% pour celles utilisant la pilule contraceptive), à cause des hémorragies qu’il peut provoquer.

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Différents stérilets

Les enfants exclusivement nourris au sein et ceux qui consomment une grande quantité de lait en négligeant les aliments riches en fer.

Les végétariens et surtout les végétaliens qui ont une alimentation carencée en fer, en vitamines B9 (acide folique) et B12 par manque ou absence de consommation de protéines animales.

Les personnes âgées, car l’absorption des vitamines peut être compromise.

Les coureurs d’endurance.

Les personnes alcooliques.

Les personnes dont l’hérédité prédispose à une anémie hémolytique.

Les personnes atteintes d’une maladie chronique, d’une maladie auto-immune ou d’un trouble gastro-intestinal (pouvant engendrer des hémorragies ou interférer avec l’absorption des nutriments).

Les personnes exposées à des radiations nucléaires ou qui ont reçu des traitements de radiothérapie contre le cancer.

Les personnes exposées à certains produits chimiques, notamment le plomb.

Les personnes atteintes d’une infection virale, comme une hépatite ou le virus     de l’immunodéficience humaine (VIH).

La consommation de certains médicaments peut être la cause d’une anémie. Par exemple, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les anticoagulants peuvent causer des saignements internes, donc la fuite du fer.

Pris à long terme, d’autres médicaments peuvent interférer sur l’absorption ou le métabolisme de l’acide folique et engendrer une anémie par carence en acide folique. Le risque est accru chez les personnes dont les réserves en acide folique sont basses.

Prévenir l’anémie

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S’il est impossible de prévenir les anémies héréditaires, en revanche, des mesures existent pour celles liées à une carence alimentaire. Le principe est de recourir à une alimentation contenant suffisamment du fer, de la vitamine B12 et de l’acide folique. Le corps peut faire des réserves d’acide folique durant 3 ou 4 mois, tandis que les réserves de vitamine B12 peuvent durer de 4 ans à 5 ans. Pour ce qui est du fer : un homme de 70 kg a des réserves pour environ 4 ans ; et une femme de 55 kg, pour environ 6 mois.

Les principales sources naturelles de fer sont : la viande rouge (surtout le foie), la volaille, le poisson (20 à 26 g pour 100 g ; principalement la sardine) et les fruits de mer (palourdes). Seulement 10% à 20% de cet apport ferrique seront réellement absorbés.
Les autres aliments riches en fer sont : les œufs, les fruits secs (abricots, prunes et raisins), les noix, la mélasse foncée, les céréales à grain entiers, les légumes à feuilles vert foncé (épinards, asperges, persil, brocoli, etc.), et les légumineuses (fèves de Lima surtout, pois chiche, lentilles, etc.).

   Les principales sources naturelles de vitamine B12 : les produits d’origine animale.

Les principales sources naturelles de folate (acide folique dans sa forme naturelle) : les abats, le foie et la viande, le jaune d’œuf, les légumes à feuilles vert foncé (épinards, asperges, etc.), les aliments riches en vitamine C (fruits et légumes crus, herbes aromatiques) et les légumineuses. La vitamine C augmente de 30% l’absorption du fer : les aliments en contenant devront être consommés au cours du repas pour optimiser l’assimilation du fer par l’organisme.

Pour multiplier par deux ou trois l’absorption du fer alimentaire, il faut combiner celui d’origine animale à celui d’origine végétale au cours d’un même repas : par exemple, de la viande avec des lentilles, ou des œufs avec des épinards. La cuisson des aliments dans les casseroles de fonte augmente le taux ferrique des aliments.

Certains aliments comme le thé, le café, le chocolat et les aliments complets (lait notamment) nuisent à l’absorption du fer : il convient de les consommer entre les repas. Le thé, par exemple, ne doit pas être bu avant et pendant le repas, car même pris hors de ces moments, il inhibe l’absorption du fer non héminique d’environ 20 %. La consommation simultanée de thé noir et d’aliments contenant du fer inhibe l’absorption du fer non héminique d’environ 60 à 70 %, indépendamment de la concentration du thé. Une ingestion quotidienne très importante de thé (plus de 1,5 litre par jour) peut avoir des conséquences sur l’assimilation du fer par l’organisme. Cela ne pose pas de problème particulier quand le buveur de thé ne souffre pas de carence en fer et que son alimentation est équilibrée. Dans le cas contraire, il est conseillé d’attendre 40 minutes après le repas pour boire du thé.

Conclusion

Un recours médicamenteux est possible pour pallier à une anémie. Cependant, dans le cas d’une anémie ferriprive et excepté pour les cas spécifiques (grossesse, nourrisson, …), il vaut mieux suppléer par une alimentation équilibrée.

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