(8) Çâlih

Vie des prophètes

p37

   Le peuple de Thamoûd succéda à ‘Âd détruit de fond en comble par la colère divine. Il s’installa dans un endroit nommé Al-Hijr, à 380 km au sud-est de Médine.Thamoûd surpassa ‘Âd en habileté et dans l’industrie :

les habitants sculptaient de magnifiques demeures à même la pierre ; grâce à leur intelligence, ils étaient parvenus à assouplir la pierre et à la modeler avec art comme si elle avait été de la cire.

   Allâh avait ouvert les portes de Sa bonté à ce peuple en lui accordant des richesses incommensurables : le ciel était, par ordre de Dieu, généreux à souhait en pluie ; la terre étalait ostensiblement sa fécondité, partout ce n’était que végétaux luxuriants.

   Mais plus Allâh accordait l’abondance à Thamoûd, plus Thamoûd s’enfla d’orgueil… pour finir par suivre la voie scabreuse empruntée par ‘Âd : il tomba dans l’idolâtrie, ne profitant point des leçons du passé et ne se préoccupant guère de l’avenir funeste se profilant à l’horizon tel les voiles d’un navire tanguant au rythme ondulatoire d’une mer jusque là paisible.

   Dans Son infinie sagesse et parce qu’Il est Celui Qui englobe tout de Son savoir, Celui qui connaît le passé, le présent et le futur, Allâh a suscité un prophète du nom de Çâlih à ce peuple prévaricateur.

   Selon une loi divine inchangée, les prophètes sont issus de leur peuple même. Çâlih eut l’heur de naître dans une noble famille, et très tôt, il fit montre d’un caractère élevé : ses contribules le respectaient et le prenaient en exemple pour sa droiture et sa sagesse. Toutefois, lorsqu’il commença à les prêcher, à les inviter à revenir à la voie droite tracée par Dieu, les siens oublièrent toutes ces considérations élogieuses et lui présentèrent leur dos.

   Les notables mettaient en garde les habitants de Thamoûd contre l’influence de Çâlih . Ils le dénigrèrent et se gaussèrent de lui : après tout, ce n’était qu’un être humain qui mangeait et qui buvait comme eux. Qu’est-ce donc la vie après la mort ? Avait-on déjà entendu pareille faribole ? Ce n’étaient que des promesses lointaines, des mensonges nés d’un esprit torturé ! Carpe Diem ! La vie présente et ses jouissances ! Voilà ce dont il faudrait se préoccuper !

p38

Thamoûd : palais Al-Farîd et salle de réunion ou salle à manger (Madain Saleh dit Al-Hijr).

   Face aux moqueries de ses semblables, Çâlih persévéra dans la constance en leur prodiguant de bons conseils. Cette noble attitude poussa à bout leur patience et révéla leur inconscience extrême puisqu’ils réclamèrent un miracle à leur prophète : « Ils dirent :  » Tu n’es qu’un ensorcelé. Tu n’es qu’un homme comme nous. Apporte donc un prodige, si tu es du nombre des véridiques.  » », s.26 Ach-Chou‘arâ’( Les Poètes), v.153-154.

قَالُوۤاْ إِنَّمَآ أَنتَ مِنَ ٱلْمُسَحَّرِينَمَآ أَنتَ إِلاَّ بَشَرٌ مِّثْلُنَا فَأْتِ بِآيَةٍ إِن كُنتَ مِنَ ٱلصَّادِقِينَ

   Certains lui demandèrent de solliciter de Dieu une chamelle créée à partir d’une roche ; d’autres que cette chamelle fût gigantesque, ou encore qu’elle fût pleine de dix mois. Ils surenchérissaient ainsi dans leurs exigences plus insensées les unes que les autres dans le dessein de mettre en échec le prophète Çâlih . Ils croyaient sottement leur stratagème supérieur à celui de Dieu. Or Allâh répondit favorablement aux prières de Son messager : Il créa une chamelle à partir d’une roche qu’ils avaient eux-mêmes désignée ; la chamelle était très grande et était en gestation. Et elle fut en vérité pour eux une épreuve, car un ordre divin accompagna le défi relevé : « […] Certes, une preuve vous est venue de votre Seigneur : voici la chamelle d’Allâh, un signe pour vous. Laissez-la donc manger sur la terre d’Allâh et ne lui faites aucun mal ; sinon un châtiment douloureux vous saisira », s.7 Al- A‘râf (Les Murailles), v.73.

قَالَ يَاقَوْمِ ٱعْبُدُواْ ٱللَّهَ مَا لَكُمْ مِّنْ إِلَـٰهٍ غَيْرُهُ قَدْ جَآءَتْكُمْ بَيِّنَةٌ مِّن رَّبِّكُمْ هَـٰذِهِ نَاقَةُ ٱللَّهِ لَكُمْ آيَةً فَذَرُوهَا تَأْكُلْ فِيۤ أَرْضِ ٱللَّهِ وَلاَ تَمَسُّوهَا بِسُوۤءٍ فَيَأْخُذَكُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ

   « Il dit :  » Voici une chamelle : à elle de boire un jour convenu, et à vous de boire un jour. Et ne lui infligez aucun mal, sinon le châtiment d’un jour terrible vous saisira. » », s.26 Ach-Chou‘arâ’ (Les Poètes), v.155-156.

قَالَ هَـٰذِهِ نَاقَةٌ لَّهَا شِرْبٌ وَلَكُمْ شِرْبُ يَوْمٍ مَّعْلُومٍوَلاَ تَمَسُّوهَا بِسُوۤءٍ فَيَأْخُذَكُمْ عَذَابُ يَوْمٍ عَظِيمٍ

   Le camélidé fit partie du paysage de Thamoûd, un jour il buvait au puits commun, un autre il l’ignorait et c’était le tour des autochtones. Cette situation n’était point du goût de ces derniers, mais ils en étaient à l’origine !Puis, le moment vint où l’animal mit bas : la taille du chamelon fut proportionnelle à celle de sa génitrice… autant dire énorme ! Lorsque la chamelle et son petit se mêlaient aux autres animaux dans les troupeaux, leur formidable stature en effraya plus d’un et les fit même fuir. Les gens s’en irritèrent et jugeaient pesante la présence de ces deux créatures hors norme.

    Neuf individus de la cité, tous réputés pour leur perversité et tous fils de notables et de dignitaires, ces gredins, donc, fomentaient l’impensable meurtre (!) des innocentes et paisibles bêtes… un « camélicide » en somme… pour oser l’expression !

   Ces criminels en puissance étaient dirigés par un certain Qidâr Ibnou Salaf Ibnou Janda’ : l’acte odieux, croyaient-ils, amoindrirait à coup sûr l’influence accrue de Çâlih , car celle-ci était soutenue par le miracle de la chamelle.

   Ce fut au moment où le camélidé s’en revint du pâturage que les infâmes l’assaillirent et l’abattirent sauvagement. Puis, les négateurs se rassemblèrent autour de sa dépouille, se partagèrent sa viande et firent bombance.

   Qu’advint-il du chamelon ? Les plus pessimistes affirment qu’il subit le même sort que sa mère, d’autres assurent qu’il prit la poudre d’escampette vers la pierre de la montagne d’où sa mère était issue. Il blatéra trois fois, la pierre s’entrouvrit ; l’animal s’engouffra dans le passage et la pierre se referma sur lui. Le chamelon serait un des signes de la fin du monde énoncé dans le Coran, la bête qui parlera aux hommes d’une manière intelligible.

p39

   Lorsque Çâlih fut instruit du sacrilège, il prédit à son peuple le courroux divin dans les trois jours à venir.

   Les neuf scélérats promirent dès cet instant d’assassiner Çâlih et les siens, mais leur stratagème échoua : Allâh avait envoyé des anges pour protéger Son prophète et enfouir les félons sous un amoncellement de pierres.

   Quant au peuple de Thamoûd, il se réveilla au troisième jour saisi d’effroi : un cri soudain et étourdissant avait retenti, la foudre lui succéda, un terrible tremblement de terre s’ensuivit anéantissant toutes les habitations et les vies.

   Les anges préservèrent du cataclysme Çâlih , sa famille et les croyants qui avaient obéi au prophète ; ils les aidèrent à quitter la cité maudite en toute quiétude.Jetant un dernier regard sur Thamoûd, Çâlih déplora l’attitude de son peuple comme rapporté dans le Coran : « Alors il se détourna d’eux et dit :  » Ô mon peuple, je vous avais communiqué le message de mon Seigneur et vous avais conseillés sincèrement. Mais vous n’aimez pas les conseillers sincères!  » », s.7 Al- A‘râf (Les Murailles), v.79.

فَتَوَلَّىٰ عَنْهُمْ وَقَالَ يَٰقَوْمِ لَقَدْ أَبْلَغْتُكُمْ رِسَالَةَ رَبِّي وَنَصَحْتُ لَكُمْ وَلَكِن لاَّ تُحِبُّونَ ٱلنَّٰصِحِينَ

p40

Thamoûd : vestige de Madain Saleh dit Al-Hijr

p41

Thamoûd : intérieur d’une demeure de Madain Saleh (Al-Hijr)

   Mouhammad , lors de la bataille de Tabouk, se retrouva dans les parages de Thamoûd : il interdit à ses compagnons de pénétrer dans les vestiges de la cité détruite ou de s’abreuver aux eaux de la région.

   Il enseignait aussi : « N’entrez jamais dans les habitations de ceux qui ont été injustes envers eux-mêmes qu’en pleurant par peur qu’il vous arrive ce qui leur est arrivé. »
Aujourd’hui encore, des palais abandonnés, des puits taris et des villages fantômes sans âmes qui vivent sont visibles. Dieu dit : « […] En vérité, [les gens de] Thamoûd n’ont pas cru en leur Seigneur. Que périssent [les gens de] Thamoûd ! », s.11 Hoûd, v.68.

أَلاَ إِنَّ ثَمُودَ كَفرُواْ رَبَّهُمْ أَلاَ بُعْداً لِّثَمُود […]

Archives

Catégories

Poser une question

Mettre un lien vers formulaire de contact