(2) Ar-Rahmâne, Ar-Rahîm (Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux)
Calligraphie de « Bismillâhi-r-Rahmâni-r-Rahîm »
« Bismillâhi-r-Rahmâni-r-Rahîm : بِسۡمِ ٱللهِ ٱلرَّحۡمَـٰنِ ٱلرَّحِيمِ », « Au nom d’Allâh, Le Tout-Miséricordieux,
Le Très-Miséricordieux,telle est la formule qui ouvre le Saint Coran et chaque sourate qu’il contient ― excepté sourate 9 At-Tawba.
En prononçant la basmala, la miséricorde d’Allâh accompagne tous les faits et gestes du musulman. Les deux noms divins qui composent cette formule renferment une signification profonde qui se manifeste ostensiblement aux yeux des clairvoyants. L’impact qu’ont ces deux attributs sur les croyants leur permet de perfectionner leur bonté naturelle pour espérer bénéficier de la miséricorde divine.
Définition et distinction
Les noms « Ar-Rahmâne : الرَّحْمَانُ » et « Ar-Rahîm : الرَّحِيمُ » ont la même racine et dérivent du verbe « rahima » qui signifie « faire preuve de tendresse, de bonté ». Ils sont tous deux des épithètes d’intensification ; « Ar-Rahmâne » transmet néanmoins une notion plus forte encore qu’« Ar-Rahîm », et cela est d’ailleurs suggéré par la longueur du vocable : « Ar-Rahmâne » comporte plus de lettres qu’« Ar-Rahîm ». Cette idée transparaît dans une parole communément acceptée : « رحمٰن الدنيا والآخرة، ورحيم الدنيا ».
« Ar-Rahmâne » suit la forme nominale du type « فعلان », c’est un superlatif qui fait référence au renouvellement et au remplissage, d’où l’idée du caractère temporaire de l’élément qualifié. Les qualificatifs « غضبان : en colère », « جوعان : a faim » et «عطشان : a soif » illustrent bien cette notion, à savoir le caractère passager de la colère, de la faim ou de la soif. Deux passages coraniques soutiennent cette thèse. Dieu dit dans le Coran : « […] وَلَمَّا رَجَعَ مُوسَىٰٓ إِلَىٰ قَوۡمِهِۦ غَضۡبَـٰنَ أَسِفً۬ا : Lorsque Moïse est revenu aux siens plein de colère […] », s.7 Al- A‘râf (Les Murailles), v.150 ; plus loin, Il spécifie : « […] وَلَمَّا سَكَتَ عَن مُّوسَى ٱلۡغَضَبُ : Lorsque la colère de Moïse s’est calmée […] », s.7 Al-A‘râf (Les Murailles), v.154.
La forme « الرَّحِيمِ » que suit « Ar-Rahîm » véhicule une idée de stabilité et de continuité. On dit par exemple « قبيح : qabîh » (laid), « جميل : jamîl » (beau), « طويل : tawîl » (grand). En ravanche, n’est pas qualifié de « خطيب : khatîb » (prêcheur) quelqu’un qui a seulement prêché quelques sermons de la prière du vendredi : cet adjectif est réservé à celui qui le fait souvent.
Si Dieu S’était contenté de Se qualifier d’« Ar-Rahmâne », le croyant risquait de considérer cet attribut comme étant contingent, pouvant disparaître aussi souvent que la faim ou la colère. De même, s’Il avait uniquement employé « Ar-Rahîm », le fidèle aurait pu croire que ― malgré sa durabilité ― ce qualificatif cesserait d’exister comme cesse la générosité de quelqu’un de « كريم : karîm » (généreux).
En révélant « Ar-Rahmâne » et « Ar-Rahîm », Allâh met l’accent sur l’ampleur de Sa miséricorde tout en insistant sur son caractère éternel.
Une distinction plus précise entre « Ar-Rahmâne » et « Ar-Rahîm » passe plutôt par leur utilisation pour décrire Allâh . À chaque fois qu’Allâh utilise le nom « Ar-Rahmâne », c’est pour Se décrire, montrer aux hommes qu’Il est Miséricordieux par essence : « Dis : “Invoquez Allâh ou invoquez le Tout-Miséricordieux. Quel que soit le nom par lequel vous L’appelez, Il a les plus beaux noms. […]” », s.17 Al-Isrâ’ (Le Voyage nocturne), v.110.
[…]قُلِ ٱدۡعُواْ ٱللَّهَ أَوِ ٱدۡعُواْ ٱلرَّحۡمَـٰنَۖ أَيًّ۬ا مَّا تَدۡعُواْ فَلَهُ ٱلۡأَسۡمَآءُ ٱلۡحُسۡنَىٰ
Ainsi, « Ar-Rahmâne » est un nom spécifique à Allâh et personne ne peut être qualifié de « rahmâne ». Pour plusieurs savants, « Ar-Rahmâne » est le Nom suprême d’Allâh , il prend la même fonction que le nom « Allâh » et devient son équivalent.
Quant au nom « Ar-Rahîm », il est mentionné lorsque Dieu cite les actes de bonté qu’Il manifeste envers Ses créatures : « C’est Lui Qui prie pour vous, ainsi que Ses anges, afin de vous faire passer des ténèbres à la lumière, car Dieu est plein de mansuétude pour les croyants. », s.33 Al-Ahzâb (Les Coalizés), v.43.
هُوَ ٱلَّذِى يُصَلِّى عَلَيۡكُمۡ وَمَلَـٰٓٮِٕكَتُهُ ۥ لِيُخۡرِجَكُم مِّنَ ٱلظُّلُمَـٰتِ إِلَى ٱلنُّورِۚ وَڪَانَ بِٱلۡمُؤۡمِنِينَ رَحِيمً۬ا
Contrairement à « Ar-Rahmâne », le sens d’« Ar-Rahîm » peut être utilisé pour décrire les humains et plus spécifiquement le Prophète : « Un Prophète, issu de vous-mêmes, est venu vers vous ! Il compatit à ce que vous endurez et il est plein de sollicitude pour vous, car il est toute bonté et toute compassion pour les croyants ! », s.9 At-Tawba (Le Repentir), v.128.
لَقَدۡ جَآءَڪُمۡ رَسُولٌ۬ مِّنۡ أَنفُسِڪُمۡ عَزِيزٌ عَلَيۡهِ مَا عَنِتُّمۡ حَرِيصٌ عَلَيۡڪُم بِٱلۡمُؤۡمِنِينَ رَءُوفٌ۬ رَّحِيمٌ۬
La bonté et la générosité sont deux qualités qui s’opèrent nécessairement sur autrui. Mais personne ne peut être miséricordieux à l’égard de Dieu : Son omnipotence et Sa toute puissance font qu’Il n’a besoin de qui que ce soit. En revanche, l’être humain ― qu’il soit reconnaissant ou oublieux envers son Créateur ― a constamment besoin de la miséricorde divine.
L’amplitude de la miséricorde d’Ar-Rahmâne
La miséricorde présente dans ce monde représente la base de la compassion et de l’amour qui régit les relations interhumaines. L’étude du verset 3 de sourate 20 Taha permet d’essayer d’imaginer l’étendue de la miséricorde d’Allâh : « Le Miséricordieux s’est établi sur le Trône. »
Le Trône représente la plus vaste des créations de Dieu. Pour donner une idée de sa grandeur, le Prophète compara son repose-pied (al-koursiyy) à un désert où l’on aurait jeté une bague en laiton. Celle-ci représenterait l’Univers par rapport au repose-pied qui est lui-même à l’image d’une bague en laiton jetée dans le vaste désert du Trône… L’étendue du Trône est inconcevable pour l’entendement humain : autant dire que l’Univers est insignifiant comparé au Trône. Comparativement, la miséricorde qui accompagne les relations entre les êtres vivants est négligeable par rapport à la miséricorde de Dieu.
En associant le plus grand de Ses attributs à la plus vaste de Ses créations dans le verset cité en amont, Dieu met l’accent sur le fait que chaque aspect de Sa création est touché par Sa miséricorde, sans exception, quelle qu’en soit sa dimension.
Selon Aboû Hourayra , le Prophète a dit : « Quand Dieu a décrété la création Il s’est engagé Lui-Même en inscrivant dans Son livre, qui repose près de lui : “ Ma miséricorde domine ma colère.” » [Rapporté par Mouslim.]Allâh va encore plus loin en spécifiant dans le Coran : « Et lorsque viennent vers toi ceux qui croient à Nos versets, dis : “Que la paix soit sur vous ! Votre Seigneur S’est prescrit à Lui-même la miséricorde. Et quiconque d’entre vous a fait un mal par ignorance, et ensuite s’est repenti et s’est réformé, Il est alors Très Bienveillant et Miséricordieux.” », s.6 Al-An‘âm (Les Bestiaux), v.54. Dieu S’est Lui-Même imposé d’être Miséricordieux, car personne ne peut Lui ordonner ni L’empêcher de faire quoi que ce soit.Face aux fautes des croyants, la mansuétude de Dieu se manifestera avant Son courroux : cette caractéristique fait de Lui Le meilleur des Miséricordieux, conformément au Coran : « Dis : “Mon Seigneur ! Pardonne et fais miséricorde ! Tu es Le meilleur des Miséricordieux !” », s.23 Al-Mou’minoûn (Les Croyants), v.118.
La miséricorde d’Allâh est non seulement intensive, mais elle est également extensive puisqu’elle englobe toute chose : « […] Et Allâh dit : “Mon châtiment tombera sur qui Je veux, et Ma miséricorde embrasse toute chose […]” […] », s.7 Al-A‘râf (Les Murailles), v.156.
La miséricorde divine est si vaste qu’elle touchera même certains damnés en enfer ― dans le cœur desquels se trouvera ne serait-ce qu’un grain de moutarde de foi. D’après Aboû Sa‘îd Al-Khoudrî , le Prophète a énoncé : « Allâh Puissant et Majestueux dira : “Les anges ont intercédé, les prophètes ont intercédé et les croyants ont intercédé. Il ne reste plus que Le plus Clément des cléments.” Puis Il puisera une poignée des occupants de l’enfer et en fera sortir des gens qui n’ont rien fait de bon et qui étaient carbonisés, et les jettera dans une rivière du paradis appelée “Rivière de la vie”. Ils en sortiront telle une graine emportée par un torrent. Ils seront comme une pierre précieuse munie de colliers autour du cou et reconnaissables par les occupants du paradis : “Voilà les affranchis d’Allâh admis au paradis sans avoir rien fait de bon”. Puis Allâh leur dira :
“Entrez au paradis, tout ce que vous y verrez vous appartient.
― Notre Maître ! Vous nous avez donné ce que Vous n’avez donné à personne d’autre ! s’exclameront-ils
― Il vous reste auprès de Moi quelque chose de meilleur, répondra Le Seigneur.
― Qu’est-ce qui peut être meilleur que ceci ?
― Mon agrément, après quoi Je ne serai plus jamais insatisfait de vous.” » [Rapporté par Al-Boukhârî.]
Bien que Sa miséricorde précède Sa colère, Son équité demeure et tempère Sa clémence : ceux qui n’ont pas cru en Son unicité ne bénéficieront pas de Sa grâce le Jour du Jugement.
Concernant la miséricorde qu’Allâh réserve à Ses adorateurs, ‘Omar Ibnou-l-Khattâb rapporte la situation suivante : « On amena au Prophète des captifs de guerre parmi lesquels se trouvait une femme qui cherchait son nourrisson. Quand elle le trouva, elle le pressa contra sa poitrine et lui donna le sein. C’est alors que le Prophète nous demanda :
“Pensez-vous que cette femme pourrait jeter son enfant au feu ?
― Non, répondîmes-nous, elle ne l’y jettera certainement jamais tant qu’elle aura le pouvoir de ne pas l’y jeter.
― Certes Dieu est encore plus Miséricordieux envers Ses serviteurs que cette femme envers son enfant.” » [Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim.]
La manifestation de la miséricorde d’Ar-Rahmâne
Nombreux sont les Noms divins dont le sens découle de la miséricorde, de l’indulgence et de la générosité : parmi eux Al-Wahhâb (Le Donateur Gracieux), Al-Halîm (Le Longanime), Ar-Razzâq (Celui Qui pourvoit et Qui accorde toujours la subsistance), etc… Allâh explique dans un hadîth qodsî : « Ô Mon serviteur ! Tu as des obligations à remplir envers Moi, et Je pourvois à tes besoins. Même si tu manques à tes obligations à Mon égard, Je n’omettrai pas de t’approvisionner. » Autrement dit, que l’être humain soit croyant ou non, Dieu lui permet de jouir des bienfaits de cette vie. La liste est longue ; et tout ce que la Terre contient comme manifestations d’affection, de bonté et d’affabilité ne représente qu’une branche de la miséricorde divine, celle-ci se décline sous différentes formes. Il suffit de se référer à la sourate 55 ― intitulée à juste titre « Ar-Rahmâne » ―, pour se remémorer les innombrables faveurs octroyées aux humains : « Quant à la terre, Il l’a étendue pour les êtres vivants : il s’y trouve des fruits, et aussi les palmiers aux fruits recouverts d’enveloppes, tout comme les grains dans leurs balles, et les plantes aromatiques. Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ? », v.10-13.
Dieu a placé dans le cœur de chaque être vivant une parcelle de miséricorde salutaire pour la pérennisation des espèces. Le Prophète a expliqué : « Dieu a divisé la miséricorde en cent parties. Il en a fait descendre une seule sur la Terre. Grâce à cette part, les créatures se font miséricorde à tel point que la bête sauvage soulève son pied au-dessus de son petit de crainte de lui nuire. » [Rapporté par Al-Boukhârî.]
Dans une autre version : « Le jour où Dieu a créé les cieux et la Terre, Il a créé cent miséricordes. Chaque miséricorde forme une couche entre ciel et terre. Il a placé une seule miséricorde d’entre elles sur la terre. Grâce à cette miséricorde la mère voue de l’affection pour son enfant, et les bêtes et les oiseaux s’attendrissent les uns envers les autres. » [Rapporté par Mouslim.]En réalité, les quatre-vingt-dix-neuf parties de miséricorde restantes sont réservées pour les croyants le Jour de la Résurrection. Lorsqu’un centième de la clémence d’Allâh suffit pour gouverner et couvrir tous les aspects de la création, les musulmans doivent se réjouir de bénéficier de la quasi totalité de la miséricorde divine. Quel privilège inimaginable et inespéré !
Grâce à ce centième de miséricorde, l’être humain est naturellement poussé vers le bien et son cœur est revivifié dans les moments difficiles. Aussi, la clémence de l’homme peut croître et gagner en épanouissement.
L’archétype de la miséricorde humaine n’est autre que le Prophète : en sa personne s’incarne en effet une clémence douce et généreuse. Allâh ne dit-Il pas dans le Coran : « Nous t’avons seulement envoyé comme une miséricorde pour les mondes. », s.21 Al-Anbiyâ’ (Les Prophètes), v.107 ? Dans Son infinie bonté, Dieu a envoyé Son dernier Messager pour soulager les souffrances, guider les âmes vers la Vérité, venir en aide aux plus démunis et rendre ce monde meilleur. La magnanimité de son cœur, l’affabilité de son caractère et la générosité de sa main firent de lui le plus miséricordieux de tous les serviteurs du Tout-Miséricordieux, Qui dit à Son Messager dans le Coran : « Tu as été doux à leur égard par une miséricorde de Dieu. Si tu avais été rude et dur de cœur, ils se seraient séparés de toi. », s.3 Âli ‘Imrâne (La Famille d’Imrâne), v.159.
Le message du Prophète s’adresse à l’humanité toute entière et son universalité passe naturellement par une approche empreinte de clémence et de mansuétude. Un modèle à suivre pour qui souhaite parfaire son caractère.
Comment tirer profit des noms « Ar-Rahmâne » et « Ar-Rahîm » ?
Avant tout, le musulman doit avoir une idée claire et précise du sens de ces noms. Il doit avoir conscience de l’omniprésence de la miséricorde divine. Cette connaissance génère alors un espoir mêlé d’humilité dans le cœur du croyant, à l’instar du Prophète qui soutient : « Aucun homme n’accédera au paradis grâce à ses actions. ― Même pas toi ô Messager de Dieu ? demandèrent certains de ses Compagnons. ― Même pas moi, répondit-il, à moins que Dieu ne me touche par Sa grâce et Sa miséricorde. » [Rapporté par Al-Boukhârî.]Si tel est le sentiment du meilleur des hommes, quel devrait être celui du serviteur ordinaire ? La reconnaissance et la gratitude envers les bienfaits d’Allâh doivent paver le cheminement du fidèle vers son Créateur ; le croyant éduque ainsi son cœur à la modestie qui lui permettra de grandir son âme.
Connaître ces deux noms doit permettre au croyant d’acquérir l’ardeur nécessaire à persévérer dans la recherche continuelle des bienfaits de la miséricorde de Dieu en s’efforçant de mener son être au maximum de ses capacités. Allâh dit dans le Coran : « Et obéissez à Allâh et à Son Messager afin qu’il vous soit fait miséricorde. », s.3 Âli ‘Imrâne (La Famille d’Imrâne), v.132. Cette étape fait directement suite à l’acte de croyance : la soumission à Dieu et à Son Envoyé traduit la foi en actions concrètes et conformes à l’enseignement des textes scripturaires.
Malgré sa ferveur, le croyant est amené à pécher et doit sans cesse se repentir pour obtenir les grâces d’Allâh . Ar-Rahmâne dit dans le Coran : « Dis : “Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allâh, car Allâh pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui l’Absoluteur, le Très-Miséricordieux.” », s.39 Az-Zoumar (Les Groupes), v.53.
C’est en effet grâce au repentir sincère que le croyant peut espérer se débarrasser de ses péchés et bénéficier de la clémence du Tout-Miséricordieux. Anas rapporte avoir entendu le Prophète dire : « Dieu a dit : “Ô fils d’Âdam, tant que tu M’invoques et place en Moi ton espoir, Je te pardonnerai quoique tu aies fait, et Je ne M’en soucie pas. Ô fils d’Âdam, si tes péchés atteignaient les nuages des cieux et qu’ensuite tu sollicitais Mon pardon, Je te l’Accorderais. Ô fils d’Âdam, si tu te présentes devant Moi avec autant de péchés que peut en contenir la Terre et qu’ensuite tu Me rencontres sans rien associer à Mon culte, Je t’apporterais un pardon équivalent.” » [Rapporté par At-Tirmidhî.]
Tout comme Le Seigneur pardonne facilement les manquements de Son serviteur, celui-ci est invité à se montrer « rahîm » envers ses semblables, non seulement parce que c’est une nécessité pour le maintien des relations harmonieuses entre les créatures, mais aussi parce que c’est un moyen d’obtenir les grâces de Dieu. D’après Jâbir Ibnou ‘Abdillâh , le Prophète a dit : « Celui qui n’est pas miséricordieux envers les gens, Allâh ne sera pas Miséricordieux envers lui. » [Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim.]Allâh dit dans le Coran : « Que les gens honorables et fortunés d’entre vous ne jurent point qu’ils ne viendront plus en aide à leurs parents, aux pauvres et à ceux qui se sont expatriés pour la cause de Dieu ! Qu’ils se montrent, au contraire, indulgents et cléments ! Vous-mêmes, n’aimeriez-vous pas que Dieu vous absolve ? Dieu est infiniment Clément et Miséricordieux. », s.24 An-Noûr (La Lumière), v.22.
L’histoire de la prostituée qui abreuva un chien assoiffé doit percuter le croyant : le Prophète expliqua que Dieu avait effacé tous les péchés de cette femme par ce geste de bonté envers une créature. Celui qui est bienveillant envers les créatures mérite de gagner la miséricorde d’Allâh .
Plusieurs autres actions permettent de bénéficier de la bonté divine. Parmi elles, le fait d’écouter attentivement le Coran en restant silencieux : « Lorsque le Coran est récité, observez le silence et écoutez-le attentivement, afin de mériter la miséricorde du Seigneur. », s.7 Al-A‘râf (Les Murailles), v.204 ; ou encore le fait de se rendre le plus souvent possible à la mosquée, car c’est dans la maison d’Allâh que se trouve le plus de miséricorde. L’invocation faite par le fidèle qui entre à la mosquée témoigne de cette vérité : « Ô Allâh ! Ouvre-moi les portes de Ta miséricorde ! » [Rapporté par Mouslim.]
La clémence est finalement une des meilleures qualités qu’un être humain puisse acquérir, car c’est un des plus grands attributs de Dieu. Le Coran et le Prophète l’ont recommandée à plusieurs occasions : envers les enfants, les parents, les personnes âgées, les croyants ou les non croyants et même les animaux.
Rechercher la miséricorde d’Allâh revient à viser un trésor inestimable, mais pas inaccessible, par la grâce de Dieu : « Dis : “[Ceci provient de] la grâce d’Allâh et de Sa miséricorde ; voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est bien mieux que tout ce qu’ils amassent.” », s.10 Yoûnous (Jonas), v.58.
Qu’Allâh enrichisse Ses serviteurs de clémence et leur octroie Son généreux pardon !