L’imâm Mouslim (que Dieu lui accorde Sa miséricorde)

Biographie des savants

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   L’imâm Mouslim est une des grandes références du hadîth. Son nom est souvent associé à celui de l’imâm Al-Boukhârî, et il est surnommé « l’imâm des savants du hadîth ». Son cheikh Mouhammad Ibnou Bachchâr disait des traditionnistes de son époque :

« Ceux qui ont le mieux retenu les ahâdîth sur terre sont au nombre de quatre, Aboû Zour’ah Ar-Râzî à Rayy, Mouslim à Naysâboûr, ‘Abdoullâh Ad-Dârimî à Samarqand et Mouhammad Ibnou Ismâ’îl Al-Boukhârî à Boukhârâ ». Mais l’élève et ami de Mouslim, Ahmad Ibnou Salamah An-Naysâboûrî précisait à son propos : « J’ai vu Aboû Zour’ah et Aboû Hâtim donner la prééminence à Mouslim Ibnou-l-Hajjâj par rapport aux autres sommités du hadîth de son époque ».

Ses origines

   Aboû-l-Houssayn Mouslim Ibnou Al-Hajjâj Al-Qouchayrî An-Naysâboûrî naquit en l’an 204 H (206 H selon d’autres versions) à Naysâboûr, une ville de la province iranienne du Khorâsân. Sa famille appartenait à la tribu de Qouchayr, issue du clan arabe de Banoû Rabi’ah. Cette tribu joua un rôle important dans l’histoire de l’Islâm, et beaucoup de ses membres furent des compagnons du Prophète . Après les conquêtes musulmanes, de nombreuses familles arabes émigrèrent vers les nouvelles provinces, où plusieurs de leurs chefs exercèrent des fonctions notables à l’instar de Kathoûm Ibnou Iyâz, gouverneur de l’Afrique. Les ancêtres de Mouslim occupèrent aussi des postes importants à l’époque des quatre califes bien guidés.

   Les parents de Mouslim étaient très pieux : son enfance fut donc bercée par le constant rappel de Dieu. Le père, traditionniste de renom en son temps, légua non seulement une grande fortune à Mouslim, mais également une remarquable piété. Doté d’une mémoire exceptionnelle, le futur docte s’initia très jeune à l’apprentissage de la chari’ah (loi islamique). Agé de treize ans, il fut enrôlé dans les sciences du hadîth par son professeur Yahyâ At-Tamîmî. Il quitta sa terre natale à 16 ans pour effectuer son pèlerinage, et profita de sa présence à la Mecque pour assister aux cours de hadîth de ‘Abdoullâh Ibnou Maslamah Al-Qa’nabî. Puis, il se rendit à Koufa pour s’asseoir aux séances de hadîth d’Ahmad Ibnou Yoûnous.

Ses professeurs et ses élèves

   Mouslim suivit d’abord l’enseignement des savants de sa région natale, le Khorasân. Puis il fit route vers Rayy (près de Téhéran) où il rencontra l’honorable imâm Aboû Zour’âh Ar-Râzî. Il continua à accumuler le savoir des traditionnistes de Koufa, Bassora et Baghdâd où il s’est rendu plusieurs fois ; lors de son dernier passage à Baghdâd en 259 H, ce fut son tour d’enseigner les sciences du hadîth. A la Mecque et à Médine, il assista aux leçons d’illustres savants de son époque, notamment Ismâ’îl Ibnou Ouways et Sa’îd Ibnou Mansoûr. Al-Khatîb Al-Baghdâdî, Ibnou ‘Asâkir et As-San’ânî rapportaient que Mouslim aurait aussi étudié au Châm (Syrie, Liban et Palestine), ce que réfutait l’imâm Adh-Dhahabî, dont l’opinion était qu’il ne fit que passer par cette contrée pour atteindre l’Egypte. Il comptait parmi ses professeurs le jurisconsulte et hâfidh Ishâq Ibnou Rahwayh, l’imâm Ahmad Ibnou Hanbal, le spécialiste de la science du jarh et atta’dîl Yahyâ Ibnou Ma’în, ‘Oubaydoullâh Al-Qawarirî, Qoutayba Ibnou Sa’îd, ‘Abdoullâh Ibnou Maslamah Al-Qa’nabî, Harmalah Ibnou Yahya et bien d’autres.

   Après ces déplacements, il s’installa à Naysaboûr où il rencontra l’imâm Al-Boukhârî. Découvrant les vastes connaissances et le noble caractère de ce brillant érudit, il s’attacha à lui jusqu’à sa mort. Il assistait aussi aux cours de Mouhammad Ibnou Yahya Adh-Dhouhlî, mais lorsque surgit la divergence entre ce dernier et l’imâm Al-Boukhârî au sujet de la création du Saint Coran, Mouslim resta fidèle à son enseignant favori et ne fréquenta plus Adh-Dhouhlî.

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   Beaucoup d’étudiants ont bénéficié des connaissances de l’imâm Mouslim. Certains devinrent célèbres et occupèrent une position prépondérante : Aboû Hâtim Ar-Râzî, Moûssâ Ibnou Hâroûn, Ahmad Ibnou Salâmah, Aboû ‘Issâ At-Tirmidhî, Aboû Bakr Ibnou Khouzaymah, Aboû ‘Awânah, Yahyâ Ibn Sâ’id et Aboû Bakr Mouhammad Ibnou An-Nadhîr Al-Jârûdî.

Son travail

   Mouslim rédigea de nombreux ouvrages et traités sur le hadîth, le plus important étant sa compilation « Al-Jami’ As-Sahîh », plus connu sous l’appellation de « Sahîh Mouslim » qu’il débuta à 29 ans et qu’il acheva quinze années plus tard. Son labeur regroupait 300000 ahâdith, mais après une étude critique appliquée, il n’en sélectionna que 4000 pour son recueil. Plusieurs savants estiment que cet ouvrage est le plus authentique après « Sahîh Al-Boukhârî ».

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   La caractéristique de son excellent ouvrage, c’est la sélection pointilleuse d’ahâdîth dépourvus de défauts et acceptés à l’unanimité par de grands savants en la matière. Son chef-d’œuvre doit aussi sa popularité à la classification méthodique des différents ahadîth qu’il a choisit de ne mentionner qu’une seule fois avec leurs diverses chaînes de transmission. Il se compose de 54 chapitres, eux-mêmes subdivisés en sous-chapitres. Mouslim fut grandement reconnu pour son aisance à agencer les ahadîth entre eux. Cette qualité lui est propre car même Al-Boukhârî n’avait pas atteint ce niveau dans la disposition des textes.

   On peut lire dans la préface du commentaire de « Sahîh Mouslim » d’An-Nawâwî : « [ce livre] lui a conféré une agréable renommée et l’a comblé d’éloges jusqu’au Jour du Jugement ». Quant à al-hâfidh Ibnou-s-Salâh, il affirmait : « Par son recueil, Dieu – que Son Nom soit exalté – l’a élevé tel un astre. Il est devenu ainsi un Imâm, un argument, dont le nom est mentionné en permanence dans les sciences du hadîth ainsi que dans d’autres sciences ».

   Même si, pour certains doctes tel l’imâm An-Nassâ’î, le « Sahîh » de Mouslim dépasse par ses qualités l’œuvre d’Al-Boukhârî, la majorité des savants penchent pour Al-Boukhârî pour la simple raison qu’il était l’initiateur du méticuleux recensement des paroles prophétiques, et n’avait bénéficié de l’expérience de quiconque auparavant pour un tel projet. Mouslim, lui, a profité du savoir et du recul de son maître dans cette entreprise ; il reconnaît d’ailleurs la supériorité de son prédécesseur. Ad-Daraqoutnî soulignait même que « sans Al-Boukhârî, Mouslim n’aurait rien pu ».

   En matière de sciences du hadîth, toutes les traditions reconnues à la fois par Al-Boukhârî et Mouslim portent la mention « mouttafaqoun ‘alayh » (« ils s’accordent dessus »).

  Plusieurs publications complètent sa bibliographie :

–          « Kitâbou-l-Mousnad Al-Kabîr »,

–          « Al-Jamî’ou-l-Kabîr »,

–          « Kitâbou-l-Asma’ wa-l-Kounya »,

–          « Kitâbou-l’ilal »,

–          « Tabaqât At-Tabi’în »,

–          « Al-Mounfaridât wa-l-Wijdân », etc.

D’aucunes ont sombré dans l’oubli :

–          « Awlâd As-Sahâbah » (« Les Fils des Compagnons ») ;

–          « Al-Ikhwâ wa-l-Akhawât » (« Les Frères et les Sœurs ») ;

–          « Al-Aqrân » (« Les Paires ») ;

–          « Awhâm Al-Mouhadithîn » (« Les illusions des Mouhaddiths ») ;

–          « Dhikr Awlâd Al-Houssayn » (« Mention des Fils d’Al-Houssayn »),

–          « Machâyikh Mâlik » (« Les cheykhs de Mâlik »),

–          « Machâyikh Ath-Thawrî » (« Les cheykhs d’Ath-Thawrî »),

–          « Machâyikh Chou’bah » (« Les cheykhs de Chou’bah »).

Les livres inspirés de « Sahîh Mouslim »

   Beaucoup de savants s’attelèrent à la rédaction de commentaires de « Sahîh Mouslim » : Al-Qâdî ‘Iyâd a élaboré « Ikmâl Al-Mou’lim bi Fawâ’idi Mouslim », An-Nawâwî a écrit « Al-Minhâj fî Charh Sahîh Mouslim Ibnou-l-Hajjâj », etc. D’autres s’engagèrent plutôt dans la composition d’ouvrages traitant des rapporteurs cités dans la compilation : Ibnou Manjawih Al-Asbahânî est l’auteur de « Rijâl Sahîh Mouslim » (« Les hommes de Sahîh Mouslim »), Ibnou Chirbîn Al-Ansârî rédigea « Rijâl Mouslim Ibnou-l-Hajjâj » (« Les hommes de Mouslim Ibnou-l-Hajjâj ») et al-hâfidh Adh-Dhahabî écrivit « Tasmiyâtou Rijâli Sahîhi Mouslim Alladhîna Infarada bihim ‘ani-l-Boukhârî » (« Mention des hommes de Sahîh Mouslim qu’Al-Boukhârî n’a pas cités »).

   Plusieurs abrégés, tronquant les répétitions et des chaînes de transmission, sont apparus : « Moukhtasar Sahîh Mouslim » (« L’Abrégé de Sahîh Mouslim ») de l’Imâm Al-Qourtoubî, « Al-Jâmi’ Al-Mou’lim bi Maqâsidi Jâmi’ Mouslim » (« La Somme informant des finalités de la Somme de Mouslim ») d’Al-Moundhirî.

   « Sahîh Mouslim » et « Sahîh Al-Boukhârî » se sont même côtoyés dans un même ouvrage élaboré par des érudits de la génération précédente : Al-Jawzaqî et Al-Baghawî.  Ach-Chinqîtî composa « Zâd Al-Mouslim fîmâ ittafaqa ‘Alayhi Al-Boukhârî wa Mouslim » (« Les provisions du musulman sur les ahadîth agréés par Al-Boukhârî et Mouslim »). Mouhammad Fu’âd Abdoul-Bâqî a quant à lui rédigé « Al-Lou’lou’ou wa-l-Marjân fîma-tafaqa ‘alayhi Ach-Chaykhân ».

Sa fin

   Mouslim partageait son temps entre l’enseignement et l’écriture. Il était tellement absorbé par son travail qu’il y passait ses nuits. Il ne survécut pas à la maladie et n’acheva pas le traitement d’une question posée lors de ses cours. Il décéda une nuit du mois de Rajab en 261 H (875 ap. J.-C.) à l’âge de 57 ans et fut inhumé dans les environs de Naysâboûr. Paix à son âme, lui qui a tant contribué au savoir islamique.

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