(2) Le faux espoir en la vie

Itinéraire vers l'au-delà (articles)

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   Du néant, Le Vivant, L’Eternel a suscité la vie, et chaque existence humaine passe par cinq étapes primordiales.

1- La création des âmes — et non leur insufflation — correspond à la première phase,

elle a lieu avant la conception des êtres humains dans le ventre de leur mère. À ce moment-là, l’ensemble des âmes est présenté devant Le Créateur et Lui a fait acte de foi et d’allégeance, attestant qu’Il est le Seigneur et Maître Absolu. La scène est décrite dans s. 7 Al-A’râf , v. 172 : « Et lorsque ton Seigneur tira des lombes des fils d’Adam leurs descendants et les fit témoigner contre eux-mêmes, en leur demandant : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » Et ils répondirent : « Oui, nous en témoignons ! » Et ce, afin que vous ne puissiez plus dire le Jour de la Résurrection : « Nous avons été pris au dépourvu. » »

   Dès le commencement, chaque âme sut par ce témoignage ce à quoi elle était destinée : la reconnaissance et l’adoration du Maître de l’Univers. Le manquement à cet engagement est synonyme d’ingratitude et de trahison à l’égard d’Allâh.

2 – Puis, en seconde période, Celui qui donne forme, Celui qui façonne, attribua un corps à chaque âme, afin que se réalise l’examen de son passage sur terre, et que se concrétise ou non son adoration : « Certes, Nous avons créé l’Homme d’un extrait d’argile dont Nous avons fait ensuite une goutte de sperme déposée en un réceptacle bien protégé ; puis, Nous avons transformé cette goutte en une adhérence, et de l’adhérence Nous avons créé un embryon ; puis, de cet embryon Nous avons créé des os et Nous avons revêtu les os de chair. Ensuite, Nous l’avons transformé en une toute autre création. Gloire à Allâh, Le Meilleur des créateurs ! Après quoi, vous êtes appelés à mourir, pour être ressuscités au jour du Jugement dernier. », s. 23 Al-Mou’minoûn (Les Croyants), v. 12-16.

   Le réceptacle protégé en question est bien entendu l’utérus, où l’embryon dénué d’âme continue son développement. À partir du cent-vingtième jour, l’âme et le corps fusionnent par l’entremise d’un ange, conformément à cette parole du Prophète  : « La création de l’un d’entre vous se fait dans le ventre de sa mère comme suit : il est quarante jours une « noutfah » (cellule), puis quarante jours une «‘alaqah » (adhérence qui s’accroche), puis quarante jours une « moudghah » (un morceau de chair). Enfin un ange lui est envoyé, il lui insuffle l’esprit vital, et reçoit l’ordre d’inscrire quatre décisions [le concernant] à savoir : ce qui lui est imparti comme bien et nourriture, délai de vie, actes et condition heureuse ou malheureuse… », (rapporté par At-Tirmidhî et autres).

   Lorsque toutes les conditions requises sont réunies, l’homme, après les ténèbres, voit le jour …son périple sur Terre peut dès lors commencer…

3 – La vie sur Terre est le troisième temps de l’existence humaine. Elle est une étape clé et un test éprouvant pour la foi des hommes. Bref ou long — parfois il n’a pas lieu — le voyage prend fin avec la mort : l’âme jeune ou usée se sépare de son enveloppe corporelle, et, dans le meilleur des cas pour un croyant, le corps bénéficie d’une sépulture convenable et l’âme se repose.

   Allâh dit, en parlant de Lui-même : « Qui a créé la vie et la mort pour vous éprouver et connaître ceux d’entre vous qui se conduisent le mieux. C’est Lui, Le Tout-Puissant, Celui qui absout les fautes. », s. 67 Al-Moulk (La Royauté), v. 2.

4 – L’avant-dernière phase, la tombe dite « Al-Barzakh » (l’isthme) est un avant-goût de ce que vivra l’homme dans l’au-delà : ou bien la tombe est une fenêtre par laquelle le défunt peut jouir de la vue de sa demeure paradisiaque ; ou bien elle est une porte béante sur l’enfer. Les croyants trouveront en leur sépulture un lieu de repos, tandis que les incrédules y seront châtiés.Tous seront dans l’expectative des deux souffles de clairon : le premier annonçant la fin du monde, le second la Résurrection.

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5 – La cinquième phase correspond au retour vers Le Créateur : la Résurrection est une réalité fatidique pour l’homme, qu’il soit, par conséquent, attentif lorsqu’il se trouve en milieu de parcours, au moment de sa vie sur Terre, car celle-ci représente l’étape centrale dont dépendra l’avenir du trépassé dans l’au-delà. Allâh annonce : « Un seul cri retentira et voilà les morts hors de leur tombes, bien réveillés et s’écriant : « Malheur à nous ! Voilà que le jour du Jugement dernier est arrivé ! » Oui, voilà le Jour de la Décision que vous traitiez de mensonge ! », s. 37 As-Sâffât (Les Rangs), v. 19-21.

   Tous les êtres se présenteront nus devant leur Seigneur : les pieux se dresseront sur leurs jambes ; ceux qui ont trahi leur pacte avec Dieu durant leur vie terrestre se traîneront sur leur face. Dans leur attente angoissante de la sentence divine, les croyants interpelleront tour à tour les prophètes pour qu’ils intercèdent en leur faveur auprès de Dieu, mais ceux-ci leur avoueront leur impuissance, pour finalement les diriger vers Mouhammad , seul autorisé à intercéder pour sa communauté.Puis le Jugement tombe : les uns convergeront vers l’enfer, tandis que les autres atteindront le paradis en franchissant as-sirat, un pont surplombant la géhenne. La vitesse de leur déplacement sera relative au poids de leur bienfaisance et de leurs péchés. Certains passeront comme l’éclair, la plupart avec plus de difficultés, craignant à tout instant la chute. Ceux qui réussissent rejoindront le Prophète près d’un grand bassin où ils étancheront leur soif…

   N’ignorant plus les tenants et les aboutissants de sa création, l’homme peut-il encore continuer à placer tous ses espoirs en la vie mondaine, alors qu’elle-même est vouée à l’extinction ? Le Prophète enseignait à ‘Abdoullâh Ibnou ‘Omar  : « Quand tu te réveilles le matin, n’espère pas vivre jusqu’à la nuit. Et quand tu atteins la nuit, n’espère pas vivre jusqu’au matin. Prends une part de ta vie pour ta mort, et une part de ta santé pour ta maladie, car tu ne sais pas, ô ‘Abdallâh, ce que sera ton nom demain (malheureux ou bienheureux) »

   Si on informe le fœtus qu’il quittera un jour les doux et chauds bercements de l’étroit et obscur ventre maternel pour un monde vaste et lumineux, un univers duquel il tirera sa subsistance par ses propres moyens, un macrocosme dont il respirera l’air…le croirait-il ou pourrait-il seulement se l’imaginer ?

   Pourtant, des signes extérieurs lui parviennent…la voix mélodieuse de sa mère, celle plus grave de son père, et des bruits diffus. Il trouve le réconfort en se collant à la paroi abdominale pour sentir le passage des mains  caressantes…il ne peut se la représenter, mais il pressent une vie extérieure. Une fois né, il survit à la rupture du cordon ombilical, dernière attache avec le monde utérin. La vie sur Terre est à une autre échelle aussi éphémère que l’existence utérine : l’homme, usufruitier privilégié, ne peut-il donc croire qu’il puisse la quitter pour basculer un jour dans une vie éternelle ? Des signes du Tout Miséricordieux ne lui sont-ils pas parvenus…ou n’y a-t-il pas prêté attention ?

   L’humain est par nature oublieux et parfois… se complaît dans l’amnésie : maints rappels ne lui suffisent souvent plus.  Dieu dit à propos des insouciants : « Laisse-les donc à leurs intrigues et à leurs plaisirs frivoles jusqu’à ce que le jour promis vienne les surprendre ! », s. 70 Al-Ma’ârij (Les Degrés), v. 42.

   ‘Alî Ibnou Abî Tâlib , cousin et gendre du Prophète , reconnu pour son éloquence, déclarait : « Il y a deux choses que je crains pour vous : la poursuite du plaisir et le long espoir ; car le plaisir fait barrage à la vérité, et le long espoir fait aimer la vie. La religion a des fils, et la vie a des fils : soyez les fils de la religion, et ne soyez pas les fils de la vie. La vie s’éloigne constamment, tandis que l’au-delà se rapproche progressivement. Aujourd’hui vous êtes en un jour d’œuvre sans jugement, mais vous risquez de basculer vers un jour de jugement sans œuvre. »

   Renoncer à étourdir son esprit et à miner son cœur par les attractions terrestres n’est pas un sacrifice trop difficile pour qui en fait délibérément le choix et se remémore les mots rapportés sur le Prophète  : « Dieu protège de la vie comme vous agissez de même avec vos malades en leur interdisant nourriture et boisson. » ; « L’ascétisme dans la vie tranquillise le cœur et le corps, et l’amour de la vie prolonge les soucis et  la tristesse. »
Le souvenir de la mort a bel et bien des avantages, en ce sens qu’il limite les espoirs des croyants et stimule les aspirants à multiplier leurs bonnes actions en vue de la rencontre avec Allâh .

   Nul ne peut prétendre connaître l’heure de son trépas, aussi…qu’il se considère donc en état d’alerte et d’urgence ! Le Messager d’Allâh a prévenu les musulmans : « Oeuvrez avant l’arrivée des sept tribulations : un enrichissement qui préoccupe ; un appauvrissement qui provoque l’oubli ; une maladie qui annihile la santé ; une vieillesse qui ralentit l’action ; une mort qui surprend ; l’antéchrist : il est l’absent dont on déteste la venue ; et l’Heure du Jugement : c’est la pire de toutes. »

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