(5) As-Salâm (Le Salut)

   « As-Salâm » est un Nom divin qui n’apparaît qu’une seule fois dans le Coran : « Il est Dieu en dehors de qui il n’y a point de divinité ; Il est le Souverain, le Saint, le Salut, le Protecteur, l’Arbitre Suprême, le Puissant, l’Irrésistible, le Superbe. Gloire à Dieu !

Il est bien au-dessus de ce qu’on peut Lui associer ! », s.59 Al-Hachr (L’Exode), v.23.

Définitions

   Le Nom divin « As-Salâm » a pour origine la racine du verbe « salima » qui signifie « être sain, exempt de défauts ou de maux ». De cette racine découlent d’autres verbes :
– « aslama » veut dire « se soumettre » ou « embrasser l’islam ». Il peut aussi prendre le sens de « s’en remettre à quelqu’un » ;
– « sâlama » exprime le fait de se réconcilier ;
– « sallama » équivaut soit à « être satisfait de quelque chose », soit à « saluer quelqu’un ».
« As-Salâm » évoque donc des idées de quiétude, de sérénité, de sécurité et d’assurance. Ce Nom peut être traduit de différentes façons en français : Le Salut, Le Pacifique, La Paix ou La Source de Paix.

La Paix par excellence

Ibnou-l-Qayyim a donné une célèbre définition de ce nom : « Allâh le Très-Haut est Celui qui donne à ce mot tout son sens, car Il est le Seul qui soit totalement exempt de tout défaut, de toute imperfection. Il est la paix dans sa plus profonde signification, mais les créatures n’en ressentent que très imparfaitement les effets. Il incarne la paix dans :
– Son essence : aucune tare n’entache Sa perfection ;
– Ses attributs : aucune de Ses qualités ne flétrit avec le temps ;
– Ses actes : rien, dans les cieux et la terre n’entame Sa justice et Sa sagesse. Il est la paix véritable dans tous ses aspects. Ce nom Lui sied bien plus que tout ce qui Lui est attribué : son usage est la plus belle manière par laquelle Il exalte Sa grandeur et par laquelle Son messager a exalté Sa grandeur. »
Allâh est donc l’Entité Saine par nature : Il n’est sujet à nulle altération, Ses qualités restent intactes à tout jamais. Quant à Ses actes, ils ne sont aucunement affectés par le mal.

   Comment croire à cette vérité, lorsque l’on constate l’existence d’innombrables malheurs affectant la création, dont l’homme ? En fait, on ne peut attribuer la malveillance aux actions d’Allâh : aucune d’entre elles n’est décrétée dans un but nocif. Prenons l’exemple d’une personne souffrant d’une crise d’appendicite : ne va-t-elle pas se faire opérer ? Le chirurgien devra employer un traitement invasif : un scalpel pour inciser la peau et ôter l’organe malin. Bien sûr, le sang coulera. Il faudra recoudre. Une douleur persistera après l’opération. Toutefois, l’objectif de guérir la personne sera atteint. Dès lors, peut-on accuser le thérapeute de malveillance ? À Dieu revient le meilleur exemple, lorsqu’Il touche quelqu’un par l’épreuve, c’est toujours pour son bien ou celui de l’humanité.

   Aucune comparaison ou parallèle possible entre les actions divines et celle de l’individu qui poignarde son semblable juste pour le plaisir : celui-là, indéniablement, fait preuve de pure cruauté.Bien connaître son Seigneur revient donc à ne Lui attribuer aucune action entachée de malfaisance. Que certains maux subsistent sur Terre, Allâh est le Seul à détenir le secret de leur maintien : ils s’avèrent assurément nécessaires à la réalisation d’évènements souhaitables et bénéfiques pour l’homme, à plus ou moins long terme.

   La finalité de l’être humain est l’obtention du bonheur éternel. S’il dévie de son but, il a besoin d’être réformé et redirigé : c’est là qu’intervient Dieu, l’Omniscient, dans Son infinie sagesse, qui précise dans le Coran : « Dis : « ô mon Dieu, Souverain Suprême ! Tu donnes le pouvoir à qui Tu veux ! Tu honores qui Tu veux et Tu abaisses qui Tu veux ! Tu détiens le bien et Ta puissance n’a point de limite ! » », s.3 Âli ‘Imrâne (La famille ‘Imrâne), v.26.
Quel père verrait son fils commettre des exactions – voler son prochain, proférer des mensonges, porter atteinte à autrui – et n’interviendrait pas pour l’empêcher de continuer ? Le prévenir, le conseiller, voire le corriger ou le punir constituent des actes qui s’opposent à de tels agissements. De même, quel paternel, intentionnellement, se mettrait à injurier ou à battre son fils honnête ? Aucun père digne de ce nom ne pourrait s’adonner à de telles injustices.
Ainsi, toutes les afflictions subies par la création trouvent donc leur origine dans les mauvaises actions des êtres humains. Plus la maladie est grave, plus lourd sera le traitement. L’être humain ne vit alors plus en symbiose avec le reste de la création et perd la quiétude originelle : c’est qu’il a oublié son Créateur et qu’il s’est éloigné du Coran, qui lui sert de mode d’emploi dans cette vie.

La Source de paix

   Se remémorer Allâh , As-Salâm, réconforte le cœur du croyant : « Ceux qui croient et qui s’apaisent au souvenir de Dieu. N’est-ce pas que c’est au souvenir de Dieu que s’apaisent les cœurs ? », s.13 Ar-Ra‘d (Le Tonnerre), v.28. Le cœur humain recèle bien des sentiments négatifs : la solitude, la peur, l’anxiété ou l’inquiétude. L’homme peut chercher à les lénifier par n’importe quel moyen, mais seuls la conscience et le souvenir de Dieu sont à même d’amoindrir voire d’éradiquer d’aussi néfastes émotions.
En vérité, le cœur subit la rouille tout comme le fer, avec une différence néanmoins, il a la possibilité d’en guérir grâce à la lecture du Saint Coran. Tandis que le cœur de qui se détourne du Seigneur est rongé par la peur, ne trouvant jamais l’équilibre, celui du croyant sincère a l’apanage de la tranquillité, bienfaisance d’Allâh pour ceux qui se rappellent de Lui.

La Source de sécurité

   La deuxième définition d’« As-Salâm » implique une dimension de protection. Allâh est Celui qui protège Ses serviteurs de tout danger et de toute difficulté, car il n’existe aucune autre forme de protection infaillible à l’exclusion de la Sienne.

   Discourir est superflu, contempler l’Univers suffit à donner tout son sens à « As-Salâm ». Chaque parcelle de la création révèle des signes du mot « As-salâm » et témoigne de la paisible harmonie environnante : la rotation de la Terre sur elle-même, la variation des vents, l’alternance du jour et de la nuit, la succession des saisons, la stabilité des planètes,… placidité parfaite ! Les lois naturelles instaurées par Dieu assurent le bon fonctionnement de notre Univers. Malheureusement, l’intervention de l’homme irresponsable bouleverse le déroulement hautement organisé de la vie sur Terre.

   Autres signes, même constat. Que l’homme regarde en lui-même et médite sur sa propre création ! : son patrimoine osseux se développe jusqu’à ce qu’il atteigne une taille adulte convenable, puis par décret divin, ses os cessent de croître, dans le meilleur des cas ; autrement, ils poursuivent continûment leur développement : la personne souffre alors d’acromégalie (gigantisme). Les scientifiques soutiennent que les cellules osseuses peuvent hiberner pendant 40 ans, mais si un os se fracture, elles sortent de leur léthargie pour le reconstituer. Qu’arriverait-il à l’homme si ces cellules ne remplissaient plus cette fonction de régénération ? Cette faculté de renouvellement cellulaire est indubitablement un don divin, une sécurité émanant d’Allâh .

   Si on venait à amputer les deux reins de 90% de leur volume total, les 10% restants suffiraient pour purifier le sang de l’être humain. C’est donc pour garantir la sauvegarde de l’humain qu’Allâh Le Très-Miséricordieux lui a octroyé deux reins dont la capacité est 20 fois supérieure à ses besoins réels.

   Pour se nourrir, l’homme dispose d’une large variété d’aliments. Chaque nutriment répond à des besoins bien particuliers : les graisses ne constitueront pas les muscles et les protéines ne disputeront pas la place des glucides.

   Lorsqu’une personne est tiraillée par la faim au point de craindre pour sa vie, son corps va résister en déclenchant un système de survie que le Créateur a placé en lui. Ce mécanisme extraordinaire, que l’homme ne maîtrise aucunement, va d’abord puiser du glucose dans le glycogène du foie, puis des muscles avant de transformer les masses graisseuses en carburant glucidique ; ainsi, l’être humain peut survivre pendant plusieurs jours sans se nourrir. Une telle flexibilité dans la transsubstantiation ne peut être que l’œuvre du Tout-Puissant, la Source de Paix et de Sécurité.

   Lorsque l’homme dort profondément, le poids de son corps exerce une pression sur les muscles situés sous les os. Cette pression comprime les vaisseaux sanguins, donc affaiblit le débit du sang, ce qui s’avère très dangereux. Fort heureusement, As-Salâm, dans Son Omniscience, a pourvu l’homme de centres nerveux qui détectent le moindre souci : ils envoient alors un message au cerveau qui, en réponse, ordonne au corps plongé dans un sommeil profond de se retourner. Lorsqu’Allâh nous narre dans le Coran l’histoire des jeunes de la caverne, Il mentionne qu’Il est à l’origine de ce mouvement salutaire : « Et à les voir, tu aurais cru qu’ils étaient éveillés alors qu’en réalité ils dormaient. Nous les retournions, tantôt à droite, tantôt à gauche, pendant que leur chien était couché à l’entrée, les pattes allongées […] » s.18 Al-Kahf (La Caverne), v.18.

   Les exemples illustrant cette dimension protectrice d’As-Salâm sont indénombrables et variés. Qu’ils appartiennent au monde animal ou végétal, ils entretiennent la certitude qu’As-Salâm est présent dans les moindres détails de Sa création. Par la méditation, le croyant peut ressentir les effets de ce Nom divin sur son existence, et d’autres voies peuvent le conduire à l’état d’apaisementintérieur.

Comment s’imprégner du Nom « As-Salâm » ?

   C’est la recherche constante de la proximité du Seigneur qui purifie l’homme de ses défauts : l’avarice, la mesquinerie, l’envie, l’arrogance, la rancune, l’orgueil… sont à l’origine de la misère et de la laideur humaines. Dès lors que le croyant respecte les commandements de Dieu, il est sûr qu’Il ne l’abandonnera jamais, qu’Il le guidera vers les voies de la paix intérieure. La consécration d’un tel cheminement est l’invitation d’Allâh ( dans « la demeure de la paix » : le paradis. Le Très-Haut dit dans le Coran : « Dieu appelle les hommes à la demeure de la paix et guide qui Il veut vers la voie du salut. », s.10 Yoûnous (Jonas) v.25. Dieu l’avait déjà promis aux enfants d’Israël : « Dieu avait reçu l’engagement des enfants d’Israël et suscité douze chefs parmi eux. « Je suis avec vous, leur dit le Seigneur. Si vous observez la salât et acquittez la zakât ; si vous croyez en Mes prophètes et leur prêtez assistance ; si vous consentez un prêt gracieux à Dieu, Je vous pardonnerai vos mauvaises actions et vous admettrai dans des jardins sous lesquels coulent des rivières. Quiconque parmi vous fera par la suite preuve d’infidélité aura bel et bien perdu le droit chemin. » », s.5 Al-Mâ’idah (La Table Servie), v.12. Tout serviteur dont le cœur est purifié de la traîtrise, du ressentiment et de la volonté de nuire, dont les membres sont débarrassés des péchés et des interdits, et dont les qualités sont à l’abri de la récidive et du retournement de situation, se présente alors à Dieu avec un cœur sain.

   Le serviteur s’engage donc à suivre la législation divine pour le restant de ses jours, à être avec Allâh , à Lui obéir, à Le connaître, à L’adorer, à comprendre Son Livre dès lors qu’il est   guidé. A l’heure de sa mort, il sera accueilli en fonction de ses actes, conformément au verset coranique : « Et s’il fait partie des gens de la dextre, c’est avec « Paix à toi ! » qu’il sera de leur part accueilli. », s.56 Al-Wâqi‘ah, (L’Inéluctable) v.90-91. Celui qui sait se libérer de ses péchés et de ses défauts atteint la paix et la sécurité absolues. La relation que le croyant doit entretenir avec le Nom divin « As-Salâm » est celle décrite dans le verset suivant : « Au jour où ni richesses ni enfants ne seront d’aucune utilité, sauf pour celui qui viendra à Dieu avec un cœur sain ! », s.26 Ach-Chou‘arâ’ (Les Poètes), v.88-89. Un cœur pur est exempt de toute forme de polythéisme et ne laisse pas de place au doute.

   Pour conclure, signalons qu’il n’est pas fortuit qu’« Islam » soit le nom de la religion musulmane : deux des objectifs essentiels de celle-ci sont directement liés à son appellation. Le premier est d’inviter les gens à se soumettre à leur Seigneur, à Lui obéir et à s’en remettre à Lui. Le second, est d’instaurer la paix entre les hommes grâce à des principes infaillibles. Les lois régies par l’Islâm établissent un cadre éthique permettant aux relations humaines de converger vers le rapprochement et l’entente mutuelle.