(3) L’agonie ou les souffrances du trépas

Itinéraire vers l'au-delà (articles)

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   Naître est une phase douloureuse pour le nouveau-né, mais mourir l’est tout aussi, sinon davantage, pour l’agonisant.

   Lorsque le Prophète agonisait, il trempait ses mains dans l’eau pour rafraichir son noble visage, et il disait :

« Il n’y a de Dieu qu’Allâh ! L’agonie est certes pénible ! », (rapporté par Al-Boukhârî).

   Ceci fit avouer à ‘Âïcha son épouse  : « Je n’envierai plus quelqu’un dont l’agonie est aisée après avoir vu la pénibilité de la mort du Messager de Dieu ! », (rapporté par At-Thirmidî).

   Il ne faut pas se fier aux apparences d’un trépas « facile » : comment la séparation entre l’âme et le corps pourrait-elle se passer en douceur après qu’une longue et étroite liaison les ait maintenus ensemble ?

   La personne peut exprimer sa souffrance en l’accompagnant de cris, de gémissements ou d’agitations. Or, quand survient la mort le corps est si  fatigué et affaibli que toute manifestation des sensations insupportables est impossible : le mourant est à ce moment précis saisi par l’atrocité de la douleur fulgurante.

   Le Prophète avait un jour visité un malade agonisant ; il eut ces mots : « Je sais et je ressens ce qu’il éprouve : chacun de ses vaisseaux souffre de l’atrocité de la mort. »

   Bienheureux est celui que la fin surprend ! Le Messager d’Allâh déclarait : « La mort subite est une tranquillité pour le croyant et un regret pour l’incrédule.

   Dès l’instant où l’âme s’est dépouillée du corps, des anges lui apparaissent pour lui annoncer la bonne ou la mauvaise nouvelle sur son lieu de destination, le paradis ou l’enfer. Allâh affirme à ce propos : « Ceux qui disent :  » Notre Seigneur est Allâh ! « , et qui se tiennent dans le droit chemin, les anges descendent sur eux.  » N’ayez pas peur et ne soyez point affligés, mais recevez la bonne nouvelle du paradis qui vous était promis. Nous sommes vos Protecteurs dans la vie présente et dans l’au-delà, et vous y aurez ce que vos âmes désiraient et ce que vous réclamerez.  » »

    Et le Prophète d’annoncer : « Celui qui déteste la rencontre de Dieu, Dieu déteste sa rencontre. »

   Les compagnons de répliquer : « Nous détestons tous la mort ! »« Ce n’est pas cela, répondit le Prophète , mais quand le croyant agonise, la bonne nouvelle lui parvient pour lui indiquer vers où il va basculer. Aussi devient-il impatient de rencontrer Allâh, et Allâh aime sa rencontre. A l’opposé, l’égaré, ou l’incrédule, quand il agonise, il reçoit la mauvaise nouvelle et, lui, abhorre la rencontre avec Allâh, et Allâh exècre sa rencontre. »

   L’incrédule, au moment où la mauvaise nouvelle s’abat sur lui, réclame un sursis de vie afin d’emprunter le  droit chemin…Trop tard !

   Allâh dit : « Puis lorsque la mort se présente à l’un d’eux, il dit :  » Fais-moi revenir afin que je fasse du bien dans ce que j’ai délaissé.  » Non, c’est seulement une parole qu’il prononce ! Derrière eux il y a cependant une barrière jusqu’au jour où ils seront ressuscités. »

   L’extinction est inéluctable, le Messager d’Allâh a enseigné comment il fallait agir avec le mourant : « Faîtes dire à vos agonisants  » Il n’y a de dieu qu’Allâh ! « , car cela annule ce qui l’a précédé comme péchés. » ; « Celui qui meurt en déclarant : « Il n’y a de dieu qu’Allâh !  » ira au paradis. »

   Il ne s’agit pas d’insister pour que l’agonisant effectue la profession de foi, mais le mieux est de la répéter devant lui pour l’aider à la reprendre dans son cœur.

   Chahâda : « Je témoigne qu’il n’y a de dieu qu’Allâh, Unique sans associé, et je témoigne que Mouhammad est Son serviteur et Son messager »

   L’objectif est que le mourant quitte le monde en ayant comme dernière pensée qu’il reconnaît qu’il est le serviteur d’Allâh , et que Mouhammad est Son Envoyé et qu’il a délivré scrupuleusement les prescriptions, les conseils et les interdictions d’Allâh .

   Par mansuétude pour le coreligionnaire, il est bon de lui rappeler de placer son espoir en Dieu. En effet, le Prophète informait : « Dieu dit : « Je suis en conformité avec ce que Mon serviteur pense de Moi.  » »

   Le Messager d’Allâh avait visité un jeune mourant et il lui dit : « Que ressens-tu ? », l’autre répondit : « J’espère le pardon de mon Seigneur, et je crains l’issu de mes péchés. » ; le Prophète lui rétorqua alors : « Chaque fois que ces deux sentiments se réunissent dans le cœur d’un serviteur, dans une situation semblable, Dieu lui accorde ce qu’il espère et le protège de ce dont il est effrayé. »

   C’est la raison pour laquelle les pieux prédécesseurs aimaient à rappeler à l’agonisant sa bienfaisance afin qu’il se persuade de la miséricorde de Dieu.

   On rapporte ces paroles d’Aboû Al-Moû’tamine Ibnou Soulaymâne : « Quand la mort s’est présentée à mon père, il m’a dit :  » Ô Al-Moû’tamine, parle-moi du pardon divin et de la miséricorde divine ! Peut-être que je rencontrerai Dieu en espérant de Lui le pardon ?  » »

   Pour ceux qui redouteraient l’impuissance et qui ne sauraient ce qui sera prononcé comme paroles en cet instant crucial, voici quelques exemples de dires de certains mourants :

v     À ceux qui l’entouraient, Mou’âwiya Ibnou Abî Soufiâne leur disait de le mettre assis, puis il a glorifié Allâh , ensuite il a pleuré et s’est exhorté : « Rappelle-toi Mou’âwiya de ton Seigneur après la vieillesse et la faiblesse qui ont fait suite à la jeunesse lumineuse ! Ô Seigneur, pardonne les péchés du vieux dont le cœur s’est endurci ! Seigneur, protège-moi du trébuchement,  pardonne-moi l’égarement, et déverse Ta miséricorde sur celui qui n’a d’espoir qu’en Toi et qui n’a placé sa confiance qu’en Toi ! »

v     Al-Mâ’moûn fils de ‘Abdelmalik Ibnou Marwân, roi et fils de roi, s’est allongé sur des cendres et clamait : « Ô Celui dont la royauté ne meurt jamais ! Donne Ta miséricorde à celui dont la royauté est morte ! »

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v     Al-Hajjâj Ibnou Yoûssouf Ath-thaqafî, gouverneur d’Iraq a émis ces mots : « Dieu, pardonne-moi, car les gens croient que Tu ne vas pas le faire ! ». Quand on raconta cela à Al-Hassan Al-Basrî, celui-ci demanda : « L’a-t-il bien dit ? Que Dieu le fasse ! »

v     Mou’âdh Ibnou Jabal suppliait Allâh en ces termes : « Dieu ! J’ai passé ma vie à Te craindre, et aujourd’hui j’espère Ton pardon. Dieu ! Tu sais bien que je n’ai jamais aimé la vie et souhaité une grande longévité. Tu sais bien que je n’ai pas couru derrière l’écoulement des fleuves, l’implantation des arbres, mais j’ai couru derrière les prières nocturnes, la lutte contre l’égarement et les assises des savants pour me rappeler de Toi. »Et entre deux pertes de connaissance, il ajoutait : « Dieu, étrangle-moi comme Tu veux ! Tu sais bien que mon cœur T’aime plus que tout au monde ! »

v     Salmâne Al-Fârissî pleurait et on lui en demanda la raison. Il répondit : « Le Prophète nous conseillait de ne prendre de la vie que ce que prend un voyageur pour sa route. »Après sa mort, les gens ne trouvèrent dans ses affaires qu’une quinzaine de dirhams.

v     Al-Mounkadir pleurait et s’expliqua avec ses interlocuteurs : « Je ne pleure pas pour un péché que j’ai commis, mais je pleure par peur d’avoir commis un péché que j’estimais petit alors que Dieu le considère grand. »

   Pour conclure, voici ce que déclarait Al-Hassan Al-Basrî à la vue d’un homme qui agonisait : « Si le début ressemble à ça, on doit énormément craindre la fin. Et si la fin ressemble à ça, on doit être ascète pendant le début. »

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