Sourate 88 Al-Ghâchiya (L’Enveloppante) (4/4)

Tafsir du Saint Coran (articles)

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21) Et bien rappelle ! Tu n’es qu’un rappeleur

فَذَكِّرۡ إِنَّمَآ أَنتَ مُذَڪِّرٌ۬

   Avec ce verset, le lecteur entame la troisième partie de la sourate. Celle-ci rappelle la nature de la mission du Prophète  et définit la tâche de tout prédicateur souhaitant hériter de cette noble vocation.

   Dieu attire l’attention de Son Messager sur le fait de rappeler Ses signes à ceux qui ne les voient pas. Il lui ordonne de dévoiler le secret de ces indices aux négligents qui se contentent d’en observer uniquement l’apparence et omettent de se poser les questions adéquates après leur contemplation.

   À travers ce verset, Allâh  confirme le principe de « point de contrainte en religion ». Le rôle principal du Prophète  consiste à rappeler des vérités évidentes pour tout individu doué d’une intelligence non dénaturée.

   Le mot « innamâ : إِنَّما » indique l’exclusivité. Son utilisation instaure des limites claires à la mission prophétique : rappeler les signes incréés – les signes coraniques – et dévoiler les signes créés – les éléments de la création. Dans un autre verset Dieu fait dire à Son Envoyé : « […] et je ne suis qu’un avertisseur clair », s.46 Al-Ahqâf, v.9.

وَمَآ أَنَا۟ إِلَّا نَذِيرٌ۬ مُّبِينٌ۬

   Ailleurs dans le Coran, Il énonce tout aussi précisément : « Tu n’es qu’un avertisseur. Nous t’avons envoyé avec la vérité en tant qu’annonciateur et avertisseur. Il n’est pas une nation qui n’ait déjà eu un avertisseur. », s.35 Fâtir (Le Créateur), v.23-24.

إِنۡ أَنتَ إِلَّا نَذِيرٌ (٢٣) إِنَّآ أَرۡسَلۡنَـٰكَ بِٱلۡحَقِّ بَشِيرً۬ا وَنَذِيرً۬اۚ وَإِن مِّنۡ أُمَّةٍ إِلَّا خَلَا فِيہَا نَذِيرٌ۬

   Le Prophète , mais également tous les prédicateurs qui suivent son modèle, ne doivent pas se soucier du résultat de leur rappel dès lors qu’ils l’ont exprimé en bonne et due forme. La guidance des cœurs incombe à Dieu. Quoi qu’il en soit, le rappel enrichit toujours les croyants et sert aussi aux personnes prédisposées à entendre la vérité. Dieu dit : « Et rappelle ; car le rappel profite aux croyants. », s.51 Adh-Dhâriyât (Qui éparpillent), v.51.

وَذَكِّرۡ فَإِنَّ ٱلذِّكۡرَىٰ تَنفَعُ ٱلۡمُؤۡمِنِينَ

   « Il y a bien là un rappel pour quiconque a un cœur, prête l’oreille tout en étant témoin. », s.50 Qâf, v.37.

إِنَّ فِى ذَٲلِكَ لَذِڪۡرَىٰ لِمَن كَانَ لَهُ ۥ قَلۡبٌ أَوۡ أَلۡقَى ٱلسَّمۡعَ وَهُوَ شَهِيدٌ۬

   « Rappelle, donc, où le Rappel doit être utile. Quiconque craint (Allâh) [s’en rappellera], et s’en écartera le grand malheureux. », s.87 Al-A‘lâ (Le Très-Haut), v.9-11.

فَذَكِّرۡ إِن نَّفَعَتِ ٱلذِّكۡرَىٰ (٩) سَيَذَّكَّرُ مَن يَخۡشَىٰ (١٠) وَيَتَجَنَّبُہَا ٱلۡأَشۡقَى

   Le croyant ne doit pas s’abstenir de prêcher sous prétexte que son interlocuteur n’écoutera pas ou que le rappel ne servira pas. Le musulman accomplit son devoir dès qu’il possède les moyens et les outils de le faire, et c’est ainsi qu’il dégage sa responsabilité devant Dieu. Telle fut la réponse des enfants d’Israël, Dieu la cite dans le Coran : « Et quand parmi eux une communauté dit : “Pourquoi exhortez-vous un peuple qu’Allâh va anéantir ou châtier d’un châtiment sévère ?” Ils répondirent : “Pour dégager notre responsabilité vis-à-vis de votre Seigneur; et que peut-être ils deviendront pieux!” », s.7 Al-A‘râf, v.164.

وَإِذۡ قَالَتۡ أُمَّةٌ۬ مِّنۡہُمۡ لِمَ تَعِظُونَ قَوۡمًا‌ۙ ٱللَّهُ مُهۡلِكُهُمۡ أَوۡ مُعَذِّبُہُمۡ عَذَابً۬ا شَدِيدً۬ا‌ۖ قَالُواْ مَعۡذِرَةً إِلَىٰ رَبِّكُمۡ وَلَعَلَّهُمۡ يَتَّقُونَ

   « Certes, Nous t’avons envoyé avec la vérité, en annonciateur et avertisseur; et on ne te demande pas compte des gens de l’Enfer. », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.119.

إِنَّآ أَرۡسَلۡنَـٰكَ بِٱلۡحَقِّ بَشِيرً۬ا وَنَذِيرً۬ا‌ۖ وَلَا تُسۡـَٔلُ عَنۡ أَصۡحَـٰبِ ٱلۡجَحِيمِ

(22) Et tu n’es pas un dominateur sur eux

لَّسۡتَ عَلَيۡهِم بِمُصَيۡطِرٍ

    La majorité des lecteurs ont lu « mouçaytir : مُصَيطِر », Hichâm a lu sur Ibnou ‘Âmir « mousaytir : مُسَيطِر », tandis que Hamza a lu « mouzaytir : مُزَيطِر ».

   Ce verset complète le précédent. Dieu confirme ainsi que contraindre à croire en Dieu ne relève pas des fonctions du Prophète . Les cœurs doivent se soumettre au Créateur de leur plein gré, et non par la force ; cette dernière peut en effet faire incliner le corps mais pas le cœur, or l’Islam n’a que faire des hypocrites qui cachent l’inverse de la foi qu’ils annoncent.

   Parmi les préjugés les plus tenaces qui entachent l’Islam, celui qui prétend que l’Islam s’est répandu par l’épée en imposant la foi s’avère être que pur mensonge. Malheureusement, certains musulmans sont convaincus du bien-fondé de combattre les non musulmans et de les soumettre à l’Islam. Ils se basent sur certains textes pour justifier cette pensée : « Combattez ceux qui ne croient ni en Allâh ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allâh et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés. », s.9 At-Tawba (Le Repentir), v.29.

قَـٰتِلُواْ ٱلَّذِينَ لَا يُؤۡمِنُونَ بِٱللَّهِ وَلَا بِٱلۡيَوۡمِ ٱلۡأَخِرِ وَلَا يُحَرِّمُونَ مَا حَرَّمَ ٱللَّهُ وَرَسُولُهُ ۥ وَلَا يَدِينُونَ دِينَ ٱلۡحَقِّ مِنَ ٱلَّذِينَ أُوتُواْ ٱلۡڪِتَـٰبَ حَتَّىٰ يُعۡطُواْ ٱلۡجِزۡيَةَ عَن يَدٍ۬ وَهُمۡ صَـٰغِرُونَ

   Un hadîth authentique alimente également ce point de vue : « “On m’a ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils disent qu’il n’y a de Dieu qu’Allâh. S’ils attestent qu’il n’y a de Dieu qu’Allâh, ils épargneront alors leur rang et leurs biens matériels sauf pour une raison juste, et leur jugement incombe à Dieu.” Ensuite il a récité : “Tu n’es qu’un rappeleur et tu n’es pas un dominateur sur eux” ».

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   Un éclaircissement précis concernant ce sujet est nécessaire. Pour ce faire, aborder une question posée par les savants depuis longtemps et qui brûle les lèvres de bon nombre de contemporains est inévitable : « Le jihâd du combat a-t-il été instauré pour anéantir la mécréance ou pour empêcher les attaques de l’ennemi ? »

   La majorité des savants parmi lesquels les hanafites, les mâlikites et les hanbalites affirment que la légitimité du jihâd du combat s’explique par la protection de l’Etat musulman des révolutions et des attaques armées. Quant à Ach-Châfi‘î, son avis le plus répandu soutient que le jihâd du combat a été établi pour mettre fin à l’incrédulité, Ibnou Hazm et certains dhâhirites partagent cette opinion.

   Les preuves avancées par les partisans de ce dernier avis sont le verset et le hadîth précités, ainsi que le verset 5 de sourate At-Tawba : « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la çalât et acquittent la zakât, alors laissez-leur la voie libre, car Allâh est Pardonneur et Miséricordieux. », s.9 At-Tawba (Le Repentir), v.5.

فَإِذَا ٱنسَلَخَ ٱلۡأَشۡہُرُ ٱلۡحُرُمُ فَٱقۡتُلُواْ ٱلۡمُشۡرِكِينَ حَيۡثُ وَجَدتُّمُوهُمۡ وَخُذُوهُمۡ وَٱحۡصُرُوهُمۡ وَٱقۡعُدُواْ لَهُمۡ ڪُلَّ مَرۡصَدٍ۬‌ۚ فَإِن تَابُواْ وَأَقَامُواْ ٱلصَّلَوٰةَ وَءَاتَوُاْ ٱلزَّڪَوٰةَ فَخَلُّواْ سَبِيلَهُمۡ‌ۚ إِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ۬ رَّحِيمٌ۬

    Étant donné que sourate At-Tawba figure parmi les dernières sourates révélées, les partisans de cet avis avancent que ces versets 5 et 29 abrogent tous les versets qui vont dans le sens inverse. Ils précisent que le verset 5 est explicite quant au motif allégué pour combattre les polythéistes, puisque Dieu dit : « Si ensuite ils se repentent, accomplissent la çalât et s’acquittent de la zakât, alors laissez-leur la voie libre. »

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   Quant aux justifications sur lesquelles se basent les défenseurs du premier avis, elles sont nombreuses dans le Coran :

« Combattez dans le sentier d’Allâh ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes, Allâh n’aime pas les transgresseurs ! », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.190.

وَقَـٰتِلُواْ فِى سَبِيلِ ٱللَّهِ ٱلَّذِينَ يُقَـٰتِلُونَكُمۡ وَلَا تَعۡتَدُوٓاْ‌ۚ إِنَّ ٱللَّهَ لَا يُحِبُّ ٱلۡمُعۡتَدِينَ

« Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager et alors que ce sont eux qui vous ont attaqués les premiers ? Les redoutiez-vous ? C’est Allâh qui est plus digne de votre crainte si vous êtes croyants ! », s.9 At-Tawba (Le Repentir), v.13.

أَلَا تُقَـٰتِلُونَ قَوۡمً۬ا نَّكَثُوٓاْ أَيۡمَـٰنَهُمۡ وَهَمُّواْ بِإِخۡرَاجِ ٱلرَّسُولِ وَهُم بَدَءُوڪُمۡ أَوَّلَ مَرَّةٍ‌ۚ أَتَخۡشَوۡنَهُمۡ‌ۚ فَٱللَّهُ أَحَقُّ أَن تَخۡشَوۡهُ إِن كُنتُم مُّؤۡمِنِينَ

   « Allâh ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allâh aime les équitables. Allâh vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes. », s.60 Al-Moumtahina (L’Eprouvée), v.8-9.

لَّا يَنۡهَٮٰكُمُ ٱللَّهُ عَنِ ٱلَّذِينَ لَمۡ يُقَـٰتِلُوكُمۡ فِى ٱلدِّينِ وَلَمۡ يُخۡرِجُوكُم مِّن دِيَـٰرِكُمۡ أَن تَبَرُّوهُمۡ وَتُقۡسِطُوٓاْ إِلَيۡہِمۡ‌ۚ إِنَّ ٱللَّهَ يُحِبُّ ٱلۡمُقۡسِطِينَ (٨) إِنَّمَا يَنۡہَٮٰكُمُ ٱللَّهُ عَنِ ٱلَّذِينَ قَـٰتَلُوكُمۡ فِى ٱلدِّينِ وَأَخۡرَجُوڪُم مِّن دِيَـٰرِكُمۡ وَظَـٰهَرُواْ عَلَىٰٓ إِخۡرَاجِكُمۡ أَن تَوَلَّوۡهُمۡ‌ۚ وَمَن يَتَوَلَّهُمۡ فَأُوْلَـٰٓٮِٕكَ هُمُ ٱلظَّـٰلِمُونَ

« […] Combattez les associateurs sans exception, comme ils vous combattent sans exception. Et sachez qu’Allâh est avec les pieux. », s.9 At-Tawba (Le Repentir), v.36.

وَقَـٰتِلُواْ ٱلۡمُشۡرِڪِينَ كَآفَّةً۬ ڪَمَا يُقَـٰتِلُونَكُمۡ ڪَآفَّةً۬‌ۚ وَٱعۡلَمُوٓاْ أَنَّ ٱللَّهَ مَعَ ٱلۡمُتَّقِينَ

Les ahâdîth ne manquent pas en la matière :

1. Ce qu’ont rapporté Ibnou Mâjah, Aboû Dâwoûd et Ahmad selon Handhala, lequel dit : « Suite à une guerre que nous avons menée auprès du Prophète , nous sommes passés à côté du corps d’une femme autour duquel les gens étaient rassemblés. On a alors laissé un passage au Prophète  qui déclara : « Cette femme ne combattait pas avec les combattants ». Ensuite il s’adressa à un homme : « Va voir Khâlid Ibnou-l-Walîd et dis-lui que le Messager de Dieu t’ordonne ceci : “Ne tue point les femmes, ni les engagés pour des services.” » Il s’agissait vraisemblablement de la bataille de Hounayn.

2. Ce qu’a rapporté Aboû Dâwoûd d’après Anas Ibnou Mâlik ; le Prophète  a dit : « Partez au nom de Dieu, ne tuez pas un vieillard affaibli, ni un petit enfant, ni une femme, et récoltez vos butins, et soyez bienfaisants. Allâh aime certes les bienfaiteurs. »

   Ces versets et ces ahâdîth prouvent sans conteste que Dieu a instauré le jihâd de combat uniquement contre les ennemis qui mettent en pratique leur hostilité contre les musulmans. Il s’agit donc d’un acte défensif, non pas d’une offensive ayant pour but de faire disparaitre la mécréance, sinon le Prophète  aurait autorisé de tuer les femmes, les enfants et les vieillards mécréants.

   En revenant sur l’argumentaire des partisans du jihâd destiné à éradiquer la mécréance, ces derniers ont omis de prendre en compte les versets issus de la même sourate qui complètent leurs preuves. Ainsi lorsque Dieu dit : « Tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les… », s.9 At-Tawba (Le Repentir), v.5, Il enchaîne immédiatement avec le verset 6 : « Et si l’un des associateurs te demande asile, accorde-le lui, afin qu’il entende la parole d’Allâh, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité. Car ce sont des gens qui ne savent pas. »

    Ce verset révèle indubitablement que le combat contre les mécréants ne se justifie pas par leur mécréance, car si c’était le cas, Dieu n’aurait pas ordonné de les mettre en sécurité malgré leur incrédulité.

   Dieu poursuit dans le verset 7 : « Comment y aurait-il pour les associateurs un pacte admis par Allâh et par Son Messager ? À l’exception de ceux avec lesquels vous avez conclu un pacte près de la Mosquée sacrée. Tant qu’ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Allâh aime les pieux. »

   Ce verset indique que tant que les polythéistes respectaient leur pacte, les musulmans se devaient de l’honorer aussi. Dieu ne demande donc de combattre que les traitres qui ont failli à leur engagement de paix et de bien-vivre avec les musulmans.

   Quant au hadîth rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim dans lequel le Prophète  a dit : « On m’a ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils disent lâ ilâha illâ Allâh », certains savants expliquent que sa chaine de transmission est étrange. Ibnou Hajar a affirmé que certains savants ont remis en question sa véracité en prétendant que si Ibnou ‘Omar l’avait véritablement rapporté (comme le précisent Al-Boukhârî et Mouslim), il n’aurait pas laissé son père ‘Omar s’opposer initialement à Aboû Bakr concernant la décision de ce dernier de combattre les récalcitrants qui ont refusé de s’acquitter de la zakât.

   Toutefois, ce prétexte n’est pas suffisant pour affaiblir l’authenticité de ce hadîth. Une minorité de savants a considéré ce texte prophétique comme abrogeant tous les versets cités et comme une déclaration de guerre contre tout mécréant.

   Mais la majorité des savants ne va pas dans ce sens et a interprété ce hadîth avec optimisme. Les paroles du Prophète  sont choisies avec soin : « On m’a ordonné de combattre », ce qui est différent de : « On m’a ordonné de tuer ». Ceci suppose que le Prophète  ne combattait que les ennemis qui engageaient le combat ou qui menaçaient la stabilité de la société musulmane.

   D’autres savants expliquent que « les gens » dans ce hadîth fait référence aux polythéistes et non aux gens du Livre, pour qui l’Islam a garanti la sécurité. Toutefois si l’Islam a interdit de contraindre les gens du Livre à croire en Dieu et en Son Prophète , comment pourrait-il permettre de forcer les athées et les polythéistes à croire en un Dieu unique ?

   Donc ce hadîth voudrait dire : « On m’a ordonné de combattre ceux qui attaquent ou menacent la sécurité de l’Islam jusqu’à ce qu’ils disent “Il n’y a de Dieu qu’Allâh” ». Le cas échéant, en étant musulmans, ils disposent des mêmes droits et ont des mêmes devoirs que leurs coreligionnaires. S’ils refusent la conversion, ils donneront alors la jiziya comme le précise le verset 29 de sourate At-Tawba. Ce verset précise qu’ils doivent se présenter avec humiliation, compte tenu de leur caractère belliqueux préalable.

   En référence à cette interprétation, les versets 21 et 22 de sourate Al-Ghâchiya ne sont donc pas abrogés.

23. alors Allâh le châtiera du plus grand châtiment.

24. Vers Nous est leur retour.

إِلَّا مَن تَوَلَّىٰ وَكَفَرَ (٢٣) فَيُعَذِّبُهُ ٱللَّهُ ٱلۡعَذَابَ ٱلۡأَكۡبَرَ

   Ces versets complètent l’exception mentionnée dans le verset précédent (22) : « Tu n’es pas un dominateur sur les gens ». Que les incrédules ne se réjouissent pas de leur mécréance et de la liberté que le Prophète  leur octroie en les laissant opter pour une autre forme de croyance, car ils retourneront à Dieu et c’est à Lui que reviendra leur jugement.

   Ces versets peuvent aussi complémenter l’exception avancée dans le verset 21 « Rappelle, tu n’es qu’un rappeleur ». Dans ce cas Dieu dit à Son Messager : « Continue de rappeler ceux qui ont un cœur et qui tendent l’oreille à tes paroles. Quant à ceux qui te tournent le dos et ne croient pas en toi, Je m’en occuperai et leur infligerai un lourd châtiment. »

(25) Vers Nous est leur retour.

(26) Ensuite, c’est à Nous de leur demander compte.

إِنَّ إِلَيۡنَآ إِيَابَہُمۡ (٢٥) ثُمَّ إِنَّ عَلَيۡنَا حِسَابَہُم (٢٦)

   Certains lecteurs ont lu « iyyâbahoum : إِيَّابَهُم » (avec la chadda), et d’autres « iyâbahoum : إِيَابَهُم » sans chadda.

   Dans ce verset, Dieu a utilisé le style « al-iltifât : الإِلْتِفَات » (style de changement d’attention). En effet, dans le verset 24, Il parlait de Lui à la 3ème personne du singulier (« Allâh le châtiera du plus grand des châtiments »), tandis que dans ce verset, Il parle à la première personne du singulier (« Vers Nous est leur retour »)

   Ce style a pour but de donner plus de poids à la menace. Le fait que « ilaynâ : إِلَيْنا » précède « iyâbahoum : إِيَابَہُمۡ  » montre que leur retour se fera avec certitude, et qu’il se fera vers Dieu bien entendu.

   L’utilisation du mot « thoumma : ثُمَّ » fait d’habitude référence à une succession progressive dans le temps. Mais dans ce verset, il permet de distinguer la phrase précédente de la phrase suivante en montrant que la suivante est plus menaçante que la précédente. Grâce à cet emploi, Dieu explique que le jugement de ces mécréants sera beaucoup plus terrible que leur retour (résurrection).

   À la lumière de cette exégèse, l’être humain peut se faire une idée plus précise de la condition des hôtes du paradis et de l’enfer. Allâh  l’invite encore et toujours à méditer sur Sa création pour qu’il saisisse la nature de la puissance créatrice qui a façonné sa monture et son environnement. Enfin, Dieu définit clairement le rôle du Prophète  : rappeler le message divin et inviter tous les hommes à le suivre sans les y contraindre. Pour ce qui est du jugement final, Dieu seul a Son mot à dire !

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