(15) La prière (8/11) : la prière en commun

Jurisprudence malikite

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   La notion de communauté étant très importante en Islam, quoi de plus naturel que d’accomplir la çalât en compagnie de ses coreligionnaires ? La tradition prophétique encourage fortement cette pratique comme en témoigne ce hadîth du Messager  rapporté par Ibnou ‘Omar  :

« Faites la prière en assemblée, elle est de vingt-sept degrés supérieure à celle effectuée seul. » [Rapporté par Al-Boukhârî.]

   Selon ces paroles prophétiques transmises par Aboû Ad-Darda , prier en groupe constitue une force : « Il n’est pas trois personnes dans un village ou une campagne qui négligent de faire la prière en commun sans que Satan ne les subjugue. Tâchez de vous rassembler ; le loup ne s’attaque qu’à la brebis égarée. » [Rapporté par Aboû Dâwoûd.]

   Différents statuts s’appliquent à la prière en groupe selon la çalât à accomplir et des conditions spéciales s’imposent à sa validation. La connaissance d’un minimum de règles est donc nécessaire à cette participation collective pour qu’elle soit agréée par Allâh .

Le statut légal de la prière en commun

  Son statut diffère selon la prière à accomplir, elle est :

obligatoire concernant la prière du vendredi ;
vivement recommandée (sunna mou’akkada : سُنّة مؤكدة) pour les cinq prières canoniques – quels que soient le lieu ou le temps – et celle effectuée pour un défunt (çalâtou-l-janâza : صَلاة الجَناَزَة) ;
simplement conseillée (mandoûba : مَنْدوبة) quant aux prières des deux fêtes, celle de l’éclipse, celle du besoin d’eau (al-istisqâ’ : الإستسقاء) et celles de tarâwîh (durant le mois de Ramadan) ;
réprouvée (makroûha : مكْروهة) pour une prière surérogatoire effectuée à la mosquée, dans un espace public passant ou en très grand nombre.

  Le mérite de la prière en commun est acquis dès lors que le fidèle a la possibilité de s’incliner avec l’imâm avant que celui-ci ne se relève de l’inclinaison du dernier cycle de prière. Ces deux protagonistes doivent présenter certaines conditions nécessaires à la validité de la prière en commun.

Les conditions requises pour l’imâm

   Pour qu’un imâm puisse diriger une prière en groupe, il doit :

  – être musulman ;
– être pubère (dans le cas d’une prière obligatoire). La çalât d’un fidèle pubère ne serait validée si celui-ci l’effectuait derrière un imâm impubère ;

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 – être saint d’esprit ;
– être un homme ; même la prière effectuée par des orantes derrière une femme n’est pas valable, sauf pour celle qui la dirige (ce qui n’est pas le cas selon l’avis d’autres écoles) ;
– présenter un état de pureté légale et matérielle. S’il se rappelle pendant la çalât qu’il n’est plus en mesure de guider la prière, il cèdera sa place à un autre orant (istikhlâf : إِسْتِخْلاف) et s’il  – s’en souvient après la çalât, il devra recommencer sa prière, tandis que celle des fidèles sera acceptable ;
– prier sans guide : le « mouqtadî : المُقْتَدي » est celui qui prie en assemblée : il ne peut diriger la même çalât devant d’autres orants ;
– ne pas recommencer une prière déjà accomplie isolément pour bénéficier du mérite de cet acte d’adoration en commun ;
– être capable de réciter le Coran sans faute de lecture (qui modifierait le sens) et d’effectuer tous les gestes constitutifs de la prière, autrement, il doit céder sa place à un fidèle apte à le  – faire. Un imâm infirme est néanmoins autorisé à diriger la prière d’orants impotents. Il est donc possible pour une personne atteinte de cécité de diriger la prière de gens complètement  valides : le Prophète  a été remplacé deux fois par ‘Abdoullâh Ibnou Ommi Maktoûm qui était aveugle ;
– connaître les actes constitutifs de la çalât et ses conditions de validité ;
– ne pas être un individu pernicieux dans l’accomplissement de la çalât : celui qui oserait prier sans ablutions ou sans réciter la Fâtiha n’est pas autorisé à présider une prière en groupe. En revanche l’imamat de celui dont la perversité n’entache pas le bon déroulement de la prière est accepté tout en restant détestable. Pour certains savants, la validité de l’imamat passe  également par la droiture et l’authenticité de la croyance : s’adonner à la fornication, consommer des boissons illicites ou appartenir à une secte égarée sont des motifs explicites qui  invalident sans détour la direction de la prière ;
– concernant la prière du vendredi, résider dans la ville dans laquelle il officie ce culte.

Conditions exigées pour les fidèles

   Pour que la prière d’un orant qui prie en groupe soit valable, il doit :

   formuler l’intention de suivre les gestes de l’imâm avant d’entamer sa prière avec le takbîr de sacralisation. S’il a débuté une prière isolément, il ne pourra pas rejoindre le groupe, car il est trop tard pour modifier son intention.

   Quant au guide, formuler l’intention de présider la çalât n’est pas une condition à la validité de la prière de celui qui le suit, hormis dans trois cas précis :

1. pour diriger la prière du vendredi ;

2. si les prières du maghrib et du ‘ichâ’ doivent être réunies au cours du temps légal du maghrib à cause de conditions climatiques extrêmes (forte pluie ou autre). L’imâm devra formuler l’intention de présider le culte pour chacune des deux prières et l’appel à la prière sera lancé pour chacune des çalât. Idem concernant le rassemblement des prières du dhohr et du ‘açr ;

3. dans le cas où l’imâm doit être remplacé par un fidèle, ce dernier doit formuler l’intention de diriger la çalât.

Si l’imâm omet cette condition dans ces trois cas, même sa prière sera annulée.

accomplir une prière de degré équivalent ou inférieur à celle de l’imâm. De ce fait, prier une prière obligatoire (fard) derrière une personne qui effectue une prière surérogatoire (nâfila) n’est pas accepté, ni d’accomplir une prière obligatoire dans son temps (adâ’) dirigée par un guide qui effectuerait une prière obligatoire hors de son temps (qadâ’). Concernant le voyageur, il lui est possible de suivre la prière d’un imâm résidant ; il sera alors tenu de la compléter comme lui ;
prononcer le takbîr de sacralisation et le salut final après l’imâm : si ces deux formules sont dites en même temps que l’imâm, la prière est nulle. Al-Barâ’  expliquait : « Lorsque le Prophète  disait : “Dieu écoute ceux qui Le louent”, personne d’entre nous ne courbait l’échine avant que le Messager  ne se fût prosterné. Alors seulement nous nous prosternions. » [Authentifié par Al-Boukhârî.] ;
être en mesure d’entendre l’imâm, même s’ils sont séparés par un mur.

Les critères de sélection de l’imâm

  –  Il n’est pas toujours évident de désigner l’imâm pour présider une prière en assemblée si plusieurs personnes présentent les conditions requises. Le chef de l’Etat musulman ou son représentant a la préséance sur ses compatriotes, puis viennent dans l’ordre sélectif :

  –  l’imâm attitré d’une mosquée ou celui qui offre l’hospitalité dans sa demeure, selon l’endroit où se rassemblent les fidèles ;
celui qui sera désigné par le groupe, conformément au hadîth transmis par Aboû Hourayra  : « Il n’est pas permis à un homme croyant en Dieu et au Jour dernier de présider la prière d’un peuple sans leur accord. » [Rapporté par Aboû Dâwoûd.]

   – Il est important que l’imâm soit agréé par l’ensemble du groupe, car la validité de sa prière en dépend, comme l’assure ce hadîth du Prophète  : « Il est trois types de personnes dont la prière ne sera pas élevée au-dessus de leur tête d’un empan : un imâm qui dirige des gens alors que ceux-ci le détestent, une femme qui passe la nuit alors que son mari est mécontent d’elle et deux frères qui ont rompu (ne se parlent plus). » [Rapporté par Ibnou Mâjah et Ibnou Hibbân.] ;

  –  le plus érudit d’entre eux concernant les convenances de la prière ;
celui qui maitrise les règles de récitation du Coran : d’après Aboû Sa‘îd Al-Khoudrî , le Prophète  a énoncé : « Quand trois personnes se retrouvent, qu’elles choisissent pour diriger la prière    celle d’entre elles qui récite le mieux le Coran. » [Authentifié par Mouslim.] Il s’agit, selon d’autres savants, de celui qui connait le plus de versets coraniques.
– le plus savant parmi eux dans le domaine de la tradition prophétique ;
– le plus pratiquant ;
– le doyen de l’Islam parmi eux ;
– celui dont l’origine est la plus noble ;
– le fidèle qui présente les meilleures qualités d’esprit et de cœur ;
– le mieux vêtu d’entre eux.

   Ce classement s’inspire en partie d’un hadîth précis rapporté par Aboû Mas‘oûd ‘Oqba Al-Ançârî  : « Que fasse l’imâm pour les autres le plus savant dans le Livre de Dieu, s’ils sont pareils dans la lecture alors le plus savant dans la sunna, sinon celui qui a émigré à (Médine) le premier, s’ils l’ont fait en même temps alors le plus âgé. » [Authentiqué par Mouslim (1079) et Ahmad.]

   Le Prophète  a conseillé ses Compagnons en la matière : « Choisissez pour l’imamat les meilleurs d’entre vous, car ils sont vos représentants auprès de votre Seigneur. » [Authentiqué par Al-Bayhaqî.]

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Quelques règles élémentaires

   Rechercher la perfection est un principe qui devrait accompagner le musulman dans tout ce qu’il entreprend. Comment pourrait-il en être autrement concernant le rendez-vous quotidien avec son Créateur ? Les orants sont donc invités à parfaire leurs rangs, comme l’a enseigné le Prophète  dans divers ahâdîth : « Alignez vos rangs car l’alignement des rangs fait partie de la perfection de la prière. » [Authentifié par Al-Boukhârî et Mouslim.]

   An-Nou‘mâne Ibnou Bâchir  a témoigné : « Le Prophète  nous alignait dans les rangs comme on redresse une flèche jusqu’à ce que l’on pense que l’on est aligné. Il se tourna un jour et vit un homme ressortant sa poitrine, il dit alors : “Vous veillerez à l’alignement des rangs ou Dieu mettra parmi vous la discorde.” » [Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim.]

   Le mérite de la prière en groupe est inégalable. Il est cependant des prières en assemblée dont la valeur surpasse d’autres. Aussi, il est préférable pour le fidèle qui a déjà prié en groupe et qui se rend dans une des trois mosquées saintes (de la Mecque, de Médine ou de Jérusalem) d’accomplir sa çalât une nouvelle fois, s’il voit que celle-ci y est effectuée en commun. De même, le fidèle qui a prié seul peut rejoindre un groupe priant cette même çalât pour bénéficier des mérites inhérents à cette adoration en commun. Cette seconde prière sera considérée comme surérogatoire mais lui garantira la récompense de la prière en assemblée. Ce dernier cas de figure ne s’applique pas à un imâm attitré, car la prière qu’il accomplit seul dans sa mosquée a toujours une valeur de prière en groupe.

   Dès que le deuxième appel à la prière (iqâma : إِقامَة) est lancé à la mosquée, il est interdit de débuter une prière – obligatoire ou non (sauf s’il s’agit d’un qadâ’). Le fidèle qui n’a pas encore effectué sa çalât ou qui a prié seul prendra place derrière l’imâm attitré pour prier avec lui. Par contre, celui qui a déjà accompli la prière en cours en commun doit quitter les lieux pour ne pas laisser croire aux autres qu’il refuse de suivre l’imâm ; et celui qui prie la prière précédente (qadâ’) est tenu de l’achever avant de rejoindre l’assemblée.

   Quant au fidèle qui entend l’iqâma alors qu’il est en train d’effectuer une nâfila ou bien la çalât obligatoire du moment, il doit s’arrêter immédiatement s’il n’est pas sûr de pouvoir rallier le groupe avant l’inclinaison du premier cycle. Il pourra néanmoins parfaire son interruption selon le stade et la nature de sa prière :

– s’il en est au début du deuxième cycle, il le complètera et saluera ;

– s’il a atteint le début du troisième cycle d’une prière quaternaire, il redescendra en position assise, formulera encore une fois le tachahhoud et saluera, car une prière surérogatoire de trois unités n’est pas valable ;

– dans le cas où il en est au second cycle de la prière du maghrib, il est tenu de la terminer et de s’en aller, car effectuer une çalât surérogatoire de trois cycles, même avec le groupe, est invalide ;

– s’il a achevé le troisième cycle des prières qui en comptent quatre (dohr, ‘açr ou ‘ichâ’) ou qu’il a fini le dernier cycle de çalât aç-çobh, il doit achever sa prière avant de suivre l’imâm.

   L’imâm se place toujours devant les orant(e)s, sauf si le groupe ne compte qu’un homme, auquel cas celui-ci se positionnera à sa droite. Si l’assemblée se compose et d’hommes et de femmes, ces dernières doivent se placer derrière leurs homologues masculins. Une femme qui prie avec son époux se positionnera également derrière lui. Rien n’empêche un enfant (pubère ou non) d’assister à la prière en assemblée, tant que celui-ci ne perturbe pas la sérénité du lieu et ne risque pas d’abandonner sa place.

   Dans le cas où l’assemblée compte plusieurs rangées, il est préférable que les premières se composent des plus érudits d’entre les orants. D’après Aboû Mas‘oûd ‘Oqba Al-Ançârî , le Messager  a recommandé : « Que se rapproche de moi les gens de savoir, puis ceux qui le sont moins, puis ceux qui le sont moins. Et attention au brouhaha des marchés. » [Rapporté par Mouslim, Ahmad, Aboû Dâwoûd et At-Tirmidhî.]

   Il est inutile de se précipiter outre mesure pour rejoindre le groupe, le fidèle rattrapera ce qu’il aura manqué (voir plus bas). Aussi, il est possible pour le fidèle qui se retrouve seul derrière une rangée complète d’orants de prier ainsi, sans tirer quelqu’un à ses côtés.

   Le fidèle récitera les paroles prononcées par l’imâm à voix basse, mais il ne doit pas accompagner sa lecture lorsque celui-ci récite à voix haute.

   Si l’imâm effectue des prosternations de distractions à la fin de la prière en commun, les fidèles sont tenus de l’imiter, même s’ils n’ont rien omis. En revanche, l’imâm est responsable de tout oubli commis par les orants derrière lui, sauf s’il s’agit de l’intention d’effectuer une prière canonique, du takbîr de sacralisation, d’un cycle, d’une prosternation ou du salut final.

   Pour le bien-être de tous, il est permis de tuer tout animal nuisible au sein de la mosquée (scorpion, serpent, rat).

Actes réprouvés relatifs à la prière de groupe

   Plusieurs comportements blâmables sont à éviter pour parfaire la prière en commun. Il s’agit de :

   – former des rangées rompues par les colonnes, à moins que celles-ci soient très nombreuses ou que le nombre de fidèle dépasse la capacité de la mosquée ;

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    – se placer devant l’imâm ou à son niveau, excepté en cas de circonstances contraignantes ;
– prier au milieu de femmes pour un homme ou de prier derrière elles. Pour les femmes, de prier entre les hommes ;
– prier derrière un imâm non officiel dans une mosquée où la prière canonique a déjà été présidée par l’imâm en titre, sauf si ce dernier l’autorise ;
– écraser les insectes inoffensifs dans la mosquée.
– Concernant l’imâm, il lui est réprouvé d’accomplir la çalât dans un vêtement court et étroit ; et d’accomplir une prière surérogatoire dans le mihrâb (niche de prière).

Prolongations ou non ?

   Le modèle du Prophète  constitue le meilleur comportement à suivre en toutes circonstances. Les imâms doivent donc s’inspirer de sa manière de diriger la prière. L’empathie qu’éprouvait Mouhammad  envers ses coreligionnaires s’exprimait même lors de la çalât et dictait sa conduite. Il expliqua un jour : « J’entre en prière avec l’intention de la prolonger. J’entends les pleurs d’un enfant, alors je raccourcis ma prière du fait de ma compréhension pour ce que sa mère peut éprouver en l’entendant pleurer. » [Authentifié par Al-Boukhârî et Mouslim.]

   D’autres ahâdîth vont dans le même sens. Aboû Hourayra  a rapporté ces paroles prophétiques : « Quand l’un de vous fait la prière en tant qu’imâm, qu’il ne la prolonge pas, car il y a parmi eux (les orants) le faible, le malade, la personne âgée. S’il prie tout seul, alors qu’il prolonge comme il veut. » [Considéré comme authentique par Al-Boukhârî, Mouslim, Aboû Dâwoûd et At-Tirmidhî.]

   Cette instruction prophétique a fait dire à Ibnou ‘Abdi-l-Barr : « Il convient à l’imâm de ne pas trop prolonger la prière comme l’a enseigné le Prophète , s’il sait que ceux qui sont derrière lui ne peuvent suivre une longue prière : il ne connaît pas leur situation ni le fait qu’ils peuvent être occupés ou avoir un besoin pressant. »

   En revanche, les récits des Compagnons s’accordent sur le fait que le Prophète  allongeait le premier cycle de la prière qu’il présidait. Aboû Sa‘îd a déclaré à ce propos : « La prière était annoncée tandis que la personne avait le temps d’aller au baqî’ pour faire ses besoins, faire ses ablutions et revenir, tout en trouvant le Prophète  encore dans la première unité tellement il la prolongeait. » [Rapporté par Mouslim, Ahmad, An-Nassâ’î et Ibnou Mâjah.]

   Le témoignage d’Aboû Qatâda confirme et explicite ce comportement : « Le Prophète  allongeait plus le premier cycle ; nous avons conclu de cela qu’il voulait que les gens participent tous à la première unité. »

   Enfin, lorsque le Messager  clôturait la prière, il ne gardait pas sa position d’imâm. ‘Â’icha  décrivit sa conduite : « Quand le Prophète  prononçait le salâm, il ne restait à sa place que le temps de dire : “Ô Allâh, Tu es La Paix, et Tu es la source de paix, tu es béni en Toi Même, Toi le Possesseur de la Majesté et de la Noblesse. [Allahouma anta salâm, wa minka salâm, tabârakta yâ dha-l-jalâli wal-ikrâm]” » [Authentifié par Mouslim, Ahmad, At-Tirmidhî et Ibnou Mâjah.]

Comment le fidèle rejoint-il une prière en commun déjà commencée ?

   Il arrive que le fidèle arrive après le début de la prière en groupe. Pour savoir comment il entre en prière, différents cas de figure sont envisageables selon le stade où en est l’imâm. Si le fidèle rejoint le groupe au moment où l’imâm :

   s’incline ou se prosterne, il prononcera deux takbîr l’un après l’autre (celui de sacralisation et celui précédant l’inclinaison ou la prosternation) puis se courbera ou posera le front au sol ;
est assis (entre deux prosternations ou pour réciter le tachahhoud), le fidèle ne prononcera que le takbîr de sacralisation et imitera les autres.

    Selon l’avis le plus célèbre chez les mâlikites, dans le cas où ce fidèle effectue deux cycles de prière derrière l’imâm lors d’une prière qui en compte trois ou quatre, il devra prononcer le takbîr lorsqu’il se lèvera pour compléter sa çalât. S’il en accomplit un ou trois, il ne doit pas le dire en se relevant pour terminer sa prière ;

   D’après d’autres mâlikites, tel que Chaykh Zarroûq, quel que soit le nombre de cycles qu’il a à rattraper, le fidèle doit accomplir le takbîr lorsqu’il se lève après le taslîm de l’imâm.

   Par ailleurs, si le fidèle effectue moins d’un cycle avec l’imam, il est considéré comme n’ayant pas accompli la prière en groupe. Il est donc tenu de formuler le takbîr en se levant pour rattraper toutes les rak’ât de la prière, sa situation s’apparente à celle de l’orant qui débute la prière.

   Est appelé « masboûq : مَسْبُوق » celui qui a manqué au moins le premier cycle d’une prière en groupe. Les éléments qu’il n’a pas accomplis avec l’assemblée se divisent en deux catégories : d’une part, les actes proprement dits ; d’autre part, les paroles coraniques. Concernant les gestes, le fidèle considérera ce qu’il a effectué avec l’imâm comme étant le début de son acte d’adoration et ce qu’il a raté constituera la fin de la prière. Quant aux versets du Coran, les parties récitées avec l’imâm représentent la fin de la çalât alors que ce qu’il aura manqué est considéré comme le début de celle-ci.

    L’exemple de l’orant qui n’a effectué qu’un seul cycle d’une prière quaternaire derrière l’imâm illustre parfaitement ces propos. Le fidèle doit se lever après le salut final de l’imâm sans formuler de takbîr, il récite la Fâtiha suivie d’une sourate (il s’agit du premier cycle concernant les paroles coraniques). Après les prosternations, il s’assoit pour réciter le tachahhoud puisqu’il s’agit de la deuxième rak‘a en termes d’actes. Il se relève ensuite pour réciter de nouveau la Fâtiha et une sourate (deuxième cycle quant aux paroles du Coran), puis se relève directement après les prosternations pour réciter la Fâtiha uniquement (troisième cycle concernant les paroles coraniques). À la suite des prosternations, il restera assis pour réciter le second et dernier tachahhoud (suivi de la çalât ibrâhimiyya), puisqu’il a accompli le dernier cycle de sa prière. Enfin, il clôture sa prière avec les salutations de fin.

   Un autre exemple intéressant est celui de l’orant qui n’a effectué avec l’imâm que le dernier cycle de la prière du maghrib. Le fidèle doit se lever après le salut final de l’imâm sans formuler de takbîr, il récite la Fâtiha suivie d’une sourate (il s’agit du premier cycle concernant les paroles coraniques). Après les prosternations, il s’assoit pour réciter le tachahhoud puisqu’il s’agit de la deuxième rak‘a en termes d’actes. Il se relève ensuite pour réciter de nouveau la Fâtiha et une sourate (deuxième cycle quant aux paroles du Coran). À la suite des prosternations, il restera assis pour réciter le second et dernier tachahhoud suivi de la çalât ibrâhimiyya, avant les salutations finales.

   Le retardataire qui pense manquer le cycle de prière en cours a la possibilité de prononcer le takbîr voire de s’incliner avant de rallier la rangée d’orants. Il progressera ensuite dans la position adéquate (incliné ou debout) jusqu’au rang. Aboû Hourayra  a rapporté ces paroles du Prophète  : « Quiconque a accompli un cycle de prière avant que l’imâm se redresse (de l’inclinaison) a effectué la prière. » [Authentifié par Ad-Dâraqoutnî.]

   Le mérite de la prière en commun est effectivement acquis dès que le fidèle rejoint l’assemblée avant que l’imâm ne se redresse de l’inclinaison.

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