Les convenances du mois de Ramadan

Vie spirituelle

l71

Etymologiquement, le verbe « Sâma » (Jeûner) signifie s’abstenir, renoncer à, s’interdire, se taire. Le terme coranique « siyâm », désigne le jeûne obligatoire du mois du Ramadan, quatrième pilier de l’Islam. Contrairement aux autres actes d’adoration,

le jeûne ne peut être jugé et apprécié que par Allâh .  Aboû Hourayra rapporte ces propos de l’Envoyé de Dieu, propos que celui-ci tenait lui-même de Dieu : « Toutes les œuvres des fils d’Adam lui appartiennent en propre à l’exclusion du jeûne qui M’appartient et que Je récompenserai Moi-même… ». Le jeûne du mois de Ramadan vise la purification du corps et du cœur par une maîtrise totale des désirs. Afin de profiter au mieux des mérites de ce moment exceptionnel, remémorons-nous les bons usages à respecter dans l’accomplissement de cet acte.

Le jeûne du mois de Ramadan est prescrit pour tout musulman et toute musulmane ayant atteint la puberté, qui jouit de la raison et de la santé. Il se caractérise par la privation des besoins physiques (manger, boire et assouvir ses désirs charnels), ainsi que par l’abstention des désirs de l’âme par la maîtrise du regard, de la parole, de l’ouïe et des actions, et ce depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil. La valeur de la récompense du jeûne est telle qu’elle nous incite non seulement à s’abstenir, mais aussi à concourir dans l’accomplissement des bonnes œuvres et dans la recherche du bon comportement. Le Prophète dit : « Si les serviteurs savaient quelle est la valeur du mois de Ramadan, ils souhaiteraient que toute  l’année fût Ramadan.» (rapporté par Al-Bayhaqî

Le jeûne que nous visons implique :

La maîtrise du regard de tout ce qui peut détourner notre attention de l’évocation de Dieu.
La maîtrise de la langue : ne pas se perdre dans des discussions inutiles, ne pas mentir, ne pas dire de grossièretés, ne pas se disputer, ne pas calomnier ou encore faire du tort à quelqu’un. Le Prophète dit : « Le jeûne est un abri. Que le jeûneur ne commette pas d’actes honteux et ne soit pas grossier. Si on cherche à l’attaquer ou à l’injurier, qu’il dise deux fois « Je jeûne » » (rapporté par Al-Boukhârî)
La maîtrise de l’ouïe : ne pas écouter tout ce qui est répréhensible. Le médisant et celui qui l’écoute font partie de la même catégorie de personnes.
La maîtrise des membres : nous devons nous efforcer d’utiliser nos mains uniquement pour les bonnes actions et nos jambes pour nous rendre dans des endroits licites.

Recommandations pour bien vivre le mois de Ramadan :

Prendre la dernière collation de la nuit, « souhour » de préférence dans la dernière demi-heure qui précède la prière de l’aube. Le Prophète dit : « Le souhour est tout entier bénédiction ; ne le délaissez pas. Prenez ne serait-ce qu’une gorgée d’eau car Dieu envoie Sa miséricorde et les anges demandent le pardon pour celui qui fait ce repas. » (rapporté par Ahmad)

Rompre le jeûne immédiatement après le coucher du soleil. D’après le Prophète  : « On ne cesse d’être sur la bonne voie tant qu’on s’empresse de rompre le jeûne. » (rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim). La sounna consiste à rompre le jeûne avec des dattes, sinon avec de l’eau. La rupture du jeûne fait partie des deux joies qu’éprouve le croyant, la deuxième étant la rencontre avec son Seigneur.

l72

Accomplir les prières de Tarawih après la salat de l‘ichâ’, chez soi ou à la mosquée. C’est une pratique fortement recommandée par le Prophète qui explique : « Qui se lève (pour prier) pendant les nuits de Ramadan, avec foi et en comptant sur la récompense divine, Dieu pardonne ses fautes passées. » (rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim).

La lecture du Coran : les premiers versets du Livre Saint furent révélés au cours de ce mois sacré, il est bon pour tout musulman et toute musulmane de raviver la flamme de sa foi par une lecture coranique imprégnée de méditation.

l73

Rechercher la miséricorde divine dans les dix dernières nuits de Ramadan. La dernière décade du mois renferme la fameuse « Nuit du Destin » durant laquelle toute invocation et toute prière voient leur valeur décupler. Le Prophète a recommandé de répéter l’invocation suivante tout au long de cette nuit : « Ô mon Dieu, Tu es Indulgent, Tu aimes le pardon : fais-moi grâce ! [Allâhoumma innaka ‘afouwwoune, touhibbou l‘afwa, fa’fou ‘annî] ».

Partager le repas de rupture du jeûne car « qui donne à manger ou à boire à quelqu’un qui jeûne, d’un bien licitement acquis, les anges ne cessent de prier pour lui durant le mois de Ramadan. L’archange Gabriel prie pour lui la nuit du Destin.» (rapporté par Al-Boukhârî).
S’inciter mutuellement à la générosité et à la bienfaisance.
Limiter la quantité de nourriture après la rupture du jeûne.

Qui est dispensé de jeûner ?

Le malade dont le cas risque de s’aggraver.
La personne âgée que le jeûne pourrait affaiblir.
Le voyageur, dans la mesure où cela présente une gêne ou une difficulté pour lui.
La femme enceinte qui craint des complications en jeûnant.
La femme qui allaite, qui craint pour la santé de son nourrisson.
Celui qui a perdu la raison.
Celui qui supporte difficilement le jeûne (travaux pénibles).

Conditions pour valider le jeûne :

Le jeûneur doit formuler l’intention de jeûner chaque jour. Pour les Mâlikites, il suffit de la formuler une fois la veille du Ramadan pour tout le mois.

Le jeûneur doit s’abstenir de l’aube au coucher du soleil de tout ce qui invalide le jeûne : boire, manger, avoir des relations intimes, fumer ou ingurgiter quoi que ce soit. L’apparition des menstrues ou des lochies invalide le jeûne.

Actes qui n’invalident pas le jeûne :

Se frotter les dents avec le bâton d’arak ou la brosse à dent.
Le fait de ne pas avoir pris son bain de purification (Al-ghousl) avant la prière de l’aube (dans le cas d’une éjaculation nocturne ou de la fin des menstrues).
Embrasser son conjoint par habitude et sans désir, sinon s’abstenir.
Faire une prise de sang.
Les vomissements involontaires (sans réingurgitation).
Les examens gynécologiques.
Instiller des gouttes dans les yeux, les oreilles ou utiliser un spray pulmonaire (cas des asthmatiques).
Recevoir une injection médicamenteuse à l’exclusion du glucosé.

De manière générale, tout ce qui entre dans l’estomac ou qui nourrit le corps invalide le jeûne (sauf s’il s’agit d’une inadvertance).

Un jeûne bien entrepris amène le croyant à une purification physique et spirituelle indéniable. Il se débarrasse de ses péchés, ainsi que de ses toxines.  Psychiquement, il goûte à l’équilibre et à la sérénité. Physiquement, son activité cellulaire se régénère, son poids diminue grâce à la perte des réserves graisseuses et ses défenses immunitaires sont stimulées. Mais par-dessus tout, le vrai mérite généré par les actes de dévotion est connu de Dieu Seul : la générosité de Dieu n’est-elle pas sans limite ?!

Archives

Catégories

Poser une question

Mettre un lien vers formulaire de contact