Que grâces soient rendues à mes parents

Vie spirituelle

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La piété filiale constitue l’action la plus agréable à Dieu comme le dénotent ces paroles d’Aboû ‘Amr Ach-Chaybânî : « Le propriétaire de cette maison [‘Abdoullâh Ibnou Mas‘oûd] nous a rapporté : “J’ai demandé à l’Envoyé de Dieu (sur lui la grâce et la paix), quelle est l’œuvre la plus agréable à Dieu (qu’Il soit exalté et magnifié) ? Il a dit,

la prière à l’heure. J’ai demandé, ensuite laquelle ? Il a dit, le respect de la piété filiale. J’ai demandé ensuite, laquelle ? Il a dit, le combat dans le sentier de Dieu (al-jihâd fî sabîli-l-lâh).” » [Unanimement reconnu.]Pour appréhender la piété et l’impiété filiales en Islam, il est bon d’examiner la notion d’obéissance aux parents, l’importance des parents en Islam (en particulier la mère), les heureuses conséquences de la piété filiale, les malheureux résultats de l’impiété filiale et l’excellence du comportement envers eux (en particulier avec la mère).

À mes parents, j’obéis !

En créant l’Univers, Allâh a tout ordonné à la perfection suivant une hiérarchisation harmonieuse de Ses créatures selon le rôle qui est imparti à chacune d’elles. Le chaos serait la conséquence d’une mise à mal de cet ordonnancement parfait.
La pratique de la religion musulmane peut se résumer à une triple obéissance hiérarchisée : d‘abord celle due à Allâh , ensuite celle due au Prophète et enfin celle due aux responsables musulmans (ceux qui détiennent l’autorité spirituelle et/ou temporelle). Ceci, conformément au commandement coranique : « Ô les croyants ! Obéissez à Allâh, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allâh et au Messager, si vous croyez en Allâh et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation [et aboutissement]. », s.4 An-Nisâ’ (Les Femmes), v.59.

يَـٰٓأَيُّہَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوٓاْ أَطِيعُواْ ٱللَّهَ وَأَطِيعُواْ ٱلرَّسُولَ وَأُوْلِى ٱلۡأَمۡرِ مِنكُمۡ‌ۖ فَإِن تَنَـٰزَعۡتُمۡ فِى شَىۡءٍ۬ فَرُدُّوهُ إِلَى ٱللَّهِ وَٱلرَّسُولِ إِن كُنتُمۡ تُؤۡمِنُونَ بِٱللَّهِ وَٱلۡيَوۡمِ ٱلۡأَخِرِ‌ۚ ذَٲلِكَ خَيۡرٌ۬ وَأَحۡسَنُ تَأۡوِيلاً

   La famille est un socle important de toute société humaine et elle n’échappe pas à la hiérarchisation de ses membres. Ainsi, dans une famille musulmane, c’est le père qui détient l’autorité qu’il faut comprendre comme une lourde et redoutable responsabilité confiée par Le Créateur des Mondes à l’homme. Le père est l’imâm de la famille et il est secondé dans sa tâche par son épouse qui est elle-même l’imâm pour sa progéniture : la femme doit obéissance à son conjoint et les enfants s’obligent à l’obéissance aux parents. Toutefois les relations familiales ne peuvent se réduire à leur aspect légal en termes de droits et de devoirs. Leur survie et leur harmonie dépendent d’un facteur essentiel de cohésion : l’affection entre les membres de la famille.

Si dans des conditions normales l’amour et le dévouement des parents pour leurs enfants vont de soi, la réciprocité n’est pas évidente, et elle l’est encore moins dans nos sociétés troublées par la montée de l’égoïsme et de la violence. Il est en effet déplorable de constater la recrudescence des rapports conflictuels opposant les enfants à leurs parents. La rébellion et l’irrespect ont éjecté la piété filiale des relations avec les géniteurs, laissant fréquemment pères et mères dans un profond désarroi. L’enfant-roi est convaincu que tout lui est dû et qu’il n’a aucun devoir à remplir envers ses parents (« Je n’ai pas demandé à naître ! ») : il n’a cure des souffrances générées par son ingratitude à l’endroit de ses parents.
L’Islam condamne fermement l’impiété filiale par le Coran et par la bouche de son Messager : « Celui qui contente ses parents contente Dieu, celui qui courrouce ses parents courrouce Dieu. » [Rapporté par Anas.]

Quelques sentences viennent appuyer le devoir d’obéir aux parents, dont la suivante :

Selon Oubâda Ibnou Aç-Çâmit, le Messager de Dieu a déclaré : « Ne désobéis pas à tes parents, et s’ils t’ordonnent de quitter les biens du bas monde, fais-le ! » Pour les croyants, il est tout naturel de se soumettre à la volonté parentale, car cet ordre émane de Dieu Le sage et Le Savant par essence et par excellence : Dieu est Celui Qui connaît le mieux la valeur des parents, c’est pourquoi Il les a placés dans une situation honorable.

Mes parents, mes bienfaiteurs

L’Islam attache une grande importance au respect des droits des créatures. Il y en a un qui est primordial à ses yeux : celui du bienfaiteur. Or, après Allâh , ce sont les parents les meilleurs bienfaiteurs pour leurs enfants. Selon Ibnou ‘Abbâs le Messager d’Allâh a enseigné : « Il n’est pas permis à un homme de revenir sur un don, sauf si c’est un père. » Déjà, le Coran mentionne : « Nous avons commandé à l’homme [la bienfaisance envers] ses père et mère ; sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans. “Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents.” Vers Moi est la destination. », s.31 Loqmâne, v.14.

وَوَصَّيۡنَا ٱلۡإِنسَـٰنَ بِوَٲلِدَيۡهِ حَمَلَتۡهُ أُمُّهُ ۥ وَهۡنًا عَلَىٰ وَهۡنٍ۬ وَفِصَـٰلُهُ ۥ فِى عَامَيۡنِ أَنِ ٱشۡڪُرۡ لِى وَلِوَٲلِدَيۡكَ إِلَىَّ ٱلۡمَصِيرُ

   Le verset suscité met en lumière la bienfaisance maternelle. En effet, la mère a énormément souffert dans sa chair lors de ses grossesses et accouchements. Puis, elle a sacrifié ses nuits tranquilles et sa santé physique et morale pour veiller sur ses petits atteints de maladies, ou tout simplement pour étancher leur soif et rassurer leurs angoisses nocturnes. Elle les a entourés de son affection incommensurable, et leur a donné la priorité en se privant des plaisirs auxquels elle a droit. Elle s’est mis au service de sa progéniture « en enfilant plusieurs khimârs » : celui de la nourricière, celui de l’éducatrice, celui de l’infirmière, celui de la couturière, etc. elle occupe une place centrale dans le bien-être de la famille.

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Séisme au Japon : découverte d’une femme morte en protégeant son enfant

De son côté, dans des conditions normales, outre la sécurité affective, éducative et physique qu’il apporte au foyer, le père assure également et surtout la subsistance de ceux dont il a la charge. Les épreuves occasionnées par le travail à l’extérieur sont multiples (fatigue, stress, etc.) et ne peuvent être ressenties par l’enfant qu’une fois que lui-même sera confronté à la nécessité de subvenir à ses propres besoins.

La progéniture pieuse est donc celle qui très tôt comprend les peines endurées par ses parents pour son éducation et son confort, puis leur marque la déférence due aux bienfaiteurs, car Allâh dit bien que la bienfaisance n’est récompensée que par la bienfaisance. Toutefois, aussi haut que soit le degré de bonté des enfants à l’endroit de leurs parents, jamais ils ne pourront s’acquitter de leur dette à leur égard et ne pourront se passer de leur rendre grâce continûment, comme l’illustrent ces anecdotes :

Zour‘a Ibnou Ibrâhîm relate qu’un homme est venu interroger ‘Omar Ibnou Al-khattâb , alors calife : « J’ai une mère très âgée. Chaque fois qu’elle veut faire ses besoins, je la mets sur mon dos, puis je la nettoie tout en détournant mon visage. Me suis-je acquitté de son droit sur moi ? » ‘Omar Ibnou Al-Khattâb lui répondit que non. L’homme ajouta alors : « Ne l’ai-je pas portée sur mon dos et ne suis-je pas resté tout le temps avec elle ? » ‘Omar Ibnou Al-Khattâb de rétorquer : « Elle faisait cela avec toi en te souhaitant une longue vie tandis que toi tu souhaites son départ. »

Un homme a dit à ‘Abdoullâh Ibnou ‘Omar : « J’ai porté ma mère sur ma nuque depuis le Khorasan jusqu’aux lieux saints du pèlerinage. Crois-tu que je l’ai récompensée ? » ‘Abdoullâh Ibnou ‘Omar lui dit : « Non, pas même de l’une des douleurs de son accouchement.»

Selon Aboû Hourayra , le Prophète a dit : « Le fils ne s’acquitte de ses devoirs à l’égard de ses parents que s’il les trouve esclaves et qu’il les rachète et les affranchit. » [Rapporté par Mouslim.]

Les savants ont donné deux significations à cette parole prophétique :

1.    La première est claire : le Prophète a attribué l’affranchissement au fils, car l’acte est confirmé par le rachat.

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2.    La seconde est plus subtile : l’acquittement des droits dus au père est inconcevable, car sur un plan moral le père ne peut être l’esclave de son fils. Par conséquent, le pouvoir d’affranchissement par le rachat conféré au fils est inconcevable. Les doctes comparent l’impossibilité de cette situation à celle citée dans le Coran : « Pour ceux qui traitent de mensonges Nos enseignements et qui s’en écartent par orgueil, les portes du ciel ne leur seront pas ouvertes, et ils n’entreront au Paradis que quand le chameau pénètre dans le chas de l’aiguille. Ainsi rétribuons-Nous les criminels. », s.7 Al-‘Arâf (Les Murailles), v.40.

إِنَّ ٱلَّذِينَ كَذَّبُواْ بِـَٔايَـٰتِنَا وَٱسۡتَكۡبَرُواْ عَنۡہَا لَا تُفَتَّحُ لَهُمۡ أَبۡوَٲبُ ٱلسَّمَآءِ وَلَا يَدۡخُلُونَ ٱلۡجَنَّةَ حَتَّىٰ يَلِجَ ٱلۡجَمَلُ فِى سَمِّ ٱلۡخِيَاطِ‌ۚ وَڪَذَٲلِكَ نَجۡزِى ٱلۡمُجۡرِمِينَ

   Surtout dans l’éventualité que la dette envers les parents soit insolvable, les enfants ont tout intérêt à agir avec excellence pour obtenir leur satisfaction, condition sine qua non de l’accès au paradis.

Savoure les fruits de la piété filiale !

Jâbir Ibnou ‘Abdillâh rapporte que le Prophète a dit : « Soyez bons avec vos pères, et vos enfants seront bons avec vous. »
Une des retombées positives de la piété filiale est donc son effet boomerang. En outre, la progéniture qui obtient la satisfaction parentale bénéficie d’un autre grand bienfait divin : Le Tout-Puissant a gratifié les parents d’un grand pouvoir en leur accordant l’exaucement de leurs invocations en faveur de leurs enfants :

‘Abdoullâh Ibnou Mas‘oûd dit : « Il y a trois catégories de personnes dont l’invocation n’est pas refusée : le père et la mère, la victime d’une injustice et le voyageur. » [Rapporté par At-Tirmidhî.]
Al-Hassan Al-Baçrî déclarait : « L’invocation des parents fait fructifier les biens, et fait avoir des enfants. »

‘Â’icha rapporte ces paroles du Prophète : « La préservation des liens de parenté, le bon caractère et le bon voisinage remplissent les maisons et prolongent la vie. »
Préserver le lien de parenté accroît la subsistance et évite une mauvaise mort. Anas rapporte ces paroles prophétiques : « Que celui qui désire que Dieu lui allonge sa vie et accroît ses subsistances se montre pieux envers ses parents, qu’il respecte la piété filiale et entretienne les liens de la parenté. »
Voilà pour ce qui est des bénéfices de l’excellence à l’endroit des parents, qu’en est-il de son contraire ?

Goûte à l’amertume de l’impiété filiale !

Celui qui brise le lien de parenté ne verra pas ses œuvres agréés et il n’entrera pas au paradis. De même, la miséricorde ne descend pas sur les gens au milieu desquels se trouve quelqu’un qui a rompu le lien de parenté.

Ibnou ‘Omar Al-Khattâb rapporte que le Prophète a dit : « L’accès au paradis est interdit à celui qui se montre ingrat et mauvais envers ses parents, à celui qui est devenu alcoolique, à celui qui nie le destin et à celui qui recourt aux faux serments. »

Zayd Ibnou Arqam affirme avoir entendu le Messager de Dieu dire : « Celui qui se lève le matin alors que ses parents sont satisfaits de lui, il se lève en ayant deux portes ouvertes sur le paradis pour lui ; celui qui se couche le soir alors que ses parents sont satisfaits de lui, il se couche en ayant deux portes du paradis ouvertes pour lui. Celui qui se lève le matin alors que ses parents sont courroucés contre lui, il se lève en ayant deux portes ouvertes sur l’enfer pour lui ; celui qui se couche le soir alors que ses parents sont courroucés contre lui, il se couche en ayant deux portes ouvertes sur l’enfer pour lui. S’il s’agit d’un seul parent, c’est une porte ouverte. » On lui a dit : « Et s’ils sont injustes à son égard ? Il a dit : « Même s’ils sont injustes, même s’ils sont injustes, même s’ils sont injustes ! »

Ibnou ‘Âbbâs ( rapporte que le Prophète a maudit celui qui insulte son père.

Dans ce sens, le Messager de Dieu a dit : « L’homme commet l’un des plus grands péchés lorsqu’il maudit ses père et mère. » On lui demanda : « Ô Messager de Dieu ! Comment l’homme peut-il maudire ses père et mère ? » Il répondit : « L’homme insulte le père d’un autre, alors cet autre insulte son père et sa mère [en retour]. » [Rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim.]
Aboû Bakr rapporte ces paroles du Prophète : « La sanction de tous les péchés est retardée autant que Dieu le voudra jusqu’au jour de la Résurrection, à l’exception de celle de l’ingratitude envers les parents. En effet, Dieu hâte la sanction pour celui qui est ingrat envers ses parents dans la vie en ce monde. » [Rapporté par Al-Boukhârî.]

Le Messager d’Allâh détestait une phrase proférée aux parents par la progéniture ingrate : « Non, je ne suis pas là ! ». Les sages recommandent de ne pas prendre pour ami l’ingrat et le mauvais envers ses parents, car il le sera forcément à l’égard de celui qui le fréquente.‘

Abdoullâh Ibnou Abî Awfâ rapporte qu’un homme vint voir le Messager d’Allâh pour l’informer qu’un garçon était en train d’agonir et qu’il ne parvenait pas à prononcer la chahada (« Il n y a de Dieu que Dieu et Mouhammad est Son Envoyé ») ; le Prophète demanda s’il la répétait dans sa vie et les gens de répondre par l’affirmative. Le Prophète se rendit chez le garçon avec les gens. Il invita le moribond à dire la chahada, mais celui-ci lui dit ne pouvoir s’exécuter. Le Messager de Dieu lui en demanda la raison, et le garçon de dire que c’est à cause de son ingratitude à l’égard de sa mère. En apprenant que la mère était encore vivante, le Prophète la fit venir au chevet de son fils : « Celui-ci est-il ton fils ? » Elle répondit : « Oui ! » « Que dis-tu, si on allume un grand feu et qu’on t’apprend qu’on va l’ensevelir sous ce brasier, si tu n’intercèdes pas en sa faveur ? », lui dit-il. Elle répondit : « J’intercède en sa faveur ! » Il lui dit : « Dis que Dieu soit Témoin que nous sommes témoins que tu es satisfaite de lui ! » La mère déclara alors : « Mon Dieu ! Je témoigne devant Ton Prophète que je suis satisfaite de mon fils ! » Le Prophète de dire : « Louange à Dieu Qui l’a sauvé du feu  grâce à moi ! »

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