Sourate 90 Al-Balad (La Cité) (1/3)

Tafsir du Saint Coran (articles)

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بِسۡمِ ٱللهِ ٱلرَّحۡمَـٰنِ ٱلرَّحِيمِ

لَآ أُقۡسِمُ بِہَـٰذَا ٱلۡبَلَدِ (١) وَأَنتَ حِلُّۢ بِہَـٰذَا ٱلۡبَلَدِ (٢) وَوَالِدٍ۬ وَمَا وَلَدَ (٣) لَقَدۡ خَلَقۡنَا ٱلۡإِنسَـٰنَ فِى كَبَدٍ (٤) أَيَحۡسَبُ أَن لَّن يَقۡدِرَ عَلَيۡهِ أَحَدٌ۬ (٥) يَقُولُ أَهۡلَكۡتُ مَالاً۬ لُّبَدًا (٦) أَيَحۡسَبُ أَن لَّمۡ يَرَهُ ۥۤ أَحَدٌ (٧) أَلَمۡ نَجۡعَل لَّهُ ۥ عَيۡنَيۡنِ (٨) وَلِسَانً۬ا وَشَفَتَيۡنِ (٩) وَهَدَيۡنَـٰهُ ٱلنَّجۡدَيۡنِ (١٠) فَلَا ٱقۡتَحَمَ ٱلۡعَقَبَةَ (١١) وَمَآ أَدۡرَٮٰكَ مَا ٱلۡعَقَبَةُ (١٢) فَكُّ رَقَبَةٍ (١٣) أَوۡ إِطۡعَـٰمٌ۬ فِى يَوۡمٍ۬ ذِى مَسۡغَبَةٍ۬ (١٤) يَتِيمً۬ا ذَا مَقۡرَبَةٍ (١٥) أَوۡ مِسۡكِينً۬ا ذَا مَتۡرَبَةٍ۬ (١٦) ثُمَّ كَانَ مِنَ ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ وَتَوَاصَوۡاْ بِٱلصَّبۡرِ وَتَوَاصَوۡاْ بِٱلۡمَرۡحَمَةِ (١٧) أُوْلَـٰٓٮِٕكَ أَصۡحَـٰبُ ٱلۡمَيۡمَنَةِ (١٨) وَٱلَّذِينَ كَفَرُواْ بِـَٔايَـٰتِنَا هُمۡ أَصۡحَـٰبُ ٱلۡمَشۡـَٔمَةِ (١٩) عَلَيۡہِمۡ نَارٌ۬ مُّؤۡصَدَةُۢ ٢٠

Au nom d’Allâh, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux.
1. Non ! J’en  jure par cette cité !
2. et toi, tu es un habitant de cette cité
3. Et par le père et ce qu’il engendre !
4. Certes, Nous avons créé l’homme dans l’affliction.
5. Pense-t-il que personne n’a pouvoir contre lui ?
6. Il dit : « J’ai dilapidé d’abondantes richesses. »
7. S’imagine-t-il que personne ne l’a vu ?
8. Ne lui avons-Nous pas assigné deux yeux,
9. et une langue et deux lèvres ?
10. Ne l’avons-Nous pas guidé aux deux voies ?
11. Mais il ne s’est pas engagé dans la voie ascendante !
12. Et qu’est-ce qui te dira ce qu’est la voie ascendante ?
13. C’est délier un joug [affranchir un esclave],
14. ou nourrir, en un jour de famine,
15. un proche parent orphelin
16. ou un pauvre dans le dénuement.
17. Puis, c’est être de ceux qui croient et s’enjoignent mutuellement l’endurance et s’enjoignent mutuellement la miséricorde.
18. Ceux-là sont les compagnons de la droite ;
19. alors que ceux qui ne croient pas en Nos versets sont les compagnons de la gauche.
20. Le Feu se refermera sur eux !

Thème

   Sourate Al-Balad est une sourate mecquoise de vingt versets située à la quatre-vingt-dixième position dans le Coran. Elle est classée juste après sourate 89 Al-Fajr, à laquelle elle est étroitement liée, notamment par le passage suivant : « Quant à l’homme, lorsque son Seigneur l’éprouve en l’honorant et en le comblant de bienfaits, il dit : “Mon Seigneur m’a honoré”. Mais lorsquIl  Il l’éprouve en lui restreignant sa subsistance, il dit : “Mon Seigneur m’a avili”. Mais non ! C’est vous plutôt qui n’êtes pas généreux envers les orphelins ; qui ne vous incitez pas mutuellement à nourrir le pauvre, qui dévorez l’héritage avec une avidité vorace, et aimez les richesses d’un amour sans bornes. », s.89 Al-Fajr (L’Aube), v.15-20.

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   Les versets 6 et 16 de sourate Al-Balad se rattachent aux versets précités : « Il dit : « J’ai dilapidé d’abondantes richesses. » ; « ou un pauvre dans le dénuement. »
Dans ces deux sourates, Allâh cite deux catégories de personnes : le riche et le pauvre. L’attitude adoptée par le premier vis-à-vis du second suscitera soit le reproche, soit l’éloge de la part d’Allâh . En effet, dans sourate Al-Fajr, Dieu réprimande l’homme qui n’est pas généreux envers l’orphelin et qui n’encourage pas à nourrir les nécessiteux ; puis Il sermonne ceux qui spolient les héritiers. Dans sourate Al-Balad, Allâh vante le mérite de celui qui nourrit un proche parent orphelin ou un pauvre dans le dénuement ; Il montre également que subvenir aux besoins alimentaires d’un proche orphelin constitue le meilleur moyen pour gravir la voie ascendante (« al-‘aqaba »).

   En bref, Allâh reproche aux riches cupides et avares les manquements à leurs devoirs dans sourate Al-Fajr, tandis qu’Il leur indique la voie du salut dans sourate Al-Balad.

Par ailleurs, sourate Al-Balad mentionne tous les éléments relatifs au message divin :
– le lieu de révélation : « J’en jure par cette cité ! », qui n’est autre que la Mecque ;
– le Messager : « et toi, tu es un habitant de cette cité », c’est-à-dire le Prophète Mouhammad  ;
– le destinataire du message : « Nous avons créé l’homme dans l’affliction ». Allâh s’adresse à l’homme en général, qui a besoin de la Révélation pour savoir comment gérer les épreuves et apaiser ses tourments ;
– la nature du message en citant plusieurs actions à suivre de manière à assurer son salut ;
– les issues destinées aux individus selon leur réaction au message : la droite pour ceux qui s’y soumettent et la gauche pour ceux qui le rejettent.
Sourate Al-Balad suit donc une logique impeccable.

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Champ lexical

1. Non, J’en jure par cette cité !

لآ أُقۡسِمُ بِہَـٰذَا ٱلۡبَلَدِ

    Dans sourate 95 At-Tîn (Le Figuier), Allâh a explicitement juré par cette cité en utilisant la lettre « wa : وَ » : « Et par cette Cité sûre ! وَهَـٰذَا ٱلۡبَلَدِ ٱلۡأَمِينِ  », v.3. Tout comme ce verset, plusieurs serments coraniques commencent par la lettre « wa : وَ », mais Allâh a choisi de débuter le serment de sourate Al-Balad par « lâ : لا ».
Pour certains savants, il s’agit d’un mot de serment et de certitude qui donne le sens suivant au verset : « Certes, Je jure par cette cité ».
D’autres doctes avancent que « lâ : لا » n’a aucune valeur sémantique et que cette lettre est « zâ’ida : زَائِدَة  » (en plus). En réalité, tout terme coranique véhicule un sens particulier et ne peut être supprimé, cet avis n’est donc pas probant.

   Un troisième point de vue attribue une signification sous-entendant que ce qui va être annoncé est certain : « Non, Je n’ai pas besoin de jurer par cette cité ».

   Enfin, plusieurs exégètes affirment que « lâ : لا » traduit la négation : « Non, Je ne jurerai pas par cette cité ».

   Ces quatre interprétations sont acceptables et confèrent des significations différentes qui sont toutes possibles selon la compréhension du verset. Si Dieu avait utilisé la lettre « wa : وَ », un seul sens aurait été admissible.

   Comment peut-on être sûr qu’il s’agit de la Mecque ? Allâh aurait pu dire « lâ ouqsimou bimakka : لا أُقْسِمُ بِمَكَّة ».

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   Deux indices permettent de déduire que « hâdhâ-l-balad » fait référence à la Mecque :
– le pronom démonstratif « hâdhâ : هَذَا » (cette) montre qu’il s’agit d’une cité proche et présente dans l’esprit de ceux qui reçoivent ce message. Or, les premiers destinataires du message sont les Qoraychites ;
– dans le verset 2, Allâh , s’adressant au Prophète , relève qu’il réside dans cette cité. Un passage coranique quelque peu similaire vient clairement expliciter le verset 2 de sourate Al-Balad : « (Ô Mouhammad ! Dis) : “Il m’a été seulement commandé d’adorer le Seigneur de cette Ville (la Mecque) qu’Il a sanctifiée” […] », s.27 An-Naml (Les Fourmis), v.91.

[…] إِنَّمَآ أُمِرۡتُ أَنۡ أَعۡبُدَ رَبَّ هَـٰذِهِ ٱلۡبَلۡدَةِ ٱلَّذِى حَرَّمَهَا

Pourquoi Allâh a-t-Il juré par la Mecque ?

   Lorsque Dieu prête serment, c’est qu’Il veut insister sur un aspect d’une grande importance : soit Il cherche à convaincre celui qui ne Le croit pas, soit Il veut rassurer quelqu’un dans sa peine.

   Dans un serment coranique, la réponse qui se rapporte au serment a toujours un lien avec ce par quoi Dieu a juré. En l’occurrence, la réponse est : « Certes, Nous avons créé l’homme dans l’affliction ».

   En fait, le Prophète était affligé par l’animosité profonde que manifestaient les Qoraychites à son égard et le combat sans merci que ceux-ci lui livraient à la Mecque : ils cherchaient à l’expulser, voire à le tuer à tout prix et suppliciaient les Compagnons sans relâche. Dieu a donc délibérément fait le lien entre ce qu’endurait le Prophète dans son lieu de résidence et l’affliction comme caractéristique inhérente à l’être humain qu’Il a créé. Il informe ainsi Son Messager que tous les hommes vivent dans l’affliction et que lui aussi en avait une part à la Mecque. L’on peut donc comprendre le début de cette sourate comme suit : « Ô Mouhammad, Je jure par la ville où des difficultés font obstacle à ta mission ― à cause des supplices que te font subir les polythéistes ― que la peine est une constante dans la vie de l’homme que J’ai créé. Ne t’afflige donc pas des obstacles que tu rencontres. Ta souffrance est occasionnée par une noble mission, alors que l’homme peut être peiné dans sa vie pour de vils objectifs. »

   Pour arriver à une telle compréhension, le lecteur doit méditer sur les versets afin d’en tirer les remarques qui échappent à une lecture rapide.

2. et toi, tu es un habitant de cette cité

وَأَنتَ حِلُّۢ بِہَـٰذَا ٱلۡبَلَدِ

Le mot « hilloun : حِلٌّ » prête à confusion dans la traduction proposée en français. En effet, un terme qui correspondrait plus à « habitant » en arabe est « mouqîmoun : مُقِيمٌ » ou « hâlloun : حَالٌّ ». « hilloun : حِلٌّ » est un vocable polysémique dont on peut tirer quatre significations claires qui concordent parfaitement au contexte de la sourate :
– le premier sens qu’il revêt est « hâlloun : حَالٌّ », un mot qui signifie « résident » ou « habitant ». Le « wa : وَ » qui débute ce verset traduit donc le serment. Et après avoir juré par la Ville sainte, Allâh jure par le Prophète qui y réside. Cette Ville est déjà sacrée par l’existence du temple de la Ka‘ba établi par Dieu, mais la présence du Messager en cette cité lui confère encore plus de sacralité et d’honneur. La Mecque est donc devenue la meilleure terre qui abrite la meilleure des créatures.
– « hilloun : حِلٌّ » peut être remplacé par « moustahalloun : مُسْتَحَلٌّ » qui est également un mot de la racine (halâl : حَلَال) et qui signifie « ton assassinat est autorisé ». Selon cette signification, Allâh s’indigne du comportement outrancier des Qoraychites qui, par respect du caractère sacré de la Mecque s’interdisaient d’y chasser les animaux et d’y couper les arbres, mais qui s’autorisaient à porter atteinte à la vie d’un être humain, en l’occurrence à celle du meilleur des hommes, le Prophète . Cette interprétation concorde avec la compréhension de « lâ : لا » comme traduisant la négation : « Je ne jurerai pas par cette cité, du moment que ton sang est devenu licite dans cette cité ».
– « halâloun : حَلَالٌ » est une troisième signification possible de « hilloun : حِلٌّ ». Cela revient à dire dans le verset : « et Je te rends tout licite dans cette cité ». Il suspend l’interdiction de combattre à la Mecque pour Son Envoyé en exclusivité. De cette manière, Allâh va autoriser le Prophète à emprisonner et même à tuer ceux qui l’ont combattu dans la Ville sainte. La révélation de ce verset a eu lieu au moment où le Prophète endurait les supplices infligés par les Qoraychites : Allâh voulait le rassurer et le soutenir en lui annonçant subtilement que ces oppresseurs lui seront bientôt licites. Le Coran utilise ici le présent pour se projeter dans l’avenir ;  l’emploi de ce temps se retrouve dans un autre passage coranique et ne laisse aucun doute quant à sa compréhension : « Tu es mort et ils sont morts : إِنَّكَ مَيِّتٌ۬ وَإِنَّہُم مَّيِّتُونَ », s.39 Az-Zoumar (Les Groupes), v.30.

– « hilloun : حِلٌّ » peut enfin prendre la signification de « innocent », « libéré ». En effet, l’expression « anta fî hillin : أَنْتَ فِي حِلٍّ » s’applique à un suspect innocenté ou à un esclave libéré par son maître. D’après cette compréhension lexicale, Allâh innocente le Prophète de tout ce qui se déroule à la Mecque comme turpitudes, polythéisme, injustice, etc. Même si cette signification se distingue nettement des trois premières, elle reste tout à fait acceptable.
Le terme « hilloun : حِلٌّ » est rarement utilisé par les Arabes, il reste néanmoins le seul vocable à véhiculer quatre sens plausibles et concordants.

Pourquoi Dieu n’a-t-Il pas dit « lâ ouqsimou bihâdhâ-l-baladi-l-âmîne : Non J’en jure par cette cité sécurisée » comme dans sourate 95 At-Tîn (Le Figuier) ?

Le contexte de sourate Al-Balad est différent de celui d’At-Tîn :

– Dieu fait référence au mal que le Prophète subissait dans la Ville sainte, où il ne vivait donc pas en toute quiétude. Le qualificatif « sécurisé » est par conséquent inapproprié dans une telle situation ;
– selon la troisième signification de « hilloun : حِلٌّ », Allâh autorise Son Messager à emprisonner et à tuer ses ennemis à la Mecque, où les gens ne seront plus en sécurité. Il serait contradictoire d’employer l’adjectif « sécurisé » dans un contexte d’affrontements ;
– dans le verset 4, Dieu mentionne l’affliction comme une caractéristique intrinsèque à l’être humain. Or, la peine et la difficulté s’opposent au sentiment de sécurité ;
– un passage de la sourate blâme les riches qui ne s’acquittent pas de leurs devoirs vis-à-vis des nécessiteux : la réprimande provoque un état d’inquiétude chez le réprimandé, par conséquent on ne peut parler de sécurité ;
– à la fin de la sourate, Dieu mentionne le feu qui se refermera sur les gens de la gauche, alors qu’Il n’évoque pas la récompense destinée aux gens de la droite.
Tout au long de sourate Al-Balad, Allâh fait allusion au mal et au châtiment, contrairement à sourate At-Tîn qui traite plutôt du bien et de la récompense. Il ne convient donc pas de parler de sécurité à la Mecque dans sourate Al-Balad.

   Les versets qui semblent se répéter dans le Coran révèlent en réalité des secrets que seul le lecteur attentif pourra déceler. En étudiant de près ces similitudes et les différences entre ces versets, il s’apercevra que Le Livre saint ne présente aucune contradiction, ce qui prouve sa provenance divine : « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S’il provenait d’un autre qu’Allâh, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! », s.4 An-Nissâ’ (Les Femmes), v.82.

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Pourquoi Allâh a-t-il répété « hâdhâ-l-balad : هَذَاالبَلَد » (cette cité) deux fois ?

   Au lieu de dire « wa anta hilloun bihi » (et toi tu y résides), Dieu a répété la formule « hâdhâ-l-balad ». Deux raisons sont envisageables pour justifier ce choix :
– en général, la langue arabe aime à répéter certaines expressions dans le discours pour renforcer une idée ou attirer l’attention de l’auditeur. C’est le cas dans un contexte de glorification, de regret, de motivation, de peur, etc. Le Coran a utilisé cette spécificité arabe à plusieurs reprises :
Pour exprimer l’effroi : « L’Inéluctable ! Qu’est-ce donc que l’Inéluctable ? Est-ce que vous savez ce qu’est l’Inéluctable ? », s.69 Al-Hâqqa (L’Inéluctable) v.1-3 ; « Le Fracas ! Qu’est-ce donc que le Fracas ? Est-ce que vous savez ce qu’est le Fracas ? », s.101 Al-Qâri‘a (Le Fracas), v.1-3.
Pour la motivation : « Et les gens de la dextre, que sont les gens de la dextre ? », s.56 Al-Wâqi‘a (L’Événement), v.27.
Pour la mise en garde : « Les gens des cités sont-ils sûrs que Notre châtiment rigoureux ne les atteindra pas la nuit, pendant qu’ils sont endormis ? Les gens des cités sont-ils sûrs que Notre châtiment rigoureux ne les atteindra pas le jour, pendant qu’ils s’amusent ? », s.7 Al-A‘râf, v.97-98.

   En répétant « hâdhâ-l-balad : cette cité », Dieu lui donne de la valeur, c’est une manière de glorifier la Mecque.

   – la deuxième raison est plus subtile car liée au deuxième sens revêtu par « hilloun : حِلٌّ ». Dans le premier verset, Allâh jure par « cette cité » qui a un caractère sacré pour tous ; d’où l’interdiction de chasser les bêtes, de couper les arbres ou de combattre. Considérant que le sang du Prophète est devenu licite à la Mecque, cette cité n’a plus la même sacralité. Elle reste sainte aux yeux des musulmans, mais sa sacralité a été bafouée par les mécréants qui voulaient assassiner le Prophète . Finalement, le lecteur comprend que Dieu jure par deux Mecque : la première dont la sacralité est respectée par tous et la seconde qui a perdu de sa sacralité après le mal commis par les Qoraychites sur la personne du Messager. Par conséquent la formule « hâdhâ-l-balad : cette cité » n’a pas le même sens dans les deux versets.

   Aussi, considérant qu’Allâh suspend une partie des interdictions liées au caractère sacré de la Mecque dans le deuxième verset, ce qui était illicite à l’heure de la révélation de ces versets allait devenir licite pour le Prophète dans l’avenir. Il est donc possible que le double caractère de la cité ― pendant et après la révélation de ces versets ― soit la raison pour laquelle Dieu a répété « hâdhâ-l-balad : cette cité » par deux fois.

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