L’imâm An-Nassâ’î
À la quête du savoir
Aboû Abdar-Rahmân Ahmad Ibnou ‘Alî Ibnou Chou’ayb Ibnou Bahr Ibnou Sinân, plus communément connu sous le nom d’An-Nassâ’î, naquit en 215 H à Nasâ’ dans la province perse du Khorasân.
Après avoir acquis la science du hadîth avec les savants de sa ville, il voyagea à travers sa propre province, puis l’Iraq, le Hidjâz, la Syrie et l’Egypte pour apprendre. Il s’installa en Egypte où il établit un centre d’études et d’enseignement.
L’imâm An-Nassâ’î respectait la sounna du Prophète dans ses moindres détails, éprouvait de l’aversion pour la déviation quelle qu’elle soit et évitait les cercles royaux. Il passait un grand nombre de jours et de nuit en prières, il accomplit le pèlerinage à plusieurs reprises et participa même aux batailles aux côtés des musulmans.
Le plus illustre de son temps
De nombreux érudits vantèrent les mérites d’An-Nassâ’î. Ibnou Khallikân écrivit à son sujet : « Il était l’imâm du hadîth de son temps » ; Ad-Dâraqoutnî dit : « Il se distinguait de tous les mouhadditîn de son époque ».Il doit sa renommée à son célèbre Sounnan An-Nassâ’î, qui est un recueil de 5751 ahadîth, divisé en 51 chapitres concernant principalement al-‘ibâdâtes (le culte). Il ne s’est pas contenté de répertorier les paroles prophétiques, il y décrit aussi les défauts de chaque hadîth ; il expose tout désaccord évoqué sur le statut, le nom ou encore la « kounya » (surnom) des narrateurs ; enfin il explique les variations entre les différentes versions d’un même hadîth.Beaucoup de savants considèrent que cette compilation contient le moins d’ahâdîths faibles après les deux grands sahîhs.
Il rédigea d’autres ouvrages tels que :
– Kitâb ad-dou’afâ’ wa-l-matroukîn (Livre sur les transmetteurs de traditions faibles et peu dignes de confiance) ;
– Tasmyatou fouqahâ’i al-amsâri fî-t-tafsîr (Les noms des exégètes et commentateurs du Coran dans les différentes contrées).
An-Nassâ’î : élève et professeur
Il eut plusieurs professeurs : le Mouhaddîth Qoutayba Ibnou Sa’îd Al-Balkhî fut le premier d’entre eux, puis suivirent Ishâq Ibnou Rahawayh, Mouhammad Ibnou Nasr, Mouhammad Ibnou Bichr et l’illustre Aboû Dâwoûd.
Ses étudiants venaient des quatre coins du monde musulman. Outre son propre fils, quelques autres célèbres disciples étaient ‘Alî Ibnou Ja’far At-Tahawî, Aboû-l-Qâsim At-Tabarânî, Mouhammad Ibnou Mou’âwiya Al-Andalousî, et Aboû Ja’far At-Tahânî.
Sa fin
En 302 H, An-Nassâ’î partit pour Damas, où il remarqua un groupe de gens affichant une certaine hostilité à l’égard de ‘Alî Ibnou Abî Tâlib . Cette situation le poussa à écrire un livre pour honorer ce noble compagnon, Kitâb al-khassâ’is fî fadl ‘Alî Ibnou Abî Tâlib (Le livre de l’essentiel des bienfaits de ‘Alî Ibnou Abî Tâlib). Il se mit ensuite à le lire aux fidèles à la mosquée. Il n’avait lu que quelques lignes qu’il fut immédiatement accusé d’être chiite et fut roué de coups extrêmement violents qui marquèrent son corps à jamais. Certaines versions mentionnent qu’il fut emprisonné et torturé à Damas. Quoi qu’il en fût, il demanda à être rapatrié à la Mecque. À peine arrivé dans la cité sacrée en 303 H, il quitta ce monde, laissant derrière lui le souvenir d’un homme courageux et dévoué.