Sourate 87 Al-A’lâ (Le Très-Haut) (1/3)

Tafsir du Saint Coran (articles)

SOURATE AL-‘ALÂ (LE TRES-HAUT : 87)

(1/3)

 

بسم الله الرحمن الرحيم

سَبِّحِ اسْمَ رَبِّكَ الْأَعْلَى
الَّذِي خَلَقَ فَسَوَّى
وَالَّذِي قَدَّرَ فَهَدَى
وَالَّذِي أَخْرَجَ الْمَرْعَى
فَجَعَلَهُ غُثَاء أَحْوَى
سَنُقْرِؤُكَ فَلَا تَنسَى
إِلَّا مَا شَاء اللَّهُ إِنَّهُ يَعْلَمُ الْجَهْرَ وَمَا يَخْفَى
وَنُيَسِّرُكَ لِلْيُسْرَى
فَذَكِّرْ إِن نَّفَعَتِ الذِّكْرَى
سَيَذَّكَّرُ مَن يَخْشَى
وَيَتَجَنَّبُهَا الْأَشْقَى
الَّذِي يَصْلَى النَّارَ الْكُبْرَى
ثُمَّ لَا يَمُوتُ فِيهَا وَلَا يَحْيَى
قَدْ أَفْلَحَ مَن تَزَكَّى
وَذَكَرَ اسْمَ رَبِّهِ فَصَلَّى
بَلْ تُؤْثِرُونَ الْحَيَاةَ الدُّنْيَا
وَالْآخِرَةُ خَيْرٌ وَأَبْقَى
إِنَّ هَذَا لَفِي الصُّحُفِ الْأُولَى
صُحُفِ إِبْرَاهِيمَ وَمُوسَى

 

Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.


  1. Glorifie le nom de ton Seigneur, le Très- Haut,
    2. Celui Qui a créé et agencé harmonieusement,
    3. qui a décrété et guidé,
    4. et qui a fait pousser le pâturage,
    5. et en a fait ensuite un foin sombre.
    6. Nous te ferons réciter (le Coran), de sorte que tu n’oublieras
    7. que ce qu’Allâh veut. Car, Il connaît ce qui paraît au grand jour ainsi que ce qui est caché.
    8. Nous te mettrons sur la voie la plus facile.
    9. Rappelle, donc, où le Rappel doit être utile.
    10. Quiconque craint (Allâh) s'[en] rappellera,
    11. et s’en écartera le grand malheureux,
    12. qui brûlera dans le plus grand Feu,
    13. où il ne mourra ni ne vivra.
    14. Réussit, certes, celui qui se purifie,
    15. et se rappelle le nom de son Seigneur, puis célèbre la Salat.
    16. Mais, vous préférez plutôt la vie présente,
    17. alors que l’au-delà est meilleur et plus durable.
    18. Ceci se trouve, certes, dans les Feuillets anciens,
    19. les Feuillets d’Abraham et de Moïse.

 

Descente et composition

 

Sourate Al-‘Alâ, appelée aussi « Sabbih », fut totalement révélée à la Mecque. Elle se compose de 19 versets. Sa position dans le Coran lui octroie une grande valeur : elle est la première sourate du dernier hizb, subdivision composée des sourates les plus courtes et les plus usitées par les musulmans dans leurs prières. C’est parce que le Prophète (pbDsl) accordait beaucoup d’importance à cette sourate que les savants firent d’elle l’introduction du dernier hizb. L’imâm Ahmad Ibnou Hanbal (Da) rapporte dans son « Mousnad » que ‘Alî (Da) a dit : « Le Messager de Dieu (pbDsl) aimait cette sourate » ; c’est pourquoi il la lisait souvent au cours de cinq prières bien déterminées :

– al-witr (dernière prière surérogatoire de la journée), c’est une prière impaire pouvant compter une à onze raka’âte ;

– souvent dans la première rak’a de la prière du vendredi, lorsque tous les musulmans sont rassemblés ;

– à l’occasion des deux grandes fêtes musulmanes : aïd al-Fitr et aïd al-Adhâ. Avant le prêche, le Prophète (pbDsl) accomplissait une prière particulière de deux unités et récitait souvent cette sourate dans la première.

 

Si le Prophète (pbDsl) agissait souvent de la sorte, et s’il choisissait les moments où les musulmans étaient réunis, nul doute que cette sourate a une place privilégiée et qu’elle regorge de sagesses et de leçons à extraire et à méditer.

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Thème

 

Sourate Al-‘Alâ traite tout d’abord de la glorification de Dieu, suggérant ainsi Son unicité. Elle mentionne la création parfaite de l’homme et celle des végétaux qui sont la base de toute la chaîne alimentaire. Dieu rassure ensuite Son Messager quant à la sauvegarde du Coran, puisqu’Il en est le Garant. Puis Il lui certifie que Sa religion est facile. Enfin, Il lui rappelle que les préceptes du Coran figuraient bien dans les Livres précédents.

 

Champ lexical et définitions

 

Cette sourate est la dernière d’une liste de sept sourates qui commencent avec le tasbih (la glorification de Dieu) :

  • sourate 17 Al-Isrâ’ (Le Voyage nocturne) : « Gloire à Celui qui fit voyager de nuit Son serviteur de la Mosquée sacrée à la Mosquée la plus éloignée …»

سُبْحَانَ ٱلَّذِى أَسْرَىٰ بِعَبْدِهِ لَيْلاً

  • sourate 57 Al-Hadîd (Le Fer): « Tout ce qui est dans les cieux et sur la Terre célèbre la gloire du Seigneur, le Puissant, le Sage. »

سَبَّحَ للَّهِ مَا فِي ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَٱلأَرْضِ

  • sourate 59 Al-Hachr (L’Exode) : idem
  • sourate 61 As-Saff (Le Rang) : idem
  • sourate 62 Al-Joumou’a (Le Vendredi) : « Tout ce qui est dans les cieux et sur la Terre célèbre la gloire du Seigneur (…)»

يُسَبِّحُ لِلَّهِ مَا فِي ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَمَا فِي ٱلأَرْضِ

  • sourate 64 At-Taghâboun (La Déconvenue) : idem
  • sourate 87 Al-A’lâ (le Très-Haut) « Glorifie le Nom de ton Seigneur, le Très-Haut.»

سَبِّحِ ٱسْمَ رَبِّكَ ٱلأَعْلَىٰ

 

Dans ces versets, le verbe سَبَّحَ (sabbaha) est conjugué au passé « sabbaha », au présent « youssabbihou » et à l’impératif « sabbih ». Il existe aussi la forme « soubhâna » qui est un substantif (« masdar »).

L’emploi de ce mot sous toutes ces formes grammaticales amène à réfléchir sur l’importance du tasbîh (la glorification de Dieu). Quant au mot « al-hamd » (la louange), qui accompagne souvent le mot tasbîh dans le Coran, il se rencontre toujours sous une forme nominale et jamais sous la forme d’un verbe conjugué : on ne trouvera jamais « hamidallâha » (Dieu a été loué par) ou « yahmadoullâha » (Dieu est loué par) ou « ihmadillâha » (loue ton Seigneur).

 

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Pourquoi une telle différence entre ces deux mots pourtant si proches ?

 

Si la louange est toujours utilisée sous forme nominale, c’est qu’elle doit être constante, contrairement à la glorification qui, elle, varie. La louange est en fait un objectif à atteindre alors que la glorification est le moyen utilisé pour parvenir à la louange. Cette différenciation est d’autant plus importante que ces mots sont employés quotidiennement dans la prière, lors des génuflexions et des prosternations.

التسبيح (at-tasbîh) équivaut à التنزيه  (at-tanzîh) qui, littéralement, revient à éloigner un être de ce qui ne lui est pas attribuable. Lorsqu’une personne a une bonne opinion d’une autre, elle la disculpera de tout méfait que l’on pourrait rapporter sur elle en disant : « ounazihouhou ‘an hâdhâ-l-‘amal » (« je l’éloigne de cet acte-là, je ne pense pas qu’elle l’ait commis »). « Sabbaha » signifie donc « il a éloigné ». En arabe, « farassoun saboûh » veut dire un cheval qui galope très vite au point qu’on ne le voit plus au loin (il s’éloigne rapidement).

« sabaha » signifie « nager » quand on précise « sabaha fi-l-mâ’i » (se déplacer dans l’eau), mais « sabaha fi-l-ardi » veut dire « il s’est déplacé sur terre », ce verbe n’est donc pas réservé exclusivement à la nage.

Subséquemment, « tasbihou Allâh » exprime l’idée que l’on éloigne Dieu de ce qui ne Lui est pas imputable, comme le fait qu’Il aurait un fils, un associé ; ou encore que Ses anges seraient de sexe féminin : on dit « soubhânAllâh ». Malheureusement cette formule est aujourd’hui employée un peu à tort et à travers, ou celui qui la prononce n’en comprend pas la portée. Pour illustration, lorsque les croyants sont admiratifs devant un paysage grandiose, ils s’exclament « SoubhânaAllâh ! », à ce moment précis, le sens véritable de l’expression est qu’ils écartent l’idée que la grandeur de ce paysage puisse être comparée à celle d’Allâh, d’où Sa glorification.

 

À chaque fois qu’on invoque Dieu à la fin d’une assemblée, on dit « Soubhâna rabbi-l-‘izzati ‘ammâ yassifoûn » (« Gloire au Seigneur de la toute puissance bien au-dessus des caractéristiques fallacieuses qu’on Lui attribue »). C’est une manière de placer Dieu au-dessus de tout, on ne Le loue pas d’emblée en clamant « Al-hamdoulillah rabbi-l-‘âlâmine » (Louange à Dieu, Maître des mondes), car le tasbîh précède al-hamd à l’issue de grandes œuvres.

 

ٱلْحَمْدُ (al-hamd) signifie « la louange à Dieu » en citant Ses attributs les plus hauts . Certains identifient cette notion à la reconnaissance ou au remerciement, mais ces concepts sont différents : le remerciement se traduit par « ach-choukr » et la reconnaissance par « ath-thanâ’ ».

Ces subtilités sémantiques ne se trouvent que dans le Coran, ce qui explique Son éloquence incomparable. La littérature coranique « balâghatou-l-Qor’ân » constitue en effet le principal miracle de la révélation. Les autres prodiges à caractère scientifique, législatif et historique tiennent une place secondaire et l’ensemble de ces miracles forme la science de la démonstration de l’origine divine du Coran.

 

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Un exégète soufi a dit : « Tasbihou Allâhi ‘azza wa jalla houwa a-t-tafakourou fî asmâ’ihi wa sifâtihi wa-s-siyâhatou fî ‘âlami khalqihi listikhrâji-d-dourari allatî toussâ’idou ‘alâ hamdihi » (« La glorification de Dieu se fait par le rappel de Ses Noms et Attributs, et par l’exploration de Sa création pour en extraire les perles qui vont ornementer Sa louange »). En se rappelant les Noms divins, le musulman écarte forcément tout autre caractéristique extrinsèque à Dieu ; et en méditant sur la création d’Allâh (AWJ), il apprécie immanquablement la grandeur du Créateur. Cette manière de se remémorer son Seigneur – de loin la meilleure – permet de réfléchir sur Ses qualités et non sur Son Entité. Les « perles » désignent les paroles et les sensations produites par une méditation menée dans une concentration profonde (« al-khouchoû’ »). Celle-ci enveloppe l’aspirant d’un sentiment de petitesse devant la gloire et l’éminence divines, de sorte que les simples mots dont il dispose s’exaltent puissamment. Le tasbîh est donc une méthodologie pour essayer de parvenir à la louange relative de Dieu, car nul ne peut Le louer comme Il le mérite réellement. La glorification se concrétise en la répétition de formules connues telles que « soubhânAllâh, wa-l-alhamdoulillâh, wa lâ illâha illalâh wa-l-lâhou akbar », mais celle-ci n’est vraiment valable que si elle est accompagnée d’un travail approfondi sur le cœur.

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C’est toujours à la fin de grandes actions que le tasbih, accompagné d’al-hamd, est mentionné. Ainsi, Allâh (AWJ) invite son Messager à Le glorifier dès lors que sa mission prend fin : « Lorsque tu verras les hommes embrasser en masse Sa religion, célèbre alors les louanges de ton Seigneur (fa sabbih bihamdi rabbika) et implore Son pardon, car Il est toute mansuétude et toute compassion ! », s. 110 An-Nasr (Le Secours), v. 2-3.

‘Abdoullâh Ibnou ‘Abbâs (Da), qui était encore jeune à l’époque de la révélation de cette sourate, répondait aux gens qui le questionnaient sur sa signification :

«- C’est que le Prophète va bientôt mourir.

– Comment le sais-tu ? s’enquéraient-ils.

– Comme Allâh demande au Prophète (pbDsl) de Le glorifier et de Lui demander pardon, cela veut dire qu’il a achevé sa mission », expliquait-il.

Allâh (AWJ) donne le choix à tous Ses prophètes lorsqu’Il leur envoie l’ange de la mort : « Votre mission est terminée sur Terre, voulez-vous continuer à vivre ou préférez-vous mourir pour rejoindre Dieu ? » Tous choisissent de retrouver leur Seigneur, et ‘Abdoullâh Ibnou ‘Abbâs (Da) savait que telle serait la volonté du Prophète (pbDsl).

Dès la fin de chaque adoration, il incombe donc au musulman de demander pardon à Dieu, puis de Le glorifier. D’ailleurs la dernière invocation des pieux s’achèvera par « (…) alhamdoulillâhi rabbi-l-‘âlâmîn » : « Tu verras ce jour-là les anges qui entourent le trône de Dieu ; ils glorifient leur Seigneur avec toutes les grandes louanges. Le jugement a été décrété sur eux avec justice, et l’on dit « Louange au Seigneur des mondes » », s.39 Az-Zoumar (Les Groupes), v.75. Telle est la dernière phrase par laquelle le croyant parfait l’adoration de son Seigneur, espérant la récompense de l’au-delà.

Conscient de cette vérité, l’imâm Al-Boukhârî (que Dieu lui accorde Sa miséricorde), paracheva son fameux « Sahîh » avec ces paroles du Prophète (pbDsl) : « Kalimatâni khafîfatâni fi-l-lissâne thaqîlatâni fil-mîzâne habîbatâni ila-r-Rahmâne :  » SoubhânAllâhi wa bihamdihi, soubhânAllâhil-‘Adhîm « » (« Deux mots faciles à prononcer, qui pèsent lourd dans la balance, aimés du Miséricordieux :  » Gloire à Dieu tout en Le louant, gloire à Dieu le Magnifique «  »).

La récompense que Dieu accorde pour la prononciation de ces deux expressions est bel et bien conséquente. En fait, ce tandem de locutions est à rapprocher de la formule « lâ ilâha illâ-l-lâh » : un énoncé technique qui doit se traduire par une certaine spiritualité purifiée. Cet état d’âme est l’intitulé de la sourate dans laquelle Dieu parle de Son Unicité : sourate 112 Al-Ikhlâs (La pureté du dogme), d’autant plus intéressante que son titre n’est pas tiré de son contenu. À travers cet exemple, le croyant comprend aisément que se limiter à la simple prononciation des mots dépossède l’expression de sa profondeur spirituelle.

 

Ath-Tha’labî rapporte ce hadîth non authentique dans son œuvre « kitâb al-‘arâ’is » : il mentionne que Ja’far Ibnou Mouhammad rapporte de son père, qui le tient de son grand-père qui dit : « Dieu a un ange appelé Hidhqiyâ’il qui a 18000 ailes. Dieu lui demande « Peux-tu voir Mon trône ? » Il lui doubla le nombre de ses ailes (36000) sachant que la distance entre deux ailes est de 500 jours de marche. Dieu lui ordonna de voler. Il s’envola pendant 20000 ans vers le haut mais il ne parvint même pas à la base du pied du Trône de Dieu. Dieu lui doubla encore le nombre de ses ailes (72000) et lui ordonna de voler pendant 30000 ans supplémentaires mais il ne parvint toujours pas à la base du pied du trône. Alors Dieu lui révéla : « Ô ange, si tu continuais de voler jusqu’au souffle dans la trompe, tu ne parviendras pas à la base d’un pied de mon trône » Et l’ange de s’exclamer « Soubhâna Rabiya-l-A’lâ »». Ce récit, bien que non authentifié, montre que Dieu est bien plus Haut que ce que s’imaginait l’ange. Qu’en est-il de l’imaginaire humain ? Il est largement en-deçà de la réalité divine. Lorsque les mots ne suffisent plus pour exprimer le sentiment de petitesse à l’égard de la grandeur de Dieu, c’est qu’on a atteint une parcelle de la vraie louange. La lecture des versets de sourate Al-‘Alâ permet d’incruster cette notion d’éminence divine dans le cœur des croyants, et ce sentiment fructifie un jour ou l’autre.

 

  1. Glorifie le nom de ton Seigneur, le Très Haut,

سَبِّحِ اسْمَ رَبِّكَ الْأَعْلَى

 

 

Lorsque ce verset fut révélé au Prophète (pbDsl), il dit : « Mettez cette formule dans vos prosternations », (hadîth authentique) ; et avant cela, lorsque le verset 74 de sourate 56 Al-Wâqi’a (L’Evénement) fut révélé : « Fassabih bismi rabbika-l-‘Adhîm » (« Glorifie le nom de ton Seigneur Le Magnifique »), il dit « Mettez [cette formule] dans vos génuflexions. » Avant de recevoir ces formules propres aux génuflexions et aux prosternations, les musulmans disaient : « À Toi nous nous sommes inclinés » ou « À Toi nous nous sommes prosternés ».

À chaque fois que le Prophète (pbDsl) récitait ce verset, il disait « Soubhâna Rabiya-l-A’lâ », puis continuait la lecture, même dans une prière obligatoire. Le musulman est invité à répondre aux versets qui se présentent sous forme de question ou d’ordre.

Le Prophète (pbDsl) dit : « Le fait de dire « Gloire à Dieu  » et « Louange à Dieu » remplit de hassanâtes l’espace entre la Terre et les cieux. » Autrement dit, c’est la meilleure expression de louange que peut prononcer un être humain. Dans un hadîth authentique, le Messager déclare : « Il arrivera une époque dans ma communauté où des gens vont exagérer dans l’invocation, ce qui est un des signes de la fin des temps. » Inutile de s’éterniser à chercher la meilleure formulation : les invocations du Prophète (pbDsl) sont belles, profondes et courtes, ce n’est donc pas la peine d’innover. À l’époque des compagnons, l’un d’entre eux allongea son invocation, ce qui lui valut cette réflexion de la part du Prophète (pbDsl) : « Tu es un des signes de la fin des temps. »

 

 

 

Pourquoi Dieu dit « Sabbih isma Rabbika » (« Glorifie le Nom de ton Seigneur ») et non d’emblée « Sabbih Rabbaka »  (« Glorifie ton Seigneur ») ?

 

L’injonction divine contient le mot « ism » (« nom »), alors que la formule consacrée au tasbîh est « Soubhâna Rabiya-l-A’lâ » (« Gloire à mon Seigneur le Très-Haut »). Pour certains savants, ce terme est un simple ajout qui ne modifie aucunement le sens de la formule, la preuve en est que le musulman la répète au minimum 66 fois par jour comme le Prophète (pbDsl) l’a enseigné.

Néanmoins, un changement dans le contenant implique inévitablement une modification dans le contenu, donc cette différence dissimule forcément une sagesse.

Plusieurs savants pensent que Dieu demande dans ce verset de glorifier Ses Noms et de ne pas les attribuer à autrui, c’est comme s’Il disait : « Glorifie les Noms de ton Seigneur ». Le tasbîh revient donc à ne pas attribuer les caractéristiques divins aux humains : un homme peut montrer de la  « rahma » (miséricorde), mais il ne peut en aucun cas être « le miséricordieux ».

D’autres expliquent que ce verset invite à la méditation des Noms divins, ainsi cette réflexion éloigne automatiquement le croyant de toute contingence.

Quelques érudits comprennent qu’il faut citer les Noms divins avec dévouement et concentration « Dieu a 99 Noms, celui qui les dénombre entrera au paradis », mais les énumérer ne consiste pas obligatoirement à les apprendre par cœur, c’est plutôt les ressentir avec son cœur… Pour ces savants, la glorification de Dieu passe donc par la méditation de Ses Noms, car ne pouvant cerner l’Entité divine avec l’esprit, il est par conséquent plus approprié de se rattacher aux attributs, de loin plus intelligibles par l’entendement humain.

 

Quelle est la différence entre « Sabbih isma Rabbika-l-‘Alâ » (« Glorifie le Nom de ton Seigneur le Très-Haut ») et « Fassabih bismi Rabbika-l-‘Adhîm » (ajout de la lettre ب : « Glorifie avec le Nom de ton Seigneur ») ?

 

La nuance est minime : la première formule peut se comprendre de deux manières, alors que la sémantique de la deuxième expression limite son interprétation à une possibilité.

Avec « Sabbih isma Rabbika-l-‘Alâ », le tasbîh passe soit par la glorification d’Allâh (AWJ) (pour ceux qui pensent que le mot « ism » est un plus), soit par la glorification de Son Nom, donc « al-ism » est considéré à la fois comme un moyen et un objectif.

Dans « Fassabih bismi Rabbika-l-‘Adhîm », s. 56 Al-Wâqi’a (L’événement), v. 74, la glorification de Dieu s’opère en mentionnant Ses Noms, mais pas en les glorifiant. La fonction du terme « ism » se restreint ici au moyen, ce qui donne moins de portée au verset. Etant donné que l’Entité divine et les attributs divins forment un tout indissociable, citer les Noms d’Allâh (AWJ) équivaut à Le glorifier directement.

 

Certains savants pensent que la lettre ب est également un ajout dans la phrase, comme c’est le cas dans le verset où Dieu s’adresse à Maryam (Da), saisie par les douleurs de l’accouchement : « Secoue vers toi le tronc du palmier (bijidh’i nakhli) et il en tombera sur toi des dattes mûres et succulentes », s. 19 Maryam (Marie), v. 25.

Petite remarque : la période de maturation des dattiers a lieu entre la fin du mois de septembre et le début d’octobre, donc Jésus n’a certainement pas vu le jour au cours du mois de décembre…

En disant « bijidh’i » (« un côté du tronc »), Allâh (AWJ) allège la tâche à Maryam (Da) : il lui suffit de faire semblant de le bouger, voire simplement de le toucher pour profiter de ses fruits. Cet argument se retourne donc contre ceux qui l’évoquent, car il aurait tout de même été impossible que Maryam (Da) secoue un tronc d’arbre à elle seule !

On retrouve cette lettre ب dans le verset où Allâh (AWJ) parle des ablutions : « Lorsque vous vous levez pour accomplir la prière, lavez vos visages, vos mains jusqu’aux coudes et essuyez (une partie de) vos têtes [birou’oûssikoum] », s. 5 Al-Mâ’ida (La Table servie), v. 6.

Les partisans de la lettre ajoutée sans modification de sens appliquent aussi leur opinion à ce verset.

D’autres savants interprètent ce passage comme suit : « […] et essuyez une partie de vos têtes » ; donc il suffit de passer les mains sur le tiers de la tête pour que les ablutions soient correctes à l’instar du Prophète (pbDsl), qui, lorsqu’il était coiffé de son turban, le soulevait un peu pour essuyer le haut de sa tête.

En transposant le sens de la lettre ب au verset « Fassabih bismi Rabbika-l-‘Adhîm », le serviteur de Dieu comprend qu’utiliser quelques Noms divins suffit pour Le glorifier. Ce ب vient donc alléger la tâche du tasbîh par rapport au verset 1 de sourate Al-‘Alâ ; il est néanmoins important pour le musulman de connaître la signification des Noms divins, de s’en imprégner en les projetant sur les situations de la vie de manière à mieux ressentir leur grandeur.

 

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