Commentaire des aphorismes 15 et 16 (1/2) (article)

Sagesses d'Assakandarî (articles)

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مِمّا يَدُلّك على وجود قهره سبحانه، أنْ حَجَبَك عنه بما ليس بموجبٍ معه

كيف يُتصور أن يَحجُبه شيء وهو الذي أظهرَ كُل شيء؟

كيف يتصور أن يَحجبَه شيء وهو الذي ظَهر بكل شيء؟

كيف يُتصور أن يحجبه شيء وهو الذي ظهر في كل شيء؟

كيف يتصور أن يحجبه شيء و هو الذي ظهر لكل شيء؟

كيف يتصور أن يحجبه شيء و هو الظاهر قبل كل شيء؟

كيف يتصور أن يحجبه شيء و هو أظهر من كل شيء؟

كيف يتصور أن يحجبه شيء ولَوْلاه ما كان وجود كل شيء؟

يا عَجَباً كيف يَظهر الوجود في العَدم، أم كيف يَثبُت الحادِثُ مع من له وصفُ القِدَم؟

Aphorisme 15

« Ce qui prouve Sa toute puissance – exalté soit-il – c’est qu’il se voile à toi par ce qui n’a pas d’existence avec Lui. »

Aphorisme 16

«  Est-il concevable que quelque chose Le voile, Lui qui dévoile toute chose et se dévoile par toute chose et en toute chose ?

Lui qui se dévoile à toute chose, avant toute chose ? Comment quelque chose Le voilerait ?

Par quoi penses-tu qu’Il serait voilé, Il est plus manifeste que toute chose.

Il est L’Unique et rien n’existe avec Lui ; quelle chose Le voilerait alors ?

De toi Il est plus proche que toute chose. Laquelle penses-tu Le voilerait ?

Sans Lui aucune n’est !

Ô mystère, comment l’être pourrait-il apparaître dans le néant ou comment peut subsister le temporel avec Celui qui a l’attribut de l’éternité ? »

Ces deux aphorismes sont étroitement liés de part leur sujet commun. Riches de leur complémentarité, ils parachèvent l’exégèse de l’aphorisme précédent. Par Sa lumière, Dieu a en effet donné vie à toute chose et par Sa grâce, l’être humain peut observer cette existence. La contemplation de cette réalité doit normalement orienter l’individu qui s’y adonne vers la lumière d’Allâh . L’existence n’est qu’un reflet de la lumière du Créateur. Saisissant ainsi le sens explicite de l’aphorisme 14, le lecteur comprend donc que rien ne peut détourner un être humain lucide et intelligent d’Allâh , rien ne peut Le voiler à l’intelligence humaine.

Dieu aurait pu ancrer cette vérité dans le cœur des humains et des djinns comme Il l’a fait pour les anges et les autres créatures. Ces dernières se soumettent à Allâh et reconnaissent parfaitement Son existence. Tel est le cas des anges, comme en témoigne le Coran : « […] Ils [les Anges] ne désobéissant jamais à Allâh en ce qu’Il leur commande, et faisant strictement ce qu’on leur ordonne. », s.66 At-Tahrîm (L’Interdiction), v.6.

لَّا يَعۡصُونَ ٱللَّهَ مَآ أَمَرَهُمۡ وَيَفۡعَلُونَ مَا يُؤۡمَرُونَ  […]

   Il en est de même pour toutes les autres créatures, qui ne peuvent se détourner de Dieu et abandonner la reconnaissance de Sa grandeur : « N’as-tu pas vu que c’est devant Allâh que ce prosternent tout ceux qui sont dans les cieux et tout ceux qui sont dans la Terre ; le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les arbres, les animaux […] », s.22 Al-Hajj (Le Pèlerinage), v.18.

أَلَمۡ تَرَ أَنَّ ٱللَّهَ يَسۡجُدُ لَهُ ۥ مَن فِى ٱلسَّمَـٰوَٲتِ وَمَن فِى ٱلۡأَرۡضِ وَٱلشَّمۡسُ وَٱلۡقَمَرُ وَٱلنُّجُومُ وَٱلۡجِبَالُ وَٱلشَّجَرُ وَٱلدَّوَآبُّ […]

   Dans un autre verset : « N’as-tu pas vu qu’Allâh est glorifié par tout ceux qui sont dans les cieux et dans la Terre ainsi que par les oiseaux déployant leurs ailes ? Chacun certes a appris sa façon de L’adorer et de Le glorifier ; Allâh sait parfaitement ce qu’ils font ! », s.24 An-Noûr (La Lumière), v.41.

أَلَمۡ تَرَ أَنَّ ٱللَّهَ يُسَبِّحُ لَهُ ۥ مَن فِى ٱلسَّمَـٰوَٲتِ وَٱلۡأَرۡضِ وَٱلطَّيۡرُ صَـٰٓفَّـٰتٍ۬‌ۖ كُلٌّ۬ قَدۡ عَلِمَ صَلَاتَهُ ۥ وَتَسۡبِيحَهُ ۥ‌ۗ وَٱللَّهُ عَلِيمُۢ بِمَا يَفۡعَلُونَ

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La logique de ce raisonnement est claire : la créature vit à travers la lumière d’Allâh sans jamais se détourner de Lui. Seuls les humains et les djinns peuvent poser problème à ce niveau : la volonté dont ils disposent, par la grâce de Dieu, leur donne la possibilité de découvrir Dieu et de cheminer vers Lui ou de Le renier sans complexe. Les plus lucides d’entre eux décèlent l’existence de Dieu et restent donc fidèles à la logique qui veut que l’œil du cœur ne se fixe pas sur l’infime, mais se concentre plutôt sur Le Majestueux. Seule la véritable source de lumière mérite l’attention des créatures, la lueur de ces dernières n’étant qu’une négligeable particule de la clarté originelle.

Mais comment la créature pourrait-elle donc voiler le Créateur ? En réalité, la création – qui n’a pourtant pas d’existence réelle intrinsèque – peut jouer le rôle d’un voile empêchant certains individus de découvrir Allâh . De toute évidence, cette possibilité n’est qu’une expression de la volonté et de la puissance divines ; une sagesse se cache derrière chaque aspect du dessein choisi par Dieu. La question est de savoir quelle est la cause directe de l’apparition de ce voile, est-ce les péchés commis ? Au vrai, les péchés à eux seuls n’induisent jamais l’intrusion d’un voile, quels que soit le nombre ou la gravité des fautes, tant qu’elles restent perpétrées par faiblesse. La transgression reconnue par son auteur et pour laquelle celui-ci se repent en demandant son absolution avec sincérité est effacée de manière irréversible. Dans ces conditions, aucun voile n’entrave le serviteur de découvrir son Seigneur. En revanche, l’orgueil qui retient l’homme de venir à résipiscence est une cause manifeste d’aveuglement spirituel. Allâh  dit dans ce sens : « J’écarterai de Mes signes, ceux qui, sans raison, s’enflent d’orgueil sur terre. Même s’ils voyaient tous les miracles, ils n’y croiraient pas. S’ils voyaient le bon sentier, ils ne le prendraient pas, mais s’ils voient le sentier de l’erreur, ils le prennent. C’est qu’en vérité, ils traitent de mensonge nos preuves et ils ne leur accordent aucune attention. », s.7 Al-A‘râf, v.146.

سَأَصۡرِفُ عَنۡ ءَايَـٰتِىَ ٱلَّذِينَ يَتَكَبَّرُونَ فِى ٱلۡأَرۡضِ بِغَيۡرِ ٱلۡحَقِّ وَإِن يَرَوۡاْ ڪُلَّ ءَايَةٍ۬ لَّا يُؤۡمِنُواْ بِہَا وَإِن يَرَوۡاْ سَبِيلَ ٱلرُّشۡدِ لَا يَتَّخِذُوهُ سَبِيلاً۬ وَإِن يَرَوۡاْ سَبِيلَ ٱلۡغَىِّ يَتَّخِذُوهُ سَبِيلاً۬‌ۚ ذَٲلِكَ بِأَنَّہُمۡ كَذَّبُواْ بِـَٔايَـٰتِنَا وَكَانُواْ عَنۡہَا غَـٰفِلِينَ

   Ces gens-là sont donc privés de la vue du cœur à cause de l’orgueil qui accompagnait leurs péchés, non pas du fait des fautes proprement dites. En rapportant les paroles que Satan échangea avec Dieu, le Coran témoigne de la déchéance à laquelle conduit irrévocablement cette arrogance : « [Satan dit] : “Ô mon Seigneur, parce que Tu m’as induit en erreur, alors je leur enjoliverai la vie sur terre et les égarerai tous à l’exception parmi eux de Tes serviteurs élus.” Allâh dit : “Voici une voie droite qui mène vers Moi. Sur Mes serviteurs tu n’auras aucune autorité sauf sur celui qui te suivra parmi les dévoyés.” », s.17 Al-Hijr, v.39-42.

قَالَ رَبِّ بِمَآ أَغۡوَيۡتَنِى لَأُزَيِّنَنَّ لَهُمۡ فِى ٱلۡأَرۡضِ وَلَأُغۡوِيَنَّہُمۡ أَجۡمَعِينَ (٣٩) إِلَّا عِبَادَكَ مِنۡہُمُ ٱلۡمُخۡلَصِينَ (٤٠) قَالَ هَـٰذَا صِرَٲطٌ عَلَىَّ مُسۡتَقِيمٌ (٤١) إِنَّ عِبَادِى لَيۡسَ لَكَ عَلَيۡہِمۡ سُلۡطَـٰنٌ إِلَّا مَنِ ٱتَّبَعَكَ مِنَ ٱلۡغَاوِينَ

   Le verset 146 de sourate Al-A‘râf montre que Dieu détourne des orgueilleux tous les signes menant à Lui et démontrant Son existence. Le cœur de ces arrogants devient donc complètement aveugle à toute preuve, aussi flagrante soit-elle.

« Quel pire injuste que celui à qui on a rappelé les versets de son Seigneur et qui en détourna le dos en oubliant ce que ses deux mains ont commis ? Nous avons placé des voiles sur leurs cœurs, de sorte qu’ils ne comprennent pas (le Coran), et mis une lourdeur dans leurs oreilles. Même si tu les appelles vers la bonne voie, jamais ils ne pourront donc se guider. », s.18 Al-Kahf (La Caverne), v.57.

وَمَنۡ أَظۡلَمُ مِمَّن ذُكِّرَ بِـَٔايَـٰتِ رَبِّهِۦ فَأَعۡرَضَ عَنۡہَا وَنَسِىَ مَا قَدَّمَتۡ يَدَاهُ‌ۚ إِنَّا جَعَلۡنَا عَلَىٰ قُلُوبِهِمۡ أَڪِنَّةً أَن يَفۡقَهُوهُ وَفِىٓ ءَاذَانِہِمۡ وَقۡرً۬ا‌ۖ وَإِن تَدۡعُهُمۡ إِلَى ٱلۡهُدَىٰ فَلَن يَہۡتَدُوٓاْ إِذًا أَبَدً۬ا

   Un autre verset confirme cette vérité : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Allâh et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie, et sachez qu’Allâh s’interpose entre l’homme et son cœur, et que c’est vers Lui que vous serez rassemblés. », s.8 Al-Anfâl (Le Butin), v.24.

يَـٰٓأَيُّہَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱسۡتَجِيبُواْ لِلَّهِ وَلِلرَّسُولِ إِذَا دَعَاكُمۡ لِمَا يُحۡيِيڪُمۡ‌ۖ وَٱعۡلَمُوٓاْ أَنَّ ٱللَّهَ يَحُولُ بَيۡنَ ٱلۡمَرۡءِ وَقَلۡبِهِۦ وَأَنَّهُ ۥۤ إِلَيۡهِ تُحۡشَرُونَ

   Ainsi, privé d’un cœur ouvert à la découverte du Tout-Puissant, l’homme infatué devient une proie facile des jouissances de la vie, elles-mêmes dénuées d’existence réelle à côté du Créateur. L’aphorisme 15 prend alors tout son sens : « Ce qui prouve Sa toute puissance – exalté soit-il – c’est qu’Il se voile à toi par ce qui n’a pas d’existence avec Lui. »

Ibnou ‘Atâ’i Allâh continue sa réflexion dans la sagesse 16 : « Est-il concevable que quelque chose Le voile, Lui qui dévoile toute chose et se dévoile par toute chose et en toute chose ? »

Par ces paroles, Ibnou ‘Atâ’i Allâh insiste sur un point essentiel : l’individu privé de la découverte de Dieu l’est en réalité à cause d’une défaillance au niveau de son organe de détection, à savoir son cœur (al-baçîra : البصيرة), non pas en raison du manque de signes témoignant de l’existence du Créateur. Tous les éléments de la création réfléchissent la lumière d’Allâh  et sont par conséquent autant d’indices menant à Lui ; se focaliser sur ces preuves pour en occulter L’Auteur n’est qu’aberration notoire.

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Il est communément établi qu’un équilibre – quel qu’il soit – ne se rompt qu’avec l’intervention d’un élément extérieur. Ainsi, avant la création de l’Univers, le néant se maintenait harmonieusement. Cette stabilité s’interrompit dès lors que Dieu créa l’Univers. Le basculement opéré témoigne à lui seul d’une participation active plus que savamment orchestrée !

De même, une balance perd sa stabilité précaire à la moindre intrusion d’un paramètre extérieur comme le vent, un poids, un doigt, etc. Le mouvement subséquent de cet instrument hautement sensible indique la présence du paramètre extérieur, même si celui-ci est invisible et indécelable par les sens. Mais c’est à Dieu qu’appartient le meilleur exemple : la création, élément palpable et aisément détectable par les facultés humaines doit donc être un guide vers Dieu et non un voile L’occultant. Entre autres, Allâh  précise dans le Coran : « Et parmi Ses signes la création des cieux et de la terre […] », s.30 Ar-Roûm, (Les Romains), v.22.

وَمِنۡ ءَايَـٰتِهِۦ خَلۡقُ ٱلسَّمَـٰوَٲتِ وَٱلۡأَرۡضِ

   « Comment est-il concevable que quelque chose Le voile alors que c’est Lui qui dévoile toute chose ? »

Dans la deuxième partie de l’aphorisme, Ibnou ‘Atâ’i Allâh continue de questionner son lecteur : « Comment est-il concevable que quelque chose Le voile, Lui qui se dévoile par toute chose ? »

En contemplant la Terre et son fonctionnement avec conscience, l’esprit lucide comprend que cette création ne peut être le fruit du hasard : la planète bleue tourne sur elle-même en respectant un cycle temporel régulier et d’une extrême précision (à la seconde près) ; l’association d’une légère inclinaison par rapport à l’axe central passant par les deux pôles à son orbite garantit l’enchaînement des saisons sur l’ensemble du globe, lesquelles saisons jouent un rôle essentiel à la production agricole, elle-même indispensable à la survie des hommes et des animaux. Le petit satellite qu’est la Lune se déplace autour de la Terre selon un cycle régulier de 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2,8 secondes.

Ces quelques éléments paraissent insignifiants face à ce que dévoile le reste de l’Univers. Seul un Créateur omnipotent peut gérer des équilibres et des cycles aussi précis qu’harmonieux. C’est justement à travers ces découvertes que se dévoile Le Tout-Puissant, ce qu’Ibnou ‘Atâ’i Allâh fait comprendre dans son aphorisme : « Comment concevoir que quelque chose Le voile alors qu’Il se dévoile par toute chose ? »

Dieu interpelle l’être humain à ce sujet plusieurs fois dans le Coran : « N’ont-ils pas médité sur le royaume des cieux et de la terre, et toute chose qu’Allâh a créée, et que leur terme est peut-être déjà proche ? En quelle parole croiront-ils après cela ? », s.7 Al-A‘râf, v.185.

أَوَلَمۡ يَنظُرُواْ فِى مَلَكُوتِ ٱلسَّمَـٰوَٲتِ وَٱلۡأَرۡضِ وَمَا خَلَقَ ٱللَّهُ مِن شَىۡءٍ۬ وَأَنۡ عَسَىٰٓ أَن يَكُونَ قَدِ ٱقۡتَرَبَ أَجَلُهُمۡ‌ۖ فَبِأَىِّ حَدِيثِۭ بَعۡدَهُ ۥ يُؤۡمِنُونَ

 « N’ont-ils donc pas observé le ciel au-dessus d’eux, comment Nous l’avons bâti et embelli ; et comment il est sans fissures ? », s.50 Qâf, v.6.

أَفَلَمۡ يَنظُرُوٓاْ إِلَى ٱلسَّمَآءِ فَوۡقَهُمۡ كَيۡفَ بَنَيۡنَـٰهَا وَزَيَّنَّـٰهَا وَمَا لَهَا مِن فُرُوجٍ۬

   « Certes dans la création des cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue en mer chargé de choses profitables aux gens, dans l’eau qu’Allâh fait descendre du ciel, par laquelle Il rend la vie à la terre une fois morte et y répand des bêtes de toute espèce dans la variation des vents, et dans les nuages soumis entre le ciel et la terre, en tout cela il y a des signes, pour un peuple qui raisonne. », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.164.

إِنَّ فِى خَلۡقِ ٱلسَّمَـٰوَٲتِ وَٱلۡأَرۡضِ وَٱخۡتِلَـٰفِ ٱلَّيۡلِ وَٱلنَّهَارِ وَٱلۡفُلۡكِ ٱلَّتِى تَجۡرِى فِى ٱلۡبَحۡرِ بِمَا يَنفَعُ ٱلنَّاسَ وَمَآ أَنزَلَ ٱللَّهُ مِنَ ٱلسَّمَآءِ مِن مَّآءٍ۬ فَأَحۡيَا بِهِ ٱلۡأَرۡضَ بَعۡدَ مَوۡتِہَا وَبَثَّ فِيہَا مِن ڪُلِّ دَآبَّةٍ۬ وَتَصۡرِيفِ ٱلرِّيَـٰحِ وَٱلسَّحَابِ ٱلۡمُسَخَّرِ بَيۡنَ ٱلسَّمَآءِ وَٱلۡأَرۡضِ لَأَيَـٰتٍ۬ لِّقَوۡمٍ۬ يَعۡقِلُونَ

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