(18)La prière (11/11) : les prières surérogatoires

Jurisprudence malikite

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   Cinq prières quotidiennes font partie des obligations du musulman. À ces pratiques canoniques s’ajoutent d’autres prières surérogatoires dont l’accomplissement revêt un caractère recommandé à l’intensité variable.Les prières surérogatoires vivement recommandées (sunnan mou’akkada)

1. La prière impaire (al-witr : الوِتْر)

   Elle se compose d’un cycle de prière et clôt les prières quotidiennes. Son délai d’accomplissement (temps ikhtiyârî) commence après l’exécution de la prière du ‘ichâ’ et prend fin avec l’apparition de l’aube. Dans le cas où le fidèle a regroupé le maghrib avec le ‘ichâ’ durant le délai du maghrib, il devra attendre la disparition de la lueur crépusculaire (début du temps du ‘ichâ’) pour effectuer le witr.

   En ce qui concerne son temps daroûrî, il s’étale du lever de l’aube au lever du soleil. Si le temps restant ne suffit pas à effectuer et le witr et le çobh, le fidèle délaissera le witr et s’acquittera de la prière obligatoire du çobh. Si le délai disponible suffit à la réalisation de trois ou quatre cycles de prière, le croyant effectuera le witr puis le çobh ; il retardera l’accomplissement du fajr jusqu’au moment de dohâ. Aussi, si l’orant se rappelle avoir oublié le witr pendant qu’il effectue le çobh, il lui est recommandé ou permis d’interrompre cette prière pour accomplir le witr à condition qu’il lui reste assez de temps avant le lever du soleil.

   Plusieurs recommandations s’appliquent à la prière du witr :

– réciter les trois dernières sourates du Coran juste après la Fâtiha ;

– pour l’homme, prononcer les versets à haute voix ;

– différer son accomplissement jusqu’à la fin de la nuit pour celui ou celle qui a coutume de se lever à ce moment-là pour prier. Ibnou ‘Omar  a rapporté ces paroles prophétiques à ce sujet : « Faites à la fin de vos prières de nuit un cycle impair. » [Authentifié par Al-Boukhârî.]

   En revanche, si le witr a été accompli en début de nuit et que le fidèle se lève avant l’aube pour effectuer quelques cycles de prières, il ne clôturera pas par un autre witr, comme le Prophète  l’a interdit : « Pas deux witr dans une même nuit ! » [Rapporté par At-Tirmidhî.]

– faire précéder le witr par une prière paire (de deux cycles) (ach-chaf‘ : الشَّفْع) indépendante (terminée par le taslîm) ;

– l’effectuer en commun exclusivement durant le mois de Ramadan.

   D’autres pratiques relatives au witr sont au contraire blâmables :

– omettre d’accomplir le chaf‘ juste avant ;

– l’effectuer durant son temps daroûrî sans excuse valable ;

– l’associer au chaf‘ sans saluer entre ces deux prières.

2. La prière des deux fêtes

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   La fête de la rupture du jeûne et celle du sacrifice s’agrémentent chacune d’une prière particulière qui fut établie en l’an 1 de l’Hégire. Anas  rapporta les circonstances de leur institution : « Le Prophète s’installa à Médine. Or, les habitants de cette ville avaient deux jours de réjouissances. Le Prophète  leur demanda : “Quels sont ces jours ? – Ce sont, répondirent-ils, des jours que nous fêtions avant l’Islam. – Eh bien ! reprit le Prophète, Dieu les a remplacés par deux jours meilleurs que ceux-là : le jour des sacrifices et celui de la rupture du jeûne.” » [Rapporté par Aboû Dâwoûd.]

   La rupture du jeûne de l’an 2H fut la première journée festive célébrée par le Prophète .

   Les prières des deux fêtes sont vivement recommandées à tout fidèle se trouvant dans l’obligation d’effectuer la prière du vendredi, à condition d’y participer en communauté. Pour les autres (l’enfant impubère, le voyageur, celui qui réside loin des villes et la femme), assister à la prière de ces fêtes reste recommandé, mais sans insistance.

   En revanche, la prière du jour du sacrifice n’est pas préconisée pour les pèlerins, puisque les rites consacrés à ce jour lors du pèlerinage remplacent cette prière.

   Un délai précis est imparti à ces deux prières : il débute lorsque le soleil s’élève au-dessus de l’horizon d’une hauteur de lance (soit une vingtaine de minutes après le lever), et se termine dès que l’astre diurne commence à décliner du zénith, soit au début du temps de la prière du dhohr. Après cet intervalle, le musulman n’est plus tenu d’accomplir cette prière surérogatoire.

   À l’instar des autres prières non obligatoires, ces prières se composent de deux cycles. ‘Omar Ibnou-l-Khattâb  en témoigne par ces paroles : « La prière du voyageur est de deux cycles ; la prière du vendredi est de deux cycles ; les prières de rupture du jeûne et du sacrifice sont de deux cycles complets, auxquels ne doivent manquer aucun éléments constitutifs, ainsi que je l’ai entendu dire de Mouhammad . » [Rapporté par Ibnou Mâja.]

   Parmi les actes vivement recommandés de ces prières, le fait de prononcer six takbîr après le takbîr de sacralisation (sept en tout dans le premier cycle), puis d’en formuler cinq à la suite du takbîr proféré en se redressant du sol pour accomplir la deuxième unité.

   Lors de la prière, si l’imâm se rappelle avoir oublié de dire un ou plusieurs takbîr avant de s’incliner, il s’arrêtera de réciter le Coran pour les formuler, puis recommencera sa récitation depuis le début. Après le salut final, il accomplira alors deux prosternations de distraction pour avoir récité la Fâtiha deux fois. En revanche, s’il ne s’en rend compte qu’après s’être incliné, il poursuivra sa prière ; mais avant de saluer, il effectuera deux prosternations de distraction pour l’oubli d’un takbîr fortement recommandé.

   Quant au croyant qui entame sa prière en commun au début de la récitation de la Fâtiha, il prononcera sans délai les sept takbîr et terminera la prière en groupe. Par contre, s’il ne rejoint le rang que pendant la récitation de la Fâtiha du second cycle, il formulera six takbîr et accomplira son premier cycle avec le groupe. Sans saluer, il se relèvera, prononcera alors sept takbîr et finira sa prière seul.

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   D’autres actes afférents à la prière des deux fêtes sont recommandés, mais sans insistance :

– l’effectuer dans un terrain en plein air (mouçallâ : مُصَلَّى). Il est réprouvé de se regrouper à la mosquée, sauf si l’on craint des intempéries ou s’il s’agit de la mosquée où se trouve la Ka‘ba ;

– lever les mains seulement pour le takbîr de sacralisation ;

– prononcer les takbîr avant de réciter le Coran et sans interruption. Il est en effet réprouvé de proférer d’autres paroles, fussent-elles « transcendance de Dieu ; louange à Dieu ; il n’est de dieu que Dieu ; Dieu est Le plus grand ! » ;

– psalmodier les versets à haute voix ;

– réciter les sourates 87 (Al-A‘lâ) ou 88 (Al-Ghâchiya) dans le premier cycle et les sourates 91 (Ach-Chams) ou 92 (Al-Layl) dans le deuxième cycle de prière.

   Concernant le double prêche des prières des deux fêtes, ses éléments constitutifs sont identiques à ceux du double prêche de la prière du vendredi. Cela dit, quelques recommandations le distinguent de celui du joumoû‘a :

– débuter et clore chacun des deux prêches par un takbîr ou plus (illimité) ;

– prononcer les deux prêches après la prière proprement dite ; si cet ordre n’est pas respecté, il est alors recommandé de reprendre les prêches après la prière. Ibnou ‘Abbâs  a déclaré : « J’ai assisté à la fête avec l’Envoyé de Dieu , ainsi qu’avec Aboû Bakr, ‘Omar et ‘Othmâne – Dieu les agrée chacun – ; tous faisaient la prière avant le prêche. » [Rapporté par Al-Boukhârî.]

– tourner le buste face à l’imâm ;

– respecter le silence et suivre ses paroles ;

– répéter intérieurement les takbîr formulés à voix haute par l’imâm.

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   Les deux grandes fêtes de l’Islam sont des journées importantes pour les musulmans. Il leur est d’ailleurs conseillé de multiplier les bonnes œuvres durant ces deux jours, ainsi que la nuit qui les précède respectivement :

– animer la nuit précédant chaque fête d’actes de dévotion comme le rappel de Dieu, la prière, les invocations ou la psalmodie du Coran. Si cela s’avère difficile, s’efforcer d’accomplir les prières du ‘ichâ’ et du çobh en commun. La sunna révèle en effet : « Quiconque effectue des pratiques pieuses durant la nuit des deux fêtes en escomptent uniquement la rétribution divine, celui-là n’aura pas le cœur mort  au jour où tous les cœurs meurent. » [Rapporté par Ibnou Mâja.]

– réaliser la grande ablution (ghousl : غُسْل) après le lever de l’aube pour chacun des jours de fête, y compris les personnes qui n’y sont pas astreintes. Ibnou ‘Abbâs  rapporte que « le Prophète  faisait la grande ablution le jour de la rupture du jeûne et le jour du sacrifice. » [Authentifié par Ibnou Mâja.] ;

– endosser des vêtements neufs ou très propres (les plus beaux) et se parfumer, car : « Dieu aime voir sur Ses adorateurs les effets de Sa grâce. » [Authentifié par At-Tirmidhî.] ;

– se couper les ongles, épiler les aisselles et le pubis, se coiffer soigneusement les cheveux et arranger sa barbe ainsi que ses moustaches ;

– se diriger vers le lieu de prière à pied en formulant des takbîr de manière à être entendu par son entourage direct. ‘Alî Ibnou Abî Tâlib  a expliqué : « C’est une pratique prophétique que de se rendre à (la prière de) la fête à pied. »  [Rapporté par At-Tirmidhî.] ;

– rentrer chez soi en empruntant un chemin différent de celui de l’aller. Jâbir  rapporte : « Quand c’était un jour de fête, le Prophète  prenait un chemin différent au retour. » [Authentifié par Al-Boukhârî.] ;

– le premier jour de Chawwâl, s’alimenter quelque peu avant de se rendre à la prière ; il est même recommandé de déjeuner avec un nombre de dattes impair. Anas  a dit : « L’Envoyé de Dieu  ne sortait pas le matin du jour de la rupture du jeûne avant d’avoir mangé quelques dattes. » Et selon une chaîne de narrateurs différente, il ajouta : « Le Prophète  en mangeait un nombre impair. » [Authentifié par Al-Boukhârî.] ;

– le dixième jour de Dhou-l-Hijja, partir à jeun au lieu de prière, même si l’on n’immole pas de bête ;

– quitter sa demeure après le lever du soleil pour se rendre au mouçallâ (pour qui habite à proximité de cet endroit) ;

– répéter des takbîr sur le lieu de prière jusqu’à l’apparition de l’imâm.

Quelques actions bien précises sont blâmables le jour d’une des deux fêtes :

– précéder ou faire suivre la prière de la fête par une prière surérogatoire si la célébration a lieu en extérieur. En revanche, le fidèle n’encourt aucun blâme si la prière de la fête se déroule dans une mosquée (ou dans un hangar) ;

– dire la formule « transcendance de Dieu ; louange à Dieu ; il n’est de dieu que Dieu ; Dieu est Le plus grand ! » (soubhânAllâhi, walhamdoulillâhi, walâ ilâha illa-llâhou wallâhou akbar) entre les six takbîr du premier cycle et les cinq du second ;

– lancer un appel à la prière de la fête, à l’exemple de « aç-çalâtou jâmi‘a ».

   Les 10ème, 11ème, 12ème et 13ème jours de Dhou-l-Hijja représentent des jours particuliers pour chaque musulman. En effet, il est recommandé à chaque orant de formuler trois takbîr (« Allâhou Akbar ») après chacune des quinze prières canoniques qui suivent la prière de la fête du sacrifice (soit du dhohr du 10ème jour au çobh du 13ème jour). Le Coran mentionne ces jours spécifiques : « Et invoquez Allâh pendant un nombre de jours déterminés. […] », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.203.

وَٱذۡكُرُواْ ٱللَّهَ فِىٓ أَيَّامٍ۬ مَّعۡدُودَٲتٍ۬‌ۚ

   Si un délai trop long s’écoule après la prière, ces takbîr ne sont plus recommandés. Il est effectivement conseillé de les formuler juste après le salut final, avant les invocations et le dhikr habituels. La femme les prononcera de manière à s’entendre elle-même et l’homme pourra hausser la voix de sorte que son entourage l’entende.

3. La prière des éclipses

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   Le Prophète  s’est exprimé au sujet des éclipses ; ‘Â’icha  a rapporté ses paroles : « Le soleil et la lune ne s’éclipsent pas à cause de la vie ou de la mort de quelqu’un, lorsque vous verrez ces astres (éclipsés), réfugiez-vous dans la prière. » [Authentifié par Al-Boukhârî.]

   Concernant la prière de l’éclipse de soleil, elle est vivement recommandée (sunna mou’akkada) pour tout musulman concerné par les prières canoniques, et seulement conseillée sans insistance (mandoûb) aux impubères.

   Elle se compose de deux cycles de prières, comme toute autre prière surérogatoire, à la différence près que l’ajout d’une station debout et d’une inclinaison est fortement recommandé dans chaque cycle. Ibnou ‘Abbâs  a décrit le déroulement de cette prière conformément à la sunna : « Au temps de l’Envoyé de Dieu , une éclipse de soleil se produisit. Le Prophète  commença la prière et resta debout longtemps, environ le temps de réciter sourate Al-Baqara. Il accomplit ensuite une longue inclinaison, puis se relevant, il se tint de nouveau debout longuement, mais moins que la première fois. Alors il accomplit une longue inclinaison, mais d’une durée moindre que la première. Après cela il se prosterna, puis (se releva et) se tint longtemps debout, mais moins que la première fois, fit une longue inclinaison, de durée moindre que la première, se releva, se tint encore longuement debout, mais moins que la première fois, effectua une deuxième inclinaison longue, mais moins que la première, se prosterna et retourna à sa place. À ce moment le soleil s’était dégagé. » [Authentifié par Al-Boukhârî.]

   Le délai imparti à cette prière débute lorsque le soleil se trouve au-dessus de l’horizon d’une hauteur de lance et se termine quand le soleil commence à décliner de son zénith. Cela dit, d’autres avis fixent la fin de ce délai au début du temps du ‘açr, voire jusqu’au coucher du soleil.

   Il est conseillé d’accomplir cette prière en assemblée et à la mosquée (où se célèbre la prière du vendredi) ; de réciter un long passage du Livre Saint à voix basse en le divisant en quatre partie réparties dans chaque station debout. L’imâm pourra cependant réduire son temps de récitation pour ne pas gêner les orants ou par crainte de sortir du délai accordé pour cette prière. Chaque inclinaison doit durer le même temps que le passage coranique récité précédemment ; le fidèle y répètera la formule « soubhâna rabbiya-l-‘adhîm ». Et chaque prosternation durera le même temps que l’inclinaison qui la précède ; c’est l’occasion de dire « soubhâna rabbiya-l-a‘lâ » et des invocations.

   La prière de l’éclipse de soleil sera introduite par un appel spécifique : « aç-çalâtou jâmi‘a ». ‘Abdoullâh Ibnou ‘Amr  rapporte : « Lorsqu’au temps du Prophète  il y eut une éclipse de soleil, on fit cette invitation : “Venez à la prière en commun.” » [Authentifié par Al-Boukhârî.]

   Juste après cette prière, l’imâm exhortera les fidèles en louant Dieu et en priant sur le Prophète .

   Quant à la prière de l’éclipse de lune, elle est recommandée mais sans insistance. Contrairement à la prière de l’éclipse de soleil, elle ne se compose que d’une seule station debout et une seule inclinaison par cycle. Il est possible d’effectuer cette prière à n’importe quel moment de la nuit concernée par l’éclipse.

   Cette prière s’accomplit chez soi et à voix haute. Il est recommandé d’enchainer des prières de deux cycles jusqu’à la réapparition de la lune ou sa disparition à l’aube.

4. La prière du besoin d’eau (çalât al-istisqâ’ : صَلاة الإِسْتِسْقاء)

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   La prière du besoin d’eau s’applique dans les moments de sécheresse et de manque d’eau pour les cultures ou les besoins humains ou du bétail ; c’est une manière de demander à Dieu d’envoyer de l’eau par voie terrestre (rivière, fleuve, nappes phréatiques) ou par le ciel (pluie).

   Le statut de cette prière dépend de divers critères, elle est :

– vivement recommandée en période de sécheresse pour tout croyant pour qui la prière du vendredi est obligatoire ;

– simplement conseillée (mandoûb) pour le fidèle non astreint à la prière du vendredi comme la femme, l’enfant, celui qui a raté cette prière en assemblée ou encore celui qui dispose d’une quantité d’eau juste suffisante pour ses besoins ;

– blâmable pour la jeune fille qui n’attire pas les regards des hommes et pour l’enfant dénué de bon sens ;

– interdite pour la jeune fille qui attire le regard.

   Le délai imparti à l’accomplissement de la prière du besoin d’eau débute quand le soleil est au-dessus de l’horizon d’une hauteur de lance et se termine lorsqu’il commence à décliner du zénith. Les fidèles pourront réitérer cette prière si leur demande tarde à être satisfaite la matinée du lendemain ou du surlendemain, car il ne pleuvra pas forcément le jour-même.

   Cette prière s’accomplit à voix haute en extérieur comme en témoigne ce récit rapporté par ‘Abbâd Ibnou Tamîm : « L’Envoyé de Dieu  sortit avec les fidèles faire la prière de l’istisqâ’. Il accomplit pour eux deux cycles de prière à haute voix, en récitant du Coran dans les deux cycles, puis il retourna son vêtement, éleva les mains, invoqua Dieu et Lui demanda d’envoyer de l’eau, la face orientée vers la qibla. » [Rapporté par Aboû Dâwoûd.]

   Il est tout à fait possible d’effectuer d’autres prières surérogatoires avant et/ou après la prière du besoin d’eau dans le mouçallâ ou autre part.

Plusieurs actions afférentes à cette prière sont recommandées :

– conseiller à la communauté de jeûner trois jours avant l’accomplissement de la prière du besoin d’eau, de faire preuve de générosité envers les plus démunis, de rendre les dépôts à qui de droit et de se repentir ;

– le jour J, se rendre à pied au lieu fixé pour la prière dans le recueillement. Ibnou ‘Abbâs  a décrit l’état général du Prophète  en de telles circonstances : « L’Envoyé de Dieu  sortit en vêtements ordinaires, plein d’humilité, le cœur recueilli. » [Rapporté par At-Tirmidhî.] ;

– psalmodier le Coran à voix haute ; après la Fâtiha, réciter la sourate 87 (Al-A‘lâ) dans le premier cycle et la sourate 91 (Ach-Chams) dans le second ;

– après la prière, enchainer avec un double prêche semblable à celui des deux fêtes. Cependant, au lieu de l’agrémenter de takbîr, l’imâm et son assistance solliciteront le pardon divin et la station debout du guide ne se fera pas sur la chaire ;

– l’imâm tournera ensuite son visage vers la qibla tout en se présentant de profil vers l’assemblée avant de retourner son vêtement (veste) de gauche à droite, signifiant ainsi le souhait des croyants de voir la situation de manque d’eau évoluer positivement (pas de droite à gauche ni du bas vers le haut, car indiquerait le contraire). Les hommes présents feront de même tout en restant assis ;

– l’imâm formulera autant d’invocations que possible pour demander à Dieu de mettre fin à cette sécheresse, de répandre Sa miséricorde et de pardonner les péchés de Ses serviteurs. Le Prophète  avait pour habitude de dire : « Seigneur, envoie de l’eau sur Tes adorateurs et sur Tes bestiaux ; répands Ta miséricorde ; vivifie Ta contrée qui est morte » [Rapporté par Aboû Dâwoûd.]  (Allâhoumma sqi ‘ibâdaka wabahâ’imak, wanchour rahmatak, wa ahyî baladaka-l-mayyit : اللَّهمَّ اسقِ عِبادكَ وبهائمكَ, وانشر رحمَتَك, وأَحْيي بَلَدَكَ الَمِّيتَ). Chacun des présents répondra « âmîn » à ces invocations avec humilité et piété.

La prière de l’aube (raghîba : رَغِيبَة)

   La prière de l’aube (al-fajr : الفَجْر) est une prière surérogatoire de deux cycles vivement recommandée. ‘Â’icha  a rapporté ces paroles très significatives du Prophète  : « Les deux cycles de la prière du fajr valent mieux que ce bas-monde et ce qu’il contient. » [Authentifié par Mouslim.]

   Le fidèle formulera une intention qui lui est spécifique, car il ne s’agit pas d’une simple prière surérogatoire, elle est presque obligatoire (raghîba). Le temps accordé à cette prière court du lever de l’aube jusqu’au lever du soleil, et elle s’accomplit avant la prière canonique du çobh. Prier le fajr sans être certain de le faire dans son temps invalide l’acte réalisé.

   Si l’iqâma du çobh est lancé à la mosquée avant que l’adorateur n’ait pu effectuer le fajr, il accomplira la prière obligatoire avec le reste de l’assemblée et différera le fajr (qadâ’) jusqu’à ce que le soleil se trouve au-dessus de l’horizon d’une hauteur de lance ; ce temps de rattrapage s’achève avec le début de la prière canonique du dhohr.

   Il est conseillé d’effectuer le fajr à la mosquée (elle fera également office de prière de salutation pour ce lieu) et de ne réciter que la Fâtiha dans chacun de ses cycles. Cet avis est spécifique à l’école mâlikite ; pour la majorité des savants, il convient de réciter ensuite sourate 109 Al-Kâfiroûn dans la première rak‘a et sourate 112 Al-Ikhlâç dans la seconde.

Les prières surérogatoires simples (mandoûb : مَنْدوب)

   Ces prières surérogatoires ne nécessitent aucune intention particulière, si ce n’est celle de la surérogation. Certaines sont liées à des prières canoniques, d’autres non.

1. Les prières surérogatoires afférentes aux prières obligatoires

   Ces prières s’effectuent soit avant, soit après certaines prières canoniques :

– avant et après le dhohr ;

– avant l’accomplissement du ‘açr ;

– après le maghrib.

Il est recommandé au fidèle de réaliser chez lui les prières surérogatoires précédant celles qui sont obligatoires et d’accomplir à la mosquée celles qui font suite aux obligatoires (excepté à la mosquée du Prophète  où il est recommandé de prier toutes les prières surérogatoires).

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2. Le reste des prières surérogatoires

   Il est recommandé au fidèle de prier deux cycles en guise de salutation pour honorer la mosquée (tahiyatou-l-masjid : تَحِيَة المَسْجِد), sous certaines conditions :

– qu’il soit permis de prier à ce moment. Il faut donc éviter de l’accomplir entre la prière du ‘açr et celle du maghrib, ainsi qu’au moment où l’imâm monte sur le minbar avant de prononcer le discours du vendredi ;

– que le fidèle soit en état de pureté mineure en entrant à la mosquée ;

– que l’adorateur ait l’intention de rester ne serait-ce que quelques instants. Celui qui ne fait que passer n’est donc pas concerné.

   Cette prière est implicitement accomplie si l’orant effectue une prière canonique avec l’intention également d’honorer le lieu saint par cette prière.

   Quant à la prière de tarâwîh (التَّراوِيح), elle se pratique exclusivement durant les nuits du mois de Ramadan. Indiquée aussi bien pour l’homme que pour la femme, son délai d’accomplissement commence après la réalisation de la prière du ‘ichâ’ et se termine à l’aube, avant d’effectuer le witr. Cette prière s’accomplit en assemblée à la mosquée, mais il est préférable de l’effectuer chez soi, en groupe, sachant que les mosquées ne désemplissent pas. L’imâm ou le fidèle lira chaque nuit un jou’z du Coran, de manière à faire coïncider la fin du Livre Saint avec celle du mois de Ramadan. Cela dit, lire un passage quotidien moins long peut remplacer la lecture de l’ensemble du Coran.

   L’idéal consiste à accomplir vingt-trois cycles de prière, vingt de tarâwîh et trois de witr.

   Le retardataire qui rejoint les orants au deuxième cycle d’une prière rattrapera le premier cycle aussitôt après le salâm de l’imâm, pour ensuite s’accorder avec l’assemblée.

   Même si toutes ces prières revêtent un caractère non obligatoire, leur accomplissement au quotidien permet au fidèle de se purifier et de se ressourcer à travers un dialogue régulier avec Allâh . C’est justement la recherche constante de cette proximité qui renforce la foi de l’adorateur et lui ouvre les voies de la miséricorde divine.

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