Les dons dans l’épreuve

Vie spirituelle

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   L’être humain passe nécessairement dans sa vie par de multiples états d’âme qui sont souvent diamétralement opposés. Il ressent parfois de l’euphorie et tombe parfois dans les ténèbres de la dépression ; il manifeste tantôt de l’allégresse, tantôt du désarroi ;il s’élance motivé par l’espoir puis se résigne abattu par la déception ;

il baigne joyeusement dans la facilité puis affronte avec amertume les contraintes de l’adversité …

   Le passage par des états d’âmes négatifs n’est pas réservé aux seuls démunis de la Terre. Il touche le riche comme le pauvre, le sain comme le malade et le puissant comme le faible. La pauvreté, la maladie, la solitude, l’exclusion, l’échec, la nostalgie, la mort d’un parent, l’éloignement d’un proche sont autant de lourdes afflictions devant lesquelles aucun humain ne peut être à l’abri. S’il a la chance d’en éviter une, il sera inéluctablement touché par l’autre. Ibnou Attâï Allâh Assakandari   dit : «Tant que tu es en ce bas monde ne t’étonnes pas des tribulations. Celles-ci ne font que révéler ce qu’il (le bas monde) mérite comme attributs et ce dont il faut le qualifier. »

   En effet, la constance et la pérennité d’une quiétude espérée et trouvée ne sont pas à rechercher dans la vie terrestre.Dieu a doté la vie d’ici bas de vicissitudes diverses pour prévenir ses serviteurs lucides du caractère éphémère des jouissances terrestres, et les exhorter à vaquer à l’essentiel pour lequel ils ont été crée : adorer de Dieu. Pourquoi s’étonner alors d’une existence personnelle dans laquelle on ne réalise pas ses rêves ou tout au moins ses espoirs ? L’Islam nous apprend qu’il ne faut se tromper ni sur la nature de nos espoirs ni sur le lieu de leur réalisation. C’est ce qu’affirme Allâh : « Cette vie d’ici-bas n’est qu’amusement et jeu. La Demeure de l’au-delà est assurément la vraie vie. S’ils savaient ! », s. 29 Al-Ankaboût (L’araignée), v. 64.

   Partant de ce constat, la sagesse coranique aidant, le croyant se dote d’un esprit critique lui permettant de négocier les épreuves de la vie autrement que le commun des Hommes. Il est convaincu que toute adversité cache dans ses plis des biens et des dons que le temps aura le soin de lui dévoiler. Il comprend parfaitement le rappel divin : « … il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. », s.2 Al-Baqara (La Vache), v. 216. De ce fait, le croyant ne désespère jamais lorsqu’il est soumis à une épreuve, et il n’exulte pas lorsqu’il baigne dans un bienfait.

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   Quand il est touché par la maladie, il se rend compte de la valeur inestimable de la santé dont il jouissait avant qu’elle lui soit retirée. Il s’exhorte et s’engage alors à ne jamais faillir à la reconnaissance qu’il doit inlassablement exprimer à Allâh , Le Dominateur de la santé.  Ensuite, il tourne le visage vers son Créateur, le cœur brisé, pour l’invoquer et le supplier, avec un ego qui a su retrouver l’humilité à laquelle l’Islam fait toujours appel. Il lève ses mains vers le ciel, les larmes aux yeux, le chagrin dans le cœur, le besoin dans le corps, il s’adresse à Dieu. Il exprime, avec des mots humbles, les sensations qui émanent des profondeurs de sa personne, et il demande guérison à Celui qui détient la guérison. C’est grâce à cette maladie qu’il a su découvrir le véritable sens de l’invocation. C’est grâce à cette épreuve qu’il a compris le sens exact du verset coranique : « Ô Hommes ! C’est vous les indigents qui avez besoin d’Allah, Vous êtes les indigents ayant besoin d’Allah, alors qu’Allah  est Celui qui se suffit à Lui-même et qui est Le Digne de louanges. », s.35 Al-Fâtir (Le Créateur), v. 1.

   Lorsque ce musulman est éprouvé par le décès d’un proche, il s’aperçoit que la mort est une réalité dont il était peu conscient. Il se rend compte de sa proximité, elle est si proche de lui… elle le guette, elle lui rappelle que quelque soit le degré de sa richesse, de sa puissance, de sa santé, de son pouvoir et de son sentiment de sécurité, elle,  la mort, est toujours au bout du chemin pour moissonner. Elle interpelle son esprit au souvenir du Jour imminent de la reddition des comptes, comme le stipule le Coran : « Ils le voient bien loin alors que Nous le voyons bien proche. », s. 70 Al-Ma‛ârij (Les Degrés), v. 6 et 7. C’est ainsi qu’il découvre l’apodictique raison d’exister, c’est ainsi qu’il rectifie l’itinéraire de son chemin pour retrouver la sérénité parfaite, recherchée par tout être humain.

   La santé et de la mort sont deux exemples, parmi tant d’autres, qui illustrent bien comment des épreuves peuvent surgir nombre de bienfaits. Elles représentent le détergent qui, de temps à autre, lessive le cœur souillé par les altérations de la vie ; la vidange pour ce cœur  noyé dans les boueuses attractions terrestres. Les examens auxquels Dieu nous soumet nous rappellent à l’ordre, attirent notre attention, réveillent notre conscience, et nous permettent de nous remettre sur les rails afin de mieux entamer le voyage, si bref, vers la vie éternelle.C’est ainsi que nous comprenons  la sagesse d’Ibnou Attâï Allâh Assakandari qui dit : «  Il se peut qu’en te comblant Dieu te prive ; il se peut qu’en te privant Il te comble. Si, en te privant Dieu t’ouvre la porte de l’intelligence, alors la privation devient elle-même le don. »

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