L’esprit du mois de Ramadan

Vie spirituelle

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   Le voilà de retour, fidèle au rendez-vous, comme chaque année. Le mois de Ramadan est un invité de marque que l’on attend toujours avec impatience. Il est le neuvième dans la hiérarchie du calendrier islamique, il passe pour être le plus sacré de tous les mois.

  Son nom dérive de « ramida » ou « ar-ramad » qui signifie « chaleur torride », en référence aux péchés passés que ce mois béni fait disparaître en fumée :

ainsi les croyants sont-ils débarrassés de leurs impuretés comme peut l’être l’or au contact du feu purificateur. Le Prophète  dit : « Qui jeûne le mois de Ramadan avec foi en comptant sur la récompense divine, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés » (rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim).

   Ramadan c’est aussi le mois de la descente du Coran dans son entier et de la révélation des premiers versets au Messager d’Allâh . Dans le Coran Dieu dit : « Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran a été révélé pour guider les Hommes dans la bonne direction et leur permettre de distinguer la Vérité de l’erreur. Quiconque parmi vous aura aperçu la nouvelle lune de ce mois devra commencer le jeûne. Celui d’entre vous qui, malade ou en voyage, aura été empêché de le faire devra jeûner plus tard un nombre de jours égal à celui des jours de jeûne non observés. Dieu tient ainsi à vous faciliter l’accomplissement de vos devoirs religieux et non à vous le rendre difficile. Achevez donc la période du jeûne et louez Dieu pour vous avoir guidés, afin de Lui prouver votre reconnaissance. », s. 2 Al-Baqara (La Génisse), v. 185.

   Il vient bousculer nos habitudes et nous fait prendre conscience que nous vivons dans des sociétés trop préoccupées par le matériel, où prédomine la recherche de la satisfaction des sens. La rupture qu’engendre ce mois béni avec la routine journalière permet enfin de nourrir notre âme et de l’élever à la conscience du Très Haut.

   Il constitue une source de rappel pour celui ou celle qui veut se souvenir et se rapprocher de Dieu. Notre quotidien ne cesse d’aiguiser notre concupiscence à l’excès. Savons-nous réellement apprécier à leur juste valeur les plaisirs auxquels nous goûtons? Il est temps de rétablir l’équilibre entre la condition du corps et la vie du cœur. La lecture du Coran, le recueillement, les prières de Tarawih et bien sûr l’abstinence observée par les différents organes constituent autant d’actes de purification corporelle et spirituelle, dont les mérites se voient décuplés au cours de cette période exceptionnelle. ‘Aïcha   raconte : « Quand arrivaient les dix derniers jours de Ramadan, le Prophète passait ses nuits en veillées pieuses, réveillait sa famille [pour veiller avec lui] et s’abstenait de tout commerce charnel. » (rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim).

   Durant ce laps de temps, « quand vient Ramadan, les portes du paradis sont ouvertes, les portes de l’enfer sont fermées, et les démons sont enchaînés » (rapporté par Aboû Hourayra  ). C’est l’occasion pour le musulman de demander l’absolution de ses péchés passés et de faire de son mieux pour ne pas tomber dans d’autres.

   C’est le mois du bien-être intérieur et de l’inclinaison vers toute bonne action individuelle et collective. La notion de communauté de croyants prend tout son sens : les musulmans partagent ensemble la privation de nourriture et rompent en commun le jeûne ; ils se stimulent dans leur adoration du Créateur. L’ambiance pieuse qui se dégage de Ramadan procure une indicible paix intérieure, que l’on ne peut savourer qu’en pratiquant le jeûne convenablement !

   Le mois de Ramadan fait office d’école de patience et de volonté. Du lever au coucher du soleil, la maîtrise du corps s’opère dans le souvenir permanent du Créateur : c’est en étant sans cesse en lien avec Dieu que s’abstenir de boire et de manger, dominer ses pulsions, soumettre sa langue aux bonnes paroles et contenir sa colère deviennent des actes légers et accomplis avec constance. Par ce biais, le musulman est plus à même de relativiser et d’appréhender le cours et les épreuves de l’existence de la meilleure des façons. C’est donc le moment idéal pour développer l’endurance, la persévérance et l’auto-restriction. Toutefois, l’esprit de ce mois béni doit pouvoir subsister au-delà des 29 ou 30 jours.

   Si Ramadan est le mois de la remémoration de Dieu par excellence, cette évocation se traduit par la solidarité accentuée envers le monde…si peuplé de misères. Les pauvres sont les grands oubliés de nos sociétés égoïstes. Ce sont surtout la passivité et le désintérêt collectifs qui les déciment. A notre époque, quarante enfants meurent d’inanition chaque jour ! Le musulman ne peut rester indifférent face au malheur de ses frères…de ses frères en Islam, mais aussi de ses frères en humanité. L’entraide, le partage, la générosité, l’altruisme vont de pair avec ce mois sacré : il faut vivre avec les Hommes pour se rapprocher du Vivant. Jeûner permet de ressentir une empathie physique et morale à l’égard de ceux qui souffrent de la faim et de la solitude toute l’année. Ibnou ‘Abbâs  relate : « L’Envoyé de Dieu – sur lui la grâce et la paix – était le plus généreux des hommes et il se montrait plus particulièrement généreux au mois de Ramadan, période au cours de laquelle il rencontrait chaque nuit l’ange Gabriel – sur lui la paix – qui lui faisait répéter le Coran. Lors des périodes où il rencontrait l’ange Gabriel, il était plus prompt que le vent à faire du bien. » (rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim).

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   Ô musulmans ! Et vous, êtes-vous prêts à faire bon accueil au mois de la générosité et du pardon ? Celui qui l’honore a en vérité honoré Allâh  . Le mois de Ramadan est le mois des facilités pour se rapprocher de Dieu, convenez qu’il ne faudrait pas laisser passer une aussi belle occasion…

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