Vie génitale féminine (4/4) : les lochies

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11 À l’instar des menstrues, les lochies influencent la vie spirituelle et conjugale de la femme qui les a. Les lochies induisent quelques similitudes juridiques avec les règles, mais elles diffèrent tout de même sur certains aspects.

Définition littérale et juridique

« An-nifâss : النِّفاس » est l’état dans lequel se trouve la femme après l’accouchement.

Selon l’acception juridique, « an-nifâss » est l’écoulement du sang utérin survenant peu avant, pendant ou après l’accouchement.

À quel moment débutent les lochies ?

   Pour les hanâfites, le sang qui accompagne l’expulsion de la majeure partie du corps du nourrisson ou son extraction, est celui des lochies. En revanche, le saignement précédant l’accouchement ou la sortie d’une partie du nourrisson n’entre pas dans cette catégorie.

   Selon les mâlikites, tout sang précédant l’accouchement appartient aux menstrues. C’est donc le sang qui s’écoule lors de et après l’accouchement qui fait partie des lochies. Dans le cas des jumeaux, il est admis qu’une partie du nifâss puisse se répandre avec le premier-né, le reste venant avec le puîné.

   Les châfi‘ites sont d’avis que ce n’est que lorsque l’utérus est vidé qu’apparaissent les lochies. Le sang des contractions utérines avant l’accouchement n’est pas du nifâss mais des menstrues, idem pour celui qui s’écoule alors que le corps du nourrisson apparaît. Dans le cas d’une naissance gémellaire, le sang évacué avec le premier-né est du nifâss.

Quelle est la durée minimale des lochies ?

   Les quatre écoles sont unanimes pour ne fixer aucune durée minimale : les lochies peuvent s’écouler rapidement et cesser définitivement.

Quelle est la durée maximale des lochies ?

   D’après Aboû Dâwoûd, Oum Salama , l’épouse du Prophète, rapporte que cette durée est de 40 jours.

   ● Aboû Hanîfa  expose deux opinions, 30 et 40 jours. Il ajoute que la parturiente peut consulter les femmes de son entourage et calquer le délai de ses lochies sur le leur : s’il y a dépassement, elle considère alors l’excès d’écoulement sanguin comme métrorragique.

   ● Mâlik  admet une durée de 60 jours, et conseille à la femme de consulter les femmes de son entourage.

   ● Ach-Châfi‘î  opte également pour 60 jours.

   La majorité des juristes s’accordent sur une durée de 40 jours. Et une femme qui a déjà plusieurs accouchements à son actif doit se baser sur son expérience et sur l’avis médical pour déterminer la durée maximale de ses lochies.

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Cas particuliers

  Est-ce que le sang utérin qui s’écoule après une césarienne appartient aux lochies ?

   Oui, selon Aboû Hanîfa  ; mais si la femme ne constate aucun saignement après l’accouchement, alors elle doit se considérer comme « tâhîra » (pure).

  Quel est le statut de la femme qui accouche sans écoulement sanguin ?

   Excepté les hanbalites, la majorité des doctes disent que la parturiente doit se référer à ce à quoi elle est accoutumée : si le flux sanguin n’est que de la durée minimale des menstrues, la femme se considère déjà en état de pureté et effectue le lavage entier du corps (« ghoussl »).

  Quel est le statut du flux sanguin émanant lors d’une fausse-couche ou de l’expulsion de l’enfant mort ?

   Selon les hanafîtes, dès que l’on peut distinguer une partie corporelle du nouveau-né, le sang qui suit est du nifâss.

   Pour les châfi’îtes, même si l’embryon est au stade du caillot (« ‘alaqa : عَلَقَة ») ou du morceau de chair formé et informe (« moudgha : مُضْغَة »), la femme qui fait une fausse-couche est en état de nifâss.

   D’après les hanbalites, quand la fausse-couche survient lorsque le fœtus se forme, le flux sanguin fait partie des lochies. En revanche, ce sont des métrorragies lorsque l’embryon est au stade d’amas cellulaire (« noutfa : نُطْفَة »), de caillot ou de morceau de chair formé et informe.

  Quelle est la législation en matière de lochies persistantes ?

   De l’opinion de l’ensemble des juristes, si les lochies excèdent la durée maximale légale fixée par les écoles juridiques, le sang devient métrorragique. Les hanâfites recommandent à la femme qui n’en est pas à son premier accouchement de s’aligner sur sa période habituelle de lochies.

  Qu’en est-il de l’état de la femme qui connaît une interruption dans ses lochies ?

   L’école hanâfite : jusqu’à la fin des lochies, la parturiente est une « noufassâ » (ayant des lochies). Si elle se purifie avant le délai légal de 30 ou 40 jours, que la période de purification cyclique dure au moins 15 jours, et que le sang réapparaît, celui-ci entre dans les menstrues (« haïd ») ; sauf si la femme a des règles irrégulières et imprévisibles (fréquence et/ou durée), alors le sang est métrorragique.

   L’école mâlikite : si l’interruption est d’au moins 15 jours, le sang qui fait suite appartient aux menstrues. Moins de 15 jours d’arrêt, il s’agit des lochies. Pour calculer la durée maximale des lochies (60 jours), la femme ne prend pas en compte les jours de pureté, mais uniquement ceux de l’écoulement sanguin qu’elle additionne. Lors de l’interruption, la femme doit effectuer le ghoussl et ses obligations cultuelles.

   L’école châfi‘ite : tant que l’interruption est inférieure à 15 jours et que le délai maximal légal des lochies (40 jours) n’est pas atteint, le sang fait partie des lochies. À partir de 15 jours d’arrêt, l’écoulement sanguin qui apparaît relève des menstrues.

   L’école hanbalite : le début des lochies est pris en considération, toute interruption dans le délai maximal légal (40 jours) entre dans le cadre des lochies. Lors de cet arrêt, la femme se purifie entièrement et s’acquitte de ses obligations cultuelles.

   En tout état de cause, lorsque les lochies cessent avant la période maximale considérée par les différentes écoles, même pour une durée courte d’une journée, la femme doit se laver (effectuer al-ghousl). Elle pourra ainsi accomplir ses prières, lire le coran, jeûner et avoir des rapports intimes avec son mari. Toutefois certains savants préfèrent que les rapports ne commencent qu’après la fin de la période maximale des lochies.

  Quels sont les actes adoratifs interdits à la femme « noufassâ »?

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   La femme ayant des lochies s’aligne sur la législation relative aux menstrues pour les actes cultuels interdits (cf. Les menstrues (2)). Brièvement, il lui est prohibé d’effectuer :

   ● la prière obligatoire et surérogatoire ;

   ● la prosternation de glorification associée à certains passages du Coran ;

   ● le jeûne ;

   ● certains rites du pèlerinage ;

   ● le toucher et la lecture du Coran.

Quelles sont les règles se rapportant aux lochies et aux rapports sexuels entre époux?

   Elles sont identiques à celles relatives aux menstrues (cf. Les menstrues (2)). Sans entrer dans les détails, voici un aperçu :

   ● Les hanâfites : tout rapport sexuel est interdit jusqu’à la fin des lochies (40 jours maximum). En revanche, la femme n’est pas obligée de se purifier entièrement pour commercer avec son conjoint à la fin des lochies.

   ● Les mâlikites et les châfi‘îtes : le flirt et les jeux amoureux sont autorisés lors des lochies, mais le coït est strictement exclu.

   ● Les hanbalites : l’homme peut jouir de tout le corps de son épouse en intercalant un « izâr » (tissu non fin et non léger) entre lui et elle (du nombril aux genoux), à condition de ne pas pratiquer la pénétration vaginale qui est interdite.

Quelle est l’impact des lochies sur le divorce et le délai de viduité ?

   Elles n’interviennent pas, le divorce prononcé à l’encontre d’une femme enceinte est valide, le délai de viduité (« ‘idda : عِدَّة ») s’achève avec l’accouchement conformément à la parole d’Allâh  : « Quant à celles qui sont enceintes, elles ont pour terme celui où elles accoucheront […] », s.65 At-Talâq (Le Divorce), v.4.

   Dès lors, la femme dispose d’elle-même et peut contracter une nouvelle union.

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