(12) Al-qadiyâniya (Al-ahmadiya)
Mouvement sectaire datant de la deuxième moitié du 19ème siècle, al-qadiyâniya revendique son appartenance à l’Islam. Les adeptes qadiyânites sont présents dans plusieurs pays et pourraient presque passer pour des musulmans orthodoxes.
Mais en s’intéressant de près à cette secte, il est évident que ses adeptes s’attachent à un crédo irrespectueusement falsifié.
Rappels
L’Inde musulmane atteignit son âge d’or durant le règne de Mouhammad Al-Ghaznawî au 11ème siècle de l’ère chrétienne. Les dirigeants musulmans n’imposèrent à aucun moment l’Islam aux citoyens indiens, respectant toutes les convictions religieuses composant la société. Ainsi, plusieurs croyances cohabitent aujourd’hui en Inde : les musulmans représentent 12% de la population, soit 138 millions de personnes (cf. L’Islam en Inde) ; sont également présents le bouddhisme et le brahmanisme, mais la religion majoritaire est l’hindouisme qui rassemble 80% de la population indienne. Le christianisme n’est apparu en Inde qu’à partir de la colonisation du pays par les britanniques et ne compte que 2% d’Indiens.
Quelques hindous, notamment au nord de l’Inde, menés par un dénommé Tanak, ont cherché à former une religion hybride en introduisant des éléments de croyance hindous à l’Islam. Cette nouvelle religion ― le qadiyânisme ― se répandit parmi certains sikhs et se logea dans le cœur de musulmans à la foi fragile.
Genèse d’al-qadiyâniya
Mirza Gholâm Ahmad
Le fondateur de cette doctrine se nomme Gholâm Ahmad Al-Qadiyânî. Son nom provient de sa ville natale, Qadiyân, où il vit le jour en 1838. Cette ville du Penjab (région du nord de l’Inde) abritait déjà sa famille d’origine persane, connue pour son hypocrisie à l’égard de l’Islam et sa traîtrise manifeste vis-à-vis de la nation. En effet, elle joua un rôle important en faveur des britanniques durant la rébellion de 1857.
Gholâm Ahmad Al-Qadiyânî reçut une éducation islamique dispensée par son père et d’autres enseignants de Qadiyân. Il travailla un certain temps au tribunal avant de passer des examens de droit, auxquels il échoua. À la suite de cet échec, il retourna chez lui pour s’occuper des terres familiales.
Les années 1870 furent une période riche en débats entre hindous et musulmans, d’une part et entre chrétiens et musulmans d’autre part. Ces derniers, loin d’avoir lancé ces polémiques, gagnaient néanmoins les cœurs des auditeurs et renforçaient la présence de l’Islam en Inde. Réalisant que ces échanges représentaient une réelle opportunité pour acquérir une popularité prometteuse, Gholâm s’auto-forma en la matière et se lança dans la polémique contre les hindous. Il conquit la célébrité en 1877 et publia son premier livre. C’est ainsi qu’il établit son statut d’écrivain. En 1884, il avait ajouté trois volumes à son premier ouvrage, et en 1885 il se revendiquait comme étant un rénovateur de l’Islam, se basant sur un hadîth authentique du Prophète : « Dieu enverra à cette Communauté, à chaque début de siècle, qui lui rénovera sa religion. » [Rapporté par Aboû Dâwoûd, Al-Hâkim, Al-Bayhaqî et At-Tabarânî.]
Certains savants ont expliqué que l’expression « qui lui rénovera sa religion » ne désigne pas forcément un seul individu, cela peut être un groupe de personnes.
En 1889 Mirza Gholâm Ahmad fonda officiellement sa communauté, qui prendra plus tard le nom d’Ahmadiyya Muslim Jamaat, et continua à forger sa nouvelle religion.
Il prétendit que Jésus ne fut pas crucifié ni élevé par Dieu, mais qu’il a fuit la Palestine pour se réfugier en Inde, où il serait mort. En découvrant la tombe de Jésus ― qui est en réalité celle d’un saint nommé Yoûssouf Asaf ― à Srinagar (ville du nord-ouest de l’Inde), il raconta que l’âme du Messie s’est incarnée en lui (1891). Il ne s’est pas contenté de cette imposture, puisqu’il précisa que son âme était celle de Jésus et que son corps était celui du Mahdî Al-Mountadhar (le Mahdî attendu). À cette époque, les habitants de cette région manifestaient une crédulité excessive et observaient facilement le culte de la personne, ce qui explique le relatif succès d’une telle doctrine. De plus, concernant les textes relatifs au Mahdî, les savants les résument en une phrase : « Les ahâdîth authentiques sur le Mahdî ne sont pas clairs et les ahâdîth clairs ne sont pas authentiques. » Quelques renseignements demeurent incontestables : le Mahdî descendra de la lignée du Prophète (SAW), il portera son nom et fera régner la justice. Étant donné que cet élément de croyance relève du dogme, il doit être soutenu par des textes scripturaires authentiques, et le Coran ne mentionne pas le Mahdî.
En 1894, il prévit deux éclipses : une solaire puis une lunaire. Les adeptes qadiyânites crurent au soi-disant miracle transmis en réalité à l’imposteur par les scientifiques britanniques. Mirza Gholâm travaillait en réalité pour la Grande Bretagne qui le rémunérait pour répandre cette nouvelle idéologie. D’ailleurs, la première mosquée construite en Angleterre en 1932 accueillait les adeptes qadiyânites.
Jusque là, Mirza Gholâm Ahmad avait bien insisté sur le fait qu’il n’était pas prophète, car une telle insinuation ferait de lui un mécréant et un menteur. Mais voilà qu’en 1901, il déclara : « Par Allâh Qui détient mon âme, c’est Lui qui me désigna comme prophète. », dévoilant ainsi ouvertement sa mécréance et sa fourberie. Selon lui, l’expression « خاتم النبيّين : khâtamou-n-nabiyyîn » (sceau des prophètes) signifie que les prophètes qui viendront après le Messager d’Allâh confirmeront sa religion, ils se contenteront seulement de la rénover et de la consolider. Il ne se contenta pas seulement de s’auto proclamer prophète, il prétendit également être Krishna, une divinité hindoue.
C’est parce que les qadiyânites prient sur le Prophète, accomplissent la çalât, jeûnent… qu’ils donnent l’impression d’être des musulmans orthodoxes. Mais d’autres aspects témoignent de leur égarement manifeste :
– les hommes qadiyânites ont le droit de se marier avec les femmes qui ne croient pas en Mirza Gholâm Ahmad, mais celles qui le reconnaissent comme prophète ne sont pas autorisées à épouser des hommes non qadiyânites ;
– la consommation des boissons alcoolisées et des drogues est permise ;
– Mirza Gholâm Ahmad a abrogé le pèlerinage à la Mecque et établit Qadiyân comme lieu saint de pèlerinage ;
– son livre Al-kitâb al-mounîr (Le livre illuminant) est considéré comme un livre divin que lui a transmis l’ange Jibrîl (psl) ;
– les adeptes de sa doctrine qui l’ont suivi de son vivant sont considérés comme des « çahâba » (Compagnons) ;
– les qadiyânites croient que Dieu dort, jeûne, prie, écrit, peut avoir des rapports charnels, etc. Soubhânahou wata’âlâ ‘ammâ yaçifoûn !! « […] Gloire à Lui ! Il transcende tout ce qu’ils Lui attribuent. », s.6 Al-An‘âm (Les Bestiaux), v. 100.
Les motivations de son imposture
Mirza Gholâm Ahmad a mis en avant les versets qui mentionnent de manière positive les Gens du Livre (les juifs et les chrétiens) pour appeler les musulmans indiens à respecter le colonisateur anglais et à lui obéir. Prônant donc un pacifisme à peine entaché d’hypocrisie, il interdit le jihâd, ― qu’il soit offensif ou défensif ―, arguant qu’il n’était valable qu’au temps du Prophète pour faciliter l’installation de l’Islam. Son discours est clair : « Je ne crois pas que je suis ce mahdî hachémite qoraychite sanguinaire qui répandra le sang sur terre. Je ne crois pas que les ahâdîth qui en parlent soient authentiques, ce ne sont qu’un amas de ahâdîth forgés. Oui, je dis que je suis le messie attendu qui vivra humblement, dénonçant la guerre et suivant la voix de la douceur et de la paix. Et j’ai la certitude que plus le nombre de mes adeptes sera grand, plus celui de ceux qui appellent au prétendu jihâd régressera, puisque croire en moi en tant que messie et mahdî revient à réfuter l’idée du jihâd. » (Tablîgh ar-rissâlah : La transmission du message)
Il affirme en outre : « …La foi que je ne cesserai de répandre est celle qui considère que l’Islam se base sur deux fondements : l’obéissance à Dieu et l’obéissance aux gouvernements qui ont instauré la sécurité et préservé nos vies contre les transgresseurs. En Inde, c’est le gouvernement britannique qui nous protège. »
Nul doute que ces paroles dénuées de tout référentiel scripturaire plaisent à l’Occident colonisateur.
Mirza Gholâm Ahmad considère comme apostat toute personne qui le qualifie d’hérétique ; ceux qui reconnaissent sa doctrine sans y adhérer ne sont que des ignorants qu’il considère tout de même comme musulmans. La réponse qu’il donne en 1902 concernant la permission d’accomplir la prière mortuaire sur un musulman qui démentit le qadiyânisme exprime précisément cette idée : « Il n’est pas permis de prier sur quelqu’un qui nous insulte ouvertement et nous considère comme des impies. Par contre, celui qui n’est pas de cette catégorie, il n’y a pas de mal à prier sur lui bien que l’abstention de le faire m’est préférable. »
Ce type de position traduit indubitablement le côté sectaire de la doctrine qadiyânite.
Les qadiyânites sont reconnaissables à la façon d’enrouler leur turban
Une secte non musulmane
Un long débat opposa Mirza Gholâm Ahmad au chaykh Thanâ’oullâh Al-Wafâ’ (émir de Jam‘iyât Ahlou-l-Hadîth). Face à l’obstination du chef qadiyânite, le savant a formulé une « moubâhala » en demandant à Dieu de donner la mort au menteur du vivant du véridique. Le vœu exaucé dévoila l’imposture de Mirza Gholâm Ahmad qui mourut quelques jours plus tard à l’âge de 70 ans (en 1908).
Peu après la mort de son fondateur, le mouvement qadiyânite se sépara en deux sectes : le Lahore Ahmadiyya Movement et l’Ahmadiyya Muslim Community.
Le premier successeur de Mirza Gholâm Ahmad fut un certain Noûr-dîn, puis ce fut le tour de Mahmoûd Ahmad, fils du chef spirituel qadiyânite, de suivre les pas de son paternel.
Ils en sont aujourd’hui à leur cinquième calife.
En 1953, le gouvernement pakistanais nomma un qadiyânite du nom de Dhafaroullâh Khan au poste de ministre des affaires étrangères. Cette affectation suscita une vive réaction de la part du peuple pakistanais qui organisa de longues manifestations pour exiger la démission du pseudo musulman. Dix mille personnes ont trouvé la mort dans ces affrontements contre les forces de l’ordre pakistanaises avant que le ministre ne quitte son poste.
Le parlement pakistanais a également organisé un échange entre le chaykh Mouftî Mahmoûd et le qadiyânite Mirza Nacer Ahmad. À l’issue de ce débat de trente heures, le parlement se prononça enfin sur le statut des qadiyânites : une minorité non musulmane.
Les qadiyânites revendiquent 10 millions d’adeptes à travers le monde, mais les spécialistes pensent qu’ils ne dépassent pas le million. Ils se concentrent en Inde, au Pakistan, en Grande Bretagne (immigration) et en Afrique Noire. Cette dernière localisation s’explique par leur engagement dans le domaine humanitaire : 5000 prédicateurs salariés propagent consciencieusement leur doctrine aux populations démunies sous l’égide de certains gouvernements occidentaux.
L’Organisation de la conférence islamique a déclaré les qadiyânites non musulmans en 1973 et leur a interdit le pèlerinage à la Mecque. Un an plus tard, la Ligue islamique mondiale adopta le même jugement.
Les qadiyânites bénéficient encore aujourd’hui de nombreux privilèges en Grande Bretagne. Ils occupent des postes importants au sein de l’Etat et collaborent activement avec les services de renseignements.
Ils diffusent également leur idéologie depuis une chaîne satellitaire installée en Grande Bretagne.
Les nouveaux adeptes du qadiyânisme ont édulcoré leur pensée : certains ne soutiennent plus la prophétie de Mirza Gholâm Ahmad ni ses soi-disant miracles et ne condamnent que le jihâd offensif et non le jihâd défensif.