(3) Al-Malik (Le Roi)

Noms Divins expliqués

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Définition d’Al-Moulk : « La Royauté », « La Propriété », « La Souveraineté »

   En arabe, le terme « moulk » provient du verbe « malaka » qui signifie détenir, posséder une chose et en avoir la propriété. La définition la plus proche du substantif est « le pouvoir de disposer des choses »,

et partant de là, le nom divin « Le Roi » découle non seulement de la sainteté de l’entité de Dieu, mais aussi de Son pouvoir en tant que Possesseur. Al-Mâlik est Celui qui détient la royauté et l’exerce sur toute chose visible et invisible. Certes, les humains confèrent le titre de roi à certains de leurs leaders, mais la différence avec l’attribut de Dieu est que, concrètement, les souverains humains ont un pouvoir dont le champ d’application est limité : ils n’exercent leur autorité que parce que Dieu le leur permet. Allâh, Al-Mâlik, est Le Véritable Propriétaire de tout ce que les rois possèdent par Sa permission, alors que l’inverse ne peut se produire.

   Une histoire édifiante met en évidence une polémique entre Ibrâhîm (Abraham ; paix et salut sur lui) et un roi de son époque. Allâh , Al-Malik, montre à travers ce verset, la flagrante différence entre le pouvoir du Roi divin, et celui du roi humain dont l’envergure est limitée par volonté d’Allâh : « Connais-tu l’histoire de cet homme à qui Dieu avait donné la royauté et qui, imbu de son pouvoir, engagea une dispute avec Abraham au sujet se son Seigneur ? Abraham avait dit : « C’est mon Dieu qui donne la vie et la mort. » – « Non, rétorqua le tyran, c’est moi qui fait vivre et mourir. » Abraham lui dit alors : « Dieu fait venir le soleil de l’Orient. Fais-le donc, toi, venir de l’Occident !  » Et l’impie resta confondu, car Dieu ne guide point les pervers. » s. 2 Al-Baqara (La Génisse), v. 258.

Une Royauté Absolue

   Allâh est le Roi Absolu : tout ce qui est autre que Lui n’est que créature et entre par conséquent en Sa possession de par Sa nature et Ses qualités. Certains savants expliquent qu’un roi peut ainsi gouverner sans rien posséder, et qu’un propriétaire détient des biens mais peut ne pas les gérer pour autant. Allâh possède et règne sans partage, c’est Sa spécificité : Son royaume est parfait. Le concept de royauté divine est étroitement lié à celui d’exclusivité, comme le souligne le Coran : « Et dis : « Louange à Dieu qui ne S’est jamais attribué d’enfant, qui n’a point d’associé en la royauté » » s. 17 Al-Isrâ (Le voyage nocturne), v. 111. Toute propriété en dehors de la Sienne est métaphorique et irréelle. Le Roi se suffit à Lui-même, Il n’a besoin de personne, alors que tous dépendent de Lui. Existe-t-il sur Terre un roi qui se passe de respirer, de boire, de manger, de dormir ? Y a-t-il un roi qui n’ait point besoin d’une cour pour l’assister ? Tous ces monarques par procuration demeurent des êtres humains dont l’existence et la survie résultent de leur interdépendance.

   N’est-ce pas à l’homme de reconnaître et d’accepter la réalité de sa condition ? La question suivante fut posée à un Arabe qui possédait un troupeau de moutons : « A qui appartiennent ces moutons ? » Il répondit : « Ils sont la propriété d’Allâh, mais ils sont entre mes mains [j’en ai la charge] ».

   Ainsi, le musulman est convaincu que ses biens, ses enfants et même sa personne appartiennent à Allâh , conformément à la parole coranique : « Certes nous appartenons à Allâh et c’est vers Lui que nous retournons », s. 2 Al-Baqara (La Génisse), v. 156.

La royauté ici-bas et dans l’au-delà

   Allâh déclare dans le Saint Coran : « Dis : « ô mon Dieu, Le Maître de la Royauté ! Tu donnes la royauté à qui Tu veux et Tu l’enlèves à qui Tu veux ! Tu honores qui Tu veux et Tu abaisses qui Tu veux ! Tu détiens le Bien et Ta puissance n’a point de limite ! » » s. 3 Al-‘Imrân (La famille d’Imran), v. 26.

   Le mot « royauté » représente aussi bien celui de la vie présente que celui de l’au-delà. Allâh accorde la royauté ici-bas à ceux qu’Il aime mais aussi à ceux qui méritent Son courroux. C’est ainsi que certains non-croyants se délectent d’une richesse matérielle éphémère, mais ne goûtent à aucun plaisir éternel. Le Prophète Soulaymâne (Salomon ; psl) fit une invocation au Tout Puissant : Dieu l’exauça et lui accorda une royauté terrestre inégalée : « Seigneur, pardonne-moi et fais-moi don d’un royaume tel que nul après moi n’aura de pareil. C’est Toi le Grand Dispensateur ». Nous lui assujettîmes alors le vent qui, par son ordre, soufflait modérément partout où il voulait ; de même que les diables, bâtisseurs et plongeurs de toutes sortes. Et d’autres encore, accouplés dans des chaînes. »Voilà Notre don; distribue-le ou retiens-le sans avoir à en rendre compte ». Et il a une place rapprochée auprès de Nous et un beau refuge. » s. 38 Sâd, v. 35 à 40. Dieu lui promet de surcroît « un beau refuge » dans l’au-delà. Le musulman sincère qui consacre sa vie à l’adoration du Roi Suprême peut donc espérer jouir d’un royaume au paradis.

   Certes, Allâh peut accorder la royauté à tous les humains, néanmoins, pourquoi fait-Il en sorte qu’il y ait certains qui se retrouvent en bas de l’échelle alors que d’autres atteignent les sommets du pouvoir ? Comment se fait-il qu’un tel possède trois résidences tandis que d’autres peinent à se loger ? La réponse réside dans le verset suivant : « C‘est Lui qui a fait de vous les successeurs de vos devanciers, et qui a établi entre vous des hiérarchies, afin de vous mettre à l’épreuve dans les tâches que vous êtes appelés à assumer. Et si ton Seigneur est prompt à sévir, Il est aussi Clément et Miséricordieux. » s. 6 Al-An’âm (Les Bestiaux), v. 165. Allâh , dans Son infinie sagesse, met Ses serviteurs à l’épreuve. Il les éprouve à la fois par la richesse et la pauvreté, par la maladie et la bonne santé, mais aussi par la puissance et la faiblesse. Celui dont le cœur est rythmé par la constance de l’amour de Dieu face à l’adversité, celui-là peut espérer atteindre la félicité.

Comment accéder au royaume paradisiaque ?

   Il a été rapporté dans un hadith qoudsî qu’Allâh dit : « Je suis le Roi des Rois et leur Détenteur. Leurs cœurs sont dans Ma main ; si Mes serviteurs M’obéissent, J’incline le cœur de leurs rois vers la tendresse et la miséricorde, s’ils me désobéissent, J’oriente leurs cœurs vers la colère et la vengeance. Ne vous occupez donc pas de redresser vos rois, mais invoquez plutôt Allâh pour leur réforme car leur changement commence par votre propre remise en question. » Les croyants ont le dirigeant qu’ils méritent. La guidance des cœurs fait partie des prérogatives divines, aucun être humain ne peut agir dans ce domaine. La préoccupation du musulman doit cibler l’éducation de sa propre personne. C’est en dominant ses passions qu’il pourra accéder à la souveraineté de son être. Le parfait exemple de résistance, face à la tentation, est celui du prophète Youssouf (Joseph ; psl) qui invoquait son Seigneur : « Seigneur ! Tu m’as donné une parcelle de royauté et Tu m’as appris à interpréter les songes. Créateur des Cieux et de la Terre, Tu es mon Maître dans ce monde et dans l’autre. Fais que je meure en état de soumission totale à Ta volonté, et permets-moi de rejoindre le camp des vertueux ! » s. 12 Youssouf (Joseph), v. 101. Certains savants ont interprété « al-moulk » par les trésors que renferme la Terre, mais la plupart d’entre eux soutient qu’il s’agit du contrôle de soi. La souveraineté, dans son acceptation la plus commune, fait référence à une autorité périssable et n’est donc pas un privilège louable. En revanche, avoir le dessus sur ses passions, résister aux attirances illicites, s’éloigner du mal et rechercher le bonheur dans la droiture permettent au fidèle d’échapper à l’esclavagisme du corps et d’accéder à la royauté de l’âme.

   Croire fermement en la Souveraineté d’Allâh signifie que le croyant a plus confiance en ce que possède son Seigneur que ce qui se trouve entre ses mains. Ainsi, il rejette l’idée de s’abaisser à demander à des serviteurs ce que son Maître peut lui procurer. Dans un hadith qoudsî, il est rapporté que Dieu s’adresse à Ses vertueux serviteurs : « Tu n’as qu’à demander, et tu seras exaucé ! Agis envers Moi comme Je te le demande, Je serai pour toi comme tu le souhaites. » Il ne reste au musulman qu’à se mettre à l’œuvre pour plaire à son Maître. Les adorations sont multiples et variées, mais il est à noter que parmi les meilleures phrases qui aient été prononcées sur Terre il y a celle-ci qui glorifie la souveraineté du Roi Suprême: « Il n’y a de Dieu qu’Allâh, Seul, sans associé, à Lui la Royauté et à Lui les louanges, et Il est sur toute chose, Omnipotent ».

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