(4) Âdam : sa descendance

Vie des prophètes

p54

   A cause de la ruse d’Iblis le maudit, et de leur faiblesse, Adam et Hawwâ’ (paix sur eux) furent bannis des jardins paradisiaques où tout le nécessaire leur était fourni sans effort de leur part. Dans Son immense sagesse, Allâh apprit à Adam tous les métiers et lui fit don de tous les fruits des jardins d’où il fut délogé.

Les pères de l’humanité durent ainsi travailler de leurs mains et suer pour survivre dans leur nouveau monde hostile. Ils connurent l’harassement, la maladie et la douleur. Ils devaient en outre demeurer vigilants face aux perfidies de leur ennemi Iblis le maudit.

   Selon Al-Awzâ’î d’après Hassan Ibnou ‘Atiya, Adam , habité par le remords, pleura amèrement sur sa faute et la perte de son existence antérieure durant soixante-dix années. Le Coran relate : « Cependant, Dieu révéla à Adam une prière qu’il se mit à répéter pour exprimer son repentir. Et c’est ainsi que son péché fut pardonné, car Dieu est plein de clémence et de mansuétude. », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.37 ; « [Adam et Hawwâ’] mangèrent alors du fruit défendu et aussitôt leur apparut leur nudité qu’ils essayèrent de cacher avec le feuillage du paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et se trouva égaré. Puis son Seigneur le ramena à Lui, accepta son repentir et le remit sur le droit chemin », s.20 Tâ-Hâ, v.121-122. De ce second verset, il est clair que la conception du péché originel pour lequel Eve serait la seule fautive est complètement étrangère à l’Islam. Ici, il est indéniable que les parents de l’humanité fautèrent tous deux, et que l’accent est même mis sur la responsabilité d’Adam  : l’homme n’est-il pas le berger pour son épouse ? De plus, étant donné qu’Allâh avait pardonné à Adam et Hawwâ’ (paix sur eux), leurs descendants n’ont donc pas à répondre de leur péché.

   De ces deux humains, Allâh fit effectivement sortir une multitude d’hommes et de femmes qui peuplèrent ainsi la Terre : « Ô hommes ! Craignez votre Seigneur Qui vous a créés d’un seul être et a créé de celui-ci son épouse, et Qui de ces deux-là a fait répandre beaucoup d’hommes et de femmes », s.4, An-Nissâ’ (Les Femmes), v.1. Hawwâ’  accoucha à chaque fois de jumeaux de sexes opposés. Elle aurait eu en tout quarante enfants issus de vingt grossesses. A l’époque, Dieu permit le mariage entre les frères et sœurs qui n’étaient pas des jumeaux.

   Qâbîl (Caïn) fut l’aîné des descendants du couple parental et il avait une très jolie jumelle. Hâbîl (Abel), son frère, eut une jumelle beaucoup moins jolie, et c’est pourquoi Qâbîl ne voulut pas épouser celle-ci, mais souhaita plutôt s’unir avec la sienne. Mais Adam trancha dans le sens de la loi divine, ce qui irrita fortement Qâbîl qui nourrit dès ce jour une intense jalousie à l’égard de Hâbîl.

p55

   Adam enseignait un savoir-faire, un métier à chacun de ses enfants : Qâbîl devint agriculteur et Hâbîl endossa l’habit du berger. Adam et sa progéniture prélevaient annuellement  une part de leurs biens en offrande pour Dieu, en signe de soumission et de reconnaissance. Cette année-là, Hâbîl choisit le plus beau mouton de son cheptel pour l’offrir au Très-Haut. Qâbîl, en revanche, présenta sciemment une récolte de très mauvaise qualité. Il fut simple alors de deviner laquelle des deux oblations fut agréée par Dieu, et laquelle fut rejetée. L’avis le plus probable est que Dieu manifesta son agrément en élevant le mouton au paradis, jusqu’à sa descente pour être sacrifié par Ibrahîm  à la place d’Isma’îl . Le Coran a consigné à jamais ces offrandes et sa suite tragique : « Raconte-leur l’histoire des deux fils d’Adam telle qu’elle s’est déroulée. Chacun des deux frères avait fait une offrande ; mais celle de l’un fut acceptée, alors que celle de l’autre ne le fut point. « Je te tuerai », dit ce dernier à son frère, qui lui répondit : « Que veux-tu, Dieu n’accepte que de ceux qui Le craignent ! Et si tu portes la main sur moi pour me tuer, je n’en ferai pas de même, car je crains trop mon Seigneur, Le Maître de l’Univers, pour commettre un tel crime ! Je préfère que tu te charges, seul, de mes péchés et des tiens, et tu seras alors voué à la géhenne qui est la juste récompense des criminels. » Mais n’obéissant qu’à son instinct bestial, Caïn fut entraîné au meurtre de son frère. Il le tua donc et se trouva de ce fait du nombre des réprouvés. », s.5 Al-Mâ’ida (La Table Garnie), v.27-30.

   Moujâhid déclarait que la loi divine de l’époque interdisait de tuer une âme, même en cas de légitime défense. Ceci n’est plus vrai de nos jours : l’Islam autorise le croyant à se défendre en cas d’agression, mais le caractère obligatoire de l’acte suscite des divergences. En effet, l’imam Ahmad, Aboû Dâoûd et At-Tirmidhî (que Dieu leur fasse miséricorde) ont raconté que Sâ’d Ibnou Abî Waqqâs a dit, lors du meurtre de ‘Outhmâne Ibnou ‘Affâne  : « Je témoigne que l’Envoyé de Dieu a dit : « Il y aura des troubles, et celui qui sera assis sera meilleur que celui qui marchera, et celui qui marchera meilleur que celui qui courra » » Il dit : « Et s’il venait chez moi et tendait la main pour me tuer ? » L’Envoyé répondit : « Soit comme le meilleur fils d’Adam », puis il récita « Et si tu portes la main pour me tuer, […] »‘Outhmâne Ibnou ‘Affâne adopta cette réaction lorsque des assaillants surgirent dans sa maison pour l’assassiner : il demeura sereinement absorbé dans la lecture du Coran.L’imam Ahmad prêtait ces propos à Ibnou Mass’oûd  : « l’Envoyé de Dieu a dit : « Aucune âme n’est tuée injustement sans que le premier fils d’Adam (Qâbîl) n’en soit responsable, car il fut à l’initiative du premier meurtre. » », (Mouslim).

   Etant donné que son frère Qâbîl était également croyant, Hâbîl ne voulut pas riposter à sa violence, pour ne pas fauter en ayant lui-même l’intention de le tuer. Le Prophète  dit : « Au Jour du Jugement dernier, on ramènera l’agresseur et la victime et on prélèvera les hassanats [récompenses divines] de l’agresseur pour les ajouter à celles de la victime ; et si l’agresseur n’en possède pas, on prendra les péchés de la victime pour les ajouter à ceux de l’agresseur », (rapporté par Mouslim).

   Ibnou ‘Abbâs et Ibnou Mas’oûd (que Dieu les agrée) affirmaient que Qâbîl profita du sommeil de son frère pour lui fracasser le crâne avec une grosse pierre. Puis il porta la dépouille de son frère sur son dos durant une année, ou cent ans selon une autre version. Il ne savait qu’en faire, alors « Dieu envoya un corbeau qui se mit à gratter le sol pour lui indiquer comment inhumer le cadavre de son frère. Alors le meurtrier s’écria : « Malheur à moi ! Suis-je donc incapable d’imiter ce corbeau et d’ensevelir la dépouille de mon frère ? Et, depuis lors, il ne cessa d’être rongé par d’intenses remords », s.5 Al-Mâ’ida (La Table Garnie), v.31.

   L’explication la plus connue des savants est que Dieu envoya deux corbeaux qui se combattirent jusqu’à la mort de l’un deux. Le survivant creusa alors la terre pour enterrer l’autre. Une seconde version affirme que le corbeau, par nature, creuse le sol à la recherche de sa subsistance, ce qui inspira Qâbîl pour l’inhumation de son frère.

p56

   Même si Qâbîl fut rongé par un profond remords, le Coran ne précise pas que celui-ci fut suivi d’un repentir sincère, d’une demande de pardon au Créateur. Ceci vient conforter le hadîth qui énonce que Qâbîl est tenu pour responsable de tout homicide injustifié ; il n’a donc pas reçu le pardon divin.

   Qâbîl partit vivre dans les plaines, tandis qu’Adam résida dans les hauteurs. Il est rapporté qu’Adam fut très affligé de la disparition de Hâbîl. Allâh le lui remplaça par un autre fils prénommé Chîth (Seth) , dont la signification est « le don de Dieu » : ce fut le seul enfant sans jumelle. Chîth aura le statut de prophète, car d’après un hadîth rapporté par Aboû Dharr , Dieu fit descendre cent-quatre feuillets dont cinquante furent révélés à Chîth . Ces feuillets contenaient toutes les lois régissant la vie de la descendance d’Adam . Chîth apprit à son peuple à construire une civilisation, il le forma à plusieurs métiers, lui enseigna la détermination du temps par le biais des bases de l’astronomie, et le guida dans la façon d’étaler les adorations dans le temps.

   Adam vécut neuf cent soixante années. ‘Abdoullâh, le fils de l’imâm Ahmad, rapportait sur Ghoumra As-Sa’dî qu’il a dit : « J’ai aperçu un homme à Médine qui parlait aux gens, et lorsque j’ai demandé qui c’était, on m’a répondu que c’était Oubayy Ibnou Ka’b. Celui-ci disait : « Lorsque la mort s’est présentée à Adam, il dit à ses fils :  » Mes fils, j’ai envie de manger des fruits du paradis.  » Alors ils partirent lui en chercher. Ils rencontrèrent des anges sous l’apparence humaine qui portaient un linceul, des embaumements, des haches, des pelles et des paniers. Les anges demandèrent :  » Ô fils d’Adam, où allez-vous et que cherchez-vous?  » Ils leur répondirent :  » Notre père est malade et il a envie de manger des fruits du paradis.  » Les anges dirent :  » Rebroussez chemin, il n’en a plus besoin.  » Quand ils arrivèrent près de lui, Eve les reconnut et se serra contre Adam qui lui dit :  » Eloigne-toi de moi, je suis né avant toi. Laisse-moi seul avec les anges de Dieu Le Puissant et Le Grand.  » Ces derniers le prirent, le lavèrent, l’enveloppèrent dans le linceul puis l’embaumèrent. Ensuite, ils lui creusèrent une fosse, prièrent sur lui, le déposèrent dans la tombe et le couvrirent de terre. Ils dirent enfin :  »  Voilà la coutume que vous devez suivre.  » »

   Au décès de son père, Chîth le remplaça auprès de son peuple en tant que guide et prophète…

Archives

Catégories

Poser une question

Mettre un lien vers formulaire de contact