Sourate 88 Al-Ghâchiya (L’Enveloppante) (1/4)
بِسۡمِ ٱللهِ ٱلرَّحۡمَـٰنِ ٱلرَّحِيمِ
هَلۡ أَتَٮٰكَ حَدِيثُ ٱلۡغَـٰشِيَةِ (١) وُجُوهٌ۬ يَوۡمَٮِٕذٍ خَـٰشِعَةٌ (٢) عَامِلَةٌ۬ نَّاصِبَةٌ۬ (٣) تَصۡلَىٰ نَارًا حَامِيَةً۬ (٤) تُسۡقَىٰ مِنۡ عَيۡنٍ ءَانِيَةٍ۬ (٥) لَّيۡسَ لَهُمۡ طَعَامٌ إِلَّا مِن ضَرِيعٍ۬ (٦) لَّا يُسۡمِنُ وَلَا يُغۡنِى مِن جُوعٍ۬ (٧) وُجُوهٌ۬ يَوۡمَٮِٕذٍ۬ نَّاعِمَةٌ۬ (٨) لِّسَعۡيِہَا رَاضِيَةٌ۬ (٩) فِى جَنَّةٍ عَالِيَةٍ۬ (١٠) لَّا تَسۡمَعُ فِيہَا لَـٰغِيَةً۬ (١١) فِيہَا عَيۡنٌ۬ جَارِيَةٌ۬ (١٢) فِيہَا سُرُرٌ۬ مَّرۡفُوعَةٌ۬ (١٣) وَأَكۡوَابٌ۬ مَّوۡضُوعَةٌ۬ (١٤) وَنَمَارِقُ مَصۡفُوفَةٌ۬ (١٥) وَزَرَابِىُّ مَبۡثُوثَةٌ (١٦) أَفَلَا يَنظُرُونَ إِلَى ٱلۡإِبِلِ ڪَيۡفَ خُلِقَتۡ (١٧) وَإِلَى ٱلسَّمَآءِ ڪَيۡفَ رُفِعَتۡ (١٨) وَإِلَى ٱلۡجِبَالِ كَيۡفَ نُصِبَتۡ (١٩) وَإِلَى ٱلۡأَرۡضِ كَيۡفَ سُطِحَتۡ (٢٠) فَذَكِّرۡ إِنَّمَآ أَنتَ مُذَڪِّرٌ۬ (٢١) لَّسۡتَ عَلَيۡهِم بِمُصَيۡطِرٍ (٢٢) إِلَّا مَن تَوَلَّىٰ وَكَفَرَ (٢٣) فَيُعَذِّبُهُ ٱللَّهُ ٱلۡعَذَابَ ٱلۡأَكۡبَرَ (٢٤) إِنَّ إِلَيۡنَآ إِيَابَہُمۡ (٢٥) ثُمَّ إِنَّ عَلَيۡنَا حِسَابَہُم (٢٦)
Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
T’est-il parvenu le récit de l’enveloppante ? (1) Ce jour-là, il y aura des visages humiliés, (2) préoccupés, harassés. (3) Ils brûleront dans un Feu ardent, (4) et seront abreuvés d’une source bouillante. (5) Il n’y aura pour eux d’autre nourriture que des plantes épineuses [ḍarî], (6) qui n’engraissent, ni n’apaisent la faim. (7) Ce jour-là, il y aura des visages épanouis, (8) contents de leurs efforts, (9) dans un haut jardin, (10) où ils n’entendent aucune futilité. (11) Là, il y aura une source coulante. (12) Là, des divans élevés (13) et des coupes posées (14) et des coussins rangés (15) et des tapis étalés. (16) Ne considèrent-ils donc pas les chameaux, comment ils ont été créés, (17) et le ciel comment il est élevé, (18) et les montagnes comment elles sont dressées (19) et la terre comment elle est nivelée ? (20) Eh bien, rappelle ! Tu n’es qu’un rappeleur, (21) et tu n’es pas un dominateur sur eux. (22) Sauf celui qui tourne le dos et ne croit pas, (23) alors Allâh le châtiera du plus grand châtiment. (24) Vers Nous est leur retour. (25) Ensuite, c’est à Nous de leur demander compte. (26)
Sourate Al-Ghâchiya (L’Enveloppante) fut entièrement révélée à la Mecque et prend la quatre-vingt-huitième place dans l’ordre des sourates du Coran.
An-Nou‘mâne Ibnou Bachîr rapporte que le Prophète récitait cette sourate ainsi que celle d’Al-A‘lâ (Le Très Haut) dans la prière de l’aïd et le jour du vendredi. [Rapporté par Mouslim et les auteurs des sounan.]
Ceci montre l’importance de ces quelques versets aux yeux du Prophète . En effet, cette sourate invite celui qui la lit à la méditation et suscite en lui crainte et espoir. Elle motive celui qui s’imprègne de ses messages à considérer le Jour de la reddition des comptes avec attention.
Cette sourate emporte le lecteur dans un voyage à la découverte de deux mondes :
– celui de l’au-delà et ses trois dimensions : le Jour du jugement, l’enfer et le paradis ;
– celui de l’ici-bas, agrémenté de créatures à contempler. La méditation opérée sur ces différents êtres amène à la découverte du Divin et permet d’établir la motivation et la détermination nécessaires à l’accomplissement d’œuvres louables. ‘Omar Ibnou Maymoûn rapporte ce hadîth : « Le Prophète est passé près d’une femme qui récitait “T’est-il parvenu le récit de l’enveloppante ?” Il s’arrêta pour écouter et répondit même : “Oui, il m’est venu” »
Utilisant ce hadîth comme preuve, les hanbalites et les chafi‘ites pensent que la femme a le droit d’élever la voix en récitant le Coran dans les prières nocturnes, tant qu’aucun homme étranger ne l’écoute. En présence d’individus non mahram, il lui est déconseillé de le faire. Les mâlikites en revanche déconseillent à la femme d’élever la voix au cours de sa prière, qu’elle soit seule ou en présence d’hommes ou de femmes.
Dans son commentaire de Moukhtaçar Khalîl, Al-Khoudrî a expliqué : « Sache que le minimum de la lecture secrète (pour l’homme), c’est de bouger la langue dans la lecture. S’il ne la bouge pas, c’est comme s’il n’avait pas lu, puisqu’on autorise à celui qui est en état d’impureté rituelle de lire sans bouger la langue. Le maximum de la lecture secrète, c’est qu’il se fasse entendre par lui-même uniquement. Quant au minimum de la lecture à voix haute, c’est de se faire entendre par lui-même, et le maximum n’a pas de limite.
La femme n’est pas en ceci pareille à l’homme dans la lecture à voix haute, car elle doit se faire entendre par elle-même. Le minimum et le maximum sont pour elle identiques. Chez elle, les lectures à voix haute et à voix basse sont équivalentes entre elles et équivalentes à la lecture à voix basse chez l’homme comme il a été indiqué. »
Pour les hanafites et pour certains chafi‘ites, la femme doit lire à voix basse dans toutes prières.
Verset 1 : T’est-il parvenu le récit de l’enveloppante ?
هَلۡ أَتَٮٰكَ حَدِيثُ ٱلۡغَـٰشِيَةِ
La sourate débute par un verset qui s’adresse au Prophète sous forme interrogative. Cette tournure est utilisée dans le Coran de différentes manières :
– pour susciter l’étonnement (at-ta‘jîb : التَّعْجِيب) ;
– pour susciter la curiosité (at-tachwîq : التّشْوِيق) ;
– pour montrer l’importance de ce qui va être cité (at-ta‘dhîm : التَّعْظِيم).
Des exégètes disent que cette forme interrogative cherche à signifier la certitude (at-taqrîr wa at-tahqîq : التَّقْرير و التَّحْقيق). Dans ce cas, le mot «hal : هَل » joue le même rôle que le terme «قَد » (certes). Donc, selon ces exégètes, ce verset signifie : « Certes Nous t’avons révélé le récit de l’enveloppante. »
Cette même formule est utilisée dans cinq autres versets coraniques :
– « Et t’est-il parvenu le récit de Moïse ? Lorsqu’il vit du feu, il dit à sa famille : “Restez ici ! […]” », s.20 Ta-Ha, v.9-10 ;
[…] وَهَلۡ أَتَٮٰكَ حَدِيثُ مُوسَىٰٓ (٩) إِذۡ رَءَا نَارً۬ا فَقَالَ لِأَهۡلِهِ ٱمۡكُثُوٓاْ
– « Et t’est-elle parvenue la nouvelle des disputeurs quand ils grimpèrent au mur du sanctuaire ! Quand ils entrèrent auprès de David, […] », s.38 Çâd, v.21-22 ;
[…] وَهَلۡ أَتَٮٰكَ نَبَؤُاْ ٱلۡخَصۡمِ إِذۡ تَسَوَّرُواْ ٱلۡمِحۡرَابَ (٢١) إِذۡ دَخَلُواْ عَلَىٰ دَاوُ ۥدَ
– « T’est-il parvenu le récit des visiteurs honorables d’Abraham ? Quand ils entrèrent chez lui […] », s.51 Adh-Dhâriyât (Qui éparpillent), v.24-25 ;
[…] هَلۡ أَتَٮٰكَ حَدِيثُ ضَيۡفِ إِبۡرَٲهِيمَ ٱلۡمُكۡرَمِينَ (٢٤) إِذۡ دَخَلُواْ عَلَيۡهِ
– « T’est-il parvenu le récit de Moïse ? Quand son Seigneur l’appela, dans Ṭouwâ, la vallée sanctifiée », s.79 An-Nâzi‘ât (Les Anges qui arrachent les âmes), v.15-16 ;
هَلۡ أَتَٮٰكَ حَدِيثُ مُوسَىٰٓ (١٥) إِذۡ نَادَٮٰهُ رَبُّهُ ۥ بِٱلۡوَادِ ٱلۡمُقَدَّسِ طُوًى
– « T’est-il parvenu le récit des armées, de Pharaon et de Thamoûd ? », s.85 Al-Bouroûj (Les Constellations), v.17-18 ;
هَلۡ أَتَٮٰكَ حَدِيثُ ٱلۡجُنُودِ (١٧) فِرۡعَوۡنَ وَثَمُودَ
Dans le verset 21 de sourate Çâd, Dieu parle de « nabâ’ : نَبَاء » (une nouvelle), alors que dans les autres versets, Il parle de « hadîth : حَدِيث » (un récit). Quelle est la différence entre ces deux notions ?
Parmi les distinctions caractéristiques à chacun de ces deux termes, « nabâ’ : نَبَاء » prend le sens de « apparition » et « exposition » ; Dieu présente donc une histoire totalement inconnue aux gens. En utilisant le mot « hadîth : حَدِيث », Dieu peut parler de ce qui est connu ou déjà révélé aux autres religions.
Quelle est la différence entre « jâ’aka : جَاءَكَ » (t’est venu) et « atâka : أَتاكَ » (t’est parvenu) ?
Parmi les différences entre ces deux verbes, « atâ : أَتَى » indique une facilité dans l’avènement de ce qui est annoncé, alors que « jâ’a : جَاءَ » indique une difficulté dans son déroulement ou des conséquences graves pour celui à qui la chose est parvenue. Plusieurs exemples coraniques confirment cette idée :
« Lorsque vient le secours d’Allâh […] », s.110 An-Naçr (Le Secours), v.1.
[…] إِذَا جَآءَ نَصۡرُ ٱللَّهِ
La victoire que Dieu a donnée aux musulmans n’est survenue qu’après de nombreux combats et plusieurs années après le début de la prophétie.
« Quiconque viendra avec le bien […] », s.6 Al-An‘âm (Les Bestiaux), v.160.
[…] مَن جَآءَ بِٱلۡحَسَنَةِ
Accomplir le bien nécessite beaucoup d’efforts et de patience face aux diverses tentations qui poussent au mal.
« Pour chaque communauté il y a un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d’une heure et ils ne peuvent le hâter non plus. », s.7 Al-A‘râf, v.34.
وَلِكُلِّ أُمَّةٍ أَجَلٌ۬ۖ فَإِذَا جَآءَ أَجَلُهُمۡ لَا يَسۡتَأۡخِرُونَ سَاعَةً۬ۖ وَلَا يَسۡتَقۡدِمُونَ
Le déclin d’une communauté ne se produit qu’après une longue période suite à son apparition.
« Et quand vint Notre Ordre, Nous sauvâmes par une miséricorde de Notre part, Hoûd et ceux qui avec lui avaient cru. […] », s.11 Hoûd, v.58.
[…] وَلَمَّا جَآءَ أَمۡرُنَا نَجَّيۡنَا هُودً۬ا وَٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ مَعَهُ ۥ بِرَحۡمَةٍ۬ مِّنَّا
L’ordre de Dieu dans ce verset fait référence à Son châtiment, dont les conséquences furent dramatiques pour le peuple de Hoûd .
En plus d’être un indicateur de facilité, le verbe « atâ : أَتَى » signale également une rapidité dans le changement de situation.
« […] Puis, lorsque la terre prend sa parure et s’embellit, et que ses habitants pensent qu’elle est à leur entière disposition, Notre Ordre lui vient, de nuit ou de jour, c’est alors que Nous la rendrons toute moissonnée, comme si elle n’avait pas été florissante la veille. […] », s.10 Yoûnous, v.24.
[…]حَتَّىٰٓ إِذَآ أَخَذَتِ ٱلۡأَرۡضُ زُخۡرُفَهَا وَٱزَّيَّنَتۡ وَظَنَّ أَهۡلُهَآ أَنَّہُمۡ قَـٰدِرُونَ عَلَيۡہَآ أَتَٮٰهَآ أَمۡرُنَا لَيۡلاً أَوۡ نَہَارً۬ا فَجَعَلۡنَـٰهَا حَصِيدً۬ا كَأَن لَّمۡ تَغۡنَ بِٱلۡأَمۡسِۚ […]
« L’ordre de Dieu arrive. Ne le hâtez donc pas ! […] », s.16 An-Nahl (Les Abeilles), v.1.
[…]أَتَىٰٓ أَمۡرُ ٱللَّهِ فَلَا تَسۡتَعۡجِلُوهُۚ
L’Enveloppante Al-Ghâchiya
Le mot au duel « al-ghâchiyân : الغَاشِيان » (les enveloppés) traduit l’idée de l’enveloppement d’un élément par un autre. Les exégètes donnent deux significations à « al-ghâchiya : الغَاشِيَة » : le Jour ultime et le châtiment de l’enfer.
Ibnou ‘Abbâs et Qatâda ont affirmé qu’il s’agissait du Jour dernier puisque celui-ci enveloppera tout le monde, d’autant plus que cette sourate parle aussi bien de l’enfer que du paradis. Lorsque ce jour viendra, personne ne pourra s’échapper de ce qui va lui arriver.
Quant à Sa‘îd Ibnou Joubayr et Mouhammad Ibnou Ka‘b, ils ont expliqué qu’il s’agissait plutôt de l’enfer. Ce dernier enveloppera le visage des incrédules, comme le précise le Coran à différents endroits :
« […] le feu couvrira leur visage. », s.14 Ibrâhîm, v.50.
وَتَغۡشَىٰ وُجُوهَهُمُ ٱلنَّارُ […]
« Le Jour où le châtiment les enveloppera d’en haut et sous leurs pieds […] », s.29 Al-‘Ankaboût (L’Araignée), v.55.
[…] يَوۡمَ يَغۡشَٮٰهُمُ ٱلۡعَذَابُ مِن فَوۡقِهِمۡ وَمِن تَحۡتِ أَرۡجُلِهِمۡ
« L’enfer leur servira de lit et, comme couverture, ils auront des voiles de ténèbres […] », s.7 Al-A‘râf, v.41.
[…] لَهُم مِّن جَهَنَّمَ مِهَادٌ۬ وَمِن فَوۡقِهِمۡ غَوَاشٍ۬ۚ
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Pour les partisans du premier avis, « Al-Ghâchiya : الغَاشِيَة » fait partie des nombreuses appellations du Jour ultime, les autres étant « Al-Hâqqa : الحَاقَّة » (Celle qui montre la vérité), « Al-Qâri‘a : القارِعَة » (Le Fracas), « Al-Wâqi‘a : الواقِعَة » (L’Événement), « At-Tâmma : الطّامَّة » (Le Grand cataclysme), « Az-Zalzala : الزَّلْزَلَة » (La Secousse). Tous ces noms sont au féminin, puisque cette forme correspond en arabe au plus grand degré de superlatif. Cette tournure est souvent employée en arabe :
« al-‘âllâma : العلِامَة » (le plus grand érudit), superlatif de « al-‘âlim : العالِم » (le savant) ;
« ad-dâhiya : الدَّاهِيَة » (le plus grand rusé), superlatif de « ad-dâhî : الدَّاهِي » (le rusé) ;
« at-tâghiya : الطَّاغِيَة » (le plus grand tyran), superlatif de « at-tâghî : الطَّاغِي » (le despote).
Verset 2 : Ce jour-là, il y aura des visages humiliés,
وُجُوهٌ۬ يَوۡمَٮِٕذٍ خَـٰشِعَةٌ
Dieu a recours à une métonymie dans ce verset : les visages font directement référence aux personnes. La langue arabe utilise fréquemment le vocable « visage » pour désigner la personne. Dieu emploie d’ailleurs cette formule dans le Coran pour Lui-même : « [Seule] subsistera La Face de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. », s.55 Ar-Rahmâne (Le Tout-Miséricordieux), v.27.
وَيَبۡقَىٰ وَجۡهُ رَبِّكَ ذُو ٱلۡجَلَـٰلِ وَٱلۡإِكۡرَامِ
Ibnou Abî Hâthim et Al-Bayhaqî tiennent cette explication d’Ibnou ‘Abbâs : « La Face » fait ici référence à Dieu. Cette interprétation est confirmée dans le verset 6 d’Al-Ghâchiya, lorsque Dieu dit : « Il n’y aura pour eux d’autre nourriture que des plantes épineuses » ; le pronom reprend ici les personnes et non leur visage.
Les Arabes désignent l’entité d’une personne par son visage, car ce dernier est comme un écran qui retranscrit l’état de l’individu : heureux ou malheureux, content ou souffrant, serein ou en colère… On entend ainsi souvent : « Il est sorti avec un visage qui n’a rien à voir avec celui avec lequel il est rentré ! »
« ‘âmila : عَامِلَةٌ۬ » : occupés par des travaux ; « naçiba : نَّاصِبَةٌ۬ » : fatigués, harassés et épuisés.
Les trois états cités dans les versets 2 et 3 peuvent être expliqués de trois manières :
1 – ce sera l’état des incrédules le Jour du jugement ;
2 – ce fut leur état dans l’ici-bas ;
3 – une partie correspond à leur état dans l’ici-bas et l’autre partie sera leur état dans l’au-delà.
1. Le Jour du jugement, les incrédules seront :
– humiliés car ils étaient orgueilleux sur terre à l’endroit de Dieu et de Sa religion ;
– préoccupés par les chaines qui les ligoteront ainsi que les carcans et les jougs qu’ils auront autour du cou. Ils marcheront dans l’enfer comme les chameaux marchent dans la boue. Le Coran les décrit en détail : « Puis, liez-le avec une chaîne de soixante-dix coudées », s.69 Al-Hâqqa (Celle qui montre la vérité), v.32.
ثُمَّ فِى سِلۡسِلَةٍ۬ ذَرۡعُهَا سَبۡعُونَ ذِرَاعً۬ا فَٱسۡلُكُوهُ
« Quand, des carcans à leurs cous et avec des chaînes ils seront traînés », s.40 Ghâfir (Le Pardonneur), v.71.
إِذِ ٱلۡأَغۡلَـٰلُ فِىٓ أَعۡنَـٰقِهِمۡ وَٱلسَّلَـٰسِلُ يُسۡحَبُونَ
– épuisés par le poids des chaînes et des carcans dans l’au-delà.
Al-Hassan Al-Baçrî dit : « Ces états devraient être les leurs pour Dieu, mais ce ne fut pas le cas, Dieu les a mis dans ces états dans l’au-delà en guise de châtiment. » Ils devaient en effet être humbles durant leur vie sur terre, engagés dans les bonnes œuvres et fatigués de les accomplir sans relâche.
2. Les incrédules dans l’ici-bas :
Les incrédules sont passés par ces trois états dans l’ici-bas ; mais ils étaient humbles, travaillaient et s’épuisaient pour un dieu tiré de leur imagination auquel ils ont attribué des qualités qui n’étaient pas les siennes. La divinité qu’ils adoraient n’était certainement pas Allâh, donc Dieu leur infligera un châtiment qui leur fera vivre ces trois situations.
3. Les incrédules avant et après la mort :
Les incrédules étaient travailleurs dans l’ici-bas et s’épuisaient dans la quête des jouissances terrestres. Une fois qu’ils verront ce que Dieu leur a préparé comme châtiment, ils seront humiliés : « […] et leur apparaîtra, de la part d’Allâh, ce qu’ils n’avaient jamais imaginé », s.39 Az-Zoumar (Les Groupes), v.47.
وَبَدَا لَهُم مِّنَ ٱللَّهِ مَا لَمۡ يَكُونُواْ يَحۡتَسِبُونَ […]
C’est également le cas de ceux qui œuvraient et s’épuisaient dans des adorations dénuées de sincérité. Dieu dévoilera alors leur ostentation le Jour du jugement, d’où leur humiliation.