Sourate 102 At-Takâthour (La Course aux richesses) (1/2)

Tafsir du Saint Coran (articles)

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بِسۡمِ ٱللهِ ٱلرَّحۡمَـٰنِ ٱلرَّحِيمِ

أَلۡهَٮٰكُمُ ٱلتَّكَاثُرُ (١) حَتَّىٰ زُرۡتُمُ ٱلۡمَقَابِرَ (٢) كَلَّا سَوۡفَ تَعۡلَمُونَ (٣) ثُمَّ كَلَّا سَوۡفَ تَعۡلَمُونَ (٤) كَلَّا لَوۡ تَعۡلَمُونَ عِلۡمَ ٱلۡيَقِينِ (٥) لَتَرَوُنَّ ٱلۡجَحِيمَ (٦) ثُمَّ لَتَرَوُنَّہَا عَيۡنَ ٱلۡيَقِينِ (٧) ثُمَّ لَتُسۡـَٔلُنَّ يَوۡمَٮِٕذٍ عَنِ ٱلنَّعِيمِ (٨)

   Au nom d’Allâh, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux

   La course aux richesses vous distrait, (1) jusqu’à ce que vous visitiez les cimetières. (2) Mais non ! Vous saurez bientôt ! (3) (Encore une fois !) Vous saurez bientôt ! (4) Sûrement ! Si vous saviez de science certaine. (5) Vous verrez, certes, la Fournaise. (6) Puis, vous la verrez certes, avec l’œil de la certitude. (7) Puis, assurément, vous serez interrogés, ce jour-là, sur les délices. (8)

   Cette sourate traite des bienfaits dans lesquels baignent les êtres humains, leur course incessante derrière les biens mondains et l’inconscience de ce qui les attend dans l’au-delà. Il est rapporté que le Prophète  aurait dit : « Celui qui lit sourate At-Takâthour, Dieu ne le jugera pas sur les bienfaits qu’Il lui a attribués dans la vie d’ici-bas. Et il aura une récompense équivalente à la lecture de mille versets. » (hadîth faible)

   Plusieurs ahâdîth vantant les bienfaits de la lecture de certaines sourates s’avèrent être faibles. À une époque de l’histoire de l’Islam, les gens se sont plus intéressés à l’acquisition des sciences du hadîth aux dépends de l’intérêt qu’ils devaient donner au Coran. C’est alors que certaines personnes, pour pousser les gens à la mémorisation de sourates et à lire plus de Coran, ont forgé des ahâdîth sur les bienfaits des lectures de telle ou telle sourate. Mais chaque musulman sait que par ailleurs le Prophète a dit : « Celui qui ment sur moi intentionnellement, qu’il s’attende à avoir une place en enfer. » [Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim.] Même si l’intention de départ était louable, attribuer au Prophète des paroles qui ne sont pas les siennes est sévèrement puni. Cela dit, le Prophète s’est prononcé sur les bienfaits de la lecture de certaines sourates comme Al-Kahf, Al-Moulk ou Al-Wâqi‘a.

Descente et composition

   Avec ses huit versets révélés à la Mecque, sourate At-Takâthour tient la cent-deuxième place dans le Coran. D’après Ibnou ‘Abbâs , Mouqâtil et Al-Kalbî, cette sourate fut transmise au Prophète suite à une altercation survenue entre deux tribus de Qoraych : les Bani ‘Abdi Manâf et les Banî Sahm. Les Qoraychites avaient l’habitude de vanter leurs mérites, leur grand nombre, les histoires de leurs aïeux, etc. Chacun des deux clans s’est mis à dénombrer les notables de leur tribu. Ils ont commencé par citer les personnes de référence encore en vie et ce fut les Banî ‘Abdi Manâf qui l’emportèrent ; puis ils se dirigèrent vers le cimetière pour comptabiliser le nombre de leurs notables respectifs qui y sont enterrés. Là, la victoire revenait aux Banî Sahm. Selon les trois exégètes, Dieu a fait descendre cette sourate pour réprimander les deux clans sur leur obsession d’inventorier des éléments qui ne leur serviront à rien après leur mort.

   Quant à Qatâda, il indique que la sourate fut révélée suite à la vantardise des juifs de Médine qui comptabilisaient leurs notables.

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   Quoi qu’il en soit, cette sourate est une mise en garde lancée à ceux qui sont très occupés par la course derrière les biens de ce monde et qui restent inconscients de ce qui les attend dans l’au-delà. Elle concerne non seulement les mécréants qui sont noyés dans leur course, mais également les musulmans pour qu’ils ne suivent pas les pas de ceux qui sont déjà perdus.

   Le ton de sourate At-Takâthour est dur, direct et franc, le fidèle a donc l’impression que Dieu s’adresse plutôt aux égarés. Mais en réalité, le musulman doit se sentir concerné par ces versets,  parce que le risque de basculer vers l’égarement ou l’inconscience de ce qui l’attend dans l’au-delà existe bel et bien. L’exemple de ‘Omar Ibnou-l-Khattâb  est significatif : il perdit connaissance en entendant un jour un verset concernant l’enfer (« Le châtiment de ton Seigneur va arriver et rien ne va le repousser. », s.52 At-Toûr (Le Mont Sinaï), v.7-8). Pendant trois jours, les gens ne cessaient de lui rendre visite tant il était malade.

Champ lexical

1. La course aux richesses vous (a) distrait(s)

أَلۡهَٮٰكُمُ ٱلتَّكَاثُرُ

Pourquoi Dieu a-t-Il utilisé le mot « أَلۡهَٮٰكُمُ : alhâkoum » ?

   Traduire le verbe « أَلْهَى : alhâ » par « distraire » est incorrect en français, car ce verbe ne reflète pas toutes les significations du mot d’origine. « Distraire » pourrait être remplacé par « oublier », « préoccuper », « détourner » ou « amuser ». En arabe, « أَلْهَى : alhâ » est le meilleur terme pour véhiculer le message de la sourate, car il englobe les sens de chacun des verbes cités en français.

   Celui qui se divertit, «اللاهي : al-lâhî » oublie l’essentiel (l’obligatoire) et pratique des activités inutiles (l’accessoire). Il se détourne de son devoir et s’intéresse à ce qui est secondaire. Les verbes « jouer » et « s’amuser » n’ont pas le même sens que « se distraire ». Celui qui joue s’occupe inutilement à 100% ; en revanche, celui qui se distrait accomplit quelque chose qui peut paraître intéressant, mais qui n’est pas forcément prioritaire et qui peut même être complètement inutile.

   De manière générale, celui qui se distrait commet toujours deux erreurs qui vont de paire : il perd d’abord son temps dans ce qui est accessoire ou ruineux (néfaste pour lui ou pour les autres) et en outre, il vit dans l’inconscience de ce qui est obligatoire ou prioritaire. Cet individu devient ainsi responsable de deux choses devant Dieu : du temps perdu et du devoir non accompli. À partir d’un tel constat, le musulman doit apprendre à s’auto évaluer et déterminer si son occupation est essentielle voire prioritaire ou non. La réponse dépendra du contexte de vie du croyant : celui qui vit dans un milieu où l’islam est répandu et bien pratiqué n’aura pas les mêmes priorités que celui qui évolue dans une société où l’Islam est menacé.

   Il est communément admis que l’amusement (ou jeu) « اللعب : al-la‘ib » concerne l’enfant, le verbe « jouer » ne s’applique donc pas à un adulte. L’enfant se construit en jouant, il n’a aucune responsabilité. En revanche, l’adulte qui se divertit «اللاهي : al-lâhî » perd son temps et faut à ses devoirs. Un verset cite justement les deux types de divertissements : « La présente vie n’est que jeu et divertissement. […] », s.6 Al-An‘âm (Les Bestiaux), v.32.

[…]وَمَا ٱلۡحَيَوٰةُ ٱلدُّنۡيَآ إِلَّا لَعِبٌ۬ وَلَهۡوٌ۬‌ۖ

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   Les mots « لَعِبٌ : la‘iboun » et « لَهْوٌ : lahwoun » ne sont pas des synonymes, d’ailleurs, aucun verset coranique ne présente des répétitions. Le terme « la‘iboun » s’adresse donc davantage à ceux qui sont complètement égarés parce qu’ils ne sont conscients d’aucune responsabilité ; tandis que « lahwoun » concerne les personnes qui connaissent leurs devoirs mais qui sont distraites par d’autres choses. Ces individus, conscients de leurs priorités mais qui les délaissent, méritent le plus de réprimandes. D’ailleurs, le vers le plus avilissant jamais déclamé est :
« دَعٍ المكارم لا ترْحل لِبُغْيَتِها واقْعُد فإنّك أنت الطّاعِمُ الكاسي» (« Délaisse la noblesse et ne pars pas à sa quête, et reste assis dès lors que tu es rassasié et habillé ! »). Cette critique est considérée par les littéraires comme étant la pire qui soit : toutes les caractéristiques qui élèvent le rang de l’être humain lui sont retirées. En effet, par rapport aux animaux, l’homme a une raison avec laquelle il peut distinguer le mal et le bien, et des capacités intellectuelles qui le poussent à chercher la bonne éthique et à délaisser la mauvaise.

Pourquoi l’utilisation du mot «ٱلتَّكَاثُرُ : at-takâthour » (courir pour avoir plus) ?

   La racine du mot «التكاثر : at-takâthour » est « كثر : kathoura » qui veut dire « se multiplier ». « Takâthour » suit la forme « تفاعل : tafâ‘oul » qui en arabe, sous entend une interaction positive ou négative entre deux ou plusieurs choses ; c’est le cas de « تحاسد : tahâssoud » (une jalousie), « تسارع : tassârou‘ » (un combat), «تسابق : tassâbouq » (une course).

   « Courir pour avoir plus » est la meilleure traduction française de «التكاثر : at-takâthour », car « la course aux richesses » n’en est qu’une facette. Elle résume à elle seule les problèmes de l’égarement de l’humanité entière, car elle comprend la course au pouvoir, à la richesse, à l’armement, à la célébrité, à la possession des femmes, des terres et des biens en général, ainsi que le fait de se vanter devant les autres de détenir ces choses-là. Aucun autre mot ne véhiculerait autant de significations que «التكاثر : at-takâthour ».

   Cette course immodérée distrait forcément l’homme et peut le pousser à mal agir. Au départ, il cherche seulement à prouver qu’il présente certaines qualités extérieures : il enjolive certains comportements ou apparences pour cacher ses faiblesses. Ces personnes qui présentent un complexe d’infériorité perdent alors le sens de la modestie. Elles ne se montrent pas telles qu’elles sont réellement et oublient qu’elles sont pauvres face à Dieu. Celui qui ressent l’indigence devant son Créateur ne se sentira jamais plus riche, plus fort ou plus notable qu’un autre être humain. Ce sentiment d’humilité intérieure doit être extériorisé.

   De manière générale, l’être humain est noyé dans les apparences trompeuses (vêtements, façon de parler, etc.). Rien ne peut stopper sa course effrénée si ce n’est la mort, et c’est dans ce sens que le Prophète dit : « Si le fils d’Âdam avait un fleuve rempli d’or, il en aurait voulu un deuxième et rien ne saturera le fils d’Âdam si ce n’est la terre et Dieu pardonne à qui se repent. » [Rapporté par Al-Boukhârî.] Dans d’autres versions, il est ajouté : « … et il aurait voulu en avoir un troisième. »

   Par ces paroles, le Prophète  signifiait que l’homme est naturellement aveuglé par l’accumulation incessante de nouvelles richesses. Cette critique prophétique sert à ouvrir les yeux du croyant pour qu’il reste conscient du jugement qui l’attend.

   Dans un autre hadîth, le Prophète  a précisé : « Lorsque le fils d’Âdam vieillit, tout décline chez lui sauf l’avidité et le long espoir. » [Rapporté par Al-Boukhârî.]

   L’espoir en la vie est une caractéristique intrinsèque de l’homme. Sans cette espérance de longévité, la construction de la vie sur Terre ne pourrait avoir lieu. Ainsi, espérer vivre longtemps est une bonne chose pour les savants, car c’est ce qui les pousse à écrire des livres et à enseigner. Ibnou-l-Jawzî disait : « Je demande à Allâh d’allonger ma vie, non pas pour profiter des biens de ce monde mais pour Le découvrir encore plus. » Cet érudit a su investir sa vie dans le bien et le savoir, si bien qu’il n’a passé aucun jour sur terre sans se rapprocher d’Allâh. Il considérait la vie comme une échelle qui le conduisait vers son Seigneur.

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    Le mot «التكاثر : at-takâthour » signifie également « se vanter d’avoir plus que l’autre » et bon nombre de relations humaines se basent sur ce critère futile. Allâh  résume la réalité de la vie dans un verset : « Sachez que la vie présente n’est que jeu, amusement, vaines parures, une course à l’orgueil entre vous, une rivalité dans l’acquisition des richesses et des enfants. Elle est en cela pareille à une pluie, la végétation qui en vient émerveille les cultivateurs puis elle se fane et tu la vois donc jaunie. Ensuite elle devient des débris et dans l’au-delà, il y a un dur châtiment et aussi pardon et agrément d’Allâh. Et la vie présente n’est que jouissance trompeuse. », s.57 Al-Hadîd (Le Fer), v.20.

ٱعۡلَمُوٓاْ أَنَّمَا ٱلۡحَيَوٰةُ ٱلدُّنۡيَا لَعِبٌ۬ وَلَهۡوٌ۬ وَزِينَةٌ۬ وَتَفَاخُرُۢ بَيۡنَكُمۡ وَتَكَاثُرٌ۬ فِى ٱلۡأَمۡوَٲلِ وَٱلۡأَوۡلَـٰدِ‌ۖ كَمَثَلِ غَيۡثٍ أَعۡجَبَ ٱلۡكُفَّارَ نَبَاتُهُ ۥ ثُمَّ يَہِيجُ فَتَرَٮٰهُ مُصۡفَرًّ۬ا ثُمَّ يَكُونُ حُطَـٰمً۬ا‌ۖ وَفِى ٱلۡأَخِرَةِ عَذَابٌ۬ شَدِيدٌ۬ وَمَغۡفِرَةٌ۬ مِّنَ ٱللَّهِ وَرِضۡوَٲنٌ۬‌ۚ وَمَا ٱلۡحَيَوٰةُ ٱلدُّنۡيَآ إِلَّا مَتَـٰعُ ٱلۡغُرُورِ

   Le terme «التكاثر : at-takâthour » est détaillé : il s’agit ici de la course pour avoir plus d’enfants et plus d’argent. Il fut un temps où avoir une nombreuse progéniture était synonyme de fierté, mais aujourd’hui, le matérialisme a pris une telle ampleur que les enfants ne sont plus un motif de course.

   On rapporte que ‘Alî Ibnou Abî Tâlib  aurait dit : « Les gens dorment et lorsqu’ils meurent, ils se réveillent. » Ils se réveillent sur la réalité de leur existence qui aura été voilée par l’amas-marathon des biens mondains va : « Ce qu’ils amassaient a caché la réalité qui est ancrée dans leur cœur. », s.83 Al-Moutaffifîn (Les Fraudeurs), v.14.

   En employant le mot «التكاثر : at-takâthour », Allâh  a mis en exergue le tempérament de l’homme (intérieur) qui stimule plusieurs de ses comportements néfastes (extérieur). Cette tendance à toujours vouloir être sur le devant de la scène, à sans cesse vouloir plus est une volonté intérieure qui, dès qu’elle est traduite en un comportement et une façon d’être, pose problème. Ce sentiment qui existe en tout être humain ne doit pas prendre le dessus si la personne ne veut pas devenir esclave de son propre désir.

   En deux mots, ce premier verset transmet une multitude d’informations et la suite de la sourate n’est pas moins riche en enseignements.

2. Jusqu’à ce que vous visitiez les cimetières

حَتَّىٰ زُرۡتُمُ ٱلۡمَقَابِرَ

Pourquoi Dieu utilise-t-Il le verbe «زار : zâra » (visiter) ?

   Dieu aurait pu dire « jusqu’à ce que vous soyez morts » ou « jusqu’à ce que vous soyez enterrés » ou bien « jusqu’à ce que vous quittiez la vie ». Il a choisi plutôt d’employer  le verbe «زار : zâra ». Ibnou Hayyân a rapporté : « En entendant ce verset coranique, un bédouin a dit : “Par le Seigneur de la Ka‘ba, il s’agit de la certitude de la résurrection des gens !” »

   Avec l’utilisation de « زُرتُم : zourtoum », ce verset garantit que la résurrection aura lieu. En effet, tout comme celui qui rend visite est un hôte temporaire, le défunt n’est que de passage dans sa tombe, il n’y réside pas éternellement. Chaque être humain séjourne au cimetière pour passer dans une autre vie.

   Ainsi, ce verset composé de mots simples envoie deux messages :

– une moquerie à l’endroit de ceux qui courent après les richesses mondaines, alors qu’ils finiront dans une tombe où ils ne profiteront pas de ce qu’ils ont obtenu ;

– la certitude du passage à un autre monde après le séjour dans la tombe.

   L’on sait qu’une visite est toujours éphémère et même si l’homme a l’impression que sa vie dure longtemps, son existence sur Terre n’est qu’une visite-éclair par rapport au passage millénaire dans la tombe. Le musulman doit ressentir que son passage sur terre dure le temps d’un clin d’œil. Un jour ‘Omar Ibnou-l-Khattâb  a trouvé le Prophète  allongé sur un tapis inconfortable (haçîr) et lui fit remarquer qu’il aurait pu prendre une natte plus agréable. À cette observation anodine le Prophète répliqua : « Que me veut la vie ? Mon exemple est celui de quelqu’un qui a entrepris un voyage en plein été et qui s’est arrêté en dessous d’un arbre pour profiter de son ombre, ensuite il s’est levé et a continué son voyage. » [Rapporté par At-Tirmidhî.] Dans cette parabole, l’arbre représente en quelque sorte la vie : trouver un arbre dans un désert est évidemment un bonheur inespéré, mais y demeurer est impossible, car il ne constitue pas la destination finale. Telle est la vision que doit avoir le musulman de sa vie.

   Le verbe «زار : zâra » est conjugué au passé pour indiquer la certitude de mourir. L’utilisation du temps passé dans plusieurs passages coraniques confirme cette idée.

x17   Le mot-outil « حتّى : hattâ » peut être traduit en français par « jusqu’à », mais en réalité il peut exprimer quatre sens différents :

1 – il implique une largesse dans le temps imparti pour la course aux richesses. Les gens perdent énormément de temps dans leur vie à courir après l’accumulation des biens, d’où leur inconscience de ce qui les attend ;

2 – il renferme une largesse dans la nature des richesses pour lesquelles l’être humain s’épuise. La diversité des biens de ce monde a trompé l’homme et l’a détourné de la réalité. À toujours multiplier la nature et la qualité des richesses pour lesquelles ils concourent, les hommes sont tombés dans la mesquinerie ;

3 – ce mot peut véhicule le sens du but à atteindre. C’est comme si Dieu disait : « Vous vous êtes fixé comme objectif de courir derrière les richesses jusqu’à la mort. » ;

4 – enfin, cet outil grammatical suggère la surenchère : « Vous vous vantez même en visitant les cimetières ? » en faisant allusion aux circonstances de la révélation de sourate At-Takâthour.  Ce sens s’applique également à l’embellissement que connaissent les tombes aujourd’hui (carrelage, mosaïques, fleurs, etc.), même chez les musulmans !

   Le dernier mot de ce verset «المقابر : al-maqâbir » signifie « les cimetières », et non pas « les tombes » comme on le trouve dans la plupart des traductions. «المقابر : al-maqâbir »  est le pluriel de «مَقْبَرة : maqbara » qui est l’endroit où sont regroupées les tombes «قُبور : qouboûr ». En fait, Dieu utilise le pluriel d’un nom collectif pour aller dans le même sens que «التكاثر : at-takâthour ». Le mot «المقابر : al-maqâbir » est en totale harmonie avec le nom «التكاثر : at-takâthour » (même forme), ces deux vocables représentant le maximum de pluriels imaginables. Par ailleurs, étant donné que les gens meurent partout sur la planète, la Terre entière peut être considérée comme une « maqbara » ; ainsi, le mot «المقابر : al-maqâbir » englobe les cimetières officiels et officieux.

   Bintou Ach-Châti’, une savante musulmane qui s’intéressait au champ lexical du Coran disait : « L’utilisation du mot al-maqâbir concorde parfaitement avec le mot at-takâthour, il indique l’issue de ce à quoi les concurrents aspirent, c’est dans les cimetières que se retrouvent les tombes, s’amassent les ossements, demeurent les morts quel que soient leur âge, leur rang, leur niveau et leur époque, c’est l’issue des concurrents et de tout ce à quoi on a concouru. »

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