(4) Al-Qouddoûs (Le Saint)

Noms Divins expliqués

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Lexique

   Le terme arabe « Al-Qouddoûs » est traduit par « Le Saint » et « Le Pur », il dérive du verbe « qaddassa » signifiant « purifier » et donnant « at-taqdîs », « la purification ».

L’emploi de ce verbe avec la locution prépositionnelle « pour Dieu », lui confère le sens de se purifier pour Dieu en L’adorant comme il se doit, en Le glorifiant et en exaltant Sa grandeur, comme l’indique le verset 30 de sourate 2 Al-Baqara (La génisse) : « Puis vint le jour où ton Seigneur dit aux anges : « Je vais installer un représentant [khalîfa] sur la Terre. » Et les anges de repartir : « Vas-Tu établir quelqu’un qui y fera régner le mal et y répandra le sang, alors que nous chantons Ta gloire et proclamons Ta sainteté ? » Le Seigneur leur répondit : « Ce que Je sais dépasse votre entendement. « »

   D’autres appellations proviennent du verbe « qaddassa » : « Al-Ard al-mouqaddassah » correspond à la Terre Sainte et « Ar-Rouh Al-Qoudous » (l’esprit de sainteté) désigne l’ange Gabriel (psl) car il a transmis le message divin sans faillir.

L’Infiniment Saint

   « Al-Qouddoûs » correspond au « Détenteur de la sainteté parfaite » : Allâh est Celui qui n’a ni associé, ni épouse, ni enfant, et Il se soustrait à tout attribut d’imperfection. Il n’est pas confiné en un endroit particulier ni affaibli par le temps. Il ne commet aucune erreur et n’est pas sujet à la distraction. Sa pureté fait qu’Il transcende toute qualité de perfection à l’échelle humaine. Lorsque l’Homme étudie sa propre essence, il voit en lui à la fois des caractéristiques de perfection et d’imperfection : la connaissance s’oppose à l’ignorance ; la patience à l’impatience ; la vue à la cécité ; l’ouïe à la surdité ; la magnanimité à la rancune ; etc.

   Quand il loue son Seigneur, l’homme Lui attribue les qualités de perfection qu’il connaît lui-même. Cependant, Allâh , autrement nommé « Al-Qouddoûs », se situe bien au-delà de toute caractéristique d’excellence applicable à la création : « … Rien ne Lui est comparable…», s. 42 Ach-Choûrâ (La Délibération), v. 11.

   Le Nom « Al-Qouddoûs » sous-entend qu’Allâh se suffit à Lui-même ; et ceci n’est pas une caractéristique de l’homme : l’humain est pauvre en réalité, sa personnalité, son savoir, son pouvoir, sa patience, tout cela importe peu et se volatilise dès lors qu’un besoin vital n’est pas comblé.

   Un sage s’adressa un jour à un calife :

– « Ô Emir des croyants ! Combien serais-tu prêt à donner pour ce verre d’eau si tu en étais privé ?

– La moitié de mon royaume ! répondit-il.

– Et si tu ne pouvais t’en défaire [uriner], combien paierais-tu ? demanda l’homme.

– L’autre moitié de mon royaume ! répliqua le calife.

– Crains Dieu dans ta royauté qui ne vaut même pas une rasade d’eau ! »

   L’Homme est faible de nature : il a besoin d’air, d’eau, de nourriture, de divertissements, de partenaires…C’est à juste titre qu’Allâh dit dans le Coran : «Ô hommes ! C’est vous les indigents qui avez besoin de Dieu, alors que Dieu est Celui qui se suffit à Lui-même et qui est le Digne de louanges. », s. 35 Fâtir (Le Créateur), v. 15.

   La croyance en la sainteté de Dieu ne s’ancre concrètement dans le cœur du croyant que si celui-ci opère un réel changement en lui-même. Allâh est pur, et n’accepte que ce qui est pur auprès de Lui. Se rapprocher de son Seigneur est une entreprise qui requiert forcément une purification matérielle et spirituelle.

La purification de l’homme

   Le verset 30 de sourate Al-Baqara cité en amont montre que les anges se purifient avant de se tourner avec obéissance et dévotion vers Allâh . Cette attitude empreinte de soumission doit aussi être celle des humains en cette vie présente. Allâh n’a-t-Il pas fait de l’adoration l’unique devoir de l’homme ? : « Et Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour M’adorer. », s. 51 Adh-Dhâriyât (Les Ouragans), v. 56. C’est en se purifiant que le croyant peut espérer atteindre une position louable auprès de son Seigneur et se rapprocher de Lui. Mais quelle est la nature de la purification qui incombe au fidèle ?

   La pureté humaine consiste d’abord à l’enlèvement des impuretés matérielles. Dieu dit : « Et tes vêtements, purifie-les. », s. 74 (Al-Mouddaththir), v. 4.

   Pour ce faire, Il a créé un élément vital pour toute la création, l’eau, comme Il le précise Lui-même :« Et, étendant Sa sécurité sur vous, Dieu vous enveloppa d’un sommeil apaisant et envoya une eau du ciel pour vous purifier, afin de vous débarrasser des souillures du démon, de relever votre courage et de raffermir vos pas. », s. 8 (An-Anfâl), v. 11. Ainsi, la purification corporelle passe par les ablutions rituelles, telles que les a enseignées le Prophète .

   La purification s’accompagne ensuite de l’élimination des impuretés morales. Lorsqu’une personne a un rendez-vous important, elle soigne sa présentation, choisit consciencieusement ses vêtements et adopte de bonnes manières.

   La plupart des humains s’habillent élégamment, embellissent leurs demeures, bichonnent leurs montures…pour se montrer sous leur meilleur jour : tel est le code du paraître dans les sociétés d’hier et d’aujourd’hui. Le danger latent qui guette de tels agissements est le risque d’oublier le rendez-vous le plus important d’une vie : la rencontre de la créature avec son Créateur. L’élément déterminant dans cette entrevue est l’état du cœur : soit il est comparable à un joyau inestimable, soit il est une parure sans valeur. Dieu dit : « Nous avons destiné à l’enfer un grand nombre de djinns et d’hommes qui ont des cœurs qui ne comprennent pas, des yeux qui ne voient pas et des oreilles qui n’entendent pas. Comparés à des bestiaux, ils sont plus égarés encore. Tels sont ceux qui vivent dans l’insouciance ! », s. 7 Al-A’râf (Les Murailles/ L’Enceinte du paradis), v. 179. Certains cœurs sont verrouillés, refusant la vérité : ils sont plus altérés que l’eau contaminée. Au contraire, plus on se rapproche d’Allâh par Sa remémoration et le désir de Lui plaire, et plus le cœur se bonifie : il peut devenir un pur diamant…mieux, le cœur humain devient dès lors la demeure de Dieu.

   La pureté humaine est enfin liée à la distance qui sépare ou rapproche l’homme de la guidée. Allâh donne l’exemple du prophète Loth (psl) : « Pour toute réponse, son peuple se contenta de dire : « Chassez la famille de Loth de votre ville ! Ce sont des gens qui se purifient. » », s. 27 An-Naml (Les Fourmis), v. 56. Viser la pureté équivaut à rechercher la guidance d’Allâh en se soumettant à Ses prescriptions.

   Quelle est la relation que le croyant entretient avec « Al-Qouddoûs » ? Celui qui connaît la portée de ce Nom divin doit se libérer de ses passions afin que Dieu soit son unique objectif : « Adore Dieu comme si tu Le voyais car même si tu ne Le vois pas, Lui te vois. » Cet enseignement prophétique définit ce qu’est al-ihsâne : un état de vigilance constante que le musulman sincère cherche à atteindre pour s’immuniser contre l’égarement.

   L’analyse du Nom divin « Al-Qouddoûs » est ainsi résumée dans sourate Al-Ikhlâs (Le monothéisme pur) : la sainteté d’Allâh est incomparable. Garder à l’esprit la profondeur du sens de ce nom permet de mieux appréhender l’envergure de l’ensemble des Noms divins, car la pureté intrinsèque à la nature divine s’applique à tous les Noms et attributs de Dieu.

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