De l’obligation religieuse de prendre soin de sa santé

Nutrition et santé0 commentaires

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   Il s’agit d’un sujet très étroitement lié à notre religion : l’alimentation saine est un devoir islamique. Le thème a son importance tant il a attrait à notre quotidien. L’islam dans ses prescriptions et ses proscriptions s’occupe du cœur et du corps,

c’est-à-dire du spirituel et du matériel. La santé est une préoccupation majeure du croyant, et un énorme bienfait après la guidance. D’après Aboû Bakr As-Siddîq , le Prophète disait : « Demandez à Dieu de vous préserver dans votre santé, car l’être humain ne peut certes jouir de meilleur bienfait. », (hadith authentique rapporté par Ibnoû Mâja).

   Il ajoutait : « Celui d’entre vous qui est en sécurité parmi les siens [vit une situation de paix ; absence d’agression], jouit de sa santé physique et dispose de sa nourriture quotidienne, c’est comme s’il avait acquis la vie toute entière. », (hadith authentique rapporté par At-Tirmidhî ).

   Parmi ces dons divins, la santé tient une place prépondérante dans les bienfaits terrestres. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), en 1946, définissait la santé ainsi : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

   Cette caractérisation, selon la vision musulmane, est incomplète, il faut lui adjoindre  la dimension spirituelle : c’est la foi qui organise et réajuste les trois autres états.

   Un proverbe arabe dit : « L’esprit sain dans un corps sain » ; le corps ne peut être sain si le psychisme ne l’est pas. Le croyant est tenu de prendre soin du corps pour que son esprit puisse vaquer à la pratique religieuse dans un état de sérénité manifeste.

   Les musulmans étaient les pionniers de la médecine moderne. Le médecin philosophe Aboû Al-Walîd Ibnou Rouchd (Averroès) déclarait : « Les attributions du médecin quant à la santé des corps sont comparables à celles du Législateur (Allâh) quant à la santé de l’esprit. Je veux dire par là que le praticien se propose de préserver la santé des corps quand ils tombent malades, et cherche à rétablir leur santé en cas de déficience. Le Législateur, Lui aussi, se propose le même but pour les esprits, et cette santé qu’Il veut leur accorder est appelée piété. », (Cf. : « Façlou al-Maqâl »).

   Donc, l’esprit obéit à la législation divine (au spirituel), tandis que le corps se soumet à la médecine. L’Islam a toujours prôné de suivre l’avis des spécialistes pour gérer convenablement notre existence terrestre, et trouver l’équilibre.

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   Allâh dit : « Ô vous qui croyez ! Le jeûne vous a été prescrit comme il a été prescrit à ceux qui furent avant vous, peut-être serez-vous pieux. », s. 2 Al-Baqara (La Vache), v. 183.

   Le but de l’adoration est d’atteindre la piété, la santé de l’esprit ; les données médicales doivent nous pousser à la santé du corps, ceci est complémentaire au mental.

   Le prince des oulamas, Al-‘Izz Ibnou ‘Abdi-As-Salâm (que Dieu lui accorde Sa miséricorde), affirmait : « La médecine est pareille à la Loi qui a été établie pour produire le bien-être que procurent la sécurité et la santé de la personne, et aussi pour repousser les altérations et les corruptions produites par les avaries et les maladies. », (Cf. « Qawâ`id al-ahkâm fî masâlihi al-anâm »).

   Les savants expliquent que le bien fondé de la législation musulmane est d’attirer le bien et de repousser le mal ; il en est de même pour la médecine. Toutes deux sont bénéfiques à la vie spirituelle et corporelle du croyant.

   Il existe deux types de médecines : celle qui préserve la santé des bien portants, appelée médecine préventive ; celle qui rétablit la santé chez les malades, grâce à la thérapeutique, c’est-à-dire la médecine curative. Actuellement, la seconde supplante la première, et les musulmans, éclairés par les lumières de la religion, ont le devoir de rétablir l’équilibre entre les deux ; ils ne doivent pas gober passivement les connaissances inculquées en médecine.

En général, on ne se rend auprès du praticien qu’une fois qu’on est atteint par la maladie. Or, il est primordial de tout mettre en œuvre pour développer la médecine préventive, et ce n’est qu’en dernier recours que l’on s’adressera à la thérapeutique. Tout musulman s’obligera par conséquent à l’acquisition d’une éducation médicale relative à l’alimentation.Le Prophète expliquait à un compagnon – tels Bilâl et Aboû Dardâ’ (Dieu les agrée) – qui avait exagéré dans sa pratique religieuse, au point d’éreinter son corps : « Ton corps a certes des droits sur toi », (hadith authentique  rapporté par ‘Abdoullâh Ibnou ‘Omar).

   Les musulmans ont l’obligation de se prémunir contre les risques et de protéger l’intégrité de leur corps, conformément à cette parole d’Allâh : « Ne vous exposez pas de votre propre initiative à la perdition», s. 2 Al-Baqara (La Génisse), v. 195.

   Les hadiths et les versets suscités jettent les bases du principe de prévention préconisé par la religion musulmane. Cette introduction montre à quel degré l’islam s’intéresse à la santé dans son ensemble.

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   Le Prophète disait : « Certes, ô gens de Dieu, traitez vos maladies. », (rapporté par At-Tirrmidhî) ; «  Dieu n’a créé aucun mal sans en créer le remède », (rapporté par l’imâm Ahmad, qui ajoutait : « …qu’on le [remède] connaisse ou non. »). C’est le principe de la guérison : elle fait partie intégrante du destin. Ce hadith, très positif, implicitement incite les croyants à acquérir du savoir pour trouver les remèdes aux maux, car même si on ne les a pas encore découverts, ils existent : ils se trouvent dans la nature, et leur production chimique en laboratoire ne s’avère pas fondamentalement nécessaire. Il y a un grand retour à la médecine naturelle, alternative. Des résultats spectaculaires ont été constatés dans les médecines chinoise et arabe.

   On peut donc déduire, de ce qui est mentionné, qu’en Islam il n’y a pas de place pour la négligence (du corps, de l’alimentation) et le fatalisme (quand on contracte une maladie) : la mort, qui procède du destin, est accueillie avec sérénité quand elle se présente au croyant, mais elle n’est pas à rechercher. En outre, il faut refuser de mourir dans n’importe quelle condition. De nos jours, les gens naissent à l’hôpital, et y meurent de plus en plus, subissant souvent des soins palliatifs interminables, frisant l’acharnement thérapeutique. Ne vaudrait-il mieux pas, dès le départ, adopter une hygiène de vie saine et une alimentation équilibrée, pour espérer une fin moins désolante ?

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