L’importance de prier à la mosquée
L’Envoyé de Dieu a dit : « Si les gens connaissaient le bien qu’il y a pour ceux qui appellent à la prière et ceux qui arrivent les premiers aux mosquées pour occuper les premiers rangs, puis ne trouvent que le tirage au sort pour se départager, ils tireraient sûrement au sort.
S’ils savaient ce qui est réservé à ceux qui se hâtent [pour accomplir la prière], ils se surpasseraient les uns et les autres. S’ils savaient ce qui est destiné à ceux qui effectuent les prières [en commun] de l’aube et du soir, ils viendraient se traînant sur leur ventre et à quatre pattes. » (Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim, d’après Aboû Hourayra).
« Ceux qui appellent à la prière auront les cous plus longs au jour de la Résurrection [c’est-à-dire qu’ils seront plus proches du paradis]. » (Rapporté par Mouslim).
Préliminaires
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est bon de rappeler que la prière est un des piliers les plus importants de l’Islam.
D’après ‘Abdoullâh Ibnou ‘Omar , le Messager d’Allâh a dit : « L’Islam est construit sur cinq : l’attestation qu’il n’y a point de divinité digne d’être adorée qu’Allâh et que Mouhammad est le Messager d’Allâh ; l’accomplissement de la salât ; l’acquittement de la zakât [impôt purificateur] ; le pèlerinage et le jeûne du mois de Ramadan. », (rapporté par Al-Boukhârî, Mouslim, At-Tirmidhî et An-Nassâ’i).
Allâhdéclare : « La prière est pour les croyants une obligation en des temps déterminés. », s.4 An-Nisâ’ (Les Femmes), v.103.
‘Abdoullâh Ibnou Mas’oûd rapporte qu’il vint voir le Prophète et lui demanda : « Ô Prophète, quelles sont les meilleures œuvres au regard d’Allâh ? » Il lui répondit : « La prière accomplie à son heure, la bonté envers les parents, le jihâd dans le sentier d’Allâh.» (Rapporté par Al-Boukhârî).
Le Prophète a clairement défini les temps des différentes prières. D’après Jâbir Ibnou ‘Abdillâh, « Jibrîlest venu voir le Prophète et lui a dit : « Lève-toi et accomplis la salât ! » Il a donc prié le dhohr quand le soleil commençait à dériver de son zénith ; puis il est revenu pour le ‘açr et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le ‘açr lorsque la taille de l’ombre était égale à la taille de l’objet ; puis il revint pour la prière du maghrib, et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le maghrib lorsque le soleil a disparu à l’horizon ; puis il est venu pour la prière du ‘ichâ, et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le ‘ichâ lorsque la lumière rouge a disparu dans le ciel ; puis il est venu pour la prière du fajr, et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le fajr lorsque l’aube apparaissait.
Puis il est revenu le lendemain pour le dhohr, et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le dhohr lorsque l’ombre était égale à l’ombre de l’objet [‘açr de la veille] ; puis il est venu pour la prière du ‘açr, et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le açr lorsque l’ombre était égale à deux fois la taille de l’objet, puis il est venu pour le maghrib, et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le maghrib à la même heure [que la veille] ; puis il est venu pour la prière du ‘ichâ, et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le ‘ichâ à la moitié de la nuit ; puis il est venu lorsque le soleil allait presque se lever, et lui a dit : « Lève-toi et prie ! », il a donc prié le fajr, puis il a dit : » Entre ces deux temps est l’heure de chaque prière. » » (Authentique rapporté par Ahmad, An-Nassâ’i et At-Tirmidhî).
Il y a consensus des savants sur le cas de celui qui renie l’obligation de la salât : celui-ci sort de l’Islam et devient mécréant. Il y a néanmoins divergence concernant celui qui délaisse la salât tout en admettant son obligation. La cause en est l’existence de ahadîth qui déclarent mécréant celui qui abandonne la salât sans distinction entre le renégat et le négligeant :
· D’après Jâbir, le Prophète a déclaré : « Entre l’homme et la mécréance il y a le délaissement de la salât. » (Authentique, rapporté par Mouslim, Aboû Dâoûd, At-Tirmidhî et Ibnou Mâjah).
· Bouraydaa dit entendre le Prophète dire : « Le pacte qui nous différencie des mécréants est la salât, celui qui la délaisse commet alors un acte de mécréance. » (Authentique, rapporté par Ibnou Mâjah, An-Nassâ’i et At-Tirmidhî).
· ‘Oubâda Ibnou Aç-Çâmit a dit entendre le Messager d’Allâh affirmer : « Allâh a prescrit pour Ses esclaves cinq prières. Celui qui vient avec en les ayant accomplies sans en perdre quelque chose et sans les négliger obtiendra chez Allâh la promesse d’entrer au paradis ; et celui qui ne vient pas avec n’aura chez Allâh aucune promesse : s’Il veut, Il le châtie et s’Il veut Il lui pardonne. » (Authentique, rapporté par Mâlik, Ahmad, Aboû Dâoûd, Ibnou Mâjah et An-Nassâ’i).
La parole la plus juste est donc que la mécréance est mineure puisque la parole du Prophète « (…) et celui qui ne vient pas avec n’aura chez Allâh aucune promesse : s’Il veut, Il le châtie et s’Il veut Il lui pardonne. » ne s’oppose pas à celle d’Allâh: « Certes Allâh ne pardonne pas que l’on Lui donne quelqu’associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allâh quelqu’associé, il commet un énorme péché. », s.4 An-Nissâ’ (Les Femmes), v.48.
L’intérêt d’accourir à la prière en commun
Les cinq prières quotidiennes sont à effectuer de préférence à la mosquée, en ce qui concerne les hommes ; celle du vendredi leur est obligatoire en ce lieu, hors excuse valable. Il est mieux pour la femme de prier en sa demeure, même si l’accès à la mosquée ne lui est pas interdit.
La prière en elle-même renferme indéniablement de nombreuses vertus pour la purification spirituelle des orants en les rapprochant d’Allâhet en les éloignant des actes blâmables ; elle leur assure la santé physique et psychologique (cf. rubrique Sciences-Santé : Les bienfaits de la prière sur la santé).
Elle joue un rôle hautement socialisateur lorsqu’elle est pratiquée en groupe, car elle renforce la spiritualité des orants et les liens de fraternité entre les croyants ; elle les sort de l’isolement : le croyant esseulé est effectivement une proie aisée pour les démons.
C’est pour toutes ces raisons, et d’autres connues d’AllâhSeul, que le Prophète de l’Islam incite les croyants à se rendre à la maison de Dieu pour l’accomplir. Il déclare en substance : « La prière d’un homme au sein d’un groupe vaut vingt-sept degrés de plus que celle de l’un d’entre vous qui prie seul. » (Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim sur Aboû Hourayra).
« La prière en commun effectuée par l’homme vaut vingt-cinq fois celle qu’il fait chez lui ou au marché, de la manière suivante : lorsqu’il fait ses ablutions d’une façon intègre, puis se rend à la mosquée sans aucun autre but que la prière, il ne fait pas un pas sans qu’il soit élevé d’un degré et qu’un de ses péchés soit effacé. Lorsqu’il accomplit la prière et reste longtemps dans son oratoire en état de pureté, les anges invoquent Dieu pour qu’Il répande sur lui Ses bénédictions en disant : « Ô Grand Dieu, accorde-lui Tes bénédictions et fais-lui miséricorde. » Il ne cesse d’être en prière tant qu’il attend la prière [suivante]. » (Rapporté par Aboû Hourayra).
La prière en commun est si primordiale qu’une sourate du Saint Coran porte le nom de celle du vendredi « Al-Joumou’a » pour honorer ce jour de rassemblement obligatoire des musulmans.
L’Envoyé de Dieu a dit : « Le meilleur des jours où le soleil se lève est le jour du vendredi où Âdam a été créé, où il est entré au paradis et en est sorti. Quiconque fait ses grandes ablutions puis se rend à la mosquée [pour assister à l’office] et écoute attentivement [le prône de l’imâm], celui-là verra ses péchés pardonnés entre les deux vendredis et durant trois jours en plus. Que ceux qui se distraient avec les cailloux et agissent futilement [pendant le prêche] s’abstiennent de s’amuser avec une chose pareille pour que Dieu ne cèle leur cœur et ne les compte parmi les distraits.» (Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim).
Pour tirer pleinement profit des retombées spirituelles et des récompenses divines, il est préconisé aux croyants d’adopter une attitude digne et calme dans les mosquées, un comportement éloigné de la distraction dans tous les sens du terme.Les orants s’obligent à une autodiscipline quasi martiale. Selon Anas Ibnou Mâlik,l e Prophète enseignait : « Egalisez vos rangs, car leur égalisation fait partie de la prière. ». Cette pratique est si importante que l’Envoyé d’Allâhla compare à celle des nobles anges, d’après les propos de Djâbir Ibnou Samra : «L’Envoyé de Dieu est sorti [de son appartement pour la prière] et nous a dit : « Ne faites-vous pas des rangs comme le font les anges auprès de leur Seigneur ? ». » Et comment les anges se mettent-ils en rang ? », demande-t-on. Il répondit : « Ils accomplissent le premier rang en se serrant, car le meilleur des rangs est le premier, son dernier est le plus mauvais [pour les hommes] ; quant aux femmes, le dernier rang est le meilleur, tandis que le premier est le plus mauvais. » » (Rapporté par Mouslim).
Cependant, la réalité de la foi des musulmans ne sera complète et effective que lorsque ceux-ci fourniront l’effort personnel nécessaire pour se lever avant l’aube et se rendre à la demeure de Dieu pour adorer leur Seigneur comme cela sied à Sa majesté. L’Envoyé de Dieu a dit : «Les deux raka’ats de l’aube valent mieux que le bas monde et ce qu’il contient. » (Rapporté par Mouslim d’après ‘Âïcha) ; « Celui qui prie aux deux « fraicheurs » [al-bardayn : l’aube et l’açr] entrera au paradis. » (Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim) ; « N’entrera jamais en enfer quiconque prie avant le lever et le coucher du soleil [c’est-à-dire les prières de l’aube et de l’açr]. » (Rapporté par Mouslim).
Aboû Hourayra a rapporté que le Messager d’Allâh a dit : «Les prières les plus pénibles pour les hypocrites sont celles du soir et de l’aube. S’ils savaient [ce qu’il y a comme récompense] pour ces deux prières, ils se seraient rendus à la mosquée même en allant à quatre pattes.» (Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim).
La salât de fajr est essentielle : elle traduit le fort et sincère attachement du croyant pour Le Créateur. C’est pourquoi l’orant de ce moment est valorisé par l’Islam. En effet le Prophète informait : « Quiconque accomplit la prière du sobh (le matin) est déjà sous la protection d’Allâh. Ô fils d’Âdam ! Fais en sorte qu’Allâh ne te demande pas des comptes sur quelqu’un placé sous Sa protection. » (Selon Joundoub Ibnou Sofiâne, rapporté par Mouslim).
A l’époque du Prophète et des Compagnons, celui qui délaisse la prière de fajr en congrégation est considéré comme quelqu’un dont le cœur est mort : des condoléances lui sont présentées à l’occasion.
‘Othmâne Ibnou ‘Affânedit avoir entendu le Prophète dire : «Quiconque prie I’‘icha en commun, c’est comme s’il a prié la moitié de la nuit. Et quiconque prie fajr en commun, c’est comme s’il a prié la nuit toute entière.» (Rapporté par Mouslim).
Conclusion
« Les anges se succèdent auprès de vous, les uns pendant la nuit et les autres pendant le jour, et ils se réunissent pour la prière de l’aube et la prière de l’açr, puis ceux qui ont passé la nuit près de vous remontent au ciel et Dieu, bien qu’Il sache mieux qu’eux à quoi s’en tenir, leur demande : « Comment avez-vous laissé mes adorateurs ? — Nous les avons laissés en train de prier, répondent-ils, et nous les avons trouvés en train de prier. » » (Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim).
Telle doit être l’image des croyants sincères : leur cœur est attaché à la prière et à la mosquée ; l’emprise du bas monde est faible sur eux. Ils ont vendu leur âme à Allâh, et Le Seigneur a fait d’eux des rapprochés en leur facilitant Sa compagnie. Y a-t-il meilleure compagnie que la Sienne ? Ô musulmans, accourez à la rencontre avec votre Seigneur, accourez au succès, et craignez les propos du Prophète rapportés par Houdayfa Ibnou Al-Yamâne : « L’Islam se ternira comme se ternissent les couleurs du vêtement jusqu’à ce que ne sera connu ni jeûne, ni prière, ni pèlerinage, ni aumône, et le Livre d’Allâh sera élevé en une seule nuit et il n’en restera sur terre aucun verset. Il restera des groupes de gens, les anciens qui diront : » Nous avons entendu nos pères dire la phrase « Lâ ilâha illallâh », alors nous la répétons. » ». C’est alors que Séla lui a dit : « Que leur apporterait « Lâ ilâha illallâh » alors qu’ils ne connaissent ni salât, ni jeûne, ni pèlerinage, ni aumône ? » Houdayfa ignora la question. Finalement, à la troisième fois, il vint à lui et dit : « Ô Séla ! Elle les sauve du feu [trois fois]. » (Authentique, rapporté par Ibnou Mâjah).