Informe-moi du bien
Selon An-Nawwâs Ibnou Sam‘ân , le Messager d’Allâh a enseigné : « Le bien est le bon caractère, le péché est ce qui trouble intérieurement et ce que l’on n’aime pas dévoiler aux autres. » [Rapporté par Mouslim.]Wâbiça Ibnou Ma‘bad raconte qu’il se rendit auprès du Prophète qui lui dit :
« Tu es venu t’informer au sujet du bien ? » « Oui » répondis-je. « Consulte ton cœur, dit le Prophète, car le bien est ce qui procure à ton âme et à ton cœur tranquillité et sérénité ; alors que le péché est ce qui te trouble intérieurement et suscite dans le cœur l’embarras, même si les doctes t’apportaient toutes les justifications juridiques possibles. » [Rapporté et qualifié de bon par Ibnou Hanbal et Ad-Dârimî.]
عن النواس بن سـمعـان رضي الله عـنه ، عـن النبي صلى الله عـليه وسلم قـال : ( الـبـر حـسـن الـخلق والإثـم ما حـاك في نـفـسـك وكـرهـت أن يـطـلع عــلـيـه الـنـاس ). رواه مسلم [ رقم : 2553]. وعن وابصه بن معبد رضي الله عنه ، قال : أتيت رسول الله صلي الله عليه وسلم ، فقال : ( جئت تسأل عن البر ؟ ) قلت : نعم ؛ فقال : ( استفت قلبك ؛ البر ما اطمأنت إليه النفس واطمأن إليه القلب ، والإثم ما حاك في النفس وتردد في الصدر ، وإن أفتاك الناس وأفتوك). حديث حسن ، روي في مسندي الإمامين أحمد بن حنبل[ 4/ 227] ، والدارمي [2/ 246] بإسناد حسن
Qu’est-ce que le bien ?
Selon le premier hadîth, le bien est le bon caractère, et selon le second, le bien est ce qui apaise l’âme et le cœur.
Le bien à l’égard d’autrui consiste à se comporter de la meilleure des manières avec son prochain, qu’il soit un proche ou un étranger. Deux hadîths confortent cette affirmation. Bahz Ibnou Hakîm rapporta que son grand-père questionna un jour le Messager d’Allâh : « Ô Envoyé de Dieu ! Envers qui dois-je être bon ? » Le Prophète répondit : « Envers ta mère, puis envers ton père et ensuite envers tes proches parents de proche en proche. »
L’imâm Ahmad rapporte la réponse du Prophète sur la notion du bien relatif au pèlerinage : « Donner la nourriture et répandre le salut. » Dans une autre version : « Répandre la parole bonne et agréable. »
‘Abdallâh Ibnou ‘Omar affirmait, quant à lui : « Le bien est quelque chose d’aisé. C’est un visage souriant et une parole affable. » Cette dernière idée va dans la droite lignée de la pensée islamique qui veut que même un sourire soit une aumône, une source de bienfaisance attirant la satisfaction du Très-Haut. En effet, Allâh déteste le renfrognement et le mauvais caractère de la part des croyants, et ce, même si ceux-ci prient et jeûnent. Les croyants dotés d’un bon caractère leur seront préférés, même si leurs actes cultuels sont minimes. Le sourire est un cadeau si peu anodin qu’il est possible de lire sur lui cette prose : « Le sourire ne coûte rien et produit beaucoup. Il enrichit ceux qui le reçoivent sans appauvrir ceux qui le donnent. Il ne dure qu’un instant, mais son souvenir est parfois éternel. Personne n’est assez riche pour pouvoir s’en passer, et personne n’est assez pauvre pour ne pas le donner. Il crée le bonheur au foyer. Il est le sensible de l’amitié. Un sourire donne le repos à l’être fatigué, rend le courage au plus découragé. Si quelque fois vous rencontrez une personne qui ne vous donne pas le sourire que vous méritez, soyez généreux, donnez-lui le vôtre, car nul n’a autant besoin d’un sourire que celui qui ne peut en donner aux autres. »
Permanence du sourire…
Le bien qui amène l’âme et le cœur à s’apaiser consiste en l’obéissance à toutes les prescriptions d’Allâh . Cette soumission à la volonté divine est soit occultée (la foi en Dieu), soit apparente (l’aumône, la patience, honorer la parole donnée, etc.). Allâh déclare en effet : « L’obéissance et le bien ne consistent pas à s’orienter en direction de l’est ou de l’ouest, mais ce sont les faits de celui qui a cru à Dieu, au Jour dernier, aux anges, au Livre et aux prophètes ; qui a donné l’argent, malgré l’amour pour lui, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, à l’étranger de passage, aux mendiants et pour affranchir les esclaves ou racheter les prisonniers, qui a accompli correctement la prière et a donné la zakât ; ce sont le fait de ceux qui tiennent leur engagement lorsqu’ils s’engagent et qui se montrent patients dans la maladie, le malheur et au plus fort du combat. Ce sont ceux-là qui ont été sincères et ceux-là sont les gens pieux. », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.177.
لَّيْسَ ٱلْبِرَّ أَن تُوَلُّواْ وُجُوهَكُمْ قِبَلَ ٱلْمَشْرِقِ وَٱلْمَغْرِبِ وَلَـٰكِنَّ ٱلْبِرَّ مَنْ آمَنَ بِٱللَّهِ وَٱلْيَوْمِ ٱلآخِرِ وَٱلْمَلاۤئِكَةِ وَٱلْكِتَابِ وَٱلنَّبِيِّينَ وَآتَى ٱلْمَالَ عَلَىٰ حُبِّهِ ذَوِي ٱلْقُرْبَىٰ وَٱلْيَتَامَىٰ وَٱلْمَسَاكِينَ وَٱبْنَ ٱلسَّبِيلِ وَٱلسَّآئِلِينَ وَفِي ٱلرِّقَابِ وَأَقَامَ ٱلصَّلاةَ وَآتَى ٱلزَّكَاةَ وَٱلْمُوفُونَ بِعَهْدِهِمْ إِذَا عَاهَدُواْ وَٱلصَّابِرِينَ فِي ٱلْبَأْسَآءِ وٱلضَّرَّآءِ وَحِينَ ٱلْبَأْسِ أُولَـٰئِكَ ٱلَّذِينَ صَدَقُواْ وَأُولَـٰئِكَ هُمُ ٱلْمُتَّقُونَ
Le discernement
Lorsqu’Allâh a créé les âmes, Il a placé en elles la fitra, c’est-à-dire la reconnaissance naturelle du monothéisme, la capacité de reconnaitre la vérité, celle par conséquent de distinguer le bien du mal. Tout être humain est ainsi disposé à accepter et à aimer la vérité, l’ordre divin étant : « Oriente-toi exclusivement vers la religion, en pur monothéiste. Telle est la nature conformément à laquelle Dieu a créé les humains. », s.30 Ar-Roûm, v.30.
فَأَقِمْ وَجْهَكَ لِلدِّينِ حَنِيفاً فِطْرَتَ ٱللَّهِ ٱلَّتِي فَطَرَ ٱلنَّاسَ عَلَيْهَا لاَ تَبْدِيلَ لِخَلْقِ ٱللَّهِ ذَلِكَ ٱلدِّينُ ٱلْقَيِّمُ وَلَـٰكِنَّ أَكْثَرَ ٱلنَّاسِ لاَ يَعْلَمُونَ
Le Prophète enseignait : « Chaque nouveau-né est doté d’une nature conforme au pur monothéisme, puis ce sont ses parents qui le rendent juif, chrétien ou zoroastrien. » [Rapporté par Al-Boukhârî.]
Le discernement n’est avéré que si et seulement si le serviteur de Dieu se plie aux injonctions divines et se préserve des péchés. Par ce comportement, il bénéficie de la lumière divine lui permettant de se fier à son cœur en cas de doute. En agissant autrement, il prive son cœur de la clairvoyance et de l’apaisement que procure l’évocation d’Allâh : « N’est-ce pas à l’évocation de Dieu que les cœurs se rassurent ? », s.13 Ar-Ra‘d (Le Tonnerre), v.28.
أَلاَ بِذِكْرِ ٱللَّهِ تَطْمَئِنُّ ٱلْقُلُوبُ
Deux signes accompagnent le péché. Le premier est intérieur se répercutant sur la conscience et se traduisant par une agitation, une inquiétude, un inconfort, une répugnance et un sentiment de détestation qui confirment les dires du Prophète : « […] alors que le péché est ce qui te trouble intérieurement et suscite dans le cœur l’embarras […] »
Ibnou Mas‘oûd déclarait : « Le péché est à l’origine de l’affliction du cœur. »Le second signe est extérieur : le pécheur, pour des raisons purement religieuses, abhorre le dévoilement de ses méfaits devant les personnes pour lesquelles il témoigne du respect et de l’estime.
Quand faut-il se conformer à un avis juridique et quand faut-il se fier à son cœur ?
Lorsqu’un avis juridique est indubitablement appuyé par le Coran et la sunna authentique du Prophète, les croyants n’ont aucune alternative sinon que de s’y soumettre, même si leur esprit pourrait être troublé.
Il est arrivé que le Prophète donnât à ses Compagnons des ordres suscitant de la gêne chez eux — immoler des bêtes et se départir de l’état de sacralisation, car ils n’allaient plus accomplir la ‘Oumra, conformément au pacte d’Al-Houdaybia conclu avec Qourayche en l’an 6 de l’Hégire. Malgré cela, les Compagnons obéirent au commandement du Prophète sans mécontentement, avec gaieté de cœur. Allâh informe en effet : « Il n’appartient nullement à un croyant ou à une croyante, une fois que Dieu et Son Messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Celui qui désobéit à Dieu et à Son Messager, s’est en fait manifestement fourvoyé. », s.33 Al-Ahzâb (Les coalisés), v.36.
وَمَا كَانَ لِمُؤۡمِنٍ۬ وَلَا مُؤۡمِنَةٍ إِذَا قَضَى ٱللَّهُ وَرَسُولُهُ ۥۤ أَمۡرًا أَن يَكُونَ لَهُمُ ٱلۡخِيَرَةُ مِنۡ أَمۡرِهِمۡۗ وَمَن يَعۡصِ ٱللَّهَ وَرَسُولَهُ ۥ فَقَدۡ ضَلَّ ضَلَـٰلاً۬ مُّبِينً۬ا
Et aussi : « Non ! par ton Seigneur, ils n’auront pas cru jusqu’à ce qu’ils te prennent pour juge dans leur objet de dispute, puis qu’ils ne ressentent en eux aucune contrariété du fait de ta sentence et qu’ils s’y plient en complète soumission. », s.4 An-Nisâ’ (Les Femmes), v.65.
فَلاَ وَرَبِّكَ لاَ يُؤْمِنُونَ حَتَّىٰ يُحَكِّمُوكَ فِيمَا شَجَرَ بَيْنَهُمْ ثُمَّ لاَ يَجِدُواْ فِيۤ أَنْفُسِهِمْ حَرَجاً مِّمَّا قَضَيْتَ وَيُسَلِّمُواْ تَسْلِيماً
Les croyants consultent leur for intérieur lorsqu’ils font partie des personnes gratifiées par Allâh d’une solide compréhension de la religion, d’une forte intelligence et d’un cœur illuminé. Ils ne tiennent pas compte de l’avis du jurisconsulte (mouftî) lorsque leur cœur est embarrassé : le mouftî ne voit que les apparences tandis que le consultant est plus à même de connaître sa propre situation. Il se peut aussi que la personne qui consulte soit guidée par Allâh , et que le jurisconsulte se trompe en délivrant un avis fondé non pas sur un argument légal mais sur de la présomption ou inspiré par de la passion. Pour illustration : une personne gagne sa subsistance en grande partie d’une façon illicite et offre un cadeau à une autre. Le mouftî recommande au destinataire du présent de l’accepter malgré le trouble ressenti par lui : cela ne change rien au caractère équivoque du cadeau.
Consulter son cœur est bien entendu un conseil inadapté pour quelqu’un de grossier et dont l’entendement est faible. A celui-ci donc, il faudra détailler ce dont il a besoin en matière de prescriptions et d’interdits légaux.
Conclusion
Le hadîth incite les croyants à cultiver le noble caractère qui est le reflet de la piété. Son siège est le cœur, et il est important de consulter celui-ci.
Contrairement aux lois humaines qui exercent un contrôle extérieur permanent sur le comportement des hommes, la religion, pour s’interposer entre l’homme et le péché, considère l’intérieur des cœurs et invitent l’humain à sa propre introspection. Les croyants ont en le Prophète le meilleur des modèles en matière de noblesse de caractère ; ceci parce qu’il se pliait humblement à la législation divine et forgeait son tempérament au contact du Coran. Allâh dit de Son Envoyé : « Tu jouis véritablement d’un caractère élevé. », s.68 Al-Qalam (La Plume), v.4
وَإِنَّكَ لَعَلَىٰ خُلُقٍ عَظِيمٍ
Et ‘‘icha de confirmer : « La morale de l’Envoyé de Dieu était le Coran. »