(2) La législation à l’époque du Prophète (1/2)
La révélation du Coran, qui a duré vingt-trois années en tout, se divise en deux périodes pendant lesquelles les décrets religieux s’installaient progressivement et en adéquation avec le degré d’édification de la société musulmane.
Il s’agit de la période mecquoise (العَهد المَكِّي) et de la période médinoise (العَهد المَدِنِي).
Période mecquoise
Elle débute avec la première révélation et se termine avec l’émigration vers Médine (l’Hégire) ; elle a donc duré presque 13 ans (exactement 12 ans, 5 mois et 13 jours). Pendant cette phase, la révélation mettait davantage l’accent sur la foi et l’éthique. Les versets abordant des décrets relatifs à la pratique restaient rares. Cette première période visait à purifier la croyance de toutes les idées fausses accumulées pendant des siècles de polythéisme.
Parmi les exemples de versets mecquois qui ont posé le cadre de la pratique religieuse et des relations intracommunautaires, les versets 151 à 153 de sourate Al-An‘âm (Les Bestiaux) offrent une idée précise des exigences islamiques : « Dis : “Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui associez rien ; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N’approchez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu’en toute justice la vie qu’Allâh a faite sacrée. Voilà ce qu’[Allâh] vous a recommandé de faire ; peut-être comprendrez-vous (151). Et ne vous approchez des biens de l’orphelin que de la plus belle manière, jusqu’à ce qu’il ait atteint sa majorité. Et donnez la juste mesure et le bon poids, en toute justice. Nous n’imposons à une âme que selon sa capacité. Et quand vous parlez, soyez équitables même s’il s’agit d’un proche parent. Et remplissez votre engagement envers Allâh. Voilà ce qu’Il vous enjoint. Peut-être vous rappellerez-vous (152). ‘Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc ; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie.’ Voilà ce qu’Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété.” (153) »
قُلۡ تَعَالَوۡاْ أَتۡلُ مَا حَرَّمَ رَبُّڪُمۡ عَلَيۡڪُمۡۖ أَلَّا تُشۡرِكُواْ بِهِۦ شَيۡـًٔ۬اۖ وَبِٱلۡوَٲلِدَيۡنِ إِحۡسَـٰنً۬اۖ وَلَا تَقۡتُلُوٓاْ أَوۡلَـٰدَڪُم مِّنۡ إِمۡلَـٰقٍ۬ۖ نَّحۡنُ نَرۡزُقُڪُمۡ وَإِيَّاهُمۡۖ وَلَا تَقۡرَبُواْ ٱلۡفَوَٲحِشَ مَا ظَهَرَ مِنۡهَا وَمَا بَطَنَۖ وَلَا تَقۡتُلُواْ ٱلنَّفۡسَ ٱلَّتِى حَرَّمَ ٱللَّهُ إِلَّا بِٱلۡحَقِّۚ ذَٲلِكُمۡ وَصَّٮٰكُم بِهِۦ لَعَلَّكُمۡ تَعۡقِلُونَ (١٥١) وَلَا تَقۡرَبُواْ مَالَ ٱلۡيَتِيمِ إِلَّا بِٱلَّتِى هِىَ أَحۡسَنُ حَتَّىٰ يَبۡلُغَ أَشُدَّهُ ۥۖ وَأَوۡفُواْ ٱلۡڪَيۡلَ وَٱلۡمِيزَانَ بِٱلۡقِسۡطِۖ لَا نُكَلِّفُ نَفۡسًا إِلَّا وُسۡعَهَاۖ وَإِذَا قُلۡتُمۡ فَٱعۡدِلُواْ وَلَوۡ ڪَانَ ذَا قُرۡبَىٰۖ وَبِعَهۡدِ ٱللَّهِ أَوۡفُواْۚ ذَٲلِڪُمۡ وَصَّٮٰكُم بِهِۦ لَعَلَّكُمۡ تَذَكَّرُونَ (١٥٢) وَأَنَّ هَـٰذَا صِرَٲطِى مُسۡتَقِيمً۬ا فَٱتَّبِعُوهُۖ وَلَا تَتَّبِعُواْ ٱلسُّبُلَ فَتَفَرَّقَ بِكُمۡ عَن سَبِيلِهِۦۚ ذَٲلِكُمۡ وَصَّٮٰكُم بِهِۦ لَعَلَّڪُمۡ تَتَّقُونَ
Ces versets mettent l’accent sur la protection des cinq éléments les plus importants en Islam : la religion, la vie, la raison, la filiation et les biens matériels. Les principaux thèmes développés durant cette période se regroupent comme suit :
(1) l’unicité de Dieu (at-tawhîd : التَّوحِيد) avec pour corollaires l’affirmation du pur monothéisme et la réfutation de l’idolâtrie ;
(2) les bases fondamentales des nobles vertus et la condamnation des crimes perpétrés par les polythéistes tels que l’enterrement des fillettes vivantes, la spoliation des biens d’autrui, l’injustice envers les esclaves et les femmes, etc. ;
(3) des récits sur les anciennes communautés et peuples, ainsi que l’histoire de certains prophètes afin de réconforter le Prophète et ses Compagnons dans les épreuves qu’ils subissaient de la part des polythéistes ;
(4) des mises en garde contre les tribulations de l’au-delà et récits sur les bienfaits que Dieu prépare aux obéissants dans le paradis ;
(5) la consolidation des liens de fraternité entre les croyants
Les messages coraniques de cette première étape s’adressaient à tout le monde, d’où l’utilisation de formules d’appel comme « ô vous les gens ! » ou « ô fils d’Adam ! ».
Période médinoise
Dieu a autorisé au Prophète et à ses Compagnons d’émigrer à Médine après la conversion massive des Médinois à l’Islam. Le contexte était donc favorable à l’établissement d’une société musulmane basée sur des principes socio-politiques issus de la religion.
Tandis que les convertis étaient persécutés par les polythéistes à la Mecque, les musulmans de Médine cohabitaient paisiblement avec leurs concitoyens juifs ou hypocrites.
La révélation commençait donc à sortir du cadre des généralités et des fondations pour se focaliser davantage sur les ramifications et les détails propres à chaque aspect de la vie du musulman. C’est ainsi que les décrets furent révélés petit à petit, couvrant tous les domaines :
L’adoration rituelle :
– si la prière fut instaurée à la Mecque lors de l’ascension, elle ne prit sa forme définitive qu’à Médine ;
– la zakât fut mise en place en l’an 2 de l’Hégire ;
– le jeûne de Ramadan fut prescrit durant le mois de Cha‘bân de l’an 2H ;
– quant au pèlerinage, certains affirment que son instauration eut lieu en l’an 6H, lorsque Dieu révéla le verset 196 de sourate 2 Al-Baqara (La Génisse) : « Et accomplissez pour Allâh le pèlerinage et la ‘omra. […] »
[…] وَأَتِمُّواْ ٱلۡحَجَّ وَٱلۡعُمۡرَةَ لِلَّهِۚ
Ce verset fut révélé au moment où les musulmans se trouvaient à Al-Houdaybiya. D’aucuns disent qu’il fut révélé en l’an 7H, d’autres parlent de l’an 8H, voire l’an 9H ou l’an 10H.
La famille :
Apparition de décrets régissant les fiançailles, le mariage, la dote, les relations conjugales, l’allaitement des enfants, le divorce, l’héritage, etc.
Les sanctions :
Instauration des peines relatives à certains crimes ou péchés tels que la consommation de vin, la fornication, l’adultère, l’apostasie, l’atteinte à l’honneur, le vol, etc.
Les transactions :
Révélation des décrets relatifs à la vente et à l’achat, à l’usure, au prêt, au gage, etc.
Les relations avec le monde extérieur :
Mises en place des règles concernant le jihâd, les pactes de paix, la distribution du butin, le devenir des prisonniers, etc.
L’alimentation, l’habillement et les convenances comportementales :
Établissement des convenances concernant le fait de se nourrir, les interdits alimentaires, les règles de l’immolation des animaux, les limites de la ‘awra, les caractéristiques physiques de l’apparence du musulman (port de la barbe), son habillement (interdiction de l’habit d’orgueil (chohra), les convenances des salutations, etc.
Les relations avec les non musulmans :
Après avoir expliqué aux musulmans les caractéristiques de l’identité des hypocrites et des gens du Livre, la révélation s’est orientée vers les règles comportementales à respecter envers ces citoyens. Il s’agit, par exemple, de ne pas dénoncer les hypocrites, ne pas les tuer, d’engager un dialogue avec les gens du Livre, ou encore de l’attitude à adopter s’ils ne respectent pas le pacte de paix établi avec les musulmans à Médine, etc.
La période législative médinoise a duré 9 ans, 9 mois et 9 jours, depuis l’âge prophétique de 54 ans, jusqu’à ses 63 ans. C’est pendant le Grand pèlerinage du Prophète – le pèlerinage d’adieu – que le Coran annonça l’achèvement de la révélation des versets relatifs à la législation. Dieu dit : « […] Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. […] », s.5 Al-Mâ’ida (La Table servie), v.3.
[…] ٱلۡيَوۡمَ أَكۡمَلۡتُ لَكُمۡ دِينَكُمۡ وَأَتۡمَمۡتُ عَلَيۡكُمۡ نِعۡمَتِى وَرَضِيتُ لَكُمُ ٱلۡإِسۡلَـٰمَ دِينً۬ا […]
Ayant entendu ce verset, un juif dit à ‘Omar Ibnou-l-Khattâb : « Si ce verset était révélé pour notre communauté, nous aurions pris le jour de sa révélation comme fête » ; ‘Omar de répondre : « Je sais exactement quand ce verset fut révélé et à quel endroit : c’était le jour du vendredi, à l’occasion du jour de la station de ‘Arafa, lors du pèlerinage du Prophète . »
Méthodologie législative appliquée par le Prophète
La législation datant de l’époque prophétique puisait sa source dans le Coran et la sunna. Les décrets voyaient le jour de deux manières :
– soit des circonstances spécifiques suscitaient un avis du Prophète – ou la révélation de versets-réponses ;
– soit le Coran – ou le Prophète – légiféraient en l’absence de circonstances particulières.
1er cas : présence de circonstances particulières :
Les Compagnons posaient des questions directes au Prophète concernant des situations particulières ou lors d’un événement précis, à la recherche d’un avis islamique approprié au contexte. Si le Messager connaissait la réponse, il tranchait, autrement il attendait qu’Allâh lui révèle des versets ou lui inspire un jugement adéquat pour répondre. En l’absence de révélation, le Prophète finissait par donner son opinion personnelle au vu des objectifs principaux de l’Islam.
Exemple 1
Un groupe de huit personnes arriva à Médine sous prétexte de se convertir. Leur initiative n’était en fait motivée que par la faim et la recherche de pitance. Ces gens provenaient d’un hameau appelé ‘Ouyayna (dans une autre version, le village s’appelait ‘Oukl). Après leur conversion, ils tombèrent malades à cause du climat et de l’alimentation de Médine – maigres et affamés à leur arrivée, ils avaient peut-être un peu forcé sur la nourriture…
Le Prophète leur recommanda d’aller aux frontières de Médine trouver le berger responsable des chameaux de la zakât et de lui demander, de sa part, de les abreuver d’un mélange de lait et d’urine sécrétés par les chamelles allaitantes (appelées « al-liqâh : اللِّقاح). Les hommes suivirent scrupuleusement le conseil du Prophète , mais leur santé aussitôt recouvrée, ils assassinèrent le berger, apostasièrent et dérobèrent les chameaux de la zakât. Lorsque l’information arriva aux oreilles du Prophète , il envoya un groupe de musulmans à leur poursuite. Ces derniers réussirent à les arrêter et à les conduire au Messager . Suite à cet événement, Dieu révéla à Son Envoyé un verset descriptif des sentences encourues suite à leurs méfaits dans les versets 33-34 de sourate 5 Al-Mâ’ida (La Table servie) : « La récompense de ceux qui font la guerre contre Allâh et Son Messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-bas : et dans l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment, excepté ceux qui se sont repentis avant de tomber en votre pouvoir : sachez qu’alors, Allâh est Pardonneur et Miséricordieux. »
إِنَّمَا جَزَٲٓؤُاْ ٱلَّذِينَ يُحَارِبُونَ ٱللَّهَ وَرَسُولَهُ ۥ وَيَسۡعَوۡنَ فِى ٱلۡأَرۡضِ فَسَادًا أَن يُقَتَّلُوٓاْ أَوۡ يُصَلَّبُوٓاْ أَوۡ تُقَطَّعَ أَيۡدِيهِمۡ وَأَرۡجُلُهُم مِّنۡ خِلَـٰفٍ أَوۡ يُنفَوۡاْ مِنَ ٱلۡأَرۡضِۚ ذَٲلِكَ لَهُمۡ خِزۡىٌ۬ فِى ٱلدُّنۡيَاۖ وَلَهُمۡ فِى ٱلۡأَخِرَةِ عَذَابٌ عَظِيمٌ (٣٣) إِلَّا ٱلَّذِينَ تَابُواْ مِن قَبۡلِ أَن تَقۡدِرُواْ عَلَيۡہِمۡۖ فَٱعۡلَمُوٓاْ أَنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ۬ رَّحِيمٌ۬
Le Prophète ordonna alors leur condamnation à mort. Les récits divergent sur la méthode utilisée par le Messager pour sanctionner ces individus, mais ce qui est sûr, c’est que ce verset est devenu une référence incontournable pour les jurisconsultes plus tard. Ces derniers ne sont toutefois pas tous d’accord quant aux choix des peines selon les crimes perpétrés. Ainsi, l’avis de la majorité se décline comme suit :
– l’assassin qui n’a pas volé mérite d’être tué ;
– le meurtrier voleur mérite d’avoir la main droite et le pied gauche coupés avant de trouver la mort ;
– le voleur qui n’a pas tué encourt seulement la suppression de sa main ;
– celui qui sème la terreur sans donner la mort ni s’approprier ce qui ne lui appartient pas mérite d’être expulsé.
Exemple 2
Un Compagnon du nom de Aws Ibnou Thâbit décéda en laissant une épouse et trois filles. Ses deux cousins Souwayd et ‘Arfaja s’emparèrent de tout son héritage sans rien céder à la petite famille endeuillée.
La veuve vint protester de cette injustice auprès du Prophète . Le Messager convoqua les deux hommes pour leur demander une explication. Avançant l’argument de leur statut social de guerrier, les cousins s’adressèrent au Prophète en ces termes : « Ô Messager, ses enfants ne montent pas sur les chevaux, n’ont pas de responsabilité familiale et ne combattent pas nos ennemis. »
Ne sachant que répondre à leurs justifications, le Messager leur dit : « Partez et je verrai ce que Dieu décidera à propos d’elles. »
Allâh révéla alors au Prophète le verset suivant : « Aux hommes revient une part de ce qu’ont laissé les père et mère ainsi que les proches ; et aux femmes une part de ce qu’ont laissé les père et mère ainsi que les proches, que ce soit peu ou beaucoup : une part fixée. », s.4 An-Nissâ’ (Les Femmes), v.7.
لِّلرِّجَالِ نَصِيبٌ۬ مِّمَّا تَرَكَ ٱلۡوَٲلِدَانِ وَٱلۡأَقۡرَبُونَ وَلِلنِّسَآءِ نَصِيبٌ۬ مِّمَّا تَرَكَ ٱلۡوَٲلِدَانِ وَٱلۡأَقۡرَبُونَ مِمَّا قَلَّ مِنۡهُ أَوۡ كَثُرَۚ نَصِيبً۬ا مَّفۡرُوضً۬ا
Le Prophète ordonna donc à Souwayd et ‘Arfaja de ne pas se partager l’héritage uniquement entre eux, puisque la famille du défunt avait un droit dessus. Le Prophète attendait tout de même plus de détails avant de déterminer la part de chacun. Les versets 10 à 14 de sourate 4 An-Nissâ’ (Les Femmes) furent alors révélés, apportant les précisions nécessaire à une juste distribution de l’héritage : le huitième (1/8) revenait à la veuve, les deux tiers aux deux filles (2/3) et le reste aux cousins du défunt, car ils font malgré tout de « al-‘oçba : العُصْبَة » (famille élargie).
Exemple 3
Le Prophète a envoyé Marthad Al-Ghanawî à la Mecque pour en faire sortir les musulmans persécutés. Une fois arrivé à la ville sainte, une connaissance féminine de longue date qui s’adonnait à la prostitution lui proposa de l’épouser. Il accepta l’offre, à condition d’obtenir l’autorisation du Prophète SAW. Ce contexte particulier fut la cause de la révélation du verset suivant : « Et n’épousez pas les femmes associatrices tant qu’elles n’auront pas la foi, et certes, une esclave croyante vaut mieux qu’une associatrice même si elle vous enchante. Et ne donnez pas d’épouses aux associateurs tant qu’ils n’auront pas la foi, et certes, un esclave croyant vaut mieux qu’un associateur même s’il vous enchante. Car ceux-là [les associateurs] invitent au Feu ; tandis qu’Allâh invite, de par Sa Grâce, au Paradis et au pardon. Et Il expose aux gens Ses enseignements afin qu’ils se souviennent ! », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.221.
وَلَا تَنكِحُواْ ٱلۡمُشۡرِكَـٰتِ حَتَّىٰ يُؤۡمِنَّۚ وَلَأَمَةٌ۬ مُّؤۡمِنَةٌ خَيۡرٌ۬ مِّن مُّشۡرِكَةٍ۬ وَلَوۡ أَعۡجَبَتۡكُمۡۗ وَلَا تُنكِحُواْ ٱلۡمُشۡرِكِينَ حَتَّىٰ يُؤۡمِنُواْۚ وَلَعَبۡدٌ۬ مُّؤۡمِنٌ خَيۡرٌ۬ مِّن مُّشۡرِكٍ۬ وَلَوۡ أَعۡجَبَكُمۡۗ أُوْلَـٰٓٮِٕكَ يَدۡعُونَ إِلَى ٱلنَّارِۖ وَٱللَّهُ يَدۡعُوٓاْ إِلَى ٱلۡجَنَّةِ وَٱلۡمَغۡفِرَةِ بِإِذۡنِهِۦۖ وَيُبَيِّنُ ءَايَـٰتِهِۦ لِلنَّاسِ لَعَلَّهُمۡ يَتَذَكَّرُونَ
D’autres versets coraniques étaient révélés pour répondre à une question posée directement au Prophète . Ces versets commencent généralement par « Ils t’interrogent à propos de … » Quelques exemples illustrent parfaitement le sujet :
« Ils t’interrogent sur ce qui leur est permis. Dis : “Vous sont permises les bonnes nourritures, ainsi que ce que capturent les carnassiers que vous avez dressés, en leur apprenant ce qu’Allâh vous a appris. Mangez donc de ce qu’elles capturent pour vous et prononcez dessus le nom d’Allâh […] », s.5 Al-Mâ’ida (La Table servie), v.4.
يَسۡـَٔلُونَكَ مَاذَآ أُحِلَّ لَهُمۡۖ قُلۡ أُحِلَّ لَكُمُ ٱلطَّيِّبَـٰتُۙ وَمَا عَلَّمۡتُم مِّنَ ٱلۡجَوَارِحِ مُكَلِّبِينَ تُعَلِّمُونَہُنَّ مِمَّا عَلَّمَكُمُ ٱللَّهُۖ فَكُلُواْ مِمَّآ أَمۡسَكۡنَ عَلَيۡكُمۡ وَٱذۡكُرُواْ ٱسۡمَ ٱللَّهِ عَلَيۡهِۖ[…]
« Et ils t’interrogent sur la menstruation des femmes. Dis : “C’est un mal. N’ayez pas de rapport conjugal avec les femmes pendant les menstrues et ne les approchez que lorsqu’elles sont pures. Quand elles sont purifiées alors cohabitez avec elles suivant les prescriptions d’Allâh […] », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.222.
وَيَسۡـَٔلُونَكَ عَنِ ٱلۡمَحِيضِۖ قُلۡ هُوَ أَذً۬ى فَٱعۡتَزِلُواْ ٱلنِّسَآءَ فِى ٱلۡمَحِيضِۖ وَلَا تَقۡرَبُوهُنَّ حَتَّىٰ يَطۡهُرۡنَۖ فَإِذَا تَطَهَّرۡنَ فَأۡتُوهُنَّ مِنۡ حَيۡثُ أَمَرَكُمُ ٱللَّهُۚ[…]
La conduite du Prophète explicita ce verset et définit les limites à ne pas dépasser en cas d’indisposition de l’épouse. Ainsi ‘Â’icha rapporte : « Le Prophète s’allongeait et mettait sa tête sur mes jambes alors que j’étais réglée. » Elle rapporte également : « Le Prophète me demandait lorsque j’étais réglée, et je me couvrais d’un mi’zar puis il accomplissait les préliminaires. »
La sunna du Prophète complétait le Coran, puisqu’elle l’expliquait en pratique et détaillait ce que le Livre saint n’abordait que sommairement. C’est le cas des détails relatifs à la prière pour lesquels le Prophète disait : « Priez comme vous me voyez prier » ou le cas des rites du pèlerinage pour lesquels le Prophète disait : « Prenez et apprenez sur moi vos rites. » Malgré cela, lorsque certains Compagnons venaient lui demander s’il n’était pas grave d’avoir commencé par certains rites du pèlerinage plutôt que d’autres, il répondait : « Il n’y a pas de gêne en cela ».
2ème cas : absence d’événement ou de questionnement :
D’autres décrets furent révélés sans être occasionnés par des circonstances particulières ou par une interrogation explicite de la part des Compagnons. Ces prescriptions participèrent directement à l’élaboration du cadre permettant aux musulmans de pratiquer convenablement leurs adorations ou de bien gérer leurs affaires courantes.
Il faut noter que le Prophète n’encourageait pas ses coreligionnaires à poser trop de questions, c’est en ce sens qu’il a déclaré : « Ce que Dieu a déclaré licite dans Son Livre est licite, et ce qu’Il a déclaré illicite est illicite, et ce sur quoi Il ne s’est pas prononcé est un pardon, acceptez de Dieu Son pardon : “Ton Seigneur n’oublie rien” »
ما أحّل أللّه في كتابه فهو حلال، و ما حرّم فهو حرام، و ما سكت عنه فهو عفو فاقبلوا من اللّه عافيته …
Allâh s’exprime également à ce sujet dans le Coran : « Ô les croyants, ne posez pas de questions sur des choses qui, si elles vous étaient divulguées, vous mécontenteraient. Et si vous posez des questions à leur sujet, pendant que le Coran est révélé, elles vous seront divulguées. Allâh vous a pardonné cela. Et Allâh est Pardonneur et Indulgent. », s.5 Al-Mâ’ida (La Table servie), v.101.
يَـٰٓأَيُّہَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ لَا تَسۡـَٔلُواْ عَنۡ أَشۡيَآءَ إِن تُبۡدَ لَكُمۡ تَسُؤۡكُمۡ وَإِن تَسۡـَٔلُواْ عَنۡہَا حِينَ يُنَزَّلُ ٱلۡقُرۡءَانُ تُبۡدَ لَكُمۡ عَفَا ٱللَّهُ عَنۡہَاۗ وَٱللَّهُ غَفُورٌ حَلِي