(1) Ahmad Ibnou Hanbal Ach-Chaybânî : Ses débuts

École Hanbalite

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   Le paysage défile au rythme des pas cadencés des camélidés, lents et gracieux. La caravane ondulante progresse à la faveur du frais matin or bleuté. Sur le dos de deux chameaux, un chargement précieux : un homme et son épouse au ventre arrondi…

un heureux évènement se profile à l’horizon.

   Merv et les incomparables beautés du Khorasan sont désormais loin derrière les voyageurs, elles s’installent dans leurs cœurs et leurs mémoires à l’état de souvenirs latents et vivaces…Quel dessein poursuivent nos mystérieux personnages ?

   Les inconvénients du périple semblent affecter la jeune femme, qui discrètement sollicite de son époux une pause. Attentionné, son compagnon décide une halte : de toute façon, le soleil, flirtant avec le zénith, commence à darder ses rayons brûlants, exténuant et ralentissant les braves bêtes.Profiter d’un répit ombragé pour se restaurer et se reposer… Puis, accomplir ses prières du voyageur et invoquer Allâh à l’intention des êtres chers qu’on a laissés… là-bas.

   L’astre diurne a bien entamé son déclin vers l’ouest quand le signal du départ est donné.Bagdad la merveilleuse n’est plus qu’à quelques heures de route. L’excitation et l’enthousiasme du groupe est manifeste : les hommes, délassés par la sieste, chantent à la gloire de Dieu puis de Son Prophète . Cette nuit, les itinérants seront dans la chaleur du cocon familial, et l’aube les accueillera parmi les orants de la mosquée.

  Bagdad se réveille sous le tumulte de ses habitants. Vaille que vaille, on vaque à ses occupations, semblables aux oiseaux matinaux à la recherche des bienfaits du Créateur. Les pas affairés font claquer les semelles sur le sol, soulevant une fine poussière dorée et scintillante à la lumière du jour. De-ci de-là, les négoces sortent de leur court sommeil, les rues s’animent de cris et de sons divers : la cacophonie est indescriptible. La ville, coquette, se farde de couleurs chatoyantes et se parfume des senteurs d’épices venus des quatre coins du monde. La cité radieuse compte de nouveaux résidents, mais elle sera la dernière étape pour l’étranger accompagnant son épouse : les décrets divins tombent parfois comme un couperet, fauchant les rêves dès leur naissance. Deuil, tristesse digne et confiance en Dieu Le Sage, voilà le lot de la veuve courageuse : Allâh n’éprouve point Ses serviteurs et servantes au-delà de leurs forces. Pour beaucoup de pieux, les situations pénibles, les chemins escarpés, catalysent la foi et mènent au dépassement de soi pour l’amour de Dieu.

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Bagdad, la ville ronde

    Au mois de Rabî‛ Al-awwal de l’an 164 H naît Ahmad Ibnou Hanbal Ach-Chaybânî (Da), reçu et entouré par l’affection des siens, mais privé de son père. Qu’importe, sa mère l’aime pour deux, sinon plus !

   « Un sol généreux produit toujours, par la grâce du Seigneur, une abondante récolte…» s. 7 Al-A’râf (Les Murailles), v. 58 : la génitrice se révèle être une excellente éducatrice, elle pare ainsi son fils de nobles qualités comportementales et se soucie grandement de lui inculquer la religion. Comme tous les enfants de son époque, vivant en terre d’Islâm, Ahmad (Da) apprend le Coran par cœur, et s’attelle aux rudiments de la grammaire. Ses prédispositions pour les études religieuses sont réelles, il est aidé en cela par une avidité d’apprendre peu commune : dès que s’achèvent les séances du Coran, il se rend à la chancellerie, où travaille son oncle, pour s’adonner à l’écriture. Son objectif est simple : acquérir rapidement l’art scripturaire, s’initier aux hadiths et les retranscrire. L’encrier deviendra son compagnon inséparable : « Avec l’encrier jusqu’à la tombe ! » sera la devise de ce futur docte.

   Ahmad Ibnou Hanbal (Da), c’est la pudeur personnifiée. Son attitude morale exemplaire ne laisse pas indifférent son entourage. Aboû As-Sarâdj ne cache pas son admiration et son envie. C’est ainsi qu’il confie à Al-Maroûzî : « Nous étions avec Aboû ‛Abdoullâh dans un cercle d’enseignement, et les femmes envoyaient dire au maître d’école :  » Délègue-nous Ibnou Hanbal afin qu’il écrive nos questions « . Et lorsqu’il allait chez ces femmes, il ne levait pas sa tête et ne regardait pas vers elles. Mon père fut informé du comportement d’Ibnou Hanbal et il fut pris d’admiration pour ses qualités morales. Il nous dit une fois :  » Moi, je dépense pour mes enfants et je leur ramène des éducateurs pour les éduquer, et je ne crois pas qu’ils vont réussir dans leur mission ; et ce Ahmad Ibnou Hanbal, un orphelin, regardez comment il est éduqué ! « . Il en fut vraiment étonné. »

   En vérité, le jeune Ahmad (Da) est résolument déterminé à devenir une sommité en sciences religieuses : là est sa voie. Par la grâce de Dieu, son intelligence lui inspire de suivre très précocement la sunna prophétique : y a-t-il meilleure éducation que celle du Prophète ?… A bon entendeur salut !

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