(1) Préambule
D’aucuns pensent que la mort est l’aboutissement de l’existence terrestre. Or, l’Islam enseigne que l’existence est une étape…brève… du voyage de retour vers Le Créateur, et la mort en est une autre…plus longue dans ses suites, dès l’instant où elle se présente au mourant et qu’elle happe son âme.
Faire connaissance avec la mort c’est comprendre qu’elle est à la fois la clé de la réussite de la vie d’ici bas, et l’anti-chambre de la vie éternelle ; car se familiariser avec elle conduit indubitablement les croyants à mieux se prémunir contre les difficultés existentielles, et à les dépasser.
Cependant, s’autoriser une réflexion contemplative sur ce qui précède puis suit la mort n’est point aisé pour qui se noie dans les illusions matérialistes de la vie mondaine : affirmer que ce n’est même pas sa préoccupation première relève ici d’une vérité de La Palice.
Hélas ! Et encore hélas ! Lorsqu’il s’agit de prêcher ceux qui prétendent se baser sur le rationnel, maints prédicateurs ont tendance à intellectualiser la religion et à faire peu de cas de ses aspects métaphysiques. Or, la mort n’est pas qu’une une simple extinction physique, elle est la porte du monde sensible.
Si on en croit la parole du Prophète , « Le plus lucide est celui qui se remet en cause et qui œuvre pour ce qui vient après la mort. », alors il serait sage de désirer compter parmi les clairvoyants et de s’intéresser activement aux suites du trépas.
Allâh dit : « Le jugement des Hommes s’est rapproché, tandis qu’ils sont plongés dans une inconscience profonde. », s. 21 Al-Anbiyâ’ (Les Prophètes), v. 1.
Et le Prophète d’ajouter : « Multipliez le rappel de celle qui annihile les plaisirs [la mort]. », car l’humain poursuit frénétiquement les biens et les réjouissances de ce bas monde ; se souvenir de la fin de tout être modère et rééquilibre l’avidité.
Toutefois, les réactions sont diverses face au rappel sur la mort. Celui qui poursuit à outrance les faveurs de la vie n’a pas laissé de place à la remémoration de la mort dans son esprit. S’il y pensait tout de même, c’est uniquement pour s’empêcher (momentanément ?) de profiter de la vie sans prendre des mesures judicieuses. Ce genre d’individu ne cesse de s’éloigner de Dieu par sa négligence.
Evoquer la mort est pour celui qui entame le repentir la motivation nécessaire pour prendre des distances avec les péchés et se rapprocher davantage de la piété. La mort le fait trembler, mais sa crainte de mourir procède de la frayeur de rencontrer son Créateur avant que sa sincérité ne l’ait conduit au véritable repentir et qu’il n’ait suffisamment œuvré pour mériter le paradis. Il n’est pas semblable à celui que le Prophète décrit comme « celui qui déteste rencontrer Dieu, Dieu déteste sa rencontre ».
Quant à celui qui a pénétré le domaine des connaisseurs de Dieu, il s’est donné la peine d’acquérir le savoir : il assagit son âme et son comportement en conservant continuellement à l’esprit le rappel du trépas. L’extinction n’est que la porte qui le mène vers son Seigneur à qui il a voué son adoration.
En vérité, Seul Allâh connaît la fin inéluctable de chacune de Ses créatures. Il convient par conséquent de s’en remettre à Lui, et de ne désirer la mort que si l’aspirant en tire bénéfice pour sa religion et son au-delà.