(5) Les Chiites (ach-chî’a)

Histoire de la pensée islamique

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   La tendance chi‘ite a vu le jour à l’époque du califat de ‘Outhmâne Ibnou ‘Affâne . Elle s’est renforçée durant celui de ‘Âlî Ibnou Abî Tâlib et est devenue réellement un mouvement après la mort de ce dernier.

Les chi‘ites constituent aujourd’hui environ 10% de la population musulmane actuelle et se concentrent principalement en Iran, en Inde, en Iraq, au Pakistan, en Afghanistan, au Yémen du Nord, dans le Golfe et en Turquie.

Genèse du chi‘isme

   La qualification « chi‘ite » provient du terme arabe « chî‘a », mentionné plusieurs fois dans le Coran, qui signifie « parti, groupe ». À l’époque du quatrième calife bien guidé, on parlait du « chî‘a » de Mou‘âwiya et de celui de ‘Alî Ibnou Abî Tâlib . Ce n’est que par la suite que ce mot prit le sens plus spécifique de « partisans de ‘Alî qui croient en son imâmat ».

   Selon les chi’ites, ce courant aurait été légitimé dans un discours du Prophète tenu lors de son retour du pèlerinage d’adieu, en un lieu appelé Ghadir Khoumm. Le Prophète aurait attiré l’attention sur son leg dans ces paroles : « Le Coran et ma sounna, ma descendance ; je vous rappelle vos devoirs envers les membres de ma descendance. »

   Ainsi, la parenté de ‘Âlî Ibnou Abî Tâlib avec le Prophète (cousin et gendre) est la base de la pensée chi’ite : elle donne à ‘Alî Ibnou Abî Tâlib la priorité dans la succession du Prophète . Son grand savoir, sa piété, son assassinat et celui de son fils Al-Houssayn ont accru l’estime due à sa personne.

   Les plus modérés d’entre les chi‘ites dont Ibnou Abî Hadîd pensent que ‘Âlî est la meilleure créature sur terre et au paradis après le Prophète et que celui qui le déteste périra en enfer. Ces chi‘ites pondérés n’injurient pas les compagnons que ‘Alî n’a pas insultés tels qu’Aboû Bakr, ‘Omar Ibnou-l-Khattâb ou ‘Outhmâne Ibnou ‘Affâne , mais ils condamnent ceux qui l’ont combattu, à savoir Mou‘âwiya Ibnou Abî Soufiâne, ‘Amr Ibnou-l-‘Âç ou les gens du Châm. Pour eux, le seul élément qui distingue ‘Alî du Prophète est le degré de prophétie.

   Bien que le chi‘isme ait débuté en Egypte à l’époque de ‘Alî, il s’est vraiment développé en Iraq pour plusieurs raisons :

– ‘Alî a passé la période de son califat en Iraq.- Les Iraquiens ont subit la répression de la part de Ziyâd Ibnou Abîh et de son fils ‘Oubaydoullâh, respectivement gouverneurs de Mou‘âwiya et de son fils Yazîd ; et de la part d’Al-Hajjâj Ibnou Yoûssouf, gouverneur de ‘Abdelmalik Ibnou Marwâne.

– L’Iraq était le point de rencontre de plusieurs civilisations et était le pays le plus influencé par la philosophie grecque et hindouiste.

– Les Arabes privilégiaient la liberté dans le choix du gouverneur, tandis que les Iraquiens donnaient la priorité à la monarchie héréditaire.

– Ce sont les Iraquiens qui ont le plus été influencés par les idées du juif ‘Abdoullâh Ibnou Saba’ qui se faisait passer pour un musulman.

Aperçu sur quelques groupes de chi‘ites

1. Le mouvement As-saba’iyya

   Il se compose des suiveurs de ‘Abdoullâh Ibnou Saba’, un hypocrite juif qui a propagé plusieurs idées mensongères, notamment que le Prophète reviendrait sur Terre à l’instar de ‘Îssâ (Jésus) .

   Originaire de San‘â’ au Yémen, ‘Abdoullâh Ibnou Saba’ a proclamé sa conversion à l’Islam durant le califat de ‘Outhmâne Ibnou ‘Affâne . Il partit ensuite pour Koûfa et se mit à critiquer l’administration califale. Puis, il se rendit en Egypte, où il trouva une secte qui s’opposait à ‘Outhmâne et promouvait les intérêts de ‘Alî . De part son savoir, il gagna beaucoup d’influence et émit l’idée que tout comme chaque prophète avait un successeur (« waçiyy »), celui de Mouhammad était ‘Alî , qui avait, selon lui, été jusque là évincé du califat par tromperie. C’est ainsi qu’il réussit à monter la population contre le califat de ‘Outhmâne Ibnou ‘Affâne [cf. article La Grande Fitnah (1)].

   Des textes relatent que lorsque ‘Alî prit la tête de la communauté musulmane, ‘Abdoullâh Ibnou Saba’ devint un de ses fervents défenseurs et fut le premier à introduire le concept d’« imâmat de ‘Alî ». Son groupe d’adhérents constituait la cellule première du mouvement chi’ite naissant. Dès que ‘Abdoullâh Ibnou Saba’ se mit à prêcher ses opinions ouvertement, ‘Alî mit au bûcher une partie de ses partisans et tenta d’éliminer ce trublion. Mais ‘Abdoullâh Ibnou ‘Abbâs l’en dissuada et ne fit que l’expulser vers Al-Madâ’ine.

   Après l’assassinat du quatrième calife, ‘Abdoullâh Ibnou Saba’ lança la rumeur que ‘Alî n’était pas mort, mais plutôt élevé vers le ciel comme ‘Îssâ . Le tonnerre serait sa voix et l’éclair son sourire. Il prétendit même qu’une part de divinité se cachait en ‘Alî puis en sa descendance parmi les imâms, et qu’il reviendrait rétablir la justice sur Terre.

2. Le mouvement Al-ghourâbiyya

   Ils doivent leur nom à l’idée qui les caractérise : pour eux, ‘Alî Ibnou Abî Tâlib et le Prophète se ressemblaient tellement ― à l’image de deux corbeaux (« ghourâb ») ―, que l’ange Jibrîl se serait trompé de personne lors de la révélation.

3. Le mouvement Al-kisâniyya

   La majorité des chi‘ites ne reconnaissent pas ce groupe au sein du chi‘isme. La branche d’al-kisâniyya se compose des partisans d’Al-Mokhtâr Ibnou ‘Oubayd Ath-Thaqafî, qui était kharijite au départ. Certains avancent qu’il était le serviteur de ‘Alî, d’autres qu’il était l’élève de son fils Mouhammad Ibnou Al-Hanafiyya qu’il érigea en imâm. Al-Mokhtâr Ibnou ‘Oubayd accompagna Mouslim Ibnou ‘Ouqayl à Koûfa lorsque ce dernier fut envoyé par Al-Houssayn Ibnou ‘Alî pour évaluer l’engagement des Iraquiens envers lui. Il fut alors emprisonné et ne fut relâché qu’après la mort d’Al-Houssayn . Il combattit ensuite auprès de ‘Abdoullâh Ibnou Az-Zoubayr à la Mecque, et prit la route de Koûfa pour venger Al-Houssayn en prétendant être envoyé par Mouhammad Ibnou-l-Hanafiyya , lequel l’a renié. Il fut finalement assassiné par Mous‘ab Ibnou Az-Zoubayr sous les ordres de son frère ‘Abdoullâh.

   Les adeptes de ce mouvement pensent que l’imâm est une personne sacrée, exempte de péchés ou de fautes. Ils croient au retour de l’imâm Mouhammad Ibnou-l-Hanafiyya, auquel ‘Alî Ibnou Abî Tâlib aurait transmis le savoir caché et apparent du monde. Selon eux, Dieu change de décision en fonction de l’évolution de Son savoir (principe d’al-badâ’). Ils croient également à la métempsychose : la réincarnation des âmes dans les corps (philosophie indienne).

4. Le mouvement Az-Zaydiyya

   Cette branche est la plus proche de Ahl as-sounna (sounnites) et la plus modérée. Ses adeptes reconnaissent Zayd Ibnou ‘Alî Zin Al-‘Âbidîne, petit-fils de ‘Alî Ibnou Abî Tâlib et fils d’Al-Houssayn comme cinquième et dernier imâm. Ils pensent que le Prophète n’a fait que donner une description de son successeur, et que ‘Alî Ibnou Abî Tâlib y correspondait. Ils ne condamnent donc pas les compagnons du Prophète comme apostats, et l’imâm Zayd pensait que le califat pouvait être confié à des hommes de moindre mérite en faisant référence à Aboû Bakr et à ‘Omar Ibnou-l-Khattâb , car il considérait les imâms comme les meilleures personnes après le Prophète , sans les déifier pour autant. Zayd était un bon jurisconsulte : on sait que les imâms Aboû Hanîfa et Wâçil Ibnou ‘Atâ’ (rA) ont étudié auprès de lui.

   Les adeptes d’az-zaydiyya pensent que celui qui a commis un grand péché s’éternisera en enfer, sauf s’il se repent : cette opinion est identique à celle des mou‘tazila ; en effet, Zayd entretenait une bonne relation avec Wâçil Ibnou ‘Ata’ qui était le fondateur de cette doctrine.

   Zayd a combattu Hichâm Ibnou ‘Abdelmalik à Koûfa jusqu’à la mort : ce dernier le crucifia en 121H. C’est Yahya, le fils de Zayd, qui reprit la relève, mais fut également tué en 125 H, à la fin de l’époque omayyade. Le relais fut pris ensuite par Mouhammad An-Nafs Az-Zakiyya et Ibrâhîm, tous deux fils de ‘Abdoullâh Ibnou Hassan qui était un des maîtres d’Aboû Hanîfa. C’est la raison pour laquelle ce dernier soutenait Ibrâhîm. Quant à l’imam Mâlik, il soutenait indirectement Mouhammad contre Aboû Ja‘far Al-Mansoûr. Cette branche du chi‘isme existe toujours au Yémen.

5. Le mouvement Al-Imâmiyya Al-Ithna ‘achariyya ou duodécimain

   Il représente 80% des chi‘ites et compte des adeptes en Iran, en Iraq, en Syrie, au Liban et au Pakistan. Leur idéologie se base sur la désignation nominative de ‘Alî comme successeur par le Prophète lui-même. L’appellation de cette branche est tirée de leur croyance en douze imâms successifs, tous descendants de ‘Alî Ibnou Abî Tâlib . Le premier est ‘Alî, suivi de ses fils Al-Hassan et Al-Houssayn, puis ‘Alî Zin Al-‘Abidîne Ibnou-l-Houssayn, Mouhammad Al-Bâqir Ibnou ‘Alî, Ja‘far As-Sâdiq Ibnou Mouhammad, Moûssâ Al-Kâdhim Ibnou Ja‘far, ‘Alî Ar-Ridâ Ibnou Moûssâ, Mouhammad Al-Jawâd Ibnou ‘Alî, ‘Alî Al-Hâdî Ibnou Mouhammad, Al-Hassan Al-‘Askarî Ibnou ‘Alî et son fils Mouhammad Al-Mountadhar Al-Mahdî.

   Selon les chi‘ites duodécimains, les imâms sont infaillibles, tout comme le Prophète , et se placent au-dessus du reste des humains. Ils sont exempts de toute faute avant même de diriger la communauté et ils réalisent des miracles. Ils constituent une source de droit, car Dieu leur aurait révélé le secret de la chari‘a. La foi en l’imâmat constitue même un sixième pilier du dogme duodécimain : les croyants s’y accrochent ardemment et n’acceptent aucun compromis. D’ailleurs, la présence de l’imâm est obligatoire pour compléter la religion. D’après leurs sources, le douzième imâm (Mouhammad) se serait réfugié dans une galerie de la demeure paternelle, dans laquelle il est entré à l’âge de quatre ans ; son retour est toujours attendu car il serait le « détenteur de la preuve ».

   Ces chi‘ites ne reconnaissent que les hadîths rapportés par les membres de la famille du Prophète .

6. Le mouvement Al-Imâmiyya Al-Ithnâ‘chariyya ou Ismaélite

   Ce mouvement a vu le jour à la mort de l’imâm Ja‘far As-Sâdiq Ibnou Mouhammad en 765 H. Ce dernier aurait nommément désigné l’aîné de ses fils à sa succession : Ismâ‘îl, d’où leur nom.

   Les ismaélites et les duodécimains sont en accord sur l’identité de l’imâm jusqu’à Ja’far As-Sâdiq — sixième dans la liste des douze — ; puis pour les ismaélites c’est son fils Ismâ’îl puis son fils Mohamed Al-Maktoûm, puis son fils Ja’far As-Sâdiq, puis son fils Mohamed Al-Habîb, puis son fils Abdoullâh Al-Mahdî qui était roi du Maroc et dont la descendance a fondé la dynastie des Fâtimides qui a gouverné l’Egypte au Xème siècle de l’ère chrétienne.

   Les adeptes de cette branche prétendent que le Coran a un sens apparent et un sens secret, auquel seuls les imâms ont accès. Ils croient également en l’existence d’un imâm caché.Influencés par les philosophies indienne et bouddhiste, ils ont fuit l’Iraq pour le Pakistan et l’Inde. Ne dévoilant pas leur appartenance, on les appela « al-bâtiniyya » (les ésotériques). Selon eux, il est inutile d’appliquer les injonctions du Coran, il suffit de comprendre le Livre Saint en l’interprétant. Leurs imâms éduquent les masses pour lesquelles ils affirment que les rites sont obligatoires, tandis que leurs philosophes forment des élites qu’ils dispensent des obligations cultuelles. Quant à leur interprétation des versets coraniques, elle s’avère assez singulière.

7. Les Druzes

   Deux Ismaéliens sont à l’origine de ce mouvement : l’un persan, affirmant être l’intelligence universelle ; et l’autre turc, éponyme de cette secte. Cette branche divinise l’imâm ‘Alî , le considérant comme une incarnation de Dieu. Il existe deux grandes familles de druzes : les joumblattis et les yazbakis. Chacune d’elle possède son « cheikh akl druze », équivalent du pape, puisqu’aucune d’elle ne peut prétendre au monopole de l’autorité.

   Cette secte n’a ni liturgie, ni lieu de culte. La doctrine druze est secrète et n’est révélée à ses adeptes qu’après différents stades d’initiation. La majorité des druzes se trouvent au Liban.

8. Le mouvement an-nassiriyya

Ce mouvement se rattache aux ismaélites. Il se fonde sur la divinisation de ‘Alî Ibnou Abî Tâlib et des imâms qui lui ont succédé. Les adeptes sont convaincus que ‘Alî est encore vivant. Leurs chefs les pourvoyaient en hachich, c’est pourquoi on les appelait les hachâchîn. Ceux-ci ont soutenu les croisés puis les Tatars contre les musulmans.

Le chi‘isme en pratique

   Plusieurs éléments caractérisent la pratique chi‘ite, mais contentons-nous de quelques aspects significatifs.

   Plusieurs de leurs savants affirment que le Livre Saint n’a pas été retranscrit tel que l’a reçu le Prophète , mais qu’il comporte des ajouts, des suppressions ― notamment du nom de ‘Alî ― et des falsifications effectués par les compagnons. Seuls les imâms chi‘ites auraient rassemblé l’ensemble des versets (17000 selon eux).

   Visiter les tombeaux des imâms, y exposer ses soucis dans l’espoir de les voir se résoudre et y déposer de l’argent est une pratique courante chez les chi‘ites. L’engouement pour une telle conduite s’explique par le désir de la récompense suprême : en effet, il est dit qu’« une seule visite au tombeau d’Al-Houssayn vaut cent pèlerinages (à la Mecque) et cent ‘oumras. Celui qui le visite après sa mort, Allâh lui promet le paradis. Et quiconque rend visite aux tombeaux de la famille du Prophète, Allâh lui interdit l’enfer et le fera entrer au paradis. »

   Etant donné qu’ils ne reconnaissent pas les hadîths rapportés par d’autres que leurs imâms, ils ne savent pas que le Prophète a dit : « Allâh a maudit les juifs et les chrétiens, car ils ont transformé les tombeaux de leurs prophètes et de leurs saints en lieu de prière. Ne transformez pas les tombeaux de vos prophètes en lieu de prière car je vous l’interdis », (rapporté par Al-Boukhârî, Mouslim, An-Nassâ’î et Mâlik dans Al-Mouwatta’).

   Parmi les pratiques déviantes chi‘ites, les adeptes s’adonnent à la mout‘a : un mariage temporaire dit « de jouissance » qui fut autorisé un certain temps puis abrogé par le Prophète . Les juristes chi‘ites affirment qu’il fut seulement interdit durant le califat de ‘Omar Ibnou-l-Khattâb . Pire encore, ils en ont fait un fondement de la religion : celui qui renie cette union est considéré comme un incrédule. Ils prétendent que l’ange Jibrîl aurait dit au Prophète durant l’ascension : « Ô Mouhammad, Allâh dit : « J’ai pardonné à ceux qui pratiquent la mout‘a avec les femmes parmi les gens de ma communauté. » ».

Fêtes typiquement chi‘ites

En plus des fêtes musulmanes traditionnelles, les chi‘ites célèbrent d’autres événements qui leur tiennent à cœur :

– ‘Achoura, le 10 du mois de Mouharram : alors que les musulmans sunnites jeûnent ce jour pour commémorer la sortie d’Egypte des enfants d’Israël guidés par Moûssâ ; les chi‘ites rendent un culte assez particulier au martyr d’Al-Houssayn .

– Al-arba‘îne, le 20 du mois de Safar : cette fête correspond à la fin des quarante jours de deuil qui ont suivi la mort d’Al-Houssayn et rappelle la douleur des rescapés de la bataille de Kerbala.

– ‘Îd al-ghadîr, le 18 du mois de Dhou-l-Hijja : ce jour célèbre le dernier sermon du Prophète , dans lequel il aurait nommé son cousin ‘Alî à sa succession.

– Al-moubâhila, le 24 du mois de Dhou-l-Hijja : cette date commémore la rencontre entre les chrétiens de Najrân et Ahlou-l-bayt (« les gens de la maison du Prophète »).

– le 13 Rajab : la naissance de ‘Alî, premier imâm chi‘ite.

Conclusion

   Le chi‘isme est aujourd’hui une branche de l’Islam mondialement reconnue. Il découle d’un problème politique, et s’inscrit dans une dimension sectaire qui laisse peu de champ libre à ses adeptes. Ces derniers se voient taxés à hauteur de 20% sur les revenus provenant de leurs biens par les imâms qui abusent de leur crédulité en mettant en avant l’amour du Prophète et de sa famille. Le dogme erroné et les pratiques aberrantes du chi‘isme font partie des différents polluants qui nuisent gravement à l’image de la religion musulmane qui se veut être celle du juste milieu.

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