Soins corporels au naturel
Coffret traditionnel marocain : huile d’argane sauvage 100% naturelle ; ghassoul de Fès aromatisé en poudre ; savon noir aromatisé aux huiles essentielles d’eucalyptus, pin ; savon à la rose et pétales ; gant et bol de hammam en cuivre.
De nos jours, les produits cosmétiques — de la savonnette la plus rudimentaire, à la crème antirides soi-disant miraculeuse — ont envahi nos salles de bain. Mais sont-ils tous dignes d’y figurer ? La majorité d’entre eux sont à juste titre montrés du doigt, car ils contiennent des produits réellement ou potentiellement toxiques (EDTA,…), voire cancérigènes (parabens,…).
Les consommateurs ont pris conscience de la dangerosité de la plupart des cosmétiques grâce à divers canaux d’information. Le tout-bio a le vent en poupe, et les produits ancestraux, utilisés depuis des générations — surtout au Maghreb — et réputés pour leurs vertus 100% naturelles retournent en grâce.
Les croyants, forts de la sunna du Prophète , ne peuvent qu’applaudir cette saine redécouverte des produits naturels. L’Islam ne préconise-t-il pas ce qui est bon et licite ? Ne fustige-t-il pas toute modification nuisible de la création de Dieu ? Bien entendu !
Voici quatre merveilleux bienfaits de Dieu, usités depuis des siècles en terres d’Islam, mais que l’Occident commence seulement à connaître et à en entrevoir les incontestables et nombreuses qualités :
1. La pierre d’alun (alun potassium)
Les déodorants anti-transpirants sont composés, entre autres, de chlorhydrate d’aluminium qui est soupçonné de provoquer le cancer. D’une part, ils obstruent les pores de la peau (entravant ainsi le processus naturel de transpiration) ; d’autre part, l’aluminium qu’ils contiennent, en agissant sur les récepteurs dits oestrogéniques des cellules, amplifierait les risques du cancer du sein. A forte dose l’aluminium est également toxique pour l’organisme.
Il faut distinguer la pierre d’alun dite aluminium alun de celle appelée potassium alun. Si cette dernière est 100% naturelle, l’aluminium alun en est l’équivalent synthétique fabriqué en Chine et qui contient un fort taux d’aluminium cancérigène. Il faut donc bien lire les étiquettes des produits avant d’acheter.
Face à tous ces dangers potentiels, la pierre d’alun représente une alternative intéressante pour contrer les mauvaises odeurs corporelles.
Appelée « chebba » dans les pays du Maghreb, cette pierre translucide est utilisée depuis l’Antiquité. Au Moyen-âge, elle servait à améliorer la qualité des teintures.Les gisements de pierre d’alun ont été découverts dans de nombreux pays à travers le monde, mais c’est principalement des carrières syriennes et marocaines que sont extraites les plus grandes quantités.
Dans le commerce, on retrouve la pierre d’alun sous sa forme brute ou taillée en stick.
La pierre d’alun en stick et en spray
Elle est principalement utilisée comme déodorant. En effet, d’abord ses propriétés antiseptiques empêchent l’apparition des mauvaises odeurs engendrées par le développement bactérien lors de la sudation — la sueur est inodore.Ensuite, ses effets astringents lui confèrent le pouvoir de resserrer les pores, et ainsi de limiter la transpiration sans bloquer totalement ce processus naturel hautement bénéfique pour l’organisme.
Enfin, son caractère hémostatique (elle bloque l’écoulement du sang) fait de la pierre d’alun un excellent soin contre les petites coupures dues au rasage ou autre.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, la structure moléculaire particulière de la pierre la rend inoffensive, car le passage d’aluminium à travers la peau est jugé négligeable.
De surcroît, elle ne contient pas de parfum, elle n’entraîne donc pas de désagréments pour les personnes qui y sont allergiques. Compte tenu de sa discrétion, elle est vivement recommandée pour la femme musulmane.Aboû Moûssâ Al-Ach’arî rapporte que le Messager d’Allâh (psDl) a dit : « Toute femme qui se parfume puis sort de chez elle en passant près d’un groupe de gens et qu’ils sentent son parfum est une fornicatrice. » (Rapporté par An-Nassâ’î, Aboû Dâwoûd, At-Tirmidhî a dit qu’il est bon et authentique (hassanoun sahîh), Al-Hâkim a dit : “Sa chaîne de narrateur est bonne” et Adh-Dhahabî l’a approuvé).
Zaynab Ath-Thaqafiyya rapporte que le Prophète (psDl) a dit :
« Si l’une de vous vient à la mosquée, qu’elle n’approche pas le parfum. » (Rapporté par Mouslim).
Son utilisation est très simple. Il suffit de la tremper légèrement dans l’eau et de l’appliquer sur la partie de la peau sujette à la transpiration, ou sur les petites plaies, à la manière d’un déodorant en stick.
2. Le Ghassoul
Le ghassoul est une argile saponifère (c’est-à-dire agissant comme un savon), que l’on retrouve exclusivement au Maroc, dans la vallée de Moulaya, à 200 kms au sud de Fès. Après extraction, il est traité et lavé. Utilisé sous forme de masques capillaire et corporel, il est, depuis des générations, l’un des éléments indispensables de la trousse de toilette des femmes maghrébines.
Non seulement le ghassoul a une composition extrêmement bénéfique pour la peau (minéraux, oligo-éléments et provitamines), mais il possède également de nombreuses propriétés aussi intéressantes les unes que les autres :
– adoucissante,
– purifiante (permet d’éliminer les points noirs, les cellules mortes et autres impuretés),
– astringente,
– dégraissante : le ghassoul a en effet des capacités d’absorption extraordinaires, ce qui lui permet d’absorber efficacement l’excès de sébum, ce qui est idéal pour traiter les peaux, les cheveux gras (à éviter dans le cas des cheveux secs) et les pellicules .
Contrairement aux savons et autres gels douches que l’on retrouve sur les étals des supermarchés, son action n’est pas chimique, mais physique. C’est-à-dire que le ghassoul fixe et absorbe les impuretés, qui seront ensuite éliminées avec l’eau de rinçage.
Il permet ainsi de garder intact le film lipidique recouvrant la peau et les cheveux qui conservent ainsi leur protection naturelle.De plus, le ghassoul ne contient aucun tensioactif. Son action est donc douce et rend cette argile totalement hypoallergénique.
Le ghassoul se présente généralement sous forme de mottes séchées. Pour l’utiliser, il suffit de laisser « fondre » les mottes dans un peu d’eau tiède, et d’appliquer la pâte ainsi obtenue sur les cheveux ou la peau, comme un masque, et de laisser agir quelques minutes. Il ne reste ensuite qu’à rincer et à en apprécier le résultat !
Ghassoul sous forme de crème de shampooing
3. Le henné
Très connu pour son utilisation lors de la confection de tatouages éphémères, notamment en Afrique du nord et en Inde, le henné représente une mine de bienfaits méconnus. Il se présente sous la forme d’une poudre verte obtenue à partir du broyage de feuilles séchées de Lawsonia inermis, un arbrisseau cultivé au Maghreb et au Proche-Orient.
Il est utilisé depuis des millénaires pour des masques capillaires. En effet, on a retrouvé du henné sur les cheveux de la momie de Ramsès II.
Fleur de henné
Il est avant tout connu pour son pouvoir colorant, dû à la présence de pigments (riches en tanins) se fixant sur la kératine des cheveux (ou de la peau), les teintant ainsi en rouge orangé. Le henné est donc un colorant naturel.Le Prophète Mouhammad en a lui-même vanté les bienfaits. On rapporte sur lui : « Le meilleur moyen que vous pouvez utiliser pour changer la couleur des cheveux blancs est le henné et le katam [الكتم : teinture extraite des feuilles d’une plante] » (Rapporté par At-Tirmidhî).
En outre, le henné a des propriétés purifiantes et nettoyantes. Il purifie ainsi le cuir chevelu, calme les démangeaisons et régule l’excès de sébum. Il est également antipelliculaire et constituerait également un traitement naturel contre les poux…
Le henné possède également des propriétés apaisantes, cicatrisantes et antibactériennes qui justifient son emploi sous forme de cataplasme. A ce propos, un hadîth rapporte d’après Oumm Salama que « Le Prophète ne souffrait jamais d’une blessure ou d’une épine sans appliquer du henné dessus. » (Rapporté par At-Tirmidhî).
Anti-fongique, il constitue un traitement contre diverses maladies de la peau comme l’eczéma ou encore les mycoses.
Il est aussi utilisé dans certains pays pour protéger la peau du soleil.Les femmes enceintes l’utilisent sous forme de cataplasme pour lutter contre les bouffées de chaleur, la fièvre et les migraines.
De plus, ses propriétés astringentes permettent au henné d’être utilisé comme déodorant.Enfin, il peut être employé sous forme d’infusion : il régule alors le transit intestinal et permettrait de lutter contre les ulcères.
Henné séché
Pour préparer le henné, il suffit de mélanger la poudre avec un peu d’eau tiède afin d’obtenir une pâte onctueuse. On peut également y ajouter de l’eau de rose, réputée hydratante et purifiante. On applique la pâte ainsi obtenue sur les cheveux (le temps de pose dépend de l’intensité de la coloration que l’on souhaite obtenir) ou sur la peau. On laisse reposer quelques minutes, puis on rince.
Il existe un henné dit noir. Celui-ci est à éviter, car il s’agit de henné auquel on a ajouté du para-phénylènediamine ou PPD, une substance toxique pour l’organisme.
Pour celles et ceux qui souhaitent profiter des bienfaits du henné sans la coloration, il existe un henné dit neutre. Il s’agit en fait d’une autre espèce végétale, Cassia obovata, proche du Lawsonia et présentant les mêmes propriétés.
Henné en poudre
4. Le savon noir (ou beldi)
Le savon noir est un produit totalement naturel et écologique provenant du Maroc.
Il est confectionné à partir d’huile et d’olives macérées mélangées à de la potasse.Il se présente sous la forme d’une pâte de couleur sombre à texture onctueuse, qui ne mousse pas à l’application.
Malgré son nom, ce n’est pas un savon en soi, il ne permet donc pas de nettoyer à la manière des savons « classiques », mais c’est un soin préparant au gommage.Il est riche en vitamine E, aux propriétés hydratantes, anti-oxydantes et qui améliore la microcirculation cutanée. Cette dernière caractéristique confère au savon noir ses vertus purifiantes : il débarrasse la peau des cellules mortes et des toxines.
Il est traditionnellement utilisé avec le gant « al-kîss », autrefois fabriqué à partir de crin de chèvre et aujourd’hui à partir d’acrylique. Celui-ci augmente l’efficacité du savon noir.
Le savon noir s’applique sur peau humide, de préférence après une douche bien chaude. En effet, la chaleur favorise la dilatation des pores et permet donc une action meilleure du produit. Il suffit de le laisser agir quelques minutes, de rincer abondamment, puis de frotter vigoureusement avec le gant de crin. La peau est ainsi purifiée et elle reste douce.
Le savon noir peut être utilisé sur l’ensemble du corps et du visage, hormis le contour des yeux.
du savon noir (beldi)
Conclusion
Autrefois produits locaux usités par les autochtones, la pierre d’alun, le ghassoul, le henné et le savon noir commencent à trôner dans les rayons des grandes surfaces commerciales occidentales, se taillant une part non négligeable du marché du bio et du naturel dans les cosmétiques et produits d’hygiène. La demande accrue de ces produits naturels entraîne leur exportation au détriment d’une consommation locale et provoque l’envolée de leur prix de vente. Ces produits naturels sont victimes de leurs innombrables vertus : contrairement aux produits classiques, ils ne présentent aucun risque pour la santé.
Même si certains ont un coût élevé, ils valent le détour : les essayer… c’est les adopter !